CROSSER, verbe trans.
B.− Frapper, battre.
1. Battre, frapper à coup de crosse (spécialement de crosse de fusil, cf. crosse II A 4 b) :
1. Une dizaine de fusils s'abaissèrent dans la direction du petit gars. − Qu'est-ce que c'est ? s'écria Bruidoux (...) le premier qui fait feu, je le crosse. Est-ce que nous avons des tueurs d'enfants ici ? Feuillet, Bellah, 1850, p. 107.
2. P. ext.
a) Frapper violemment et à coups répétés à l'aide d'un bâton, des poings ou des pieds. Laissez passer le petit camaro qui va crosser (...) les corbeaux (...) n'oublie pas le coup de poing sous le menton (...) et le talon dans le jarret (Féval, Fils diable, 1847, p. 141). Ils bousculèrent le remous de la cohue, et crossèrent de leurs gourdins les criards (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 527).
b) Au fig., vx. [En parlant d'une pers., d'un groupe, d'une œuvre] Critiquer sévèrement, traiter avec mépris. On a joliment crossé sa plaquette ; c'est d'ailleurs assez plat (Bruant1901, p. 136) :
2. Dans les salles basses on lisait des brochures « subversives ». Ils crossaient le gouvernement dit un rapport secret du temps. Hugo, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 30.
Prononc. et Orth. : [kʀ ɔse], (je) crosse [kʀ ɔs]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 2. 1740 fig. « traiter avec mépris » (Ac.). Dér. de crosse* ; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 6. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 226. (tlfi:crosser)