D. − P. ext.
1.
a) Signature apposée au moyen d'un cachet. L'emploi d'une griffe remplaçant les signatures est donc formellement interdit [sur un chèque et sur des effets de commerce] (Banque1963).
− ,,Mention (en général initiales ou signatures abrégées) qui atteste qu'une personne a pris connaissance d'un document`` (Admin. 1972). Je vais envoyer un domestique prier le concierge de venir parapher de sa griffe le contrat de location (Courteline, Client sér., Piano, 1893, pp. 220-221).
b) Dessin, marque distinctive d'un fabricant. On place aussi derrière le faux titre (...) la griffe de l'éditeur (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 275).
Au fig. Les pièces de Dumas ont toutes dès la première scène la même intonation cassante et paradoxale, voix de tête et crête dressée ; mais c'est sa marque de fabrique cela, son poinçon, la griffe au coin du tableau (A. Daudet, Crit. dram., 1897, p. 212).
− En partic., p. méton.
α) Petit morceau d'étoffe cousu à l'intérieur d'un vêtement et portant le nom du fournisseur ou du fabricant. Tissus Bouclette, oui ! mais exigez la griffe dans votre veste ou votre manteau (Figaro, 4 sept. 1952, p. 7, col. 4-5-6).
β) Entreprise produisant ou diffusant des produits de marque, généralement de vêtements ou des articles de luxe. Nous sommes l'une des premières griffes françaises de Haute Couture et d'accessoires; nos articles sont diffusés dans le monde entier (Le Nouvel Observateur,1979, n°751, p. 78).
c) P. méton., vieilli. Instrument qui sert à imprimer une signature, un paraphe, une marque. [L'employé] prit une griffe, imprima le visa en encre bleue sur le passeport, écrivit rapidement les mots : Mantoue, Venise et Ferrare (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 184). M. Victor Hugo (...) coupa les feuilles en petits carrés sur lesquels il imprima avec une griffe le mot espagnol qui veut dire fer (MmeV. Hugo, Hugo, 1863, p. 121).
2. Au fig.
a) Rare. Influence de (quelqu'un) dans une situation, un événement. S'il [l'Empereur de Russie] n'a pas été jusqu'ici plus favorable aux Grecs, c'est qu'il a cru apercevoir dans leur insurrection la griffe des Jacobins de Paris (Chateaubr., Corresp., t. 4, 1789-1824, pp. 306-307). La plupart [des gens] acceptaient même de voir dans l'aventure le doigt de Dieu comme aussi la griffe de Satan (Aymé, Vouivre,1943, p. 194).
b) En partic., dans le domaine de la critique artistique Marque de la personnalité, du style de (quelqu'un) dans une oeuvre. Point d'idée qui, plus clairement que celle-là, ne porte la griffe voltairienne (M. Bloch, Apol. pour hist., 1944, p. 91).
− P. méton. Personnalité, style caractéristique d'un créateur. S'il y a dans le bagage de Liszt des œuvres inutiles du moins n'en est-il pas une seule, fût-ce la plus insignifiante, qui ne porte la marque de sa griffe et l'empreinte de sa personnalité (Saint-Saëns, Portr. et souv., 1909, p. 40). Il faut du reste reconnaître que Victor Hugo, quand il voulait citer l'antique, le faisait avec la toute-puissante liberté, la griffe dominatrice du génie (Proust, Chron., 1922, p. 223). 3. 1852 « marque de la personnalité de quelqu'un dans ses œuvres » (Flaub., Corresp., p. 398). (tlfi:griffe)