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forum abclf » Parler pour ne rien dire » Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

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Messages [ 151 à 200 sur 650 ]

151 Dernière modification par mercattore (25-08-2016 12:53:47)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:

Oui, à rapprocher du texte de Loliée de 1899.

Encore Rossignol ! Il avait été blessé assez grièvement par deux fois à ses débuts dans le cadre de son travail, c'est ce qui je suppose avait permis de le lancer. Je me demande ce que devait penser cet homme que ses diverses promotions portaient en fin de carrière à jouer les cicérones pour des journalistes en mal d'articles et de frissons et de riches oisifs. Flatté, agacé, comblé par sa position sociale, ennuyé ?

Je me demande si le personnage en bas à droite sur votre carte postale ne pourrait pas justement être lui (quelque peu dégarni).

http://img15.hostingpics.net/pics/729856ChateauRougefiguresdtail.jpg

Comparez avec ce portrait du Voleur llustré du 18 novembre 1886 :

http://img15.hostingpics.net/pics/86795418861118levoleurillustrRossignol.jpg

Je parierai que la scène de l'arrestation est copiée d'un dessin de Meyer publié entre le 9 et le 28 décembre 1884. Le Journal illustré de cette période n'est pas disponible sur Gallica, il faudrait chercher ailleurs.

éponymie a écrit:

Oui, à rapprocher du texte de Loliée de 1899.

Encore Rossignol ! Il avait été blessé assez grièvement par deux fois à ses débuts dans le cadre de son travail, c'est ce qui je suppose avait permis de le lancer. Je me demande ce que devait penser cet homme que ses diverses promotions portaient en fin de carrière à jouer les cicérones pour des journalistes en mal d'articles et de frissons et de riches oisifs. Flatté, agacé, comblé par sa position sociale, ennuyé ?

Je me demande si le personnage en bas à droite sur votre carte postale ne pourrait pas justement être lui (quelque peu dégarni).

http://img15.hostingpics.net/pics/729856ChateauRougefiguresdtail.jpg

Comparez avec ce portrait du Voleur llustré du 18 novembre 1886 :

http://img15.hostingpics.net/pics/86795418861118levoleurillustrRossignol.jpg

Je parierai que la scène de l'arrestation est copiée d'un dessin de Meyer publié entre le 9 et le 28 décembre 1884. Le Journal illustré de cette période n'est pas disponible sur Gallica, il faudrait chercher ailleurs.

Procédons par ordre smile

- Rossignol était un des meilleurs limiers de la sûreté, avec Jaume. On retrouve leurs noms dans nombre d'articles de divers quotidiens. Jaume, par exemple, avait été appelé en province pour résoudre l'énigme de l'assassin à la pélerine, Jean-Dauga, un ancien gendarme, qui fit dix victimes. Jaume le démasqua. Dauga fut exécuté guillotiné publiquement devant la prison de Nancy, le 23 janvier 1890.

- Effectivement, ressemblance entre les deux figures pour Rossignol.

- Voilà l'arrestation de Gamahut dans le Journal Illustré. Oui, la peinture est copiée du dessin. Bingo ! Bravo.

http://img15.hostingpics.net/pics/610461GAMAHUTARRESTATION.jpg

152

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Merci, merci smile Z'êtes formidable.

Il reprend un peu moins fidèlement le dessin de Weber mais les 3 personnages principaux y sont dans une pose identique.

Et quelle est la date de ce dessin ? Pour pouvoir refaire et compléter le message 108 et débrouiller le sac de nœud que tend à devenir ce long fil.

Apparemment nous avons des images plus ou moins fidèles de tout ce dont nous avons des traces écrites. Que de chemin parcouru !

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153 Dernière modification par glop (25-08-2016 15:06:33)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Sauf pour le pont sur lequel s’avance une noce… mentionné dans le message -97 . wink

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1 … f165.image

http://www.huysmans.org/betsseverin/severin.htm

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

154 Dernière modification par éponymie (25-08-2016 16:19:00)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

glop a écrit:

Sauf pour le pont sur lequel s’avance une noce… mentionné dans le message -97 . wink

Non, non, je n'avais pas oublié votre contribution,je parlais des peintures de la salle où se trouvait la guillotine.

Vos paysages étaient dans la grande salle, qui, d'après Huysmans, occupait avec la salle des morts le rez-de chaussée.

Il situait le sénat au premier.

La troisième salle du rez de chaussée - la salle des visiteurs - est celle qui nous intéresse et elle  a été ajoutée après, au lieu de la chambre où dormaient  les filles de Trolliet, d'après Huysmans, qui était contigüe à la salle des morts (je ne sais plus dans quel texte j'ai lu de cet ajout). La géographie du bouge reste encore à préciser parce qu'il y avait aussi le coin des femmes dont nous avons une illustration, il était au pied de l'escalier menant au premier.

Quand je disais que la femme à la pipe me rappelait quelque chose : le texte parle de Pau-Pau et de ses pipes.

WWW

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Un peu de géographie de l'immeuble, il était occupé par tout un petit peuple ouvrier, souvent des travailleurs de l'imprimerie. Des gens honnêtes, pas de la pègre. Le Chateau Rouge n''occupait qu'une partie de l'arrière-cour.

Procès-verbal de la Commission du Vieux Paris, 7 avril 1898

Rue Galande, 57. — Dans la première cour, bâtiment à droite, très curieuses fenêtres biaises d’un bel ouvrage de menuiserie. L’escalier en fer forgé est remarquable.
Au 2e étage subsiste un appartement Louis XIV, caractérisé par une cheminée de marbre et une alcôve et les plaques de cheminée fin Louis XIII.
D’une fenêtre de cet appartement l’on aperçoit le derrière d’une intéressante maison Louis XVI, située rue Saint-Jacques, 21, avec bandeaux de fenêtres de belle allure.
Au fond de la cour, à droite, très curieux escalier en fer forgé d’une pureté et d’une légèreté de lignes très remarquables.
À l’étage supérieur, les balustres en bois de l’escalier d’origine subsistent encore.
Enfin, le bâtiment du milieu est occupé au rez-de-chaussée par le « Château Rouge », cabaret qui a hérité de la renommée de certains débits de boissons de l’ancienne Cité.

L'escalier du  bâtiment de la première cour est représenté dans une estampe d'Auguste Lepère (1849-1918) déposée au musée Carnavalet.

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:
glop a écrit:

Sauf pour le pont sur lequel s’avance une noce… mentionné dans le message -97 . wink

Non, non, je n'avais pas oublié votre contribution,je parlais des peintures de la salle où se trouvait la guillotine.

Vos paysages étaient dans la grande salle, qui, d'après Huysmans, occupait avec la salle des morts le rez-de chaussée.

Il situait le sénat au premier.

La troisième salle du rez de chaussée - la salle des visiteurs - est celle qui nous intéresse et elle  a été ajoutée après, au lieu de la chambre où dormaient  les filles de Trolliet, d'après Huysmans, qui était contigüe à la salle des morts (je ne sais plus dans quel texte j'ai lu de cet ajout). La géographie du bouge reste encore à préciser.

Quand je disais que la femme à la pipe me rappelait quelque chose : le texte parle de Pau-Pau et de ses pipes.

Huysmans est bien le seul à situer la salle des morts au rez-de-chaussée ! Et message 63, il nomme la salle des morts le Sénat, ce qui est une confusion.
Elle est bien légendée dortoir du 1er en regard de la photo de l'agent-voyer, dans le message 128. Et cette photo date de même époque que la parution du livre de Huysmans, c'est à dire environ 1 an avant la démolition (1899). Alors ?

157 Dernière modification par éponymie (25-08-2016 17:55:10)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Je suis en train de refaire le message 108 et je me rends compte que tout le monde nomme un peu comme il l'entend, Huysmans est victime de la confusion générale en la matière.

Quand le message sera prêt, on pourra reprendre tous les articles, photos et dessins qui nomment les salles, dessiner une géographie des lieux et comprendre la variation des appellations dans le temps. Je ne me risqque à aucune assertion avant.

Au fait, avez-vous la date du second dessin de Weber ?

WWW

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Ah, j'ai oublié de l'indiquer : La même que la scène de la morgue, 28 décembre 1884.

Les dessins sont de Meyer smile

159 Dernière modification par éponymie (26-08-2016 17:32:06)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Merci d'avoir la charité de me corriger sans trop en avoir l'air, j'ai confondu Weber et Meyer. Du coup je viens de corriger le message 150. Merci infiniment smile

Textes (en vert) et documents (en bleu) cités traitant du Château Rouge et de son quartier, tous les messages sont cliquables pour se ballader dans le fil.

  • 1848, 30 juin : Journal des débats, message 110, officier tué devant le 57 rue Galande lors des journées de juin

  • 1860 : Les dessous de Paris, Alfred Delvau, message 75, description du quartier

  • 1865 : Les anciennes maisons de Paris sous Napoléon III: De la Rue des Postes à l'impasse des peintres, M. Lefeuve, message 133, le 57 rue Galande et Gabrielle d'Estrées

  • 1869 : Paris, ses organes, sa fonction et sa vie, Maxime du Camp, message 25, message 76, mention de la Guillotine

  • 1869, 27 juin : Journal des débats, message 110, reprise de l'article du Journal des débats du 30 juin 1848

  • 1872, 15 aout : Le XIXe, message 107, décès au cabaret, sans mention du nom

  • 1873, 17 mai : Journal des débats politiques et littéraires, message 107, faillite du propriétaire Trichard

  • 1875, 23 février : Le Petit Journal, Quelques gargottes, message 87, mention du Château de la Guillotine avec brève description

  • 1876 : Les mystères du nouveau Paris, Fortuné du Boisgobey, message 76, mention de la Guillotine

  • 1878, 25 octobre : Le Gaulois, message 85, mention du Château-Rouge

  • 1878, 12 décembre :  Archives commerciales de la France, message 107, passage de propriété de Cadoux à Debrabant

  • 1879, 11 aout : Le Figaro, Le cabaret de la rue Galande, Albert Wolff, message 111, description du Château-Rouge

  • 1880, 14 juin : Le Petit Parisien, message 112, blessure de Debrabant lors d'une rixe

  • 1881 : Revue des deux mondes, La misère à Paris, comte Othenin d’Haussonville, message 75, description du quartier et brève description du Château-Rouge

  • 1882 : Paris horrible et Paris original, Georges Grison, message 67, description du Château-Rouge, message 128, fac-similé couverture originale

  • 1882 : La vie à Paris, article du 12 avril, Jules Claretie, message 133, visite avec Rossignol, salle du sénat contigüe à la grande salle, Debrabant parle de Gabrielle d'Estrées

  • 1883 : Bouche cousue, Fortuné du Boisgobey, message 76, mention de la Guillotine

  • 1883 : Paris Étrange, Louis Baron, message 64, message 164, description de la salle du Sénat du Château-Rouge

  • 1883, 11 septembre : Le Figaro, message 109, découverte d'un cadavre dans la cour du Château-Rouge

  • 1883, 12 septembre : La Lanterne, message 109, découverte d'un cadavre dans la cour du "Théâtre-Rouge"

  • 1883, 13 septembre : Le Radical, message 109, découverte d'un cadavre dans la cour du "Théâtre-Rouge"

  • 1883, 1er décembre : Archives commerciales, message 112, passage de propriété de la veuve Debrabant au père Trolliet

  • 1884, 17 janvier : Le Figaro, message 137, rixe au Chateau-Rouge

  • 1884, 31 octobre : La Presse, message 137, recension de l'écume de Paris de Wolff sans allusion particulière au Chateau Rouge

  • 1884, 2 novembre : Les Annales politiques et litérraires, message 137, reprise de l'article de Wolff de 1879

  • 1884, 30 novembre : Le Radical, message 138, assassinat de madame Ballerich

  • 1884, 1er décembre : La Presse, message 138, arrestation des premiers suspects

  • 1884, 9 décembre : La Justice, message 138, arrestation de Gamahut

  • 1884, 14 décembre : La Presse, message 138, agression contre Trolliet, grièvement blessé

  • 1884, 14 décembre : La lanterne, message 119, message 137reprise de l'article de Wolff de 1879

  • 1884, 15 décembre : Le Temps, message 138, aveux de Gamahut

  • 1884, 28 décembre : 2 dessins, Henri Meyer, message 151, arrestation de Gamahutmessage 139, message 144, message 146, Gamahut devant le cadavre de sa victime

  • 1885 : Lécume de Paris, Wolff message 119, message 137, ouvrage publiant les anciens articles de Wolff

  • 1885, 7 mars : Le Figaro, supplément littéraire du dimanche, les chambrées à la nuit, Pierre Mazerollle, message 123, article sur les garnis parisiens

  • 1885, 6 janvier : Le cri du peuple, Ferdinand Chastan, message 60, article jugé outrageux par les fils Ballerich

  • 1885, 4 juin : Le Matin,  message 69, rafle de la police au Château-Rouge

  • 1885, 7 juin : Le Petit Parisien  message 83, mention de la légende (notoriété) récente du Château-Rouge

  • 1886, 18 novembre : Le Voleur Illustré  message 149, portrait de Rossignol, dessin

  • 1886 : Grande encyclopédie - inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, Volume 8, message 84, mention du Château-Rouge et de son ancien nom “La Guillotine”

  • 1889 : Nuits à Paris - Notes sur une ville, Rodolphe Darzens, message 59, message 121, description du Château-Rouge. À  noter le dessin représentant Gamahut soulevant des haltères à la page 229

  • 1889 : Le chemin du crime, Hugues le Roux, message 132, brève description du Château-Rouge, salle des morts, salle de retirance, allusion aux deux premières salles

  • 1889 : Le magasin pittoresque, V.C. Tabur, message 28, brève description du Château-Rouge

  • 1889 : L'illustration, 2 gravures, message 63, message 128, salle des morts message 89, coin réservé aux femmes

  • 1890 : dessin, Auguste Vitu message 89, les hôtes du Château Rouge

  • 1891, 2 mai : La France Illustrée, gravure sur bois, message 79, vue du Château-Rouge et d'une partie de la rue Galande

  • 1891 (édité en 1895) : Journal des Goncourts, tome 8e, message 63, mention de Huysmans et de Lorrain et de leur connaissance du Château-Rouge

  • 1893 : Le chansonnier populaire Aristide Bruant, Oscar Méténier, message 37, Méténier “édite” une chanson sur Montparnasse sur une table du Château-Rouge (épisode qui remonterait à avant 1885)

  • 1893 : Buveurs  d'âmes, Jean Lorrain, message 122, Un soir qu'il neigeait, nouvelle

  • 1894 : dessin, Jules Adolphe Chauvet, message 66, message 128, entrée du Château Rouge

  • 1895 : Paris de siècle en siècle, Albert Robida, message 101, brève mention du Château-Rouge, dernier des bouges, avec dessin

  • 1897 : La mendicité, Georges Berry, message 39, message 147, première description détaillée des fresques du Château Rouge

  • 1898 au moins, un tirage en 1901 (musée Carnavalet): Escalier de l'ancienne maison du Château-Rouge, rue Galande, Auguste Lepère message 155, estampe reproduisant l'escalier du bâtiment de la cour principale

  • 1898 (réédité en 1901) : La Bièvre, les Gobelins, saint Séverin, Huysmans, message 8message 97, message 153, mention des dessins bucoliques de la seconde salle du basmessage 63, les différentes salles, Pierre Trollier, les dessins de la salle au premier étage (la salle des morts), messages 65 et 66, les nuits au Château-Rouge et ses clients; les femmes et les fêtes qui dégénèrent, message 68, les rixes au Château-Rouge, message 94, rue Galande et Château-Rouge. À noter, dans l'édition de 1901, une illustration de la grande salle, page 101, l'estampe d'Auguste Lepère, page 93, les masures derrière le Château-Rouge, page 139

  • 1898, 7 avril : procès verbal de la commission du vieux Paris, compte-rendu de la visite effectuée dans le quartier, message 155, description de l'immeuble du 57, rue Galande

  • 1898, 29 aout : Le Matin , Les bouges, Solness, message 148, l'enfer de pacotille du quartier Saint-Séverin pour touristes fortunés, la salle des morts

  • 1898, 30 septembre : Le Matin , Victor de Cottens, message 70, l'enfer de pacotille du quartier Saint-Séverin pour touristes fortunés, mention de la salle des cadavres

  • 1899, 24 avril : La Presse, paris qui s'en va,un bouge célèbre, Émile Lapaix message 143, annonce de la démolition du Château-Rouge et visite et brève description de deux salles du rez-de-chaussée, dont celle des peintures murales et du premier étage

  • 1899, 6 mai : Le Monde Illustré, message 113, annonce de la démolition du Château-Rouge et description

  • 1899, 19 juin : Le Gaulois, message 71, ce qui sera conservé du Château-Rouge

  • 1899, août  : les salles du Château-Rouge, message 35, message 74, message 128, 6 photographies, message 145, salle des peintures murales, message 150, détail de la peinture des figures

  • 1899 : Revue des revues, volume XXIX, Au pays de Misère, les bouges de Paris, Frédéric Loliée, message 78, message 144, message 147, message 149, description d'une scène de visite au Château-Rouge des touristes fortunés

  • 1899 : photographies, Eugène Atget  message 6, message 62, entrée du Château Rouge, message 62, cour du Château Rouge, message 77, rue Galande avant la démolition du Château Rouge, message 128, rue Galande avant la démolition du Château Rouge, vue rapprochée

  • 1900 : 2 photographies, Eugène Atget  message 77, rue Galande après la démolition du Château Rouge

  • 1900 : Mémoires, Rossignol, message 58, brève mention des peintures murales et du fait qu'elles sont récentes

  • 1900 : L'ami des monuments et des arts, numéro 81 message 92, exposition de la commission municipale du vieux Paris au pavillon de la ville de Paris de l'exposition universelle de 1900, photographies ou reproductions du Château-Rouge présentées

  • 1900 : Exposition universelle de 1900 – le Vieux Paris, guide message 93

  • 1901 : Dictionnaire d'argot, Rossignol message 150, couverture illustrée par Weber

  • 1901, 2 septembre : annonce message 142, ventes de 40.000 cartes postales “reproduction authentique des peintures murales du Château Rouge”

  • 1906 : photographie, Eugène Atget message 128, message 136, petit Château Rouge

  • 1909, 10 janvier : La Vie Illustrée,  message 83, un peintre Peuvrier inconnu, auteur possible des fresques du Père Lunette (également auteur au moins de la peinture de la Guillotine du Château-Rouge ?)

  • 1912 (enregistrée en) : À la place Maubert, Aristide Bruant,  message 13, chanson

  • 2012 : L'invention du vieux Paris, Ruth Fiori message 93

Les sites et blogs, on en croise énormément dans les recherches, peu sont cités  (il faut attendre le message 94 de glop pour voir citer l'inévitable Autour du père Tanguy par exemple) :

Les 3 cartes postales d'une série datant de 1900, produite à l'occasion de l'exposition universelle Et reproduisant – très mal – les peintures murales du Château Rouge :

P.S.: merci de signaler les erreurs de lien et les documents manquants.

WWW

160 Dernière modification par mercattore (25-08-2016 22:40:14)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Excellent smile

Dans votre liste : 1901 Dictionnaire d'argot, message 150. Meyer (message 150 également).

161

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

mercattore a écrit:

Dans votre liste : 1901 Dictionnaire d'argot, message 150. Meyer (message 150 également).

Je ne comprends plus, la notice du dico de gb dit :

Couverture illustrée [par Weber], tirée en noir et rouge. – Entre les deux dictionnaires (pp. 117-130), quelques spécimens de poésies argotiques modernes.

(http://www.languefrancaise.net/Argot/Rossignol1900)

Je pensais avoir stupidement confondu Meyer et Weber. Me dites-vous que c'est bien Meyer qui a illustré le dictionnaire et que je n'avais pas tort d'imaginer un gang Meyer-illustrateur, Peuvrier-peintre, Trolliet-tenancier, Rossignol-guide de mèche pour mettre en place un piège à gogo et touriste ?

WWW

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

C'est moi qui pédale dans la choucroute. Un coup de chaleur !  Mille excuses, éponymie smile

163

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Je crois savoir que Louis-Sébastien Mercier a décrit bien des lieux de perdition dans « Tableau de Paris ».
Je vais essayer de consulter ce livre.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

164

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Je complète le message 64 de mercattore en ajoutant le lien vers Paris étrange de Louis Baron (à partir de la page15).

Je regrette de ne pas trouver le texte complet des Mémoires de Rossignol, il avait probablement écrit quelque chose d'intéressant sur la disposition des lieux.

Avant l'affaire Gamahut-Ballerich, 6 descriptions disponibles du troquet :

  • 1875 : une salle basse

  • 1879 (Wolff) : première vaste salle, un vaste poêle en fonte avec plusieurs tuyaux,le comptoir et de longues tables
    2 autres pièces beaucoup moins grandes et le bureau de Debrabant

  • 1881 (Othenin d'Aussonville) : première salle garnie de tables et de bancs en bois
    deuxième salle plus obscure servant de dortoir aux femmes

  • 1882 (Grison) : première salle, grosses poutres, poêle  aux longs tuyaux, comptoir d'étain
    2 salles au fond dont la salle du Sénat

  • 1882 (Claretie) : première grande salle, tuyaux d'un poêle  immense
    1 salle plus petite, le Sénat

  • 1883 (Baron) : première large salle fumeuse, comptoir de zinc, tables et bancs
    salle du Sénat, accessible en traversant la grande salle, 2 becs de gaz

Après l'affaire :

  • 1886 (Grande Encyclopédie) : tables fixées au sol  par des crampons de fer

  • 1889 (Darzens) : 3 marches, porte vitrée
    première grande salle haute, le comptoir de zinc, un bec de gaz et de longues tables
    deuxième salle sur la gauche, le salon, très éclairée, très bruyante, rangées de  tables
    troisième salle, toujours sur la gauche, salle des morts, sans éclairage
    premier étage, autre salle des morts, accesible depuis la grande salle par un large escalier, bec de gaz

  • 1889 (Hugues le Roux) : première salle (vaste hall)
    troisième salle plongée dans les ténèbres, chambre des morts plongée dans les ténèbres, bancs et tables
    premier ètage, salle de retirance, dortoir en haut d'un escalier obscur

  • 1889 (Magazin Pittoresque) : première salle où l'on consomme
    premier étage, chambre des morts

  • 1889 (L'Illustration) : première grande salle, le poêle, le coin réservé aux femmes sous l'escalier
    premier étage, salle des morts en haut de l'escalier, une porte au fond à droite (la chambre des filles de Trolliet ?)

  • 1889 (Auguste Vitu) : première salle, partie opposée au coin des femmes et à l'escalier

  • 1891 (Goncourt) : premier étage, chambre des morts occupant la chambre de Gabrielle d'Estrées (on ne l'imagine pas dormir au rez-de-chaussée)

On a l'impression que la “vedette” était la chambre (ou salle) des morts au premier étage. Les choses changent après 1891 (rappelons-nous du 92, sur la peinture murale de la guillotine), et c'est une des deux petites salles du rez-de-chaussée qui devient la salle à voir, et le Sénat du rez-de-chaussée monte au premier étage.  Et c'est ce Château Rouge-là qui va être documentée par la photographie.

Mes excuses à glop, les peintures qu'il a mentionné par deux fois semblent avoir été dans la deuxième salle, pas dans la première.

Ils semblent que la deuxième salle est celle qui nous intéresse mais il y a contradiction entre le texte de Berry et celui de Huysmans (à moins que Huysmans ne parle d'un état plus ancien du troquet, ce n'est pas impossible).

  • 1897 (Berry) : première salle, immédiatement à gauche en entrant, tables et bancs réservés aux vieilles femmes
    deuxième salle à droite du comptoir, très bruyante, réservée aux buveurs, les peintures – guillotine (sur le mur du fond), arrestation de Gamahut, Gamahut devant sa victime – au milieu un trou noir qui donne sur la
    troisième salle, la chambre des morts servant de dortoir
    premier étage, dortoir occupant la chambre de Gabrielle d'Estrées

  • 1898 (Huysmans) : 80 mètres de profondeur des immeubles du 57 rue Galande
    première salle immense qui donne sur la cour, énorme  poêle de fonte, tables, bancs, long comptoir en face de l'escalier au pied de l'escalier devant la fenêtre ; dans l'alignement du  poêle, entrée de la deuxième salle (dessin page 101 de l'édition de 1901)
    deuxième grande salle, peinte de paysages, prairies, clocher, rivière, pont sur lequel s'avance une noce
    troisième salle minuscule et toute noire (salle des morts)
    premier étage, en haut d'un immense escalier, immense salle dans l'ancienne chambre de Gabrielle d'Estrées, appelée le Sénat, chambre des deux filles de Trolliet accessible en traversant le Sénat.

  • 1898 (Solness) : allusion à seulement deux salles

  • 1898 (Victor de Cottens) : mention  de la salle des cadavres où Gamahut chantait

  • 1899 (Émile Lapaix) : perron de quelques degrés
    première salle immense au plafond élevé, corniches sculptées, comptoir enlevé rècemment, peintures murales représentant des scènes bachiques
    salle plus petite à droite avec les peintures murales inspirées de l'histoire de Gamahut
    premierétage, dortoir

  • 1899 (Loliée) : première salle, comptoir d'étain, allusion au coin des femmes
    salle réservée aux buveurs avec les peintures murales inspirées de l'histoire de Gamahut
    premierétage, chambrée commune

  • 1899 (Le Monde Illustré) : première salle,comptoir en face de l'entrée (photo), coin des femmes sous l'escalier, décor de paysages de la Nouvelle-Calédonie avec les forçats
    une salle du fond appelée salle des morts, décorée de légendes et dessins macabres

  • 1899 (photos de la commission du vieux Paris) : première salle, salle d'entrée avec le poêle, l'escalier, l'entrée de la deuxième salle et le comptoir au premier plan
    deuxième salle sans peinture apparentes
    troisième salle, salle des visiteurs avec les peintures murales inspirées de l'affaire Gamahut
    premier étage, dortoir

  • 1900 (Rossignol) : nouvelle salle avec les peintures murales inspirées de l'affaire Gamahut

C'est bien ce qu'il me semblait : tout ceci présente des contradictions.

Certitude : 1 salle au premier et 3 au rez-de-chaussée - la principale avec le comptoir, l'escalier et le poêle et au mojns une entrée sur une autre salle, une deuxième assez vaste, un autre plus petite  - les peintures murales qui nous intéressent sont dans la plus petite.

On ne sait pas vraiment comment on passait dans la troisième salle, directement depuis la première ou enpassant par la deuxième. On pourrait supposer qu'elle était accessible tant directement de la deuxième salle (le fameux trou d'ombre de 1889 dans le texte de Darzens) que d'une porte à droite de celle donnant de la pièce principale dans la deuxième salle. Cette porte non documentée se trouvant près de l'extrémité du comptoir (au fond à gauche de la première salle en regardant depuis l'entrée).

Les appellations sont fluctuantes. Je tendrais à dire que la petite salle/chambre des morts/cadavres du rez-de-chaussée (la troisième) est celle qui a accueilli nos peintures et que la deuxième salle était celle qui a un temps été appelée sénat ou salon.

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165 Dernière modification par éponymie (26-08-2016 17:49:44)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

mercattore a écrit:

Huysmans est bien le seul à situer la salle des morts au rez-de-chaussée !

Faux. C'est maintenant amplement démontré.

La deuxième salle (la plus grande des deux salles annexes, celle dont l'entrée était près de l'escalier) semble avoir été appelée d'abord sénat, puis salon tandis que la troisième était la chambre des morts (ou dénominations équivalentes), appellation qu'elle a partagé avec le dortoir du premier, avant de se voir légendée comme salle des visiteurs.

Je pense pouvoir dire que vous avez tort d'identifier cette salle des peintures murales au sénat, c'est l'horrible dortoir-trou noir des débuts qui a été transformé en salle d'accueil des touristes fortunés avec le décor qui convenait.

mercattore a écrit:

Et message 63, il nomme la salle des morts le Sénat, ce qui est une confusion.

Exact, il ne semble jamais y avoir eu confusion entre la salle des morts du rez-de-chaussée (troisième salle) et le sénat (deuxième salle). Mais comme le sénat s'est baladé d'un étage à l'autre et que la salle du premier a aussi été appelée salle des morts, il y a eu incertitude.

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166 Dernière modification par éponymie (26-08-2016 18:14:16)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:

On ne sait pas vraiment comment on passait dans la troisième salle, directement depuis la première ou en passant par la deuxième. On pourrait supposer qu'elle était accessible tant directement de la deuxième salle (le fameux trou d'ombre de 1889 dans le texte de Darzens) que d'une porte à droite de celle donnant de la pièce principale dans la deuxième salle. Cette porte non documentée se trouvant près de l'extrémité du comptoir (au fond à gauche de la première salle en regardant depuis l'entrée).

En y réfléchissant et en pensant aux photos de 1898-99, la seule explication possible est que l'accès à la troisième salle par la deuxième salle a été fermé (il se situait sur la paroi figurant l'arrestation de Gamahut) et qu'à l'époque des touristes on y accédait par une porte depuis la grande salle. Il est probable que cet accès a été ajouté dans un second temps (au plus tard en 1889) mais toutefois avant la décoration murale.

C'est sur le mur dans lequel il y avait cette porte que se trouvait la guillotine et les figures : un texte situe la guillotine sur la paroi du fond, face à Gamahut devant le cadavre de madame Ballerich donc. La paroi portant cette dernière représentation étant sans ouverture, la deuxième salle ayant une forme relativement carrée et la deuxième et la troisième salle occupant le rez-de-chaussée du batiment central dans le prolongement de la première salle sur la gauche, c'est la seule disposition possible pour la troisième pièce.

Il faut décortiquer textes et photos pour arriver à cette conclusion. Pour l'instant, ce n'est que la mienne.

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167 Dernière modification par éponymie (27-08-2016 18:56:52)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

mercattore a écrit:

- Rossignol était un des meilleurs limiers de la sûreté, avec Jaume. On retrouve leurs noms dans nombre d'articles de divers quotidiens. Jaume, par exemple, avait été appelé en province pour résoudre l'énigme de l'assassin à la pélerine, Jean-Dauga, un ancien gendarme, qui fit dix victimes. Jaume le démasqua. Dauga fut exécuté guillotiné publiquement devant la prison de Nancy, le 23 janvier 1890.

Une trentaine de pages sont consacrées à Rossignol dans La police de sûreté en 1889 d'Horace Valbel.

Il faut tout lire, il y a matière à tout un feuilleton télévisé tellement il y a de rocambolesque dans ses aventures ici et là. C'était plus rigolo d'être dans la police au XIXe qu'au XXIe, sans parler des méthodes qui seraient aujourd'hui probablement aux limites de la légalité. En outre aux temps des réseaux sociaux, les travestissements ne seraient pas très efficaces...

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:
mercattore a écrit:

Huysmans est bien le seul à situer la salle des morts au rez-de-chaussée !

Faux. C'est maintenant amplement démontré.

La deuxième salle (la plus grande des deux salles annexes, celle dont l'entrée était près de l'escalier) semble avoir été appelée d'abord sénat, puis salon tandis que la troisième était la chambre des morts (ou dénominations équivalentes), appellation qu'elle a partagé avec le dortoir du premier, avant de se voir légendée comme salle des visiteurs.

Je pense pouvoir dire que vous avez tort d'identifier cette salle des peintures murales au sénat, c'est l'horrible dortoir-trou noir des débuts qui a été transformé en salle d'accueil des touristes fortunés avec le décor qui convenait.

mercattore a écrit:

Et message 63, il nomme la salle des morts le Sénat, ce qui est une confusion.

Exact, il ne semble jamais y avoir eu confusion entre la salle des morts du rez-de-chaussée (troisième salle) et le sénat (deuxième salle). Mais comme le sénat s'est baladé d'un étage à l'autre et que la salle du premier a aussi été appelée salle des morts, il y a eu incertitude.

Oui, je suis d'accord sur la fausse attribution de Sénat à la salle des visiteurs et qu'une deuxième salle du rez-de chaussée avait la fonction de salle de sommeil, portant, comme au 1er étage l'appellation de salle des morts. Par contre, je pense que situer, un temps, le Sénat au 1er étage me parait érroné. Cette pièce a toujours eu une fonction de salle de sommeil, qu'elle soit appelée salle des morts, dortoir, salle des cadavres etc.

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

En 1887, La police parisienne : un joli monde de Gustave Macé (1835-1904), chef du Service de la sureté.

On y parle des ouvriers suisses qui logent dans les anciens jardins et qui évitent soigneusement le troquet.

http://img4.hostingpics.net/pics/4716541887LapoliceparisienneUnjolimonde.jpg



En 1890, une autre description dans Paris et ses merveilles de L. Huard.

http://img4.hostingpics.net/pics/7807331890Parisetsesmerveilles.jpg

Le coin des femmes est déplacé.



Nous n'avions pas documenté les grands-ducs, voilà qui est fait : c'était dans la nuit du 17 au 18 novembre 1891 (article du  Petit Journal) :

http://img4.hostingpics.net/pics/61121518911118LePetitJournal.jpg

Avec l'immanquable Rossignol.

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Evictions,  expropriations…

Quotidien Le Gaulois (12/12/1898)

LA FIN DE LA RUE GALANDE


On l’exproprie, que dis-je ? Elle est expropriée depuis hier. Nid de vices, où le microbe du crime se développait à souhait comme en un bouillon de culture ad hoc, la rue Galande était fatalement vouée à une fin misérable : la pioche du démolisseur, comme la guillotine de M. Deibler, ne tardera pas à opérer ici. Telle est la volonté des pouvoirs publics, et if faut bien reconnaître qu’ils n'ont pas tout à fait tort.
Les choses ne semblent point avoir marché toutes seules. Les habitants de ia rue Galande, les clients ordinaires du Père-Lunette et du Château-Rouge, trouvaient de fort mauvais goût qu'on les voulût réduire à merci. Ils sont électeurs comme vous et moi, et longtemps ils ont joué de cette qualité à la Ledru-Rolin.

Mais Finalement il a bien fallu leur démontrer que cette très vieille rue avait cessé de plaire, et on a sorti l'argument décisif : l'argent. On exproprié ces « Messieurs ».
L'acte officiel est mieux à tire c'est un chapitre de plus à ajouter à l'histoire de l’ancien Paris.
Jugez-en :
Un fabricant de « pattes de bretelles » demandait 23,000 francs d'indemnité : on lui a alloué 8,000 francs.
On a donné 12,000 francs à un « marchand de rognures » qui réclamait 40,000 francs ; et je relève ces chiffres : 2,500 francs à un sculpteur qui en voulait 32,000 ; — 36,000 à « un bouillon et boeuf » qui n'en attendait pas moins de 130,000, — et quant aux marchands de vin, très nombreux en cet endroit, les allocations varient entre 2,000 francs et 26,000 francs. Enfin au fameux Château-Rouge à qui on offrait d'abord 25,000 francs, et qui s’estimait lui-même à 99,640 francs, les experts ont attribué 55,000 francs, ce qui est vraiment une somme.


Source : gallica.bnf.fr

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Que de chemin parcouru depuis le début de ce fil. Et je suppose que ce n'est pas terminé. Merci smile

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172 Dernière modification par éponymie (01-09-2016 23:10:20)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

La maison de la Bannière de France dont parlait Huysmans m'intriguait, vérification faite, il semble bien qu'il avait raison :

http://img15.hostingpics.net/pics/825271topographiehisto06bertuoft.jpg

Sur ce plan de 1884, on voit bien le numéro 57, on peut faire le parallèle avec les fameuses photos d'Atget prises du carrefour de la rue Saint-Julien le Pauvre (près de Chez Odette). Et en remontant la partie méridionale de la rue de la page 163 à la page 161 du tome VI de la Topographie historique du vieux Paris (1893) d'où est extraite la carte de 1884, notre 57 parait effectivement correspondre avec l'emplacement de cette maison de la Bannière de France (les immeubles changent mais les emplacements et, plus tard, les numéros perdurent souvent dans les vieilles rues).

Tout ceci nous ramène au plus tard à 1524.

P.S.: si Huysmans a utilisé cette source pour son livre et s'il a suivi un raisonnement identique au mien, nous ne sommes pas plus avancés smile Difficile de trouver ce collège d'Allemagne ou cette maison de la Bannière de France par ailleurs.

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Oui, pas grand chose sur cette Bannière de France.

En 1522, un médecin s'installa dans une maison à l'enseigne de la Bannière de France, rue Galande, mais pas d'autres précisions.


http://img4.hostingpics.net/pics/517858TEXTEBANNIEREDEFRANCE.jpg


Extrait du Dictionnaire biographique des médecins en France au moyen âge, d'Ernest Wickersheimer (supplément) - Danielle Jaquart. Librairie DROZ, Genève. Librairie Champion, Paris. 1979.

174 Dernière modification par mercattore (04-09-2016 09:13:52)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:

(les immeubles changent mais les emplacements et, plus tard, les numéros perdurent souvent dans les vieilles rues).

Oui, ce n'est pas rare.


http://img4.hostingpics.net/pics/617569RUEGALANDE9.jpg

Rue Galande aujourd’hui. En direction de l’ancien Château-Rouge.


http://img4.hostingpics.net/pics/814189RUEGALANDE10.jpg

Emplacement du Château-Rouge, en brique...rouge ! Toujours au n° 57. La flèche indique un bâtiment ancien à la suite duquel tous les bâtiments (à gauche) ont remplacé des anciennes constructions : n° 59, commerce TABACS (maison à pignon), N° 57, Château-Rouge, n° 55 etc. Voir ci-dessous. On retrouve ce bâtiment ancien à la dernière photo.


http://img4.hostingpics.net/pics/457036RUEGALANDE1898.jpg


http://img4.hostingpics.net/pics/742912RUEGALANDE10BIS.jpg

On aperçoit la maison à pignon (mitoyenne du Château-Rouge), disparue, et à sa droite, mitoyen et fléché, le bâtiment ancien préservé de la photo 2 où commence le retrait.

175 Dernière modification par éponymie (05-09-2016 09:45:26)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

mercattore a écrit:

En 1522, un médecin s'installa dans une maison à l'enseigne de la Bannière de France, rue Galande, mais pas d'autres précisions.

Aux archives nationales, quelque chose en 1624 :

Claude de Paris, maître bourrelier, demeurant à Saint-Germain des Prés lez Paris rue des Boucheries, paroisse Saint-Sulpice, et Hélène La Maire, veuve de Marin de La Rue, maître tailleur d'habits à Paris, demeurant rue Galande, à l'enseigne de la Bannière de France, paroisse Saint-Séverin contrat de mariage passé en présence de Nicolas Le Brun, maître sculpteur et peintre à Paris.
Notice n° 5326
Date de l'acte : 28 septembre 1624

On rencontre plusieurs enseignes de ce type dans Paris, c'était normal, explication dans la page 8 de ce pdf : http://www.jstor.org/stable/41742200?se … b_contents.

En changeant d'époque, on voit aussi qu'il y a eu un fabricant de couvertures assez connu entre 1826 - si ce n'est 1810 - et 1858 dans notre immeuble : Poupinel  (père et fils, en activité depuis au moins 1810, signalés au numéro 62 - inexistant - en 1813, leur filature était à Pantin) jusqu'en 1850 puis, à partir de 1851, date à laquelle il participe à l'expo universelle, le collaborateur et successeur de Poupinel jeune, Edmond Guyon. Ont-ils précédé dans les lieux Trichard, le premier marchand de vin connu ? En 1867, Guyon avait déménagé au 22, rue des Bourdonnais.

Toutes ces infos se trouvent facilement sur Gallica voire sur GL.

P.S.: il ne serait pas illogique que le marchand de couverture ait occupé la boutique donnant sur la rue mais il me semble avoir lu en passant sur un blog un passage parlant de Guyon.

P.P.S.: il existait en 1643, une maison rue Saint-Jacques, tout près donc, une maison à l'enseigne du château rouge. Coïncidence ?

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176 Dernière modification par éponymie (18-12-2016 15:37:08)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Et voilà : quand on laisse dormir un sujet  sur lequel on a beaucoup cherché, trouvé et indexé, Google fait son travail et fait remonter d'autres documents à la surface :

http://img11.hostingpics.net/pics/5478721878inscriptionsChateauRouge.jpg

Le dessin est de Jules-Adolphe Chauvet est de 1878 et constitue une des toute premières mentions - voire la toute première - du nom Chateau Rouge (les autres datent de la fin 1878) à l'époque du propriétaire Cadoux (orthographié Cadaux sur le dessin mais enregistré avec ou dans les actes) avec ce commentaire :

1878 le château rouge rue / galande nº57. Md de vins où se réunit la lie du peuple des quartiers Maubert et Mouffetard

Le nom s'est donc figé vers la fin des années 70, supplantant la Guillotine, tout simplement parce qu'il était inscrit en façade.

(source)

L'entrée du bouge est clairement représentée et on voit combien le quartier était aussi industrieux que mal-famé avec de nombreuses petites entreprises.

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177 Dernière modification par éponymie (20-12-2016 11:01:26)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Je n'ai résisté que deux  jours à l'envie de publier cette photo de la rue datant de 1860, le photographe est Charles Marville (1813-1879). Malheureusement, l'angle est différent de celui des photos d'Atget et l'entrée du Chateau-Rouge est cachée : on ne voit que la boutique du numéro 57 avec l'ébauche du demi-pignon appuyé contre le mur  de l'immeuble de 5 étages (numéro 55) qui suit. C'est rageant (voir la deuxième photo du message 77 pour comparaison).

http://img11.hostingpics.net/pics/6199841860rueGalandeCharlesMarville.jpg

Laurent Cloaguen s'occupe de restaurer ses photos et de les publier sur son site Vergue : http://vergue.com. Celle-ci n'en est pas tirée, je l'ai trouvée sur un site de vente. Apparemment, elle ne figurait pas non plus dans l'Album du vieux Paris publié par Marville en1865.

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Belle trouvaille avec ce dessin de Chauvet, éponymie. Cet artiste a beaucoup dessiné sur divers quartiers de Paris. Je me souviens l'avoir découvert, il y a de nombreuses années, en faisant des recherches sur la rivière Bièvre, qui coulait autrefois dans Paris (XIIIème et Vème arrondissement).
Il est récidiviste sur le Chateau-Rouge qu'il a encore représenté en 1894 (voir page 6, reprise du message 66).

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Dans son livre PARIS-ESCARPE - réponse à M. Macé (1887), Charles Virmaitre cite le Chateau-Rouge. Auparavant, il critique vertement l’ancien chef de la sûreté (1879-1884) Gustave Macé qui démissionna, estimant ne pas avoir assez de liberté pour exercer pleinement sa fonction. Macé publia ses souvenirs de police dans plusieurs ouvrages, notamment Le service de sûreté (1884). Pour comprendre la critique de Virmaitre envers Macé, intégralité du texte :

Gallica ICI

Virmaitre :

« Anciennement, il n'y avait qu'un certain nombre de voleurs, tous connus des agents. Aujourd'hui, les voleurs ont généralement de dix-huit à vingt ans, ils déroutent les agents. Avec les anciens voleurs, il y avait toujours un point de repère, une piste indiquée; ils avaient leurs manières de travailler. Quand un agent de la sûreté constatait un vol, il pouvait sûrement, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, dire un tel a passé par là, il a laissé sa marque de fabrique; il a déjà payé (été en prison) pour un vol identique.

Les voleurs descendent des quartiers excentriques, de Grenelle, Montrouge, Clichy et Belleville. Ils n'ont plus de repaires, et c'est une vaste plaisanterie que de vouloir nous y faire croire. Le Caveau des Halles, le Père Lunette, le Père Jules, le Château-Rouge sont des cabarets inoffensifs. Ce sont des refuges de gouapeurs, de pochards, de déclassés. La plupart des misérables qui composent la clientèle de ces assommoirs sont des abrutis qui posent pour la galerie et se font rincer la dalle par les rupins qui sont assez bêtes pour ajouter foi aux récits fantaisistes et viennent se repaître de ce hideux spectacle, où s'étalent à l'œil nu toutes les misères humaines qui défient les philanthropes.

Quand la police de sûreté fait une descente dans une maison borgne, signalée comme un repaire, qu'y trouve-t-elle ? Quelques misérables qu'elle est forcée de relâcher aussitôt, n'ayant contre eux aucune preuve de culpabilité, car il ne suffit pas de soupçonner, il faut prouver.
Les voleurs instruits par l'expérience ne sont plus assez naïfs pour se réunir dans des cabarets
ouverts à tous, que la police connaît et ne prend même plus la peine de surveiller, sachant que ce serait peine perdue. Ils se réunissent sur un banc, dans un lieu désert, à l'abri des indiscrets. Ils n'ont pourtant plus à redouter mastroque (marchand de vin qui ne crible plus à la crible (avertir la police) parce que la loi de 1881, en abolissant la licence de l'honorable corporation des mouilleurs (1), a privé la société d'une source précieuse d'indicateurs, source sans laquelle, je le dis plus haut, il n'y a plus de police, quels que soient le zèle et la perspicacité des agents.

Autrefois, avant cette loi, très bonne au point de vue de la liberté commerciale, mais néfaste pour la sécurité de Paris, les mastroquets, pour se ménager une faveur auprès de la préfecture de police, laquelle fermait les yeux sur des contraventions de minime importance, écoutaient tout ce qui se disait devant le comptoir. Aussitôt qu'ils entendaient des confidences échangées pour un vol projeté, ils s'empressaient d'en prévenir le chef de la Sûreté, qui était parfaitement et promptement renseigné par les indicateurs amateurs. Ce n’était pas de la délation, c'était de la préservation sociale, et il n'est pas un honnête homme, digne de ce nom, qui ne dénonce un crime qu'il connaîtrait. Autrement, par son silence, il mériterait le titre de complice des malfaiteurs.

Cette surveillance occulte de tous les instants était des plus efficace. Point n'était besoin d'être un malin pour l'exercer il suffisait à l'indicateur d'avoir des chasses (yeux) et des esgourdes (oreilles), bien que l'argot des voleurs soit un langage conventionnel et sujet à des fluctuations. Il y a, en effet, plusieurs sortes d'argot, celui des Batignolles diffère de celui de la Chapelle. Chaque quartier excentrique a le sien. C'est la raison pour laquelle les voleurs, en causant, reconnaissent facilement à quel quartier ils appartiennent. Cette particularité est précieuse parfois pour découvrir l'identité d'un criminel.

Supposons Pince-moi-le-dard, la petite Linotte et Baigne-dans-le-beurre en train de faire un zanzibar sur le zinc, l'autel où le pochard dit la messe à deux sous le canon, pendant que leurs marmites (femmes) sont à la chasse de compères cochons (hommes). Le turbin (travail) ne va pas. Tous les trois calendrinent le sable (traînent la misère). La marmite à la petite Linotte s'est affourchée sur ses ancres (se repose du trottoir). Il a, la veille, dégoté (trouvé) une affaire juteuse (vol d'un bon rapport). Il en fait part à ses aminches d'aff (amis d'affaire).
Le vol est accepté les malfaiteurs se donnent rendez-vous. Le marchand de vin prévient aussitôt la Sûreté. Voilà les gredins pincés en flagrant délit et peut-être un crime évité. »

(1) Loi de 1881. Corporation des mouilleurs ? Des explications d’abécédistes à la coule seraient les bienvenues.

- Dans son ouvrage Les sources de l'argot ancien (1912), Lazare Sainéan indique des erreurs dans les ouvrages de Virmaitre (Dictionnaire d’argot fin de siècle, 1894), de Delesalle (Dictionnaire argot-français, 1896), Bruant (L’Argot au XXème siècle, 1901, 1905), certaines dues à Gustave Macé, lui-même abusé par un vrai-faux espagnol, taulard à la prison de la Santé, Bernardo Pastilla. Voir aussi : http://www.languefrancaise.net/Argot/Mace1889


Ci-dessous : Intérieur de la grande salle d’entrée du Château-Rouge, par Auguste Lepère (1849-1918).

http://img11.hostingpics.net/pics/258078CHATEAUROUGELepere.jpg

Vers 1899. Crayon noir et aquarelle. Musée des beaux-arts de Nantes.

180

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

mercattore a écrit:

(1) Loi de 1881. Corporation des mouilleurs ? Des explications d’abécédistes à la coule seraient les bienvenues.

Il y a déjà quelque chose dans bob : http://www.languefrancaise.net/Bob/37806

Pour le reste, j'ai un problème depuis une dizaine de jours avec Gallica, je ne réussis plus à faire une seule recherche avancée, sur opéra, firefox et chrome, rien à faire.

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Depuis une dizaine de jours ! Cet incident s'est-il déjà produit ?
Oui, pour Bob, mais cela ne donne pas le fin mot de l'affaire. Liberté de la presse et mouilleurs ?

182

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Non, c'est la première fois, apparemment, c'est lié à Java : "Request processing failed; nested exception is java.lang.IllegalArgumentException: 500".

De quelle loi de 1881 s'agit-il ? S'agit-il vraiment de celle du 29 juillet sur la liberté de la presse ? Et puis s'il s'agit bien d'elle, elle semble tellement complexe qu'il est possible qu'on y trouve quelque chose sur les indicateurs de police.

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Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

AU CHATEAU ROUGE

Du Château-Rouge
C'est l'affreux bouge
Où vient Satan
Chanter et boire,
Quand la nuit noire
Partout s'étend.

Hideuses goules, rouges trognes,
Rustres, pleutres, gueux et truands,
Loqueteux, guenilleux, ivrognes,
Pendards, soudards tonitruants,
Avec la nuit tombent ensemble
En ce borgne recoin d'enfer:
C'est le grand conseil qui s'assemble,
Le grand conseil de Lucifer.

Du Château-Rouge
C'est l'affreux bouge
Où vient Satan
Chanter et boire.
Quand la nuit noire
Partout s'étend.

C'est ici que rend ses oracles
La troupe des noirs scélérats;
C'est ici la cour des miracles
Où le crime prend ses ébats.
Chacun, franc gibier de potence,
Y donne à son tour son avis;
Car il s'agit qu'avec prudence
Tous les forfaits soient accomplis.

Du Château-Rouge
C'est l'affreux bouge
Où vient Satan
Chanter et boire,
Quand la nuit noire
Partout s'étend.

Quand a sonné l'heure tardive,
Alors sous les libations,
Du Diable chaque noir convive
Jette ses malédictions.
Hommes et dieux, terre, ciel, monde,
Saisis dans le souffle du mal,
Sont maudits par la troupe immonde
Prise d'un rictus infernal.

Du Château-Rouge
C'est l'affreux bouge
Où vient Satan
Chanter et boire,
Quand la nuit noire
Partout s'étend.

Puis succèdent aux chants obscènes
Les airs aux bachiques refrains,
Les mimiques louches, les scènes
Et les débraillements sans freins;
Sinistre et fantastique orgie,
Saturnale aux lourdes vapeurs
D'acre djinn et de tabagie,
Ivresses de démons vainqueurs.

Du Château-Rouge
C'est l'affreuse bouge
Où vient Satan
Chanter et boire,
Quand la nuit noire
Partout s'étend.

Et quand sous la froide lumière
Chacun par l'orgie épuisé
Laissant retomber sa paupière,
Sur le sol nu s'est affaissé,
Il n'est pas de tristesse égale
A celle de ce lieu perdu,
De cet asile impur où râle
Le crime par l'excès vaincu.

Du Château-Rouge
C'est l'affreux bouge
D'où Satan fuit,
Quand vient l'aurore,
Blafarde encore,
Chasser la nuit.

Edouard de Perrodil 1860-1931)   
Extrait de son recueil de poésies Les rumeurs de Paris . Léon Vanier, libraire-éditeur, Paris. 1893.


Le journaliste Edouard de Perrodil (Edouard Casimir Marie Gros de Perrodil), a été réédité en 2006. Non pas pour ses poésies, mais pour un exploit sportif réalisé du 28 juin 1893 au 2 juillet : Paris-Madrid, à bicyclette. A cette époque, les routes n’étaient pas en l’état d’aujourd’hui, loin de là, le dérailleur n’existait pas encore, et l’engin pesait 12kg. Un homme accompagnait de Perrodil, Henri Farman, récent champion de France de demi-fond en cyclisme, à 19 ans. Farman s’orientera ensuite vers l’aéronautique et établira plusieurs records aériens, en circuit fermé, de ville à ville, etc. Avec ses deux frères, il fondera une société de construction d’avions. Farman reste un nom dans l’histoire de l’aviation.

De Perrodil participera deux fois à la difficile course Bordeaux-Paris (plus de 600km) où sa meilleure place a été 17ème. Ne reculant devant rien, il tentera de battre le record du monde de l’heure réalisé en mai 1893 par Henri Desgranges (futur co-fondateur du tour de France, en 1903), 35,325km, mais échouera. Il effectua également le parcours Paris-Vienne (Autriche) *, la traversée de l’Algérie ** etc.
Ce journaliste a laissé une petite trace pour le développement et la popularité de la petite reine, ses écrits sur son sport d’affection ayant été nombreux.


http://img11.hostingpics.net/pics/540175VELOSTOROS.jpg

Editions Le Pas d’oiseau. 2006.

1ère édition : C. Marpon et Flammarion. 1893.


* A vol de vélo, raid Paris-Vienne. Ernest Flammarion, éditeur. 1895

** A travers les cactus (traversée de l’Algérie à bicyclette). Ernest Flammarion, éditeur. 1896.

184

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:
mercattore a écrit:

(1) Loi de 1881. Corporation des mouilleurs ? Des explications d’abécédistes à la coule seraient les bienvenues.

Il y a déjà quelque chose dans bob : http://www.languefrancaise.net/Bob/37806

Pour le reste, j'ai un problème depuis une dizaine de jours avec Gallica, je ne réussis plus à faire une seule recherche avancée, sur opéra, firefox et chrome, rien à faire.

Bon Gallica fonctionne de nouveau, et j'y trouve tout de suite une réponse dans l'Intransigeant du 2 juillet 1886 :

http://img15.hostingpics.net/pics/97945618860702Lintransigeant1.jpg

[ ... ]

http://img15.hostingpics.net/pics/40488718860702Lintransigeant2.jpg

(source)

Le passage à mouilleur au sens donné par bob semble couler de source.

WWW

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

J'avais lu cette source. Mais l'explication pour « La loi de 1881 en abolissant la licence de l'honorable corporation des mouilleurs, a privé la société d'une source précieuse d'indicateurs. » reste encore imprécise pour moi.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Souvenirs de la chanteuse et actrice Yvette Guilbert sur le Château-Rouge.
(Emma Laure Esther Guilbert. 1865-1944)

http://img11.hostingpics.net/pics/677813YVETTEGUILBERTPORTRAIT.jpg

L’artiste en 1900.
(source : gallica.bnf.fr)

Comment j’ai compris Bruant 

« Que de succès à la Scala, je dus à Bruant…Et pourtant combien m’intimidèrent ses couplets.
Je n’étais jamais sûre de pouvoir, de savoir les exprimer.Je n'étais jamais sûre de pouvoir, de savoir les exprimer. Quel pouvoir ! Quelle profondeur sous la forme de gouailleuse de son verbe ! comme j’aimais Bruant ! Son immense talent ! Sa miséricorde !

Je le revois, il y a trente-huit-ans, chez Léon Sari, le dernier d’Artagnan du boulevard ; il recevait Bruant à son château de Fortvaches, en Seine-et-Oise, et la curieuse silhouette d’Aristide Bruant effarait les habitants du village. Moi, toute jeunette, je le regardais, ne me doutant guère qu’un jour je serai son interprète ! Et plus tard, devenue l’Yvette aux gants noirs, je fus menée l’entendre en son cabaret par Hugues Le Roux et le grand bouleversement se fit en moi. Je voulus savoir, cher Bruant, si tu chantais la vérité, si la misère pouvait vraiment susciter tant de suicides moraux, et le vice tant de miséricorde ! J’étais si jeune alors, qu’il me fallait tout apprendre de cette très spéciale chienne de vie des prostituées que tu dépeignais.
Et un soir, nous voila partis avec Hugues Le Roux (1), rue Galande, au célèbre Château-Rouge (ancien hôtel de la belle Gabrielle) escortés de Jaume (2), le célèbre policier.

Ah! soirée inoubliable. Le bouge regorge de monde. Paris est tout blanc de neige depuis plusieurs jours et à deux heures du matin, par ce froid tueur de pauvres gens, tous ces malheureux doivent sortir ! Ordonnance de police. Pour allez où…Le patron du bouge, pistolet à la ceinture, est enfermé derrière un haut comptoir et sert du vin, des alcools aux femmes et aux hommes venus là se réchauffer et dormir. Hugues Le Roux est annoncé à cette cohue grouillante ; on l’accueille avec sympathie, car il a aidé à sortir de prison un "des leurs? ", d’où reconnaissance. On me regarde avec hostilité… 

Une femme, défigurée par une tache rouge qui semble lui couper le visage en deux, vient à nous avec un sourire édenté. Hugues Le Roux me la présente : "C’est Lie-de-Vin », l’amie de Gamahut !" Je reste bouche bée… (les crimes de Gamahut étant à l’époque dans tous les journaux), je la regarde avec de tels yeux que « Lie-de-vin" me dit en hoquetant "Oui…, c’est moi Lie-de-vin qui l’a bien aimé…ah les vaches ! y m’l’ont raccourci… mais on dit qu’un va y faire "au Grévin" sa tête en cire et l’histoire de son crime ! J’irai, j’irai l’embrasser et j’crèverai le bourgeois qui m’en empêchera !"

Et « Lie-de-Vin" retourna boire à son banc… Vint alors une sorcière de Macbeth, elle pouvait avoir soixante-dix ans, avec des yeux écaillés, vitreux, la bouche teinte, absolument teinte de violet, du dessus du nez au menton, par le vin "colorié" qu’elle happait comme un chien, tenant son verre, non dans sa main, mais dans la jointure de son bras replié ; elle nous tendit sa main ouverte, on lui donna de l’argent. Puis vint un énorme garçon, rouflaquettes aux tempes et sentant fort le patchouli, recherché pour vol avec effraction et chourinage de trois filles. Celui-là, nu jusqu’à la ceinture, était entièrement tatoué ; il nous demanda deux francs pour faire rigoler la Reine d’Angleterre (Victoria à l’époque) ; nous acceptâmes son programme, et, à ma grande gêne et à celle de Le Roux, il fit d’un coup de pouce dégringoler son pantalon et nous cria "Mesdames et Messieurs, voyez au-dessus du "robinet d’amour" qui rigole ! Puis, empoignant son ventre à pleines mains, il en pétrit la chair et nous vîmes "Victoria rigoler" , j’étais figée…si intimidée…si gênée…

Enfin, nous montâmes au premier étage. Ah ! là je vis l’enfer ! Des vieillards, des jeunes hommes pêle-mêle, dormant sur le parquet, des guenilles sordides, des chapeaux, des casquettes, surtout des vestons, des pantalons, de tout, de tout, éclairés par un minuscule bec de gaz, en cas de bagarre, et une odeur terrible ! Un vieillard surtout, avec de longs cheveux blancs sur les épaules me bouleversa…les bras étendus et comme cloués au sol, la bouche ouverte, les yeux révulsés, il semblait le christ de la misère. Je versai tout mon porte-monnaie dans ses mains ; le froid de la monnaie le réveilla. Ah ! son regard, son regard « émerveillé et triste" d’éternel abandonné ! En redescendant, nous aperçûmes "de longues tables" où des petits enfants dormaient : « Leurs mères, nous dit le patron, les confient à "leurs hommes" quand, à deux heures de la nuit, elles doivent quitter la chaleur du bouge pour "filer aux Halles" faire tous les métiers.
Bref, pendant des semaines, je fus hantée par cette vision infernale et je compris Bruant. »

- Guilbert Yvette La chanson de ma vie - Mes mémoires. Bernard Grasset, Paris, 1927.
320p, broché.

Nouvelle édition : Grasset et Fasquelle   collection Les cahiers rouges, Paris, 1995.
Broché, couverture illustrée. 288p  in.8  (19 x 12)

(1) Hugues le Roux (Robert Charles Henri le Roux. 1860-1925). Ancien secrétaire d’Alphonse Daudet. Journaliste, écrivain, homme politique (sénateur).
http://data.bnf.fr/atelier/12729869/hugues_le_roux/

(2) Jaume (Fortuné)  Voir page 7, message 151.

http://img11.hostingpics.net/pics/293633YVETTEGUILBERTAFFICHE.jpg

Lithographie d’André Sinet (1893)
(source : gallica; bnf.fr)

187 Dernière modification par éponymie (13-01-2017 11:24:16)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

mercattore a écrit:

J'avais lu cette source. Mais l'explication pour « La loi de 1881 en abolissant la licence de l'honorable corporation des mouilleurs, a privé la société d'une source précieuse d'indicateurs. » reste encore imprécise pour moi.

Apparemment, c'est lié à l'interprétation de l'article 35 de la loi du 29 juillet 1881 qui porte sur la diffamation : cet article précise que prouver des faits diffamatoires est interdit. Et si elle l'interdit, on ne peut exiger de prouver les faits (dans la série, bonnet blanc, blanc bonnet, c'est fortiche ça). Il y a des exceptions à cette règle mais les cabaretiers n'entraient pas dans ces exceptions, leurs renseignements n'étaient donc d'aucune utilité pour la police qui ne pouvait en faire usage.

C'est ce qu'il me semble avoir compris.

Source : Annales de la propriété industrielle, artistique et littéraire - 1897 (pp. 45-48) : il s'agit d'une interprétation de cette loi dans un cas particulier. J'ai vu les exceptions je ne sais plus où, en passant sur GL, ce sont - si je me rappelle bien - les articles 30 à 32 qui les régissent.

Concernant, Yvette Guibert, je suis tombé et retombé plusieurs fois sur cet épisode moi aussi.

WWW

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Merci pour ces explications.


éponymie a écrit:

Concernant, Yvette Guibert, je suis tombé et retombé plusieurs fois sur cette épisode moi aussi.

Ses écrits sont tombés dans le domaine public en 2015.

189 Dernière modification par mercattore (14-01-2017 06:39:56)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Extrait de CROQUINETTE, article de l’Hebdomadaire illustré (n° 27 - 7 mai 1899)


« Aussi le titre d'une enseigne est-il une propriété reconnue par la loi pour le commerçant qui l'a prise le premier. Les progrès des lumières et des arts ont influé sur leur perfectionnement et leur luxe. On en trouve bien peu, du moins à Paris et dans les grandes villes, où la langue ne soit pas respectée. On y voit briller — surtout sur les grands boulevards — l'or, l'émail, les marbres précieux ; quelques-unes offrent des tableaux, des peintures assez agréables.
L'époque la plus riche en enseignes est le moyen âge.Toutefois, relativement à celles de Paris, on n'a aucun renseignement antérieur au XIII siècle, et c'est dans un document du règne de Philippe le Bel, le Livre de la taille(1272) qu'on en rencontre les premières traces.

Mais, le vieux Paris s'en va, sous la poussée des embellissements, et bien peu des enseignes modernes méritent d'attirer l'attention. Quant je dis que les enseignes s'en vont, ce n'est pas bien étonnant, puisque les vieux immeubles tombent sous la pioche des démolisseurs. C'est ainsi que le Château-Rouge vient de fermer ses portes. Il est veuf de ses habitants. La commission officielle du Vieux-Paris l'a visité, non qu'elle pensât sauver aucun souvenir digne d'être recueilli, du bouge que fut cet hôtel princier au temps de sa gloire crapuleuse, dans sa déchéance de coupe-gorge; mais l'immeuble que les démolisseurs vont attaquer, pouvait renfermer quelques vestiges de sa première manière, qui tussent dignes d'être conservés.
Notre confrère, l’Eclair nous donne de curieux détails sur ce lieu connu de tout Paris.

Le Château-Rouge s'ouvrait rue Galande au n° 59. Vous pouvez n'y avoir jamais été ; encore qu'il s'y donnât quelques rendez-vous de noble compagnie. La tournée des grands ducs comportait le Château-Rouge. C'était notre Lapin-Blanc. Ne vous y fiez pas. Encore qu'on arrêtât ici l'assassin Gamahut, ce bouge était truqué pour donner le trac. Les habitués étaient des manières de figurants. Le patron avait organisé une ingénieuse mise en scène. Frédéric Loliée l'a définie d'un mot heureux : « C'est un attrape-pantes. »
Un peintre à l’eau-forte, du Vieux-Paris, l'admirable styliste et le profond philosophe qu'est M. Huysmann, a laissé, sur le Château-Rouge, dans ce court chef-d'œuvre le Quartier Saint-Séverin, une page qui assure l'immortalité au cabaret borgne. Il en a décrit les hôtes et le patron, le père Trolliet :
Suit la description de Huysmans, déjà éditée dans les messages antérieurs.

Le papa [tenancier] s'est retiré, le bouge est désert. Des représentants de la municipalité le visitaient samedi. Ils l'ont revu, sans son comptoir, ni son lourd poêle de fonte, où autour des tables étaient affalés des paquets de bardes. Derrière, c'était la salle des morts, un plancher sur lequel grouillait toute la vermine des bas-fonds. Une seconde salle où se tenaient les joueurs, a conservé ses peintures idylliques et champêtres, une noce dans la prairie. Dans la pièce du fond, en retrait, des peintures sont restées, qui pourraient tenter un amateur. Ce sont des portraits peints sur le mur et de grandes compositions en harmonie avec le milieu :
l'arrestation d'un contrebandier, la confrontation à la Morgue d'un assassin avec sa victime — et de chaque côté d'une croisée, des panneaux : l'un représentant la guillotine sur un monceau de tètes coupées ; l'autre le billot et la hache et couché au bas un lys — symbole de l'erreur judiciaire.
Un escalier grimpe au premier, où la misère et le crime, jusqu'à doux heures, dormaient sur le plancher. Plus de traces d'un art quelconque, mais d'anciens papiers souillés, lacérés, et des tachés brunes rappelant des chasses nocturnes où le pouce du dormeur incommodé s'exerçait.
Et dire qu'une des plus charmantes créatures dont le sourire égaie nos sévères annales, aurait dormi là ! Dire que sous ces plafonds s'étirait, toute rose de ses rêves royaux : Gabrielle d'Estrées !

Maintenant, n'exagère-t-on pas ! Où n'a-t-elle pas habité à Montmartre ? Mais des domiciles qu'on lui prête, le professeur érudit Henri Monin, qui faisait encore, hier soir, une conférence si applaudie, rue de la Vieuville, sur la population de Paris, impitoyablement la déloge. On voulait que, pour elle, ait été construit l'autre Château-Rouge,- le bal qui n'est plus et où est maintenant Dufayel : il en rit. Que pense-t-il de son séjour au Château-Rouge des purotins !
De toutes façons, l'immeuble eut une origine aristocratique. Sous les outrages qu'il reçut, se lit, en quelques plaques de cheminée, en la rampe de fer forgé de l'escalier du fond, et surtout dans le fronton et les détails sculptés de la porte — postérieurs au reste — une destination seigneuriale.
La Commission a retenu quelques-uns de ces témoignages d'un glorieux passé ; ils iront à Carnavalet... Quant au bouge, c'est l'iconographie qui le rappellera dans les aquarelles signées Delafontaine et des photographies, précieuses aux historiens des bas-fonds. »

190

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

mercattore a écrit:

Ce sont des portraits peints sur le mur et de grandes compositions en harmonie avec le milieu :
l'arrestation d'un contrebandier, la confrontation à la Morgue d'un assassin avec sa victime — et de chaque côté d'une croisée, des panneaux : l'un représentant la guillotine sur un monceau de tètes coupées ; l'autre le billot et la hache et couché au bas un lys — symbole de l'erreur judiciaire.

Le dernier, c'est la carte postale des vautours (message 81). Apparemment, il ne manque pas de fresques à l'iventaire de ce qui a déjà été trouvé.

mercattore a écrit:

Quant au bouge, c'est l'iconographie qui le rappellera dans les aquarelles signées Delafontaine et des photographies, précieuses aux historiens des bas-fonds. »

Vous auriez donc trouvé l'auteur des (mauvaises) reproductions.

WWW

191

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

éponymie a écrit:
mercattore a écrit:

Quant au bouge, c'est l'iconographie qui le rappellera dans les aquarelles signées Delafontaine et des photographies, précieuses aux historiens des bas-fonds. »

Vous auriez donc trouvé l'auteur des (mauvaises) reproductions.

Ou non. Robert Delafontaine était un dessinateur, aquarelliste, peintre. Ses représentations d'architectures parisiennes (Bibliothèque de France, puits, portes, portails, escaliers, etc.) lui avaient été commandées par le musée Carnavalet. Les quelques productions que l'on peut voir de lui sur Internet montrent un talent bien plus grand que celui de nos cartes postales.

On trouve une photo de lui et sa nécrologie (il est probablement décédé en 1902) dans Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 … taine.zoom

WWW

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Que Delafontaine soit l'auteur des peintures du Château-Rouge semble assez peu probable.
Plus sûrement le bâtiment lui même, l'intérieur aussi, peut-être ?

193 Dernière modification par mercattore (15-01-2017 13:21:42)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

L’ ECHO DU PUBLIC

Cet hebdomadaire publiait des questions de lecteurs et les réponses de lecteurs sur tous les sujets. Parfois, la rédaction répondait elle-même à certaines questions.
Hormi la périodicité, et quelques différences, il se rapprochait de la revue l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux dont la parution commença en 1864.

Il expliquait son programme :

« L’ Echo du Public, fondé en 1896 et qui, depuis, n'a cessé de progresser, a surtout pour but d'aider les personnes peu expérimentées dans l'art des recherches, ou celles qui n'ont pas de temps ou les moyens matériels de les effectuer. Chaque fois que l'on est embarrassé pour trouver un renseignement d'un genre quelconque il suffit de le demander à nos nombreux et érudits correspondants, et il est bien rare que l'on ne reçoive pas pleine et entière satisfaction.
Pour cela, on est prié de rédiger la question, et de nous l'adresser. Elle est insérée gratuitement dans l'un des plus prochains numéros, et un grand nombre de réponses ne tardent pas à nous être envoyées. Nous publions avec impartialité ces réponses, ignorées ou controversées, qu'elles soient corroborantes ou contradictoires, en nous réservant seulement de mentionner celles qui ne sont que l'exacte répétition des précédentes.De plus, nous possédons des archives accumulées laborieusement depuis cinq ans qui nous permettent de répondre directement et immédiatement à un grand nombre de questions dans notre i]Petite correspondance.
L’Echo du Public est aussi une sorte de salon de conversation entre tous les érudits qui veulent bien s’entre-questionner dans ses colonnes, et dont les discussions ont été à plusieurs reprises passionnantes, tout en contribuant à éclaircir des points jusqu’ici ignorés ou controversés. »

Dans son n° 150, du 23 septembre 1899, figurent quelques lignes sur le Château-Rouge, à la rubrique Petite correspondance. Elles proviennent donc de la rédaction du journal.


http://img11.hostingpics.net/pics/842813TROLLIETDONNEUR2.jpg

De fait, tous les tenanciers de ce genre d’établissement étaient des indicateurs de police.

La revue l'Echo du public : Gallica  ICI

194 Dernière modification par éponymie (15-01-2017 16:15:50)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

mercattore a écrit:

Que Delafontaine soit l'auteur des peintures du Château-Rouge semble assez peu probable.

Je n'ai jamais écrit ça. Je supposais qu'il était l'auteur des reproductions par la suite éditées en cartes postales. Hypothèse écartée au vu de sa biographie et de ses productions.

WWW

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

OK, je me suis mal exprimé.

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

En 1892, le Château-Rouge n'est pas nommé, mais tout indique qu'il est le lieu où Jaume a appris de Trolliet l'indentité de l'assassin.

Extrait de la Revue illustrée, du 15 juin 1892 :
« On se souvient de l'affaire Ballerich. Jaume, chargé de découvrir l'auteur du crime, se déguisa en maçon, fréquenta pendant quelque temps une crèmerie où les amis de Gamahut venaient quelquefois, parvint à y apprendre le nom de l’assassin et, peu de temps après, ayant retrouvé sa trace, l’arrêta dans la Nièvre. »


Travestissements de Jaume (d'après photographies).


http://img15.hostingpics.net/pics/577790JAUMECREMERIEPORTRAIT2.jpg

En Bourgeois.


http://img15.hostingpics.net/pics/331506JAUMEMACONPORTRAIT.jpg

En maçon.


http://img15.hostingpics.net/pics/331001JAUMECOCHERportrait.jpg

En cocher.

Lire l'article sur Jaume > ICI

197 Dernière modification par éponymie (16-01-2017 22:22:14)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Le texte sur Jaume n'est pas sans évoquer ce que l'on lisait sur Rossignol dans le message 167. Par contre je me demande si les illustrations ne sont pas des montages.

En 1892, le Château-Rouge n'est pas nommé, mais tout indique qu'il est le lieu où Jaume a appris de Trolliet l'indentité de l'assassin.

Extrait de la Revue illustrée, du 15 juin 1892 :
« On se souvient de l'affaire Ballerich. Jaume, chargé de découvrir l'auteur du crime, se déguisa en maçon, fréquenta pendant quelque temps une crèmerie où les amis de Gamahut venaient quelquefois, parvint à y apprendre le nom de l’assassin et, peu de temps après, ayant retrouvé sa trace, l’arrêta dans la Nièvre. »

Plus qu'au Château-Rouge, cela fait penser à la crèmerie d'Alexandre voisine (je ne trouve plus le texte qui la situe précisément, si elle n'est pas mitoyenne, elle est en face).

Les derniers documents que vous avez mis en ligne clarifient la décoration, la Nouvelle-Calédonie dans la salle principale, les scènes campagnardes (dont la scène de noce, chère à glop) dans la seconde salle et nos fresques dans la troisième.

Dans les années 1890, les infos - et la désinformation - foisonnent, personnellement je trouverais plus intéressant de comprendre les origines (1869-83), la période du changement de nom (1875-78 ou 1873-78 s'il y a un lien avec le passage de propriété de Trichard à Cadoux, c'est en 1875 que nous rencontrons château pour désigner le cabaret et château-rouge apparait en 1878). Je me demande toujours s'il n'y a pas un lien avec la Commune de Paris et avec les évènements du Château-Rouge de Montmartre qui lui sont liés, les fresques sur la Nouvelle-Calédonie pouvant corroborer cette hypothèse.

Au prochain changement de page, je produirai une nouvelle version du message 159, bien utile pour s'y retrouver et se replonger dans le sujet le cas échéant.

WWW

198 Dernière modification par mercattore (17-01-2017 00:32:10)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Oui, il est possible que ce soit la crèmerie d'Alexandre. La bande Gamahut fréquentait surtout Le Château-Rouge, d'après les nombreux articles sur ce fait-divers mais, comme vous vous le précisez, la crèmerie Alexandre était située toute proche du Château-Rouge (sur le trottoir d'en face). Crèmerie peut être pris aussi dans le sens plus général de débit de boisson (voir Bob), mais il est vrai que dans ce cas, un autre mot que crèmerie aurait peut-être été employé si le lieu avait été le Château-Rouge.
Pour le lien avec la Commune de Paris, je me suis aussi posé la question. Effectivement, les fresques sur la Nouvelle-Calédonie peuvent avoir un rapport avec elle - Communards déportés - ou bien alors avec des criminels  etc, condamnés à la transportation en Nouvelle-Calédonie (en Guyane aussi).
(les déportés politiques de la Commune n'ont été déportés qu'en Nouvelle-Calédonie, mais pas en Guyane).

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Oui, les photos de Jaume ont l'air de montage pour le livre.

200 Dernière modification par mercattore (17-01-2017 16:31:27)

Re : Cabaret «Au Château-Rouge», rue Galande, à Paris

Quelques remarques :

Dans son message n° 25, parisien mentionne, je cite :

« 2) Le bouge "la Guillotine" est cité dès 1869 par Maxime Du Camp dans Paris, ses organes (etc.), tome III, pages 44-46. Sa brève description n'évoque pas de peintures. »

- C'est exact et... inexact. En 1869, est paru le premier tome, oui, mais on ne trouvera jamais cette date pour le tome III. Il est très probablement paru après la Commune de Paris, peut-être en 1872 ? (la troisième édition parait en 1875).

Par contre, Alain Corbin, sur le site CAIRN.INFO mentionne la date de 1869 pour la rédaction du tome III, mais la rédaction seulement. Le texte intégral était-il alors déjà établi ou Maxime du Camp l’a-t’il complété ensuite ?

Alain Corbin : ICI

- Dans ce quartier de la Maub’ rôde la guillotine et les supplices. Actuellement, le Caveau des oubliettes, situé 52 rue Galande, est sous-nommée La Guillotine (pendant longtemps, une guillotine grandeur nature y a trôné). A existé aussi le Caveau des oubliettes rouges (disparu), situé à l’ex n°11 de la rue Saint-Julien-le-Pauvre.


http://img11.hostingpics.net/pics/347495CAVEAUdesoubliettestougesPhoto.jpg

(source : site de vente eBay)


- Maxime du Camp écrit à propos du cabaret La guillotine :

[…] qui se trouve établi sur l’emplacement où Sainte-Croix, l’amant de la Brinvilliers, avait son laboratoire secret. » (tome III, page 45).
(la Brinvilliers sera décapitée et brûlée place de Grève).

- Appellation Château de la guillotine (Petit-Journal, 1875). Cette demeure parait avoir été une habitation princière, ou équivalente, et le mot château lui aurait été attribué ? Mais pour guillotine ? Noir complet !

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