GOINFRERIE, subst. fém.
Familier
A. − Au sing.
1. Caractère du goinfre. Synon. gloutonnerie, voracité ; anton. frugalité, sobriété, tempérance. Aulus n'y tint pas. Il se précipita vers les cuisines, emporté par cette goinfrerie qui devait surprendre l'univers (Flaub., Hérodias, 1877, p. 163).
2. P. ext. Avidité goulue. Il revenait maintenant aux filles de la rue, (...) les seules d'ailleurs qu'il aimât par tempérament, dont la docilité complaisante rassasiât sa goinfrerie sexuelle (Zola, Fécondité, 1899, p. 292).
B. − Au sing. ou au plur., p. méton. Repas de goinfre. Une goinfrerie de grands gaillards aux estomacs creusés par treize heures de fatigues quotidiennes (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 545). Ses ancêtres devaient plutôt se signaler par leurs goinfreries et leurs beuveries gargantuesques (Magnane, Bête à concours, 1941, p. 51).
− P. métaph. Les voici [ces êtres impuissants] (...) se vautrant avec Rabelais dans toutes les goinfreries de l'hyperbole (Baudel., Fanfarlo, 1847, p. 528) :
Christophe admirait cet appétit de musique. Il n'était pas moins frappé de l'abondance des programmes. Il pensait jusque-là que ses compatriotes avaient la spécialité de ces goinfreries de sons, qui lui avaient plus d'une fois répugné en Allemagne. Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 682.
Prononc. et Orth. : [gwε ̃fʀ ə ʀi]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Av. 1646 (Les Lettres du Président Maynard, 51 ds Quem. DDL t. 2 : leçons de goinffrerie). Dér. de goinfre* ; suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 27. (tlfi:goinfrerie)
- goinfrerie n.f. US. ALIM. "gloutonnerie" - AD, 17e ; L, Richelet.
Corr.DG, ND2, PR[67] (1653) et Compl. L (Maynard), TLF (mêmes réf., ø texte) :
- av. 1646 - «Ie suis tousiours de la partie et tasche de me resouuenir des importantes leçons de goinffrerie que vous m'auez si souuent faites.» Les Let. du Président Maynard, 51 (Paris, 1653) - R.A.
- goinfrerie n.f. CARACT. "libertinage" - ø t. lex. réf. ; absent TLF.
- 1633 - «Ie me souuins de tous ses discours [ceux du chevalier d'industrie], pour m'en seruir en temps et lieu, car ie sentois que mon inclination estoit fort portee à la goinfrerie.» La Geneste, trad. : Quevedo, L'Avanturier Buscon, 236 (Billaine) - P.E.
- 1649 - «[...] toutes ses goinfreries que j'ay faites, et les impiétés que j'ay commises, c'estoit plus pour faire l'esprit fort, que par inclination que j'eusse à l'Atheisme.» La Querelle d'un partisan avec sa femme, 6 (Sassier) - P.E. (bhvf:goinfrerie)