La tautologie, proche du pléonasme, présente avec celui-ci une différence essentielle. Alors que le pléonasme est considéré comme fautif, vicieux, la tautologie est vue comme un effet de style visant à renforcer l'expression de la pensée ; condamnée par Littré, elle est de nos jours admise comme correcte. C'est néanmoins une construction répétitive qui peut prendre différentes formes :
– c'est mon livre à moi
– tu le lui diras toi-même
– je l'ai entendu de mes propres oreilles
– je l'ai vu, de mes yeux vu
– c'est mon avis et je le partage
– je suis d'accord avec moi-même
– c'est la vérité pleine et entière
– c'est sûr et certain
– une promesse est une promesse (un sou est un sou)
– au fur et à mesure (les deux expressions ont aujourd'hui le même sens)
Comme on le constate, la tautologie (du grec tauto logos, le fait de redire la même chose) peut aussi s'apparenter au truisme ou à une lapalissade.
Le pléonasme est vicieux en ce sens qu'il associe deux mots dont l'un évoque le même sens que l'autre et fait double emploi avec lui : une hémorragie de sang, reculer en arrière, redire encore, descendre en bas, chute verticale, télécommande à distance, cadeau gratuit (très à la mode dans le monde publicitaire). Quelques-uns qui sont entrés dans la langue ne sont plus considérés comme fautifs : aujourd'hui (jour + hodie=ce jour), se suicider (sui=soi-même, soudé au mot suivant), le lendemain (l'en demain=le jour d'après, article soudé puis ajouté de nouveau avant le nom), vinaigre de vin (le vinaigre est du vin devenu aigre). En revanche, vinaigre de bière ou de cidre est une absurdité, mais là encore une absurdité admise et considérée comme régulière. De même saupoudrer de sel est un pléonasme admis (saupoudrer = poudrer de sel) et saupoudrer de sucre ou de farine sont également des absurdités devenues licites.
Aymon