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Parler djeune, en Suisse | 2001-05-02

Parler djeune ? Oui mais pas avec tout le monde ()

Les adolescents romands ne s'expriment pas à tout va en verlan, avec des anglicismes ou des mots coupés. Ils adoptent des stratégies langagières en fonction de leur interlocuteur. C'est l'un des premiers constats tirés d'une étude menée auprès de 80 Genevois, Neuchâtelois et Vaudois.

Une recherche, entamée il y a un an et demi, unique en Suisse romande.

«Ouahou, j'te kiffe trop! On se check pour boire un verre ?» Parler ainsi pour draguer une fille, c'est le bide assuré! Les adolescents le savent bien. Ils usent mais n'abusent pas du «parler jeune». C'est l'un des premiers constats tirés d'une étude sur l'analyse du langage des jeunes, entamée il y a un an et demi. Financée par le Fonds national, cette recherche est la première du genre en Suisse romande. Quelque 80 Genevois, Neuchâtelois et Vaudois, âgés de 16 à 20 ans, issus de tous milieux sociaux, de la ville comme de la campagne, se sont prêtés au jeu à travers des entretiens. Selon cette étude, les jeunes adoptent des stratégies de langage en fonction de leurs interlocuteurs.

D'un côté, on joue avec les mots entre potes. De l'autre, on parle le «bon français» à l'école, dans le milieu professionnel, à la maison, pour la drague. A chaque situation son style de vocabulaire : jeune, régional, classique. «Ils disent savoir quand quelle forme de langage utiliser et avec qui», résume l'auteur de l'étude, le linguiste Pascal Singy, professeur à l'Université de Lausanne (UNIL).

Les Romands innovent peu

«Parler jeune», c'est quoi au juste ? C'est d'abord s'exprimer comme dans les banlieues françaises. Les Romands innovent d'ailleurs peu et en souffrent puisque certains nourrissent un sentiment d'infériorité linguistique vis-à-vis des jeunes Français, selon le chercheur. En pratique, on emploie «des éléments du vocabulaire et une intonation particulière», précise le chercheur. On joue avec le verlan, («meuf» au lieu de «femme»), des mots coupés («blème» au lieu de «problème»), des anglicismes ou d'autres langues d'immigration («c'est la life» au lieu de «c'est la vie»). Des termes issus d'Internet font aussi irruption à l'oral, comme «lol» (abréviation de l'expression anglaise «lots of laughing» qui signifie «mort de rire»).

Dans tous les cas, le «parler jeune» n'affecte pas la syntaxe. La majorité des interviewés emploient ce vocabulaire plus ou moins régulièrement. Le virus se propage dès l'âge de 12 ans, lorsque l'on entre au Secondaire. Pourquoi? Parce que les groupes se forment à ce moment-là et avec eux, des codes, comme un langage commun. «Parler jeune», c'est se créer une identité. C'est aussi une technique pour éviter d'être compris de ses parents, de ses professeurs ou d'autres jeunes. Enfin, l'aspect ludique séduit. On s'amuse entre pairs. Mais se divertir n'a qu'un temps. Lucides, «ils savent que cela peut être un handicap dans le milieu professionnel». D'ailleurs, la plupart sont certains d'abandonner tôt ou tard leur jargon. Quand ils seront «plus mûrs», disent-ils. Impossible de donner un âge limite. Mais le milieu professionnel les contraindra à changer leurs habitudes langagières. La plupart en sont persuadés.

Les premières conclusions de l'étude ont de quoi rassurer les milieux professionnels, les enseignants et les parents qui s'interrogent régulièrement sur le niveau de langage des nouvelles générations. Reste à savoir si le sexe ou le milieu social des jeunes influence les stratégies de langage. Réponse donnée ce printemps, avec les résultats complets de la recherche. En tout cas, «ces préoccupations ne sont pas d'aujourd'hui», note Pascal Singy. «Depuis que l'on étudie la jeunesse en sociologie, depuis le début du XXe siècle, on se plaint de son langage.Il y a eu les zazous dans les années 40 et les blousons noirs dans les années 60.» Le «parler jeune» n'est donc qu'une nouvelle forme d'argot. Il n'y a pas de blèm.

Complément 23/10/2010

Sommet de la Francophonie: l'argot des banlieues françaises se retrouve également en Suisse

L'argot utilisé dans les banlieues françaises se retrouve chez les adolescents suisses romands, qui s'en servent pour affirmer leur identité. La télévision et Internet viennent encore accélérer cette grande circulation de la langue. Des linguistes ont analysé ce phénomène.
Voir la vidéo de la TSR : http://www.tsr.ch/video/(valider les liens)

    Source : http://archives.lematin.ch/(valider les liens)
    Posté par gb