PATAUD, -AUDE, subst. et adj.
A. − Subst. Jeune chien à grosses pattes. (Dict.xixes. et xxes.).
B. − Subst. et adj., fam. ou péj.
1. Subst. Personne ayant un physique lourd, des manières embarrassées. Synon. lourdaud. Ô vraiment fils de la terre ! Ô pataud aux larges pieds ! (Claudel, Gdes odes, 1910, p. 267). Dieu sait pourtant quel souci me donne, au long d'une semaine, à travers mes bibelots si sottement aimés, ce grand pataud tout en noir ! (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 117).
− [Avec une nuance affectueuse ; le subst. désigne un(e) enfant jeune, encore maladroit(e)] Ayez aussi l'oeil sur ma petite pataude [la petite Solange] et l'oreille à ses cris (Sand, Corresp., t. 1, 1829, p. 77).
− P. anal. Personne, en particulier paysan, fruste, sans finesse :
M'est avis, répondit le Tyran, de nous arrêter au premier village que nous rencontrerons (...). Scapin battra la caisse devant la porte promettant un spectacle extraordinaire et mirifique aux patauds ébahis avec cette facilité de payer leur place en nature. Gautier, Fracasse, 1863, p. 161.
2. Adjectif
a) [En parlant d'une pers.] Qui a un physique lourd, des manières embarrassées ; qui manque d'aisance. Maigret ne savait que dire. Il était là, lourd et pataud, dans un monde étranger (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 21). Mal attifée, pataude, j'hésitais avec disgrâce entre la fillette et la femme (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 104).
b) [En parlant d'un attribut de la pers., d'une qualité, d'une activité, d'une oeuvre] Qui est le fait d'une telle personne ; qui manifeste une certaine lourdeur, un certain embarras. Air pataud ; allure pataude. Sur la jupe, une grosse main rouge et pataude de la bonne (Goncourt, Journal, 1857, p. 361). Le Cimetière m'a paru trop pataud et trop mal dégagé pour être envoyé (Valéry, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 30). V. aussi nigaud ex. de Bourget.
c) [En parlant d'un animal, d'une chose concr.] Qui a un aspect lourd. Cinq ou six tables de cabaret, en chêne luisant et sombre, (...) autant de bancs épais et patauds (Colette, Cl. s'en va, 1903, p. 43). Duveteux encore, un peu pataud, il semble en ces instants que le devance dans la durée le petit fauve qu'il deviendra (Genevoix, Rroû, 1931, p. 29).
Prononc. et Orth. : [pato], fém. [-o:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1485 Patault nom propre d'un chien (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 9529) ; 1690 subst. pataud « chien de cuisine bien gras et bien nourri » (Fur.) ; 1694 adj. « se dit d'un jeune chien qui a de grosses pattes » (Ac.) ; 2. a) 1501 adj. pataulx « gros, corpulent » (A. de La Vigne, Les Complaintes et Epitaphes du Roy de la Bazoche ds Anc. poésies fr., t. 13, p. 399 : gros, gras, pataulx) ; 1611 adj. pataut (Cotgr.) ; 1612 adj. pataud « lourd, maladroit » (P. Trotterel, Les corrivaux, I, 1 ds Anc. théâtre fr., t. 8, p. 235 : sa pataude de main) ; 1669 subst. pataud « lourdaud » (Widerhold Fr.-all.) ; b) 1868 adj. p.ext. en parlant de qqc. (Littré). Dér. de patte*; suff. -aud*. Au sens 3, prob. p.altér. de patriote*. Fréq. abs. littér.: 37. Bbg. Sain. Sources t.2 [1925] p.227. (tlfi:pataud)