CHARCUTIER, IÈRE, subst.
B.− P. ext. Personne (chirurgien, militaire, etc.) qui charcute (cf. charcuter B), qui taille dans les chairs vives de quelqu'un avec maladresse, brutalité :
2. Gagner la guerre, c'est mettre l'ennemi hors d'état de résister (...) dans le minimum de temps, avec le minimum de pertes. Les grands hommes de guerre ne sont ni des charcutiers, ni des tortionnaires, mais des chirurgiens habiles, qui font vite et bien, et qui, l'opération faite, n'ont pas d'éclaboussures sur leur tablier. L'OEuvre, 9 mars 1941.
− P. métaph. Personne qui gâche un travail, saccage quelque chose :
3. On retourne à l'échoppe, le vin blanc, le poivre et les gouttes de mêlé font leur effet, les sublimes font beaucoup de bruit, peu de besogne ; si l'un d'eux tue une pièce, alors le patron sublime hurle, vocifère sur tous les tons : Bon à tuer, charcutier, massacre, clou, toi capable, allons donc, sabot, ça se dit monteur ; oui, monteur de coups. D. Poulot, Le Sublime, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, s.d., [1872], p. 142.
Emploi adj., rare. (Quasi-)synon. brutal, maladroit. Charcutière émasculation de sa pensée (Bloy, Le Désespéré, 1886, p. 216).
Prononc. et Orth. : [ʃaʀkytje], fém. [-tjε:ʀ]. Fait partie des mots dont la graph. a hésité entre ui et u : charcutier, en anc. fr. charcuitier ; cf. Buben 1935, § 64 et Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,on disait autrefois chaircutier ou chaircuitier``; pour cette rem. cf. encore Ac. 1694-1798 ; Ac. 1835-1932 enregistrant le mot sans aucun commentaire. Étymol. et Hist. 2. 1866 fig. « chirurgien » (Delvau, Dict. de la lang. verte, p. 70). Dér. de chair cuite; suff. -ier* (cf. Nyrop t. 3, § 43). Fréq. abs. littér. : 170. Bbg. Goug. Lang. pop. 1929, p. 18, 68, 70. (tlfi:charcutier)