B.− Au fig., fam., vieilli. Attendre longtemps, en perdant son temps, en s'ennuyant. Synon. faire le pied de grue, se morfondre. D'abord deux années à droguer dans Paris, à regarder, sans y toucher, les « nanans » dont nous sommes friands (Balzac, Goriot, 1835, p. 121). Tout ça ne me dit pas pourquoi vous étiez là à droguer (Pourrat, Gaspard,1922, p. 134) :
Combien voyons-nous de petits jeunes gens qui « droguent » dans Paris pendant des années sans arriver à pouvoir insérer un article dans un journal! Balzac, Les Illusions perdues, 1843, p. 378.
− Emploi factitif. Tu te moques pas mal de moi, toi !... Me faire droguer à t'attendre ! (Sardou, Rabagas, 1872, II, 6, p. 67). Aussi pourquoi l'avait-on laissé droguer sur la route de Saint-Denis (Zola, Assommoir, 1877, p. 458). Celui qui n'a du tout scrupule de me faire droguer (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 129).
Prononc. et Orth. : [dʀ ɔge], (je) drogue [dʀ ɔg]. Ds Ac. 1932. Homon. droguet avec l'imp. droguais, droguai(en)t. Étymol. et Hist. 1829 (Boiste). Dér. de drogue2* ; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 15. Bbg. Sain. Lang. par. 1920, p. 390. (tlfi:droguer)
- droguer v.intr. non conv. ACTION TEMPS "attendre, traîner" - TLF, cit. Balzac, 1835 ; L, DG, ø d. Add.DDL :
- 1808 - D'Hautel, Dict. du bas-langage - B.N.
- 1842 - «Il m'a fait droguer pendant deux heures.» Complément Acad.
- 1843 - «[...] attendre dans une situation désagréable [...]» Boiste, Dict.
- 1867 - «On ne voulait pas avoir drogué pour rien.» Vallès, Le Nain jaune, 14 mars - B.N.
- droguer v.intr. non conv. ACTION TEMPS "attendre, traîner" - TLF, cit. Balzac, 1835 ; GR[85], cit. Vallès, 1867 ; L, DG, ø d.
- 1791 - «J'arrive à l'appartement : les deux battans s'ouvrent, et comme on sait que je n'ai pas de tems à perde et que je ne suis pas foutu pour droguer, on ne me fait pas attendre jusqu'à ce que madame soit sortie du bain, mais foutre, à l'instant même, on m'introduit dans le cabinet [...]» Hébert, Le Père Duchesne, n° 71, 2 (EDHIS) - P.E.
- 1804 - «GRIGNARDET. Depuis ce matin nous n'avons fait que droguer autour du sérail...» Bosquier-Gavaudan, Cadet Roussel chez Achmet, 9 (Cavanagh-Barba) - P.E.
- 1806 - «LAGACHE. Quoi, la particulière qui m'a fait droguer toute la nuit, qui me serrait la main à m' couper la respiration [...]» Francis et Désaugiers, Mars en carême, 29 (Barba) - P.E.
- Corr.FEW (3, 190a), DDL 1, GLLF, Lex.[79] (1808, D'Hautel)
- 1807 - «Il m'a fait droguer plus d'une heure dans la rue. Pour, il m'a fait attendre pendant long-temps ; il m'a fait niaiser ; lambiner ; bayer aux mouches.» [D'Hautel], Dict. du bas-langage, I, 316 (Slatkine) - P.E. (bhvf:droguer)