P. dérision. Se donner les gants de (qqc.). [Littéralement : se donner à soi-même un pourboire]. S'attribuer à tort le mérite, le prestige d'avoir été le premier à faire quelque chose. [Il a] voulu se donner les gants près de son parti d'une exécution sur nous, au nom des saines doctrines littéraires et des principes révolutionnaires (Goncourt, Journal, 1875, p. 1093). Elle nous peint ensuite Dumas fils se donnant les gants de mots spirituels qu'il aurait dits aux gens, mais qu'il n'a trouvés qu'après leur départ (Goncourt, Journal, 1893, p. 465).
Absol. Se donner des gants. Exagérer ses mérites, se vanter :
9. « Il [Victor Hugo] a comme cela trop de fantaisie à tout moment, trop de fierté. » C'est ainsi qu'elle appelle son fastueux et son pomposo. − Elle dit encore de lui : Il se donne trop de gants. Sainte-Beuve, Cahiers, 1869, p. 33.
Se donner les gants de + inf. S'approprier indûment le bénéfice d'une attitude que l'on ne fait que simuler, précisément pour le profit que l'on sait pouvoir en tirer. Fam. Se payer les gants de + inf. Combien peut-il [le libraire] encore gagner après s'être payé les gants de faire le gentilhomme devant moi ? (Bourget, Cosmopolis, 1893, p. 14). Je me donnai les gants de flétrir ceux qui encombraient le conseil de guerre de plaintes dérisoires (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 86). Les femmes sont des femmes, mon cher, toujours, même quand elles se donnent les gants d'être des anges (Anouilh, Répét., 1950, III, p. 90). (tlfi:gant)