ROGNONNER, verbe intrans.
Fam. Parler indistinctement entre ses dents avec mécontentement ou colère. Synon. bougonner, grommeler, maugréer, ronchonner. Pourtant, quand le brancard arriva et qu'on chargea Coupeau comme un meuble, elle devint toute pâle, les lèvres pincées ; et si elle rognonnait et trouvait toujours que c'était bien fait, son coeur n'y était plus (Zola, Assommoir, 1877, p. 696). Il continue à rognonner dans son coin à propos de tout où il n'est pas question de lui (Goncourt, Journal, 1894, p. 510). En incise. Vous aussi, monsieur Stéphane, rognonna St Éloi (...) (Arnoux, Gentilsh. ceinture, 1928, p. 143).
− Empl. trans., rare. Dire à voix basse. Je rognonne souvent de tes vers, va, pauvre bougre (Flaub., Corresp., 1850, p. 169). À plusieurs reprises nous avions entendu, quand nous étions cachées derrière la persienne, le capitaine de Vaugiraud qui rognonnait tout seul des choses vagues (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 155).
Prononc. et Orth. : [ʀ ɔ ɳ ɔne], (il) rognonne [-ɔn]. Ac. 1694-1798 : -oner ; dep. 1835 : -onner. V. -onner. Étymol. et Hist. 1556 norm. rongnonner « grogner, gronder » (Le quaquet des femmes ds Anc. poésies fr., éd. A. de Montaiglon, t. 6, p. 183) ; 1679 rognonner (Rich. : « mot du petit peuple de Paris pour dire gronder »). Dér. de rogner2* ; suff. -onner*. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 248. − Quem. DDL t. 32 (s.v. rognonnement et rognoneur). (tlfi:rognonner)