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Un dictionnaire tous les dix ans | 2004-11-18

« Selon un sondage de l’institut Ipsos Culture, effectué en août 2004 pour le compte de Larousse, près de la moitié des personnes interrogées possèdent un dictionnaire, qui accuse la dizaine d’années comme une bonne bouteille à la cave. » ()

Auto, frigo, dico

Le dictionnaire, considéré comme un bien d’équipement des ménages ? Après tout, ne conserve-t-on pas ce « produit » chez soi une dizaine d’années, en moyenne, c’est-à-dire plus longtemps encore qu’un poste de télévision, un réfrigérateur ou un véhicule ? Les chiffres, en tout cas, le disent : la publication de ces gros ouvrages a beau être annuelle, avec mise à jour régulière, rien n’y fait. Le dictionnaire est un ouvrage sacré, au point où, dans de nombreuses familles, il reste de longues années abrité derrière la vitre d’une armoire soigneusement fermée à clé. On pensera peut-être à Voltaire : « Sacré il l’est, car personne n’y touche. »

Selon un sondage de l’institut Ipsos Culture, effectué en août 2004 pour le compte de Larousse, près de la moitié des personnes interrogées possèdent un dictionnaire, qui accuse la dizaine d’années comme une bonne bouteille à la cave. Et, corollaire de ce comportement : 6 % seulement des Français se sont acheté un « dico » au cours des douze derniers mois.

Événement majeur pour cette fin d’année, il faudra compter avec un nouveau venu : le Nouveau Littré, paru la semaine dernière dans une édition scrupuleusement mise à jour et augmentée, celui-là même qui fut publié en 1874. Au programme : 47000 entrées, 5700 étant nouvelles, et 6000 nouveaux sens ajoutés aux entrées existantes. « C’est un vieux projet qui remonte à une dizaine d’années », raconte Claude Blum, directeur général du Littré, Jean Pruvost ayant assuré la direction scientifique. Quatre-vingt-dix personnes, parmi lesquelles figurent universitaires, chercheurs et lexicographes, ont oeuvré sans relâche quatre ans durant. Leur objectif ? « La concision ! rien de plus difficile que de donner une définition en deux ou trois lignes là où d’autres ne pourraient pas soutenir la gageure en moins de sept lignes », affirme Claude Blum.

Du temps, il en a fallu aussi pour l’équipe du Petit Robert dirigée par Alain Rey. « Nous accumulons tout au long de l’année des mots et des sens nouveaux et créons un réservoir de citations dénichées dans la presse. Il faut sans cesse innover », explique Marie-Hélène Drivaud, la directrice éditoriale, qui rappelle que le Petit Robert, ce sont 25 millions de signes, 60 000 mots et 300 000 sens. Cela permet à l’éditeur de sortir un nouvel atout : le Robert des noms propres inclut l’entrée de 10 000 références étymologiques.

« Grâce à nos bases de données, nous sommes capables de donner une date de naissance à chaque mot nouveau », souligne, de son côté, Laurent Catach, directeur des éditions multimédias du Petit Robert, qui gère une documentation constituant un véritable « trésor de guerre ».

Pour Chantal Lambrechts, directrice du département Langue française et périscolaire chez Larousse, le dictionnaire n’est ni plus ni moins qu’un reflet de la société. Sa mise à jour doit tenir compte de nombreux paramètres : la féminisation des noms, l’introduction massive de termes techniques et scientifiques, la naissance d’une nouvelle forme d’argot ; entre la définition du mot « puce » en 1905, et celle de l’édition 2005, il semble que le sens lié à l’informatique a largement supplanté l’insecte si dérangeant, idem pour « souris »).

Avec Le Petit Larousse, Le Petit Robert a admis, dans son édition 2005, beaucoup de mots issus des nouvelles technologies (comme « ADSL ») ou des débats hexagonaux sur l’islam (« burqa »), et la situation internationale (« unilatéralisme » ou « altermondialisme »). Tant d’efforts, et de travail, que de minutie : les éditeurs n’ont pas ménagé leur peine. Il serait absurde d’attendre dix ans encore pour en profiter.

Mohammed Aïssaoui (Le Figaro)

    Source : http://www.lefigaro.fr/
    Posté par gb