DÉPARLER, verbe intrans.
A.− Vieilli. [Le plus souvent employé à la forme négative] S'arrêter de parler :
1. Madeleine, éclatant de rire : Ouf ! j'ai le gosier en feu ! Voilà douze heures que je n'ai déparlé. Dieu ! que j'ai soif ! Feuillet, Scènes et proverbes, 1851, p. 166.
B.− Région. Parler inconsidérément ; dire n'importe quoi. − Je déparle. Qu'est-ce que tu es, toi, pour dire que je déparle ? (Giono, Colline, 1929, p. 33) :
2. Et moi, je pleurais avec toi... Non, tu l'as fait partir pour t'en débarrasser. Et maintenant, tu sautes sur les sous de Panisse, et l'imbécile est tout content ! panisse. − Allons, tu déparles, tu dis des bêtises ! césar. − Va, tu es bien la nièce de ta tante Zoé ! elle s'y entendait celle-là, pour faire danser les vieux pantins ! Pagnol, Fanny,1932, II, 8, p. 155.
− Au Canada. Écorcher les mots en parlant. Qu'as-tu à déparler ? (Dionne1909).
Prononc. et Orth. : [depaʀle], (je) déparle [depaʀl̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1154-73 « décrier, blâmer (quelqu'un) » (B. de Ste-Maure, Troie, 28469 ds T.-L.) ; réputé ,,anc.`` ds Guérin ; 2. xiies. soi desparler de « revenir (sur ce qui a été dit), se dédire, reprendre sa parole » (Raoul de Cambrai, 308, ds T.-L.) ; 3. 1657 ne pas deparler (Scarron, Rom. com., II, ch. 17 ds Littré); 4. 1768 « déraisonner » (Desgrouais, Gasc. corr., p. 140 : On entend ... dire : N'écoutez pas cette femme : ne voyez-vous pas qu'elle déparle ? pour dire qu'elle déraisonne) ; 1867 (Delvau : Déparler. Ne pas savoir ce que l'on dit, parler d'une chose que l'on ne connaît pas). Dér. de parler* ; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. 15. Bbg. Quem. 2es. t. 3 1972. − Straka (G.). En relisant Menaud, maître-draveur. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, p. 283. (tlfi:déparler)