PETIOT, -OTE, adj. et subst.
Fam., hypocor.
I. − Adj. Petit, tout petit. Quand nous étions tout petiots, nous allions à la maraude ensemble (Zola, Page amour, 1878, p. 858). Des dessins à la plume (...) trop microscopiques, trop petiots de format et de facture (Goncourt, Journal, 1894, p. 595).
II. − Subst. Petit ou jeune enfant considéré avec affection ou attendrissement. Vous n'avez pas l'âge, mon petiot ! Impossible ! (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 25) :
. ... elle saisit ma tête de ses deux mains frémissantes et, m'appuyant sur sa poitrine, elle m'embrassa avec frénésie, en répétant ces mots dont elle m'appelait toujours : −Ah ! cher petiot ! cher petiot ! qu'est-ce que tu vas devenir tout seul ? Cher petiot ! cher petiot ! Du Camp, Mém. suic., 1853, p. 34.
Prononc. et Orth. : [pətjo], fém. [-ɔt]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. a) Adj. 1379 « tout petit » (Inventaire du mobilier de Charles V, éd. J. Labarte, 1918) ; b) loc. adv. 1342 ung petiot « un peu » (Renart contrefait, 36108 ds T.-L.) ; c) subst. 1803 [éd.] « petit enfant » (Clotilde de Surville, Poés., éd. Ch. Vanderbourg, p.253). Dimin. de petit1* ; suff. -ot*. Fréq. abs. littér. : 59. (tlfi:petiot)
PETIOT, adj. FEW VIII *pettittus
[T-L : petïot ; GD : petiot ; GDC : petiot ; FEW VIII, 345b : *pettittus ; TLF XIII, 179b : petiot]
I. - Adj.
A. - "Tout petit" : En cest estat nous chevauchames Tant que sus la mer nous trouvames En une ville petiote, De barat pleinne et de riote. Or la nommez, se vous volez, Car il y a moult d'avolez. (MACH., F. am., c. 1361, 242). On avoit adont raporté Au gentil roy, pour verité, Que li Sarrazin de Turquie, Qui sont gent aperte et hardie, Avoient pluseurs galiotes, Ce sont galées petiotes, Pour aler le soudan servir. (MACH., P. Alex., p. 1369, 120). ...plusieurs povres et petios enfans devers et soubz la mamelle de leurs desesperéz meres (JEAN DE MONTREUIL, Lettre prince G.O.O., 1394, 34). L'empereur [Alexandre le Grand] si l'araisonna [Dïomedés] : "Pourquoy es tu laron en mer ?" L'autre responce lui donna : "Pourquoy laron me faiz clamer ? Pour ce qu'on me voit escumer En une petïote fuste ? Se comme toy me peusse armer, Comme toy empereur je feusse..." (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 32).
Rem. Flor. Octav. L., t. 1, c. 1356, 2999 var., 15048 var. ; WAUQUELIN, Manequine C.T., a. 1448, gloss. ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. Doc.1379 ds GDC X, 329a. Ex. du XVe s. (De Vita Christi) ds GD VI, 131c .
B. - "Caressant, flatteur"
Rem. Chasse am. W., a.1509, gloss.
II. - Loc. adv. Un petiot
A. - "Un tout petit peu" : Mais li dous dieus [du sommeil], Qui lez lui ot mil filles et mil fieus, Trop vanitez et songes tieus et quieus, De bien, de mal, de joies et de dieus, Si se retourne Dedens son lit ; mais li sires gentieus Un petiot ouvri l'un de ses yeus Et de faire ce qu'Yris quiert, au mieus Qu'il puet, s'atourne. (MACH., F. am., c.1361, 165). Par force du mal amoureus Non pourquant a sa douce bouche Fis lors une amoureuse touche, Quar je y touchai un petiot. (MACH., Voir, 1364, 240). Doulce Pitié, ainsi com je le tiens, Un petiot est allée enorter Vostre doulz cuer (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c. 1409-1410, 44).
Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, v.36108, et FROISS., Méliad. L., 1373-1388, v.19762, ds T-L VII, 851. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.
B. - "Un petit moment, un court instant" : Quant ainsi me vi salués, Si esperdus et si mués Fui qu'onques mot ne respondi ; Si c'un petiot attendi, Et puis aprés le saluai (MACH., Voir, 1364, 664). Et un petiot me tensa En disant qu'avoie mespris Trop fort vers ma dame de pris. (MACH., Voir, 1364, 750). Arreste, arreste un petiot, Pelerin, atens, pelerin (Mir. ste Bauth., c. 1376, 122). (dmf:petiot)