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Loynel (Auguste). L'Assommoir de Belleville (chanson argotique)

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Titre : L'Assommoir de Belleville
Auteur : Loynel (Auguste)
Date : 1848
NbEditions :
EnLigne : 1878 (GL)
NbMots :
Mots clés : source
Type : chanson
Contributeurs : gb
Discussion

Loynel : L'Assommoir de Belleville

Commentaire général

  1. La rédaction initiale de cette page a été grandement facilitée par les recherches de FM sur le terme assommoir. (gb)

Texte

L'ASSOMMOIR DE BELLEVILLE

Chanson recueillie par feu A. Loynel.

Air des Moissonneurs.

Bifins1, qui n'avez que dix rades2,
J'vas vous montrer un chouett'3 courant,
Pour abreuver les camarades,
Au plus bas blot4, c'est délirant !
Quand vot' gonzess'5 vous entortille,
Filez à gauch' de la Courtille,
Vous payer un coup d'arrosoir,
À l'Assommoir.

Faut pas blaguer, le trèpe est batte6,
Dans c' taudion7, i's'trouve des rupins8 ;
Si queuqu's gonziers9 traîn'nt la savate,
J'en ai r'bouissé10 qu'ont d's escarpins.
Pour lâcher d'un cran l' genr' canaille,
Il n'leur manque que des gants de paille,
Mais on n'est pas t'nu d'en avoir
À l'Assommoir.

Les meness's11 aboul'nt12 par douzaines,
R'nifler leur petit fad'13 d'eau d' af14.
Si leur chass's15 coul'nt comm' des fontaines,
Un' chopin' ne leur coll' pas l' taf16 :
Des fois, quand l'temp s'tourne à la lance17,
C'est épatant18 comm' tout ça danse...
V'là l'coup dur du matin au soir,
À l'Assommoir.

J'en r'mouch's19 qui fris'nt pas mal leur naze20
À caus' des propos incongrus
Qu'mon chiffon21, qui n'aime pas le gaze,
Leur lâche en mots un peu trop crus :
C'est qu'j'ai fait, foi d' Fanfan Chaloupe !
Mes études au Camp de la Loupe22 :
Aussi j' conobr'23 c'qu'on doit savoir
À l'Assommoir.

Un tas d' bibons à douilles blanches24,
Sitôt qu'ils ont du carm'25 de trop,
N'attend'nt pas les fêt's et dimanches
Pour y pincer leur coup d'sirop.
Après tout, moi, je les excuse,
Faut bien qu'la vieillesse s'amuse ;
Ell' tient si proprement l' crachoir26
À l'Assommoir.

Comm' je ne fais pas fi d'la lichance27,
J'me pouss' que'qu'fois de c'côté là !
Un courant d'air, pas plus que ça de chance,
J'visit' les amunch's28, et voilà...
Ces gens qu'd'aucuns trait'nt de crapule,
Moi, j'trinque avec eux sans scrupule :
On est égal d'vant l'abreuvoir
De l'Assommoir.

Le texte (notes comprises) est donné d'après G. D’Heylli, La Gazette anecdotique, 15 mars 1878, pp. 140-142. Il semble que la version originale donne, non des notes, mais une version complète en français courant.

 

1 Chiffonniers.

2 Sous.

3 Bon.

4 Prix.

5 Femme.

6 Le public est soigné.

7 Cet endroit.

8 Hommes comme il faut.

9 Particuliers.

10 Remarqué.

11 Femmes.

12 Arrivent.

13 Part.

14 D'eau-de-vie.

15 Yeux.

16 La peur.

17 La pluie.

18 Étonnant.

19 J'en vois.

20 Nez.

21 Langue.

22 Camp des fainéants.

23 Je connais.

24 Vieillards à cheveux blancs.

25 De l'argent.

26 La conversation.

27 Boisson.

28 Amis.


Sources

  1. L'Assommoir de Belleville est cité dans la Bibliographie de la France pour 1848 : 4856. Assommoir (l') de Belleville, romance trouvée dans les vallades (poches) de Fanfan Chaloupe, etc. In-4° d'un quart de feuille. Imprim. de Beaulé, à Paris. Six couplets en argot, recueillis et traduits par Auguste Loynel. [1]
  2. Cité par Francisque Michel dès 1848 : « Citons encore une chanson, assaisonnée de gros sel, il est vrai, mais qui ne manque pas d'une certaine [sic] humour, et qui a été récemment publiée à la Librairie chansonnière de Durand, éditeur, rue Rambuteau, 32, sous le titre de L'Assommoir de Belleville, romance trouvée dans les vallades (poches) de Fanfan Chaloupe, chifferton (chiffonnier), cané (mort) d'une apoplexie de cochon, à l'âge de 73 longes (ans), à la lourde (porte) du sieur Riffaudez-vous, mannezingue (marchand de vins), à l'enseigne de la Sauterelle éventrée, barrière de la Courtille. In-4. d'un quart de feuille, imprimerie de Beaulé et Maignand, à Paris. Cette Romance, annoncée comme recueillie et traduite par Auguste Loynel, se compose de six couplets de huits vers chacun. »
  3. Réimprimée dans G. D’Heylli éd., La Gazette anecdotique, 15 mars 1878, pp. 140-142.
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  4. Cité par YP-161, sans remarque.
  5. Réimprimé par Sainéan 1912, vol. 2, pp. 199-201
    loynel-assommoir-de-belleville-sainean-1912-199.jpg: 531x892, 73k (2011-12-13 17:46) loynel-assommoir-de-belleville-sainean-1912-200.jpg: 531x892, 74k (2011-12-13 17:46) loynel-assommoir-de-belleville-sainean-1912-201.jpg: 531x892, 55k (2011-12-13 17:46)
  6. Réimprimée dans Chautard 1929, pp. 6-10, avec version en français courant et cette remarque : « Cette chanson, qui date de 1850, a sans doute été "poétisée" ».
  7. Réimprimée dans Anthologie 1952, pp. 40-41.
  8. Réimprimé par Caradec (dans les rééditions de son dictionnaire enrichies par des documents), avec version en français courant.
  9. Cote BNF : YE-7180 (823)

Un autre Assommoir de Belleville, par Colmance ?

Cf. GL.

« Edmond Lepelletier (repris par Deffoux et Zévaès) parle d’une chanson intitulée L’Assommoir de Belleville qu’il attribue à Charles Colmance, mais il ne donne aucune source vérifiable. Cette chanson ne se trouve pas dans les œuvres complètes de Colmance et Denis Poulot ne la mentionne pas dans Le Sublime alors qu’il dédie tout un chapitre à Colmance et consacre plusieurs pages aux assommoirs. Le couplet que publie Lepelletier est une copie (sauf pour la première ligne) du troisième couplet d’une chanson de sept couplets, intitulée Le Pochard, signée par Neveux père et publiée dans Dumersan (1866). Voici les deux couplets en question :

(Dumersan & Ségur, 1866)
L’autre jour, à la Courtille,
Au vin à six sous,
A propos d'un’ petit’ fille,
J'ai zévu des coups.
J'en ai-t'y r'çu un terrible
Dans mon pauvr' pétard,
On n' m'appell' plus l'invincible.
Ah ! j' suis-t’y pochard.
(Lepelletier, 1908)
A l'Assommoir de Bell'ville,
Au vin à six sous,
A propos d'une petite fille,
J'ai z'evu des coups.
J'en ai-t'y r'çu un’ terrible
Dans mon pauv' pétard...
On n' m'appell' pus l'invincible,
Ah ! j' suis-t-y pochard !

Apparemment, Lepelletier 1) ne connaît pas la chanson de Loynel et 2) ne sait pas que le couplet qu’il publie est emprunté à une chanson qui ne mentionne ni assommoir ni Belleville. Il paraît donc certain qu’il n’existait qu’une seule chanson intitulée L’Assommoir de Belleville, celle de Loynel authentifiée par Francisque-Michel, E. Baillet et H. Avenel. » (Source : FM, Les assommoirs avant et après l'Assommoir, 2011)

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