romain
Forçat parmi les plus corrompus, qui n'a plus rien, qui a tout perdu et constitue une sorte de communautés de parias avec ses semblables
«Voici l'origine de cette dénomination singulière, sous laquelle on désignait les rebuts des prisons d'Angleterre. Les jeux de dés étaient courus par les hommes qui, avec une conduite irrégulière, cherchaient une distraction à leur ennui ou à leur misère. Il n'était pas rare de voir les prisonniers risquer sur un coup de paroli jusqu'à leur ration du jour, leur hamac et leurs vêtements, et, lorsque dépouillés par la fortune du jeu, de leur habit ou de leur unique pantalon, ils allaient grossir le nombre des raffalés, ils se retiraient avec ceux-ci dans un des coins de la prison, qui leur étaient affectés. Là, couchés entièrement nus sur le parquet, et se rapprochant le plus possible les uns des autres pour avoir moins froid, ils se tournaient à la fois, à certaine heures de la nuit, au coup de sifflet de celui qu'il avaient proclamé leur général. Forcés de quitter leur repaire, quand il fallait nettoyer les dalles infectes sur lesquelles ils croupissaient, on les voyait dans le pré, greloter pendant une ou deux heures, et cacher sous leurs mains tremblantes, les parties secrètes, que les sauvages même ont la pudeur de couvrir d'une natte ou d'une feuille de latanier. Le gouvernement anglais, sollicité par les commandants des prisons, d'accorder quelques lambeaux qui servissent à cacher l'affreuse nudité de ces misérables, envoya enfin dans chaque pré quelques centaines de vieilles couvertures, et bientôt on vit se pavaner dans les cours ces pauvres diables se drapant dans leurs manteaux de laine usée, comme les sénateurs dans la pourpre romaine. L'épithète de romains leur fut donnée ; elle convenait à leur tournure, et elle tint bon. On ne les connut plus que sous ce nouveau sobriquet.» (NégCorb) /