GROGGY, adj.
A. − SPORTS [En parlant le plus souvent d'un boxeur] Qui est étourdi, comme ivre sous les coups, mais reste cependant debout ; p. ext., épuisé par un effort physique intense. Être à moitié, complètement groggy. Un boxeur groggy dont rit la salle, parce qu'il a l'air de réfléchir s'il va tomber ou ne tomber pas (Montherl., Songe, 1922, p. 153). Il épiloguait sur le terme « groggy », qui marquait la chute de notre champion national (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 111).
B. − P. ext., fam. [En parlant d'une pers.] Qui est étourdi, assommé par un choc physique ou moral. Synon. abasourdi, anéanti, choqué, effondré, hébété, sonné.Toujours sans me rendre compte, toujours groggy et dans les pommes, j'avais commandé une chambre moderne en chêne ciré (Arnoux, Paris,1939, p. 190). Moi, stupide, groggy, comme disent les boxeurs, je regardais derrière une vitre épaisse la chose blanche se mouvoir au fond du ciel (Cocteau, Poés. crit. II, Monologues, 1960, p. 41).
Prononc. : [gʀ ɔgi]. Étymol. et Hist. 1916 (Le Matin, 4 août d'apr. Mack. t. 1, p. 261) ; 1922 boxeur groggy (Montherl., loc. cit.). Empr. à l'angl. groggy, attesté dès 1770 comme dér. de grog* caractérisant l'état d'ivresse et au XIXe s. comme terme qualifiant les chevaux ayant une faiblesse des jambes les faisant tituber, puis, comme terme arg. et de sp., qualifiant des hommes étourdis et titubant après un choc ou des coups (cf. NED). (tlfi:groggy)
- groggy adj. d'apr. angl. non conv. CARACT. "assommé par un choc moral" - GLLF, 1930, Lar. ;TLF, cit. Cocteau, 1960
- 1919 - «Bien souvent, moi aussi, j'ai été groggy devant un être.» Montherlant, Critérium des novices amateurs, in NRF, repris in Montherlant, Les Onze devant la Porte dorée, 136 (Grasset, 1924) - J.S.
- groggy adj. d'apr. angl. non conv. SANTÉ "épuisé par un effort physique intense" - TLF, 1916, Le Matin ; DDM, 1926 ; FEW (18, 69b), GLLF, 1930, Lar. ; DA[82], 1936, Céline. t. de boxe : DAH et DHR, 1917 : TLF, 1922, Montherlant.
- 1911 - «Si j'avais l'imprudence d'essayer, si je me lançais à la poursuite de l'homme-volant [c'est Pégase qui parle], hélas ! que serais-je au bout de cinq cents mètres ? Le beau spectacle à offrir aux enfants de Mourmelon ! Ils ont peut-être encore de moi une idée favorable ! Et je me montrerais fourbu, fini, bouffé, "groggy".» T. Bernard, Sur les grands chemins, 24 (Ollendorff) - P.E. (bhvf:groggy)