tatouage
Les voleurs aiment passionnément les images ; ils ont cela de commun avec les enfants et les sauvages. Il est rare qu'ils ne posent pas pour leur portrait, dès que l'occasion s'en présente, et qu'ils ne se fassent pas tatouer les bras, les mains, le sein gauche, le front même. Si on consultait les régistres d'écrous, on serait étonné du grand nombre de signalements qui présentent ces particularités. 1841. Les Prisons de Paris, par un ancien détenu, p. 127
Il est à remarquer aussi que les filles publiques, surtout celles qui fréquentent les soldats, ont la manie de s'imprimer sur le corps des figures et des inscriptions. On connaît le goût qu'ont nos militaires et nos marins pour ces tatouages plus ou moins bizarres. On ne doit donc pas être surpris que les filles qui vivent avec les matelots ou les soldats contractent les mêmes goûts ou cherchent, par cette imitation, à se faire bien venir de ceux qui les fréquentent. Chez les soldats, on remarque principalement ces figures sur les avant-bras ; elles sont d'ordinaire de grandes dimensions et représentent des sujets plus ou moins variés, en rapport avec la tournure d'esprit de celui qui les fait ou de celui sur lequel on les applique. Il n'en est cependant pas tout à fait de même chez les prostituées. Jamais elles ne présentent ces figures sur les parties du corps habituellement découvertes ou qu'elles peuvent découvrir dans les usages de la vie commune ; c'est sur le haut du bras, sur le deltoïde, au-dessous des seins et sur toute la poitrine qu'on les trouve en général ; presque toujours ce sont des inscriptions, des noms propres suivis de ces mots pour la vie, ou cette abréviation : P. L. V. Souvent, ces inscriptions se trouvent entre deux petites fleurs ou entre deux cœurs entrelacés et percés d'une flèche. 1884. La prostitution contemporaine, p. 120
si les séances de tatouages étaient le plus souvent une forme d'occupation collective, un certain individualisme présidait au choix du sujet, dans une mythologie d'ailleurs peu variée : glaive au serpent, calvaire, coeurs transpercés, corps de femme, etc… Il fallait en général le passage en prison pour amener à des tatouages significatifs d'un sentiment d'appartenance à un « milieu » bien plus large que celui de la bande adolescente : trois points (= « mort aux vaches » = la police), cinq points (seul entre quatre murs), le « point du mac » (sous l'oeil), etc. Du Pouget, 1976. Adolescents de banlieue, p. 261
Cette liste énumère le lexique argotique en usage dans : tatouage Motifs de tatouages. C'est une liste brute, qui agglomère des registres et des époques très variables.
Total : 78
- à Arthur pour la vie
- à bas l'armée !
- à découper
- aigle
- à ma mère
- À Mettray, plutôt mourir que d'y revenir
- ancre marine
- bague au doigt
- barrette de tueur
- bonnet phrygien
- bouquet de géraniums
- buste de femme
- buvette des sous-officiers
- calvaire
- chaîne
- chemin de la liberté
- chemin qui serpente en direction d'un calvaire
- chouette
- cinq points bleus sur la paume de la main droite 1902
- cobra
- coeur percé d'une flèche 1840
- colombe tenant un rameau dans son bec
- coq et poule occupés à une besogne intime
- dague sur l'avant-bras
- deux traits aux yeux
- dix points
- encore un con qui me regarde
- enfant du malheur 1851
- fleur
- frangipanier
- glaive au serpent
- hirondelle tenant une lettre dans son bec
- homme posté devant un mur marqué : défense d'uriner
- j'ai mal commencé / je finirai mal / c'est la fin qui m'attend
- j'ai trop pleuré
- j'emmerde la justice
- je suis au lit + cochon
- larme sous l'oeil
- léopard
- le Saint
- locomotive
- mains enchaînées
- marquouser 1924
- mort à la chiourme
- mort aux vaches ! 1873
■ Devise de criminel (c/ dénonciateur, traître) ; slogan c/ police et forces de l'ordre ; cri de l'insoumission c/ autorité (police, militaire, etc.) ; expression contre autorités ; formule contre les juges et les policiers ; à mort les hommes de la police ! ; > cri de menace (c/ homosexuel) ; ■ motif de tatouage ; ■ motif de graffiti
032 prison, tatouage, graffiti - mort pour le garde
- ni Dieu, ni maître
- oeil de biche
Motif de tatouage à la commissure des paupières, prolongées par un trait ; traits au bord de chaque oeil ; sobriquet d'un détenu tatoué d'un trait au coin des yeux
005 tatouage - pas de chance 1851
- pensée
- pensée à sa mère
- phallus ailé
- piqueur
- P.L.V.
- poignard
- point bleu sur la joue droite
- point des macs
- point d'interrogation
- pointillés autour du nombril
- pointillés autour du poignet
- point sous l'oeil
- point sur la pommette
- point tatoué entre le pouce et l'index
- pour la vie
- prénom
- prolongement des cils (tatouage)
- promis à Deibler 1922
- quatre points en carré et un cinquième au milieu
- robinet d'amour 1881
- saint des voyous
- serpent
- souffre, mais tais-toi !
- suivez le pointillé
- tête de mort et deux tibias
- TMFR
- trois points
Motif de tatouage : marque d'appartenance au milieu des voyous ; tatouage signifiant □ la haine de la police □ j'emmerde la justice □ mort aux vaches
012 tatouage - un point
- vas où tu peux, meurs où tu dois