B.− Au fig., fam. Ferré sur, en (qqc.)
1. Instruit, savant en (quelque chose). Synon. fam. calé, fort.
a) Être ferré sur. Vous êtes ferré sur ces questions géographiques, et mon cousin Mac Nabbs aura beau faire, il ne vous prendra pas en défaut (Verne, Enf. Cap. Grant, t. 2 1868, p. 98). Toujours très ferré sur la poésie, je me rappelais cet alexandrin qu'on prête à Hugo mourant (Léautaud, In memor., 1905, p. 213) :
1. Armand enrageait, glouton, toujours sûr que cette fois ça marcherait, et avec ça tellement inexpert, et peu ferré sur ce qui devait marcher que ce n'était guère de belles victoires que remportait la vertu de Suzanne. Aragon, Beaux quart., 1936, p. 90.
− P. anal., rare. [Le compl. désigne une pers.] Elle était très ferrée, d'ailleurs, sur l'oncle Gradelle et sur les Quenu : elle (...) les savait « par coeur » (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 668).
− Vx et au fig., loc. Être ferré à glace sur qqc. (Cf. ferrer A 1). Connaître parfaitement quelque chose. Vous avez des gens très-forts ici, (...) des gens ferrés à glace sur les idées politiques et financières (Balzac, Gaudissart, 1834, p. 44) :
2. M. de Guermantes, heureux qu'elle me parlât avec une telle compétence des sujets qui m'intéressaient, regardait la prestance célèbre de sa femme, écoutait ce qu'elle disait (...) et pensait : « elle est ferrée à glace sur tout »... Proust, Guermantes 1, 1920, p. 524.
b) Être ferré en. À vrai dire, M. Delobelle n'était pas très ferré en ces matières [le droit patronal et le droit ouvrier] (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 42).
c) Abs. Un érudit plus ferré que Boissonade, et plus crâne aussi (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 6, 1863-69, p. 97). Mais à l'exercice maître Jean n'était pas aussi ferré que beaucoup d'autres ; le grand Létumier lui rivait son clou (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 276).
2. En partic. [Le compl. désigne des principes, des normes] Qui suit rigoureusement, qui tient rigoureusement à. Synon. qui est à cheval sur. Oh ! toi, Jacquemin Lampourde, tu es ferré sur les principes ; on ne t'en ferait pas démordre ; cependant, un peu de fantaisie ne messied pas (Gautier, Fracasse, 1863, p. 471). Ceux qui l'ont vu à cette époque (...) savent à quel point il était dans son rôle de citoyen en armes (...) strict et ferré sur la discipline (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 5, 1863-69, p. 130) :
3. Le comte Aimery de La Rochefoucauld, que Proust souhaitait d'« entendre », et de voir de près, parce que Montesquiou lui assurait que ce seigneur plein de superbe était le plus exigeant et ferré sur les questions de préséances... Blanche, Modèles, 1928, p. 121.
Fréq. abs. littér. : 597. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 373, b) 650 ; xxes. : a) 770, b) 1 408. Bbg. Camproux (Ch.). Les Noms de la voie de commun. en Gévaudan. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1971, t. 9, no1, p. 179. − Quem. DDL t. 10. b) ca 1450 part. passé adj. « habile, sage » (Mistere du Viel Testament, XXXVII, 35406, t. 4, p. 362 : Car il n'y a si ferré qui ne glice) (tlfi:ferré)