BISBILLE, subst. fém.
Fam. Querelle futile. Elle passait sa vie à créer des brouilles et des bisbilles (Quéffelec, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, p. 184):
1. Ainsi, pour éviter les inconvénients de l'existence en commun et les inutiles bavardages qui sont de constants motifs de bisbilles et de troubles, il serait nécessaire que chacun habitât séparément une maisonnette,... Huysmans, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 141.
− Être en bisbille avec qqn. Avoir un léger différend avec quelqu'un. Les deux familles seraient en bisbille (Reider, Mlle Vallantin,1862, p. 149). Mettre en bisbille :
2. Mais crac, patatra, quatre autres années plus tard, le fondateur de l'Action française quotidienne, et des frottements journalistiques dont le détail n'a pas d'intérêt, nous mirent de nouveau en bisbille, Henry Simond et moi. L. Daudet, Salons et journaux, 1917, p. 49.
PRONONC. : [bis̬bij]. Durée mi-longue sur la dernière syll. dans Passy 1914, durée longue dans Barbeau-Rodhe 1930 (cf. aussi DG). Passy 1914 transcrit [biz-]. Barbeau-Rodhe 1930 donne également la possibilité de cette prononc. avec [z]. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787, ainsi que Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851 et DG notent [s] sourd ; Land. 1834, Besch. 1845 et Littré [z]. Les Fér., Gattel, Nod. et Littré transcrivent la finale avec [λ] mouillé, Land. et DG avec yod.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1677 ([Widerhold], Nouv. dict. fr.-ital. et ital.-fr., Genève, J.-H. Widerhold). Empr. à l'ital. bisbiblio (Mén. ; FEW t. 1, p. 580 ; DEI) attesté dep. la 1re moitié du xiv es. au sens de « chuchotement, murmure », au xves. au sens de « murmures pouvant exprimer la désapprobation, la médisance, l'intérêt, la stupeur, l'inquiétude » ; déverbal de bisbigliare d'orig. onomatopéïque.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 16. (tlfi:bisbille)
- bisbille n.f. non conv. RELAT. - FEW (1, 580a-b), TLF, GR[85], DArg., 1677 ; Mat., 1694, Ménage [repris in GLLF] ; L, ø d.
- 1606 - «S'il faisoit point meilleur en Hespagne ? Quelle bisbille ils auoyent euë auec les Inquisiteurs ? S'il faudroit point assembler de Concile là dessus ?» [C. de Plaix], Le Passe-par-tout des pères jésuites, 61 (2e éd., s.l.) - P.E.
- bisbille (mettre en -) loc. verb. non conv. RELAT. - TLF, cit. Daudet, 1917. bisbille : FEW (1, 580a-b), TLF, GR[85], DArg., 1677 ; Mat., 1694, Ménage [repris in GLLF] ; L, ø d.
- 1668 - «Dy-nous bien de fil en aiguille, / Qui mit les partis en bisbille, / Lequel en eut le démenty, / De l'vn ou de l'autre party ?» Guerre comique, 2 (Barbin) - P.E.
- 1793 - «[...] pour mettre en bisbille nos braves montagnards.» Hébert, in G. Walter, Hébert et le Père Duchesne, 363 (Janin) - P.E.
- bisbille (être en -) loc. verb. non conv. RELAT. - GR[85], cit. Sand, 1849 ; TLF, cit. Reider, 1862 ; GLLF, Lex.[79], cit. Duhamel ; DG, ø d. • être en grisbille - ø t. lex. réf. ; absent TLF
- 1792 - «[...] et tout cela pour le partage des biens communaux sur lequel on est bougrement en grisbille. Voilà de beaux foutus gueux de se quereller plutôt que de vivre en frères [...]» [Lemaire], 308e let. bougrement patriotique du véritable père Duchêne, 3 - P.E.
- 1795 - «[...] cette engeance toujours en gris-bille entre elle [...]» Journ. du bon homme Richard, n° 4, 30 - P.E. (bhvf:bisbille)