MARTEL, subst. masc.
Martel en tête. Inquiétude, souci.
A. − Usuel. Se mettre (ou var.) martel en tête. S'inquiéter, se faire du souci. Vous êtes un peu timbré, je pense, de vous fourrer martel en tête parce qu'un employé de chez vous a commis une extravagance sous le coup d'un transport au cerveau (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 6e tabl., 2, p. 233). Tout à la joie de savoir Volat prisonnier, il ne se mettait point martel en tête : pourquoi se fatiguer à prévoir ? (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 212).
B. − Vieilli ou rare. [Avec d'autres verbes ou hors loc. verb.] Le mot de soeur Hélène au couvent et un mot d'Aimée à Cauterets m'avaient mis martel en tête (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 31). Ils ont tous eu immédiatement autre martel en tête (Benoit, Atlant., 1919, p. 150) :
D'ailleurs, la jalousie est bête. D'abord, elle ne sert de rien, Malgré tout son martel en tête. Verlaine, Poèmes div., Contre la jalousie, 1896, p. 180.
Prononc. et Orth. : [maʀtεl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1554-57 donner martel « rendre jaloux » (Du Bellay, La vieille courtisanne ds Divers jeux rustiques, éd. V. L. Saulnier, p. 155, 168) ; 1561 mettre le Martel en teste à qqn « le rendre jaloux » (J. Grevin, Les Esbahis, éd. L. Pinvert, p. 145) ; 2. 1558 martel « souci » (Mellin de Saint-Gelais, Epigramme de Martial ds OEuvres, éd. P. Blanchemain, t. 1, p. 77) ; 1718 se mettre martel en tête (Chansonnier hist. du XVIIIes., éd. E. Raunié, t. 3, p. 21). Empr. à l'ital. martello, att. aux sens 1 et 2 dep. la 1re moitié du XVIe s. (au sens 1 dep. L'Arétin, au sens 2 dep. Giovio ds Batt.), proprement « marteau » (v. ce mot). Fréq. abs. littér. : 22. Bbg. Hope 1971, p. 209. _ Quem. DDL t. 18. (tlfi:martel)
- martel (avoir - en tête) loc. verb. AFFECT. - DDL 18, 1561, J. Grévin ; Hu, Pasquier ; FEW (6/I, 313a), 1607 ; L, cit. Th. Corn. ; DG, ø d ; TLF, cit. Benoit, 1919 ; DELF, ø d. • avoir des martels en tête - ø t. lex. réf. ; absent TLF
- 1867 - «Et vli ! Et vlan ! Tenez vous bien, gens de clubs, drôles de la Bourse, demoiselles de ballet et vous aussi, vieux catharreux de Cythère [...] Il a tant d'autres martels en tête, le dix neuvième siècle !» Ch. Bataille, in Le Charivari, 1er oct., [2] - J.Hé.
- martel en tête loc. nom. m. AFFECT. - TLF, 1558, Mellin de Saint-Gelais ; ND4, 1578, D'Aub. [sic] ; GLLF, fin 16e, D'Aub. ; FEW (6/I, 313a), 1630.
- 1559 - Bandello, Hist. tragiques extraictes des oeuvres ital. de Bandel et mises en nostre langue françoise par Pierre Boaistuau , 124 (Paris)Bibl. de l'Arsenal, numéro 19527 - Wind, 188.
- martel en tête (avoir -) loc. verb. non conv. AFFECT. - DDL 18 (- le - en teste), 1561, Grévin ; FEW (6/I, 313a), 1607, Hulsius ; Hu, Pasquier ; L, Corn. ; BEI, 1690, Fur. ; TLF, cit. Benoît, 1919 ; DEL, ø d.
- 1559 - «Combien qu'il est aussi soigneux de ses affaires, bien qu'il aye aussi martel en teste pour ses affaires [...]» Térence, Heautontimorumenos, 71 (apud Theobaldum Paganum) - P.E.
- martel en tête (avoir le -), martel en tête (avoir -) loc. verb. AFFECT. - FEW (6/I, 313a), 1607, Huls ; L, cit. Th. Corn. ; DG, ø d ; absent TLF.y - : Hu, Pasquier
- 1561 - «JULIEN. Avez-vous le martel en teste ? / Signor mio, sus, une aubade ! PANTHALEONE. Mais plustôt une bastonnade / A ce faquin qui fait du brave. JULIEN. Vous n'avez guères que la bave [...]» J. Grévin, Les Esbahis, in J. Grévin, Théâtre complet et poésies choisies, V, i, 197 (Garnier) - P.E.
- martel en tête (donner - à qqn) loc. verb. AFFECT. - FEW (6/I, 313a), 1584 ; L, cit. Hauteroche ; DG, cit. Corn. ; absent TLF. Corr.FEW (1617, D'Aub.)
- 1630 - «FAENESTE. Je ne puis que ye ne die encor un mout de ma nouvlesse, car ceste rove rouge dont il a estai parlai m' a donnai martel in teste à la teste.» D'Aubigné, Oeuvres, Avantures du baron de Faeneste, IV, xiv, 810 (Gallimard) - P.E.
- martel en tête (mettre le - à qqn), martel en tête (mettre - à qqn) loc. verb. AFFECT. - FEW (6/I, 313a), 1787, Fér. ; DG, ø d se - : PR[77], 16e (?) ; FEW, GLLF, déb. 18e, P. Adam ; DG, ø d ; R, PR[77], cit. Romains ; Lex.[75], cit. Vian ; BW6, ø d Compl.TLF (mêmes réf., ø texte)
- 1561 - «PANTHALEONE. [...] Despetto du père félon, / Et du jeune advocat aussi, / Qui me cause tout mon soucy, / Et me met le Martel en teste ; / Mais dès cet'heure je proteste / De chercher un autre moyen.» J. Grévin, Théâtre complet et poésies choisies, 145 (Garnier) - P.E. (bhvf:martel)