MATOIS, -OISE, subst. et adj.
I. − Subst., vx. Bandit, voleur :
1. ... le sentiment particulier de Gobinot Chevassut était (...) que l'on ne peut établir aucune qualité au-dessus de l'esprit et de l'adresse (...) et nulle part il ne trouvait ces qualités plus brillantes et mieux développées que chez la grande nation des tire-laine, matois, coupeurs de bourse et bohêmes... Nerval, Nouv. et fantais., 1855, p. 185.
II. − Adj. Qui est capable de finesse, de ruse, malgré des dehors débonnaires. Synon. roué, rusé. Il écrit comme vit un bon propriétaire normand (...) Madré, matois, bon enfant (A. France, Vie littér., 1888, p. 55). Racadot, matois comme un courtier véreux (Barrès, Déracinés, 1897, p. 278).
[P. méton.] Air matois ; bonhomie matoise. Leur gendre (...) envoya sa fille à Paris, chez son beau-frère, autant pour lui faire voir la capitale, que par une pensée matoise (Balzac, Rabouill., 1842, p. 253). Ce sourire matois des paysans qui plisse les yeux en amincissant la lèvre un peu mauvaisement (A. Daudet, R. Helmont, 1874, p. 134).
− Emploi subst. M. du Poirier, qui mène la noblesse, est un fin matois, du premier ordre et d'une activité assourdissante (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 49). Plus d'un matois cherchait le moyen de ne pas partir. Tel se disait sourd, tel faisait le fou (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 224):
2. Le commissaire de police (...) se terminait par un crâne jaune, pauvre en cheveux, qui dénotait un matois égrillard, rieur, et pour qui la vie de Paris n'avait plus de secrets. Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 263.
BBG. − Esnault (G.). Qq. dates. Fr. mod. 1952, t.20, p.131. _ Quem. DDL t.19 (s.v. mate). _ Sain. Arg. 1972 [1907], passim ; Sources t.1 1972 [1925], p.12, pp. 351-352, p. 364.
Prononc. et Orth. : [matwa], [-ɑ], fém. [-wa:z], [-wɑ:z]. La prononc. avec [-ɑ] est ds DG. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1573 subst. « filou, bandit » (M. de L'Hospital, Reformat. de la Justice, 4e part. [IV, 223-224] ds Hug.) ; 2. a) 1609 adj. « qui a de la ruse sous des dehors de bonhomie » (M. Régnier, Satire XI, 8 ds Œuvres complètes, éd. G. Raibaud, p. 129) ; b) 1611 subst. (Cotgr.). Mot de l'arg. des voleurs, dér. de mate « lieu de rendez-vous des voleurs » (2e moitié du xve s., Villon, Ballades en jargon, éd. A. Lanly, I, 1), lui-même prob. empr. à l'alémanique Matte «prairie» et « lieu de réunion » dès le xvies. (FEW t.16, p.542b). Fréq. abs. littér. : 46. (tlfi:matois)