PUCELLE, subst. fém. et adj. fém.
I. − Subst. fém. Jeune fille, jeune femme vierge.
A. − Vieilli. Tel frissonne le corps d'une chaste pucelle, Quand dans les soirs d'été le sang lui porte au cœur (Musset, Rolla, 1833, p. 24). À la droite, couronne en tête, en brocart rouge, siège une pucelle, sainte Catherine (Michelet, Journal, 1841, p. 370).
B. − [Empl. avec un jugement dépréc. ou par moquerie] Je n'étais pas venue ici pour jouer à la pucelle violée, ni à aucun autre jeu. Je m'arrachai de son étreinte (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 73). V. casserole C 2 b ex. de Abellio:
... le galantin (...) profitait de ses assiduités dans la maison de son maître pour lui enlever sa seconde fille (...) dont le père voulait faire vérifier la virginité... du reste, ce serait bien étonnant que cette pucelle ne fût pas un peu ébréchée, vu le peu de pudeur de l'intérieur où elle a été élevée... Goncourt, Journal, 1894, p. 678.
− P. ext. Femme vierge. Synon. vieille fille*. La charité de certaines pucelles sexagénaires (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 224).
II. − Adj. fém. Vierge. La femme du fauteuil est pelotée par Scholl, qui la croit pucelle. Elle se défend, ensommeillée (Goncourt, Journal, 1857, p. 368). Annie est-elle pucelle ? Je n'en ai pas l'impression, elle devait coucher avec l'étudiant en médecine qu'elle « fréquentait » (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 170).
Prononc. et Orth.: [pysεl]. Att. ds Ac. dep. 1691. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. Ca 881 pulcella « jeune fille vierge » (Eulalie, 1 ds Henry Chrestomathie t. 1, p. 3) ; ca 1050 pulcele « id. » (Alexis, éd. Chr. Storey, 66) ; ca 1150 pucele (Wace, St Nicolas, 89 ds T.-L.) ; 2. 1608 fam. « femme vierge » (Régnier, Satire, III, 146 ds OEuvres, éd. G. Raibaud, p. 33). B. Adj. ca 1170 « vierge » (Marie de France, Lais, Guigemar, éd. J. Rychner, 713). On admet gén., d'apr. pulicella att. dans un ms. de la loi salique rédigé entre 752 et 768 (mais que M. Sahlin ds St. neophilol. t. 10 1937-38, p. 73 considère comme fautif), l'étymon lat. *pullicella « jeune fille, vierge pure », d'orig. discutée. FEW t. 9, p. 526a et 526b, note 11 y voit un dimin. de pŭlla « jeune d'un animal » (cf. aussi le lat. médiév. pullicula « jeune fille », v. Blaise Latin. Med. Aev.), avec altér. de -ŭ en -ú sous l'infl. du lat. pūtus « garçon »; mais cette hyp. ne convient pas du point de vue sém., pucelle ayant eu à l'orig. le sens de « vierge ». G. Tilander dans son art. Pucelle (ds Philologische Studien für J. M. Piel, Heidelberg, C. Winter, 1969, pp. 199-200) propose pour pullicella, une dér., d'apr. *dominicella (v. demoiselle), de pulla, fém. de pūllus « propret, sans tache, pur », lui-même issu par contraction de purulus, dimin. de purus « pur ». Fréq. abs. littér.: 156. (tlfi:pucelle)