GNOGNOT(T)E,(GNOGNOTE, GNOGNOTTE), subst. fém.
Fam., péj. [Surtout dans le tour c'est de la gnognot(t)e] (C'est une) chose, personne de peu de valeur, d'un intérêt tout à fait négligeable.
A. − Usuel. [Appliqué à une chose, à un acte ou à un événement insignifiant] Synon. broutille, camelote, roupie de sansonnet.Ils récoltent avec ça des grains de blé gros comme des noisettes. C'est de la gnognotte à côté de toi (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 418).Les colorations de la peinture à l'huile, c'est de la gnognote à côté de l'émaillure d'une faïence ou d'une porcelaine (Goncourt, Journal, 1891, p. 90).
B. − P. ext. [Appliqué à une pers. assimilée à une marchandise sans valeur] Nullité, quantité négligeable. Du moment que je plais à la femme, le mari (...) c'est de la gnognotte (Labiche, Garçon Véry, 1850, 8, p. 288). Et ces maîtres-là n'étaient pas de la gnognotte (...). Des membres de l'Institut (Richepin, Truandailles, 1891, p. 163) :
Comme elle descendait l'escalier en l'éclairant de ses regards, je l'entraînais! Jamais Josépha !... Josépha, c'est de la gnognote [it. ds le texte]! cria l'ancien commis voyageur. Qu'ai-je dit là ? gnognote [it. ds le texte]... Mon Dieu ! Je suis capable de lâcher cela quelque jour aux Tuileries... Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 183.
Prononc. et Orth. : [ɳ ɔ ɳ ɔt]. 2 t ds Littré, DG, Guérin 1892. 1 t ds Lar. 19e-20e. Les dict. de l'époque contemp. admettent les 2 graph. (Rob., Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr.). La tendance de la dernière éd. de Ac. est plutôt à la simplification des consonnes doubles (v. p. ex. gigoter). Il paraît donc préférable d'écrire 1 seul t. Étymol. et Hist. Av. 1831 (La Gnognotte, titre d'une chanson ds P.-E. Debraux, Chansons complètes, Paris, t. 1, pp. 34-38). Mot expressif peut-être de la même famille onomatopéique que gnan-gnan (v. FEW t. 7, p. 4a, s.v. n̄an). Bbg. Müller (B.). Mots région. et syst. phonémique du fr. contemp. R. Ling. rom. 1974, t. 38, pp. 378-379 ; p. 382, 387. - Quem. DDL t. 2. (tlfi:gnognotte)
- gnognotte (c'est de la -) loc. verb. non conv. VALEUR - FEW, 1845 ; ND2, 1867, Delv. ; L, TLF, ø d.
- 1840 - «Cette serrure-là, c'est de la gnognotte [...]» Bayard et Dumanoir, Indiana et Charlemagne, iv - P.W.
- 1841 - «Vous auriez vu des paysages ravissans auprès desquels ce qu'il y a de plus beau en Grèce n'est que de la gnognotte.» Mérimée, Corresp. gén., III, 125 - P.W. (bhvf:gnognotte)
- Probablt onomat. enfantine exprimant le dédain ou forme régionale de niais. (GR)
- Corruption de l'italien niente. (PESCH)