B. − Fam. (Se mettre, être) sur son trente(-)et(-)un. (Revêtir, être) revêtu de ses plus beaux habits. Elle va se mettre sur son trente et un. Il est possible que tante Léo l'oblige à se maquiller et à sortir les fourrures de la penderie (Cocteau, Parents, 1938, II, 1, p. 232).
Rem. Noter aussi les var. sur son cinquante* et un, sur son trente-deux, sur son trente-six : Vous mettrez des bottines vernies ?... Mais vous aurez l'air d'un étudiant sur son trente-deux (Goncourt, Journal, 1885, p. 424). Calvat (...) avait vu d'un très mauvais œil le mariage de Fabrice avec cette grande dame (...) il se plaignait d'être forcé maintenant, toutes les fois qu'il allait chez son beau-frère, de se mettre sur son trente-six (Feuillet, Honn. d'artiste, 1890, p. 207).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃teœ ̃]. Littré, Rob. 1985 : (sur son) trente et un, mais Lar. Lang. fr. : (sur son) trente-et-un. Étymol. et Hist. 2. 1833 se mettre sur son trente et un (Vidal ds Larch. 1872). De trente* et de un*, au sens 1 parce que les joueurs cherchent à totaliser trente-et-un points dans une même couleur. Le sens 2 se rattache à la valeur intensive de ce nombre, prob. au nombre de jours du mois (cf. le dicton trente et un, jour sans pain, misère en Prusse, cité par Littré, faisant allus. au fait que les troupes cantonnées ne recevaient qu'exceptionnellement le supplément d'entretien correspondant au trente et unième jour du mois ; l'expr. sur son trente-et-un ferait alors allus. à des festivités exceptionnelles liées à ce jour, v. Cl. Duneton, La Puce à l'oreille, p. 316). On a proposé également de voir dans trente-et-un l'altér. de trentain qualifiant une sorte de drap fin dont la chaîne était composée de trente centaines de fils (mot att. de 1676, Arrêt du Conseil ds Littré, à 1892, Guérin [donné à tort comme vivant du XIIe s. au XIe s. ds Rey-Chantr. Expr.]). À l'appui de cette hyp. Duneton, loc. cit., évoque l'expr. québécoise se mettre sur son trente six qu'il interprète comme « endosser un habit neuf » [parce que la dénom. trente six pouces corresp. à notre expr. en quatre-vingt dix de large, appliquée à du tissu neuf, dans notre système métrique], la constr. étant expliquée comme une survivance de l'anc. tournure trans. se mettre sus (un drap) « mettre sur soi » (v. Rat, Dict. des loc. fr.) ; se mettre sur son trente six est att. en 1872 (Larch.), att. en québécois seulement en 1881 (d'apr. la doc. fournie par Cl. Poirier, Trésor de la Lang. fr. au Québec ; sur son trente et un att. en 1884). Cf. aussi la var. se mettre sur son trente deux (1834, Ch. Ballard, La Mode à Paris, in Paris, ou le Livre des cent-et-un, t. XIV, p. 185 ds Quem. DDL t. 16 ; en fr. du Québec att. en 1877). Bbg. Baldinger (K.). Mfr. glic « sorte de jeu de cartes » et son étymol. Kwart. neofilol. 1976, t. 23, no1/2, p. 22. − Bouvier (J.-Cl.). Anthologie des expr. en Provence. S. l., 1982, pp. 158-159. − Quem. DDL t. 38. (tlfi:trente-et-un)
- Cette expression n'est pas expliquée ; on a proposé une altération de trentain, et un fig. de trente et un, le nombre de points gagnant au jeu du même nom ; on peut penser aussi au trente et un du mois. Toutes ces hypothèses sont fausses si sur son trente-six est antérieur à sur son trente et un. On a employé aussi sur son trente-deux (1834 dans DDL, Goncourt). (GR2)