GRIPPE-SOU, subst.
A. − Vx. ,,Celui qui était chargé par les rentiers de recevoir leurs rentes, moyennant une légère remise`` (Ac. 1932).
− P. ext. Usurier. Bonjour, mon jeune ami ; que, diantre, faisiez-vous, Avec ces usuriers, boursiers et grippe-sous ? (Ponsard, Honn. et arg., 1853, IV, 5, p. 96). Marchands de grains, donnant la mauvaise mesure, Et force grippe-sous prêtant à grande usure Autour des chérubins et des sept chandeliers (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 343).
B. − Personne que l'avarice attache à de petits gains sordides :
Papa disait « Madame Delahaie, Monsieur Delahaie ». Même rétrospectivement, même à titre historique, il n'aurait, pour rien au monde, consenti à donner de l'oncle ou de la tante à cette gent détestée, à ces grippe-sous, à ces paltoquets. Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 111.
− Emploi adj. Cultivateur et maquignon, Haudouin n'avait jamais été récompensé d'être rusé, menteur et grippe-sous. Ses vaches crevaient par deux à la fois, ses cochons par six, et son grain germait dans les sacs (Aymé, Jument, 1933, p. 7).
Prononc. et Orth. : [gʀipsu]. Ds Ac. dep. 1718. Au sing. avec et sans -s (Balzac, Goriot, 1835, p. 31, grippe-sou ; Aymé, loc. cit., grippe-sous) ; au plur. avec -s. Étymol. et Hist. 1. 1680 « homme que les particuliers, moyennant un sou par livre, chargent de recevoir leurs rentes (Rich.) ; 2. av. 1778 « avare qui fait de petits gains sordides » (Voltaire ds Lar. 19e). Composé de la forme verbale grippe (gripper* « prendre, saisir ») et de sou*. Fréq. abs. littér. : 11. (tlfi:grippe-sou)