RECHIGNER, verbe intrans.
Montrer, par sa mauvaise humeur, par l'expression de son visage, sa répugnance (à faire quelque chose). Faire qqc. en rechignant. Après avoir avalé trois boulettes, elle rechigna, en faisant une grimace de dégoût. − J'en ai assez, je ne peux plus (Zola, Joie de vivre, 1884, p. 1005). Voyez dans votre robe : il me faut vingt tournois, sinon j'abandonne votre affaire. Vous êtes tous pareils, toujours à rechigner. Tel a deux ou trois noeuds liés, qui joue l'homme sans ressources. Allons, sortez votre argent ! (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 95).
− [Avec un compl. prép.] Rechigner à faire son travail. Il travaillait rue du Pas-de-la-mule, chez un imprimeur. Dans ce temps-là, on faisait la journée de dix heures, fallait pas rechigner à l'ouvrage (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 79). Léon disant qu'il ne rechignerait pas devant un travail manuel, M. Octave fit un éloge du travail manuel (Montherl., Célibataires,1934, p. 808).
Prononc. et Orth. : [ʀ ə ʃiɳe], (il) rechigne [-ʃiɳ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1155 trans. reschinner denz « montrer les dents en grimaçant, grincer des dents » (Wace, Brut, 1137 ds T.-L.) ; 2. a) ca 1175 intrans. « montrer les dents en grimaçant » (Benoit, Chronique Ducs Normandie, 30703, ibid.) ; b) 1176-81 rechigné « grimaçant » (Chrétien de Troyes, Chevalier charrette, éd. M. Roques, 5149) ; ca 1200 rechigner « montrer, par l'expression de son visage, sa mauvaise humeur, sa répugnance » (Chevalier au cygne, 89 ds T.-L.) ; 1798 rechigner à (Ac.). Dér., à l'aide du préf. re-*, d'un verbe non att. à date anc. *chignier (v. cependant chigner), issu de l'a. b. frq. *kι ̄nan « tordre la bouche », cf. le m. néerl. kinen « fendre, ouvrir (la terre, en parlant de la sécheresse) » et l'a. h. all. kînan « s'ouvrir, éclater » (FEW t. 16, p. 324). Fréq. abs. littér.: 134. (tlfi:rechigner)