marcel #nom masc.
Maillot de corps : tee-shirt sans manches, en forme de débardeur (souvent associé au Français populaire et bête)
- « On ne sait pourquoi, s’étonnait Beaucarnot (Laissez parler les noms !, 2004), Marcel incarne actuellement le prénom ringard, en attendant sans doute de nouvelles heures de gloire. Une des raisons à ce (relatif) ostracisme est, croyons-nous, sa lexicalisation – depuis 1980 selon le Robert – au sens de « débardeur », attribut du quidam estampillé beauf […]. Par métonymie, celui qui enfile un marcel en endosserait parfois le nom. Ainsi en va-t-il du Marcel à trous (« maillot de corps à bretelles ») : « Prototype du Français moyen, le Marcel à trous représente le campeur chaussé de sandalettes en plastique portées sur des socquettes et vêtu d’un short en satin brillant et gilet de corps ajouré » (Leximot). Pour le tricot échancré – souvent baptisé singlet en Belgique, camisole au Québec et en Suisse romande ou contre-sueur en Afrique francophone –, l’usage tend à la minuscule : « une belle photo où l’on voit des arbres qu’un bûcheron en marcel vient juste de dégommer tronçonneuse » (Le Canard enchaîné, 19 1999) ; « Quand on se prénomme Guylaine, on ne va pas faire un reportage sur le port du marcel chez les militants PCF de la Seine-Saint- Denis » (Télé-Moustique, 19 juin 1999). Il s’agit pourtant d’une marque déposée, que fabriquaient à Roanne (Loire) les Établissements Marcel, du nom de leur patron, Marcel Eisenberg. Cette manufacture textile sut tirer parti de l’emballement suscité dans la classe ouvrière par l’ancêtre de ce vêtement, adopté au XIXe siècle par les forts des Halles. Satisfaits de sa commodité, ils l’étaient aussi de la chaleur procurée par ses fibres de laine, un atout qui, en l’absence de manches, n’entravait pas leur liberté de mouvement. Après les manutentionnaires, d’autres corporations, des agriculteurs aux chauffeurs routiers, s’entichèrent de ce maillot de corps naguère dit à la Marcel, et celui-ci, tournant casaque à sa fonction utilitaire, pénétra l’univers des loisirs, la « culture prolo » et même les collections de mode. « Il n’y a que cette maille qui m’aille », ont dû se dire les créateurs. Marlon Brandon, James Dean ou Marcel Cerdan ont été « des icônes de cette pièce culte de la garde-robe », écrit Paris-Match (6 mai 2010, pages Belgique). Pour ce magazine comme pour le site fabuleuxmarcel.com, c’est même Marcel Cerdan qui aurait donné son nom à ce produit, mais ce ne serait donc là qu’une légende. (GUMO) » Maurice Gillot, Le jean-foutre et la marie-salope