Discussion de : faire la petite chapelle

En 1731, L'abbé Prévost joue déjà sur cette expression dans Manon Lescaut. Premier passage : "Lescaut l'assura que j'étais naturellement si sage, que je ne parlais que de me faire prêtre, et que tout mon plaisir était à faire de petites chapelles." Explication : Il y a un jeu de mots, le personnage fait croire qu'il emploie le sens propre (construire de vraies chapelles) alors qu'il pense au sens figuré.

Deuxième passage : "Je ne m'offensai pas même de lui entendre lâcher quelques railleries sur ma fraternité avec Lescaut et Manon, et sur les petites chapelles dont il supposait, me dit-il, que j'avais dû faire un grand nombre à Saint-Lazare, puisque je trouvais tant de plaisir à cette pieuse occupation." Explication : Le personnage dupé a compris le jeu de mots, aussi raille-t-il son rival en y faisant allusion. –Jérémy Lasseaux, 2023-07-29 20:30.

Hum, je crois que les emplois dans Manon Lescaut ne concernent pas cette locution prise avec le sens que traite cette notice. Ici, « faire petite chapelle » évoque : soit le fait de se chauffer en retroussant ses jupes, soit une forme d'exhibitionnisme. Aucun des deux ne semble possible chez l'abbé Prévost. Le TLFi (et Acad. fr. 8e) connaît aussi un autre sens : « Faire petite chapelle. Se mettre à part. Rester en chapelle » (tlfi:chapelle). Mais je pense que chez Prévost, il faut entendre la locution au sens propre : construire, par piété, des petites chapelles. Apparemment, ça se faisait (et c'est peut-être l'origine de cette locution quand elle est employée chez les typographes ; cf. faire une petite chapelle). Cf. quelques exemples, en contexte pieux : Légendes du vieux Paris par Amédée de Ponthieu ou Le diable boiteux en province. gb 2023-07-30 06:02