5. Au fig., fam. ou pop.
a) Recueillir péniblement et peu à peu (tout ce qui peut être utilisé, une somme d'argent). Synon. racler, fouiller. Elle les avait ramassés [les 2 300 F], grattés ici et là, sur les uns, sur les autres, par emprunts de deux cents, de cent francs (Goncourt, G. Lacerteux, 1864, p. 146). Les caisses de l'Universelle étaient vides, il en avait gratté jusqu'aux centimes (Zola, Argent, 1891, p. 347).
b) Gagner (de petits profits), souvent de manière illicite. Synon. grappiller (fam.), grignoter. Gratter les fonds de tiroir. Gratter un peu d'argent, quelques francs ; une affaire où il y a peu à gratter. Y a rien à gratter (...). Hier soir, elle m'a jeté mes vingt sous à la figure ! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 25).
[P. méton. de l'obj.] Anciens domestiques devenus capitalistes à force de gratter leurs maîtres (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 242).
− Emploi abs. Gratter sur tout, sur la dépense. En vain est-ce de vos bons deniers que vous courez les chemins, la duchesse croit toujours que vous êtes en mission, tous frais payés, et que vous grattez encore (Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p. 588). Aux yeux de tous, nous étions des salariés qui, de plus, grattions aux dépens d'eux sur les subsides (Gide, Journal, 1932, p. 1101) :
5. Je ne sais trop où je trouvais de l'argent, cette année-là, car je ne faisais plus de cours. Sans doute économisais-je sur les cinq francs que ma mère me donnait chaque jour pour déjeuner, et je grattais un peu, de-ci, de-là. En tout cas j'organisais mon budget en fonction de ces orgies. Beauvoir, Mém. J. fille, 1958, p. 292. 4. a) 1847 « recueillir tout ce qui peut être utilisé » (Balzac, Cous. Pons, p. 96) ; b) 1841 « voler, piller » (E.M. de Saint-Hilaire, Physiol. du troupier, Paris, Aubert, p. 94) (tlfi:gratter)