BUEN RETIRO, subst. masc.
A.− Demeure, appartement ou pièce, généralement de petites dimensions, à l'écart et servant de retraite :
1. pluton. − Nous sommes dans mes petits appartements, dans ce que j'appellerai, si tu veux, mon buen retiro. jupiter. − Tu dis ? pluton. − Je dis mon buen retiro... comme qui dirait mon boudoir... C'est là que, fatigué du gouvernement de mon royaume infernal, je viens goûter quelques instants de repos et de solitude. (...). jupiter. − Soit ... Oui, je trouve cela très-joli, très-intime... je veux m'en faire disposer un pareil dans l'Olympe. C'est très-favorable (souriant) aux amours, n'est-ce pas ? Crémieux, Orphée aux enfers, 1858, II, 3, pp. 61-62.
B.− P. ext.
1. P. plaisant. Lieu isolé :
2. [Tu vas faire ton somme, gueux de Paris, dans quelque terrain vague,] ô coucheur scandaleux Qui pour buen retiro prends cette place immonde Où gisent les débris honteux de tout le monde ... J. Richepin, La Chanson des gueux, 1876, p. 94.
2. P. euphém. Les toilettes :
3. Quant à Cottard il ne put donner d'avis, car il avait demandé à monter un instant « faire une petite commission » dans le buen retiro... Proust, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 904.
Rem. Qq. aut. emploient l'abrév. retiro : [servir] de chambre à toilette, de fumoir et aussi de « retiro » (P. Bourget, Le Disciple, 1889, p. 31), ... m'abandonnant dans ce diable de retiro (Gide, Si le grain ne meurt, 1924, p. 468).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1858, supra ex. 1. Empr. par métaph. ironique à l'esp. Buen Retiro, nom d'une résidence royale bâtie par Philippe IV aux environs de Madrid. (tlfi:buen%20retiro)
- buen retiro, buen-retiro n.m. d'apr. esp. non conv. CONSTR. HYG. "toilettes publiques" - R, GLLF, 1707, Lesage (sens peu clair). Aux 19e et 20e- FEW (6/I, 418a), 1888, Villatte ; TLF, cit. Proust, 1922.
- 1875 - «[...] elle entraîne le bambin dans le buen retiro du passage : - Combien est-ce ? demande-t-elle à la buraliste. - Quinze centimes. - Mais ce n'est pas pour moi, c'est pour le petit. [...] Je croyais qu'au-dessous de quatre ans les enfants ne payaient que demi-place.» Le Journ. amusant, 26 juin, 6c - G.S.
- 1890 - «[...] on annonce aussi la création d'une société pour l'exploitation en grand des chalets de nécessité. [...] Voilà que maintenant ces buen retiros pullulent et prospèrent.» Le Journ. amusant, 29 nov., 2b - G.S.
- 1892 - «Les buen-retiros des maisons japonaises n'ont pas la forme suavement arrondie des fauteuils de Paris et de Londres ; non, ils sont disposés pour les coutumes d'un peuple qui s'accroupit [...]» Le Journ. amusant, 2 avr., 3b - G.S.
- 1902 - «Les cabinets d'aisance sont le plus souvent d'une saleté repoussante [...]. L'eau est évidemment absente dans ces buen-retiro d'un autre âge.» R. mensuelle Touring-Club de France, mars, 99a - G.S. (bhvf:buen%20retiro)