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Le forum d'ABC de la langue française

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forum abclf » Pratiques linguistiques » Mots qui existent... ou pas ?..

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Messages [ 29 ]

Sujet : Mots qui existent... ou pas ?..

Ca fait un moment que je voulais ouvrir ce sujet, mais ce sont les interventions de goofy2

Ce mot n'existe nulle part dans la langue française.

et de Gb

J'ajouterais bien qu'à mon avis il est impossible de promouvoir le français face à l'anglais si on ne change pas cette attitude de toujours se demander si tel mot que tout le monde comprend, formé «normalement», est bien «autorisé», et pire, s'il «est dans le dictionnaire», question qui tient trop souvent lieu aux Français notamment de somme linguistique alors que l'usage est le maître, c'est bien connu.

qui m'ont enfin décidée smile

La question est la suivante : si le mot est créé selon les règles d'une langue et à partir des éléments déjà existants, si ce mot est immédiatement compris par les natifs et même par les étrangers avec un niveau acceptable dans ladite langue - est-ce que ce mot peut être  considéré comme "existant" ?..

L'exemple récent est "odiosité" ou "odieuseté" - formé selon les règles, à partir des éléments existants, et immédiatement compréhensible. Le mot "fortitude" est absent de mes Littré et Robert, pourtant pas vraiment vieux tous les deux, mais présent dans TLFI... Même chose pour le mot "offuscation" (je pense que l'on peut se faire saquer en le mettant dans une rédaction au lycée big_smile ). La presse s'est déchaînée sur le mot "bravitude", mais pourquoi n'existerait-il pas au même titre que "bravoure" ? Pourquoi ne peut-on pas dire "absconsité", "miroitable", "mangeage" (ce dernier entendu dans un film) ? Un enfant qui dit "les arbres commencent à feuillir" se fera probablement rappeler à l'ordre par sa maîtresse, et pourtant cet honorable TLFI le récense également.

Il est vrai que parfois c'est un peu difficile de faire des dérivés. C'est quoi l'action de "ramer" ? Il y a certes "ramage", mais le sens n'est pas le même. Cependant, parfois un sens supplémentaire vient s'ajouter, comme pour le mot "imposition"  - "action d'obliger à subir ou à faire une chose généralement désagréable, pénible ou difficile". Les dicos susmentionnés ne donnent pas ce sens à "imposition", à la différence du même TLFI...

Après tout, les mots, avant d'être dans les dictionnaires, n'existaient pas et ont été inventés. Alors pourquoi cette attitude, disons, quelque peu rigide ?..

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

2 Dernière modification par Naïf (12-10-2008 17:16:51)

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

"avant d'être dans les dictionnaires, n'existaient pas et ont été inventés"

Position discutable tant pour l'ontologie que cela implique, que d'un point de vue proprement linguistique.  La phrase que vous avez écrite existait-elle avant que vous ne l'écrivissiez? Et après?

Edit. Peut-on dire d'un événement qu'il "existe"?

Pour votre question, qui nécessite de longs développements: lisez les travaux de  Michel de Certeau sur l'imposition du français. La tradition de description et diffusion du français - et, singulièrement, du français hexagonal - a peu de choses en commun avec celle de l'anglais ou de l'hébreu. Et cette tradition fait partie de la norme. On peut difficilement jeter ce bébé-là avec l'eau du bain.

3 Dernière modification par diconoma (12-10-2008 16:09:22)

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Bonjour !
     Il serait juste de dire : «Ce mot n'existe pas dans les dictionnaires que j'ai consultés.» Cela laisserait libre cours à de plus amples recherches.

     Je considère qu'un mot existe dès qu'il a été inventé. Il peut alors être répertorié, notamment sur un site internet, dans un dictionnaire adéquat,  accompagné des indications grammaticales nécessaires et du sens qui lui est donné par l'auteur. Les mots ainsi mis à la disposition du public pourraient enrichir la langue et, s'ils sont progressivement adoptés par les lecteurs, se révéler utiles à la communication. Si l'usage s'en généralise, les fabricants de dictionnaires restent libres ou non de les insérer dans leurs éditions futures.
     
     La rubrique ouverte dans ce forum : Pratiques linguistiques » Épinglé : Centralisation : lacunes des dictionnaires, ne pourrait-elle pas accueillir les trouvailles ?
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

skirlet a écrit:

si le mot est créé selon les règles d'une langue et à partir des éléments déjà existants, si ce mot est immédiatement compris par les natifs et même par les étrangers avec un niveau acceptable dans ladite langue - est-ce que ce mot peut être  considéré comme "existant" ?..

Quels seraient alors les garde-fous qui nous empêcheraient de dire n'importe quoi ?
Actuellement, ces garde-fous existent, ce sont les entrées dans les dictionnaires ou l'acceptation par un « professionnel de l'écriture » reconnu, mais on peut aisément se pencher par-dessus eux, pour saluer un voisin par exemple, et, de la même façon, utiliser des mots dont la signification n'est pas solidement établie pourra servir à évoquer une légère nuance.
Est-il vraiment si pressé de légaliser un néologisme qu'on ne puisse attendre quelques années que le nombre d'occurrences ou l'hapax lumineux ne le fasse entrer de plein droit dans la liste positive ?
Bravitude n'attendait qu'une explication claire et sensée de son auteur sur « ce qu'elle entendait par là » pour qu'on l'admette.
Quant au professeur qui note apparemment de façon injuste un élève parce que celui-ci utilise un mot absent du dictionnaire de référence, il ne fait je crois que son métier, comme le font les maîtres de n'importe quelle profession face à un apprenti, auquel il est essentiel d'apprendre à décomposer les actions et les pensées dans un cadre défini. Ce n'est qu'un fois l'apprenti devenu ouvrier qu'il pourra juger de ce que lui-même est apte à laisser de côté pour arriver plus rapidement à un résultat parfait.
Lorsque ma fille dit « d'abord que » en voulant d'une façon évidente dire « alors que », je la reprends, tout en sachant que « d'abord que » pourrait effectivement se dire, avec toutefois un sens un peu différent.

5 Dernière modification par skirlet (12-10-2008 17:53:37)

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Naïf :

La phrase que vous avez écrite existait-elle avant que vous ne l'écrivissiez? Et après?

Je n'ose pas imaginer que vous n'avez pas compris le sens de ma question wink Mais dans le doute, je précise : Mercattore évoque le mot "odiosité" et reçoit la réponse "Ce mot n'existe nulle part dans la langue française." Pourtant, dans le sens stricte du mot "exister", une fois écrit il existe !

Je ne suis pas certaine que je lirai dans l'immédiat plus ou moins proche  les travaux de  Michel de Certeau sur l'imposition du français (je suis même sûre que le mot "imposition" n'avait pas le sens qu'il a dans cette phrase à l'époque de cette "imposition" wink ) Mais ô combien de traditions ont changé en France (même métropolitaine smile ), et honnêtement, je ne vois pas de raison à freiner la créativité, surtout si elle se fait dans les règles.

Diconoma, merci pour votre intervention. Je suis pleinement d'accord avec vous smile

Quels seraient alors les garde-fous qui nous empêcheraient de dire n'importe quoi ?

Mais les critères dont j'ai parlé ! big_smile

Actuellement, ces garde-fous existent, ce sont les entrées dans les dictionnaires ou l'acceptation par un « professionnel de l'écriture » reconnu

Si je ne m'abuse, les dictionnaires ne créent jamais les mots, ils ne font que recenser les mots déjà utilisés. Si on attend que le mot apparaisse d'abord dans le dico, c'est un cercle vicieux : on n'utilise pas le mot, parce qu'il n'est pas dans les dictionnaires, et il n'est pas dans les dictionaires, parce que personne ne l'a pas créé... Quant au "professionnel de l'écriture", c'est qui ça précisément ?

Est-il vraiment si pressé de légaliser un néologisme

Ben, si "légaliser" est "faire entrer dans les dicos," les exemples que j'ai donné plus haut démontrent que les dictionnaires ne sont pas identiques...

Quant au professeur qui note apparemment de façon injuste un élève parce que celui-ci utilise un mot absent du dictionnaire de référence, il ne fait je crois que son métier

TLFI est-il un dictionnaire de réference ? Parce que les mots "feuillir" et "offuscation" y sont présents wink

Pour "bravitude", en ma qualité de non-native, je pense que c'est la qualité d'un brave, tout comme "fortitude" est la qualité d'un fort. Me trompé-je ?

Lorsque ma fille dit « d'abord que » en voulant d'une façon évidente dire « alors que », je la reprends, tout en sachant que « d'abord que » pourrait effectivement se dire, avec toutefois un sens un peu différent.

Je parlais plutôt des lacunes linguistiques. S'il manque un nom ou un adjectif, pourquoi ne pas le créer ? Surtout que (une tournure très répandue mais souvent corrigée "il faut dire "d'autant plus que" wink ) parfois ça coule presque de source...

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

6 Dernière modification par Naïf (12-10-2008 18:33:08)

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

skirlet a écrit:

S'il manque un nom ou un adjectif, pourquoi ne pas le créer ? Surtout que (une tournure très répandue mais souvent corrigée "il faut dire "d'autant plus que" wink ) parfois ça coule presque de source...

/mode: *un peu piqué*/
ah, en fait, votre premier post n'était pas une question, vous cherchiez juste l'occasion de dire une opinion!
Sot que je suis, j'avais pris au premier degré, comme une vraie question. Puisque vous ne lirez personne, et pensez que "exister au sens strict"  (kézako?)  fait sens, alors OK.
Sachez simplement que cela peut aussi être une VRAIE question. Et que des réponses ont été apportées. De longue date. 
/fin du mode *un peu piqué*/

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Odiosité, fortitude et offuscation sont tous trois présents dans le Littré , on ne peut pas dire qu'il s'agisse de néologismes récents wink Ils seraient plutôt en passe de devenir des mots rares, vieillis, à moins... qu'on ne les remette au goût du jour.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Quel Littré ? Le mien est de 2006 et n'en possède pas...

Et que des réponses ont été apportées. De longue date.

Ah bon.

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Vous avez certainement une version abrégée, tandis que  je parlais du Littré, version intégrale ( six volumes) . On peut le consulter en ligne :

http://francois.gannaz.free.fr/Littre/accueil.php

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

10 Dernière modification par skirlet (12-10-2008 20:38:38)

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Merci pour le lien. En effet, je n'ai pas les six volumes smile

D'ailleurs, j'ai déjà trouvé sur ce site un truc intéressant : j'ai rentré "bravitude", pas trouvé, redirigé sur "bravoure" et en bas de page :

BRAVOURE. Ajoutez : - REM. Bouhours, Doutes sur la langue française, p. 54, dit que disculper et bravoure nous viennent peut-être de Mazarin. M. Allou, Essai sur l'universalité de la langue française, in-8°, 1828, cite, p. 426, un livre publié à Bruxelles en 1701, et dont l'auteur dit que " bravoure, venu avec Mazarin, parut d'abord très bizarre, et causa un grand désordre dans la république des lettres. "

Paru donc bizarre... Et maintenant, une personne crée un mot bien français, selon les règles du français, et plein de gens ricanent au nom de la "pureté de la langue française". Curieux big_smile

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

zycophante a écrit:

[...] Quels seraient alors les garde-fous qui nous empêcheraient de dire n'importe quoi ? [...]

Bonjour !
     Les garde-fous existent : ce sont tous les professionnels de l'écriture que nous sommes, et pas seulement les censeurs qui travaillent pour les éditeurs.
     Dans un dictionnaire ouvert aux trouvailles et aux retrouvailles peuvent figurer les appréciations autant des spécialistes que celles du grand public. Chacun peut alors user des mots, cautionnés ou non, en connaissance de cause. Mention est également faite de leur accueil dans tel ou tel dictionnaire.
     Un enseignant qui répugne aux néologismes peut limiter la parole de ses élèves aux seuls mots  du dictionnaire de son choix, comme d'autres le font pour les jeux de scrabble et autres. Je crois pourtant que sa première mission est d'enseigner la grammaire, et donc l'art de placer les mots, quels qu'ils soient, dans le contexte adéquat.
     Ne croyez-vous pas que nombreux sont les lecteurs et les professionnels qui éprouvent au jour le jour le besoin de connaître l'orthographe, le genre ou le sens d'un mot ? Doivent-ils attendre la prochaine édition du Nouveau Petit..., voire celle de notre respectable Académie française, pour être finalement déçus de ne pas l'y trouver ?
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

zycophante a écrit:

Quels seraient alors les garde-fous qui nous empêcheraient de dire n'importe quoi ?

Le désir parfois et la nécessité souvent d'être compris devraient fortement encadrer les choix, de même que la crainte du ridicule (la sanction sociale).
En ce qui concerne mon intervention à l'origine du sujet, je voulais dire d'abord et surtout que les dictionnaires étant loin d'englober le lexique français, il en ressort que l'argument tiré de l'absence de tel mot dans les dictionnaires ne devrait jamais suffire pour accabler le locuteur et disqualifier le mot.

À propos de «bravitude», si c'est pour dire «bravoure», pourquoi pas, c'est possible ; mais c'est tellement risqué au point de vue du ridicule encouru, et tellement inutile aujourd'hui («bravoure» est bien vivant), qu'on devrait mobiliser plutôt son inventivité sur d'autres mots. D'autant plus que dans ce cas précis, on peut se demander si «bravitude» n'a pas été «inventé» au débotté pour combler un méchant trou d'esprit. Sans faire de politique, mais en restant esthète, Ségolène Royal flatte les yeux plus que les oreilles.

Le TLFi est un dictionnaire de référence dans le sens où, quand il référence un mot, l'article est généralement bien fait. On peut la plupart du temps faire confiance à ce qu'il y est écrit. Mais tout ce qui ne s'y trouve pas n'est pas de ce fait aberrant, faux, absurde, etc. Ce qui lui manque, au TLFi, en premier lieu, c'est d'être enrichi, amélioré, corrigé, etc.

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Je voudrais préciser que le côté politique du mot "bravitude", tout comme la personne de Ségolène Royal, ne m'intéressent pas beaucoup. Uniquement le côté linguistique. Et aussi - pourquoi les néologismes attirent souvent des moqueries ? La personne qui créé les mots dans les règles d'art fait plutôt preuve de la bonne compréhension des éléments utilisés et des mécanismes de la langue smile

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

skirlet a écrit:

pourquoi les néologismes attirent souvent des moqueries ?

Peut-être la réaction normale qui force à surenchérir face à un évènement qui nous surprend et que l'on craint de ne pas saisir ; On se dit « Y aurait-il là-dessous un jeu de mots que je ne comprends pas ? »

Pour lexicaliser un mot nouveau, il faut qu'il ait fait ses preuves d'utilité, à défaut de réelle nouveauté.
On ne peut lexicaliser Couille molle que lorsqu'on n'a plus automatiquement en tête en le prononçant l'image réelle d'une couille molle.
D'où l'utilité de ne pas se presser.

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

GB a écrit (sur le fil "méchant/méchanceté") :
J'ajouterais bien qu'à mon avis il est impossible de promouvoir le français face à l'anglais si on ne change pas cette attitude de toujours se demander si tel mot que tout le monde comprend, formé «normalement», est bien «autorisé», et pire, s'il «est dans le dictionnaire», question qui tient trop souvent lieu aux Français notamment de somme linguistique alors que l'usage est le maître, c'est bien connu. On ferait mieux de ricaner de ceux qui n'osent pas.
C'est qu'ils n'ont pas de chance : d'abord, ils sont incroyablement soumis et ont toujours besoin qu'on les autorise à faire des trucs («j'vais peut-être m'autoriser un truc, mais c'est vach'ment gonflé. J'hésite !») et d'autre part, d'accord avec Naif, les dictionnaires auxquels ils s'adressent l'échine courbée avant d'ouvrir la bouche sont tellement fainéants –la majeure partie du lexique récent en est systématiquement bannie

Waou ! ça décoiffe, ce vent libertaire !
Tout à fait d'accord, je propose donc qu'on puisse garer sa voiture, mais aussi la dégarer :
"Jack Bauer regarda sous le châssis qu'il n'y ait pas de bombe, vérifia l'absence de diffuseur de virus Ebola dans la ventilation, chercha sur le volant de minuscules gouttes de cyanure, puis, rassuré, dégara sa voiture. Je me demande si je ne vais pas accepter ce job peinard de garde-pêche au bord du lac, se dit-il in petto, j'ai 24h pour me décider."

Où veux-je en venir ? Et bien, autrefois, si l'on excepte les influences régionales (créoles, Québec, etc), les innovations sémantiques provenaient quasi exclusivement des écrivains et des journalistes, les traducteurs étant tenus sinon au classicisme, du moins au respect du style originel. Mais de nos jours, avec l'explosion des communications et des échanges, la multiplication des rédacteurs dans le "journalisme citoyen" et l'explosion des forums, les producteurs de phrases sont largement plus nombreux et plus diversifiés : tout un chacun peut promouvoir une création - ou (la médaille a toujours son revers) une faute… Certaines fautes sont d'ailleurs presque aussi fréquentes que la forme correcte si on "google" !

Personnellement, j'ai donc décidé de promouvoir "dégarer", et je réactive le vieux polyglottisme, que j'ignorais il y a peu, en lieu et place de l'anglicisme plurilinguisme - quand multilinguisme indiquerait (selon les souhaits de certains) la situation régionale ou nationale.

Par ailleurs, sur un tel sujet, comment éviter de rappeler que la langue la plus censurée d'ABC, j'ai nommé l'espéranto, a justement systématisé ce principe de dérivation des mots, sous réserve de respecter les règles de la langue et à condition que le mot créé ait un sens assez compréhensible. Exemple français de sens tarabiscoté : bois ---- "boicité", "boissesse" l'état, le fait d'un meuble qui est en bois.
Personnellement, je suis ravi de cet encouragement à une créativité qui ne serait pas réservée aux professionnels, mais encouragée pour tous, le risque étant le flou sur la notion de faute !

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

krokodilo a écrit:

[...] le risque étant le flou sur la notion de faute !

Bonjour !
     Quel genre de faute ? de construction, d'orthographe, de syntaxe, de registre, de goût ?
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, je parlais uniquement des mots.

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

zycophante a écrit:

Pour lexicaliser un mot nouveau, il faut qu'il ait fait ses preuves d'utilité, à défaut de réelle nouveauté.
On ne peut lexicaliser Couille molle que lorsqu'on n'a plus automatiquement en tête en le prononçant l'image réelle d'une couille molle.
D'où l'utilité de ne pas se presser.

Bonjour !
     Je considère au contraire qu'il faut de toute urgence lexicaliser l'expression et faire savoir que ce syntagme ne doit pas toujours être pris au premier degré.
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

diconoma a écrit:

Je considère au contraire qu'il faut de toute urgence lexicaliser l'expression et faire savoir que ce syntagme ne doit pas toujours être pris au premier degré.
     Cordialement.

Bonjour,
Cette expression est déjà lexicalisée. Je voulais dire qu'avant qu'elle le soit on a attendu un moment, le temps nécessaire pour que l'image prenne le pas sur le sens primitif, pour lequel on est obligé maintenant de lui préférer d'autres adjectifs, comme « flaccide » par exemple.

20 Dernière modification par Bookish Prat (13-10-2008 13:20:00)

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

zycophante a écrit:

Cette expression est déjà lexicalisée. Je voulais dire qu'avant qu'elle le soit on a attendu un moment, le temps nécessaire pour que l'image prenne le pas sur le sens primitif

Ah ! ben si on peut faire fi du « sens primitif »...  c'est donc qu'en bon français il est désormais permis d'être à la fois un con et une couille molle (tout en romain, siouplait ! l'italique c'est pour les syntagmes qui sont au purgatoire en attente d'être lexicalisés tongue).

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

krokodilo a écrit:

Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, je parlais uniquement des mots.

Bonjour !
     Pourriez-vous alors préciser le sens que vous donnez à ‹faute› ? Nous pourrons alors entrer dans le détail de ce dont vous semblez redouter le flou.
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

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Re : Mots qui existent... ou pas ?..

skirlet a écrit:

Et aussi - pourquoi les néologismes attirent souvent des moqueries ?

Les néologismes ou les barbarismes ?
Si vous osez «odiosité» ou «praticité, vous étonnerez peut-être vos invités, mais ils ne devraient pas se moquer.  Ou alors il ne faut plus inviter des personnes aussi mal élevées.
(Avec «bravitude», évidemment, il faut au moins être maire de Blois pour supporter le choc : ))

diconoma a écrit:

Je considère au contraire qu'il faut de toute urgence lexicaliser l'expression et faire savoir que ce syntagme ne doit pas toujours être pris au premier degré.

Vous le preniez au premier degré ? vraiment ? lol

23 Dernière modification par skirlet (14-10-2008 13:47:01)

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Pour ma part, j'utilise depuis longtemps le mot "chiantise" (pardon les oreilles chastes), et ça passe assez bien smile

Plis sérieusement, je suis allée voir le sens su mot "barbarisme". L'honorable TLFI dit :

Faute contre le langage soit dans la forme, soit dans le sens du mot (mot créé ou altéré, dévié de son sens, impropre).

Le Littré en ligne (encore merci, Regina wink )

Faute contre la partie de la grammaire qui traite des espèces de mots, et, par extension, toute expression, toute locution qui viole la règle. Barbarisme de mots, celui qui tombe sur le mot lui-même en le dénaturant, comme : vous disez, au lieu de : vous dites Barbarisme de phrase, celui qui consiste dans l'emploi d'une construction vicieuse, comme : nous repentons notre conduite, au lieu de : nous nous repentons de notre conduite.

Et là, chuis perdue : comment distinguer les barbarismes et les néologismes (surtout ceux qui correspondent aux trois critères exposés plus haut) ?.. Le Littré est plus clair, mais il ne parle pas de néologismes.

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

24

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

skirlet a écrit:

Et là, chuis perdue : comment distinguer les barbarismes et les néologismes

Bonjour !
     Le Grand Robert attribue à néologisme le sens de : «emploi d'un mot ou d'une expression avec un sens nouveau» ; puis de : «mot nouveau, expression nouvelle», ajoutant : «La notion de néologisme est toujours relative.»
     Toute création de mot ou d'expression est donc néologisme, et nous avons pour ce faire des commissions ad hoc dans nos ministères.

     ‹Barbarisme› contient en vrac tout ce qui ne suit pas les règles édictées, le bon usage du français central. Comme nous le constatons dans les forums, chacun peut en avoir une notion très personnelle. ‹Barbarisme› est alors un mot d'usage facile pour rejeter sans procès toute innovation langagière.
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

25

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

zycophante a écrit:

[...] Bravitude n'attendait qu'une explication claire et sensée de son auteur sur « ce qu'elle entendait par là » pour qu'on l'admette. [...]

Bonjour !
     Pouvez-vous nous dire plus précisément quelle est cette explication ?
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

diconoma a écrit:

Pouvez-vous nous dire plus précisément quelle est cette explication ?

Bonjour diconoma,
C'est à l'auteur qu'il faudrait le demander, mais il aurait suffit, sans même aller jusqu'aux explications fouillées, qu'elle indique simplement faire une différence entre la bravitude échevelée et une bravoure brutale pour que nous acceptions ce mot, sans plus chercher à nous moquer ( facilement, mais ça fait du bien ) de sa « pensée tunique », comme disait Le Canard enchaîné il y a peu.

27

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

zycophante a écrit:

[...] mais il aurait suffi, sans même aller jusqu'aux explications fouillées, qu'elle indique simplement [...]

Bonjour !
     La séquence ‹bravitude›, parmi bien d'autres, ne confirme-t-elle pas l'intérêt pour la langue française, les francophones, les francophiles et les étrangers, d'un dictionnaire actualisé en permanence, où les nouveautés langagières seraient publiées, expliquées, sourcées, commentées, appréciées ?
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

28

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

diconoma a écrit:
zycophante a écrit:

[...] mais il aurait suffi, sans même aller jusqu'aux explications fouillées, qu'elle indique simplement [...]

Bonjour !
     La séquence ‹bravitude›, parmi bien d'autres, ne confirme-t-elle pas l'intérêt pour la langue française, les francophones, les francophiles et les étrangers, d'un dictionnaire actualisé en permanence, où les nouveautés langagières seraient publiées, expliquées, sourcées, commentées, appréciées ?
     Cordialement.

tiens, justement: "sourcées" - le mot des wikipédiens pour le commun "documentées"!
- publiées: il faut le faire (vous vous y êtes attelé), il faut aussi quelques sous;
- expliquées: on vous fait confiance;
- appréciées: peut-être à éviter cela, hein, "des goûts et des couleurs..."

29 Dernière modification par Naïf (16-10-2008 13:06:11)

Re : Mots qui existent... ou pas ?..

Bonjour,

Puisque le purisme est un sujet fréquent sur le forum du présent site, ceux* qui souhaitent se renseigner, qui résident non loin de Paris et sont libres le vendredi seront peut-être intéressés par le message ci-dessous. Les trois conditions sont exclusives (en particulier: "se renseigner" avant tout, donc pas nécessairement "s'exprimer").

*Et "celles", bien sûr.

Tous les autres voudront bien pardonner ce spam. Les Administrateurs pourront, s'ils le souhaitent, déplacer cette annonce dans la rubrique idoine si elle existe.

CENEL (Centre d’étude des nouveaux espaces littéraires), Université Paris 13, séminaire de recherche 2008-2009
UFR Lettres et sciences de l’homme et des sociétés - 99, av. J.-B. Clément – 93430 Villetaneuse – gare d’Epinay-Villetaneuse puis bus 156, 354 ou 356 arrêt Université Paris 13

Atelier sur la langue française : “L’imaginaire normatif : du bon usage au purisme” (M.-A. Paveau et P. Zoberman)
Séance 1 : vendredi 24 octobre 2008 – 10 h 30 – 13 h 00 – salle D 116

Les impuretés de la langue
Anne Tomiche (Université de Paris 13)
Cécile Canut (France, Université de Paris 5)

------------------------------------------------------------------
Pour information, séances suivantes :

Séance 2 : 12 décembre 2008
D’une langue à l’autre, d’une langue dans l’autre
Ariane Desporte (France, Paris 13)
Ammar Azouzi (Tunisie, Kairouan)

Séance 3 : 20 mars 2009
L’image de marque de la langue française dans le monde
Fred Dervin (Finlande, Turku)
Monique Blerald (Guyane française, UAG)
Osman Senemoglu (Turquie, Galatasaray)

Séance 4 : 15 mai 2009
Langue, mémoire, identité : les âges de la langue
Sara Melzer (États-Unis, Los Angeles)
Marge Kasper (Estonie, Tartu)"

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