BORGNE, subst. fém.,
Arg. Nuit :
Quand j'étais môme, ça m'est arrivé quelquefois de passer le borgnion dans la neige, vu que j'étais de la zone. Ça fait peut-être des hommes... mais aussi des tubards. Le Breton, 1960.
SYNT. Passer le borgnon (qq. part) (à faire qqc.) ; ne pas dormir du borgnon. Refiler le borgnon. Passer la nuit sans gîte (Esn. 1966).
Attest. des différentes graph. : borgne (Esn. 1966 [fém.] et Ch.-L. Carabelli, [Lang. de la pègre]), borgnon (Nouguier, Notes manuscrites sur feuillets interfoliés au Dict. de Delesalle, 1900, p. 42 et 50 ; J. Lacassagne, L'Arg. du « milieu », 1928, p. 9, 12, 23, 27, 46, 110 et 193 ; E. Chautard, La Vie étrange de l'arg., 1931, p. 20 ; A.-L. Dussort, Des Preuves d'une existence, ms. dép. par G. Esnault en 1958, p. 1927, p. 92 et Journal, ms. dép. par G. Esnault en 1953, 1929-1934, p. 2, 3, 11, 13 et 14; A. Le Breton, Razzia sur la Chnouf, 1954, p. 233 ; Esn. 1966; Ch.-L. Carabelli, [Lang. de la pègre]), borgnion (Le Breton 1960), borgnio (A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes, 1953, p. 16, 64, 153 et 238 et Razzia sur la Chnouf, 1954, p. 64), borgniot (Esn. 1966).
ÉTYMOL. ET HIST. I.− 1. Borgnon 1715-23 adj. « borgne » (Adam, Etude sur le vocab. du chansonnier historique d'apr. FEW t. 1, s.v. brunna, p. 569b) ; 2. 1810 subst. aller à borgnon « aller à l'aveuglette » (Molard, Mauvais lang. corrigé, supra) ; d'où 3. 1900 subst. masc. borgnon « la nuit » (Nouguier, Notes, supra). (tlfi:borgnon)