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Le forum d'ABC de la langue française

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forum abclf » Pratiques linguistiques » ça pousse comme des petits pains

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Messages [ 32 ]

Sujet : ça pousse comme des petits pains

Bonjour chers amis abéciens,

J'ai une petite question concernant la phrase suivante que j'ai entendue ce matin :
Ben, y en a partout, ça pousse comme des petits pains !

Si je peux imaginer facilement l'image des petits pains qui se vendent, j'ai du mal à concevoir l'idée des petits pains qui poussent. S'agit-il d'une extension de l'expression ça se vend comme des petits pains, ou d'une fantaisie erronée, ou encore d'une confusion avec des petits pois (car ça pousse comme des petits pois me semblerait plus acceptable) ?

Merci de vos réponses !

Re : ça pousse comme des petits pains

Bonsoir Orientale (16:42 ici, 21:42 à Hanoï) big_smile

Orientale a écrit:

[...] Si je peux imaginer facilement l'image des petits pains qui se vendent, j'ai du mal à concevoir l'idée des petits pains qui poussent

Et, àmha, vous avez bien raison. Le Rey Chantreau indique ...comme des petits pains «en grande quantité» S'emploie avec des verbes comme s'enlever (1890), se vendre, s'écouler, s'enlever, partir, notamment à propos d'une marchandise de gros débit d'autres usages sont possibles. On dit au Québec comme des petits pains chauds. Aucune trace, donc, d'une plantation de petits pains qui pousseraient à foison. Il s'agit d'une fantaisie erronée ou bien d'un clin d'œil surréaliste voire...  d'une faute d'orthographe ! big_smile
Ici, en revanche, ça pousse comme des petits pins !

http://fvayeur.free.fr/recit_forest/images/pinede.JPG

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : ça pousse comme des petits pains

Bonjour, bien que je préfère la fréquentation des boulangeries à celle des églises, je subodore (ça sent bon le pain frais...) une référence religieuse :

http://66.102.9.104/search?q=cache:VCGi … =firefox-a

Si Jésus avait eu des petits pois sous la main, le français en eût été changé à coup sûr.

Re : ça pousse comme des petits pains

L'image semble en effet assez claire, et la référence à Jésus Christ évidente, pourvu qu'on prenne « ça pousse » dans le sens de « ça prolifère ».

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Re : ça pousse comme des petits pains

Pour ma part, j'y verrais plutôt une fusion involontaire de deux expressions : pousser comme des champignons et partir (ou se vendre) comme des petits pains, ce qui arrive lorsque, dans la conversation, on confond vitesse et précipitation. Cela donne aussi la fameuse étincelle qui fait déborder le vase, et son inévitable pendant, la goutte d'eau qui met le feu aux poudres…
Bon week-end à tous

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Re : ça pousse comme des petits pains

Ici, en revanche, ça pousse comme des petits pins !

Bookish, vous vous êtes trompé d'arbre wink
Il s'agissait de l'arbre à pain big_smile 
Il  en pousse sur l'île intense comme des petits pains :

http://tbn0.google.com/images?q=tbn:VHhEuezYyYI0mM:http://www.rando-reunion.com/pages/flore/pain.JPG

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : ça pousse comme des petits pains

Si  pousser comme des petits pains devait être une référence à Jésus et à la multiplication des pains, cela signifierait  que l'expression est fort ancienne et qu'il est possible d'en trouver trace dans les dictionnaires par Google Livre.  A suivre...

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : ça pousse comme des petits pains

Google Livre:
Ça s'enlève, s'arrache, se vend, ça part, ça file à ne plus finir.

A partir des années 1980, quelques timides se multiplier comme des petits pains apparaissent. Point de pousse sad

J'y verrais plutôt un glissement, d'ailleurs rien ne nous dit que les pains multipliés et distribués  étaient petits .

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

Re : ça pousse comme des petits pains

krokodilo a écrit:

Bonjour, bien que je préfère la fréquentation des boulangeries à celle des églises, je subodore (ça sent bon le pain frais...) une référence religieuse :

http://66.102.9.104/search?q=cache:VCGi … =firefox-a

Si Jésus avait eu des petits pois sous la main, le français en eût été changé à coup sûr.

Jésus a multiplié cinq pains et deux poissons,  et il n'a pas vendu ses pains.
Bref, faire le lien entre l'épisode évangélique et l'expression : « Cela se vend comme petits pains » c'est de l'acrobatie.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : ça pousse comme des petits pains

Merci à tous, vos réponses sont très intéressantes.

P'tit prof, nous faisons plutôt le lien entre l'épisode évangélique et l'expression (si elle en est une) : « cela pousse comme des petits pains ».

Si vous trouvez d'autres renseignements, je reste preneuse.

Re : ça pousse comme des petits pains

L'expression n'est pas couramment utilisée, mais elle se comprend immédiatement, la culture française ayant bien arrimée à son bagage l'image de ces pains et de ces poissons, même si on n'est pas chrétien et si on n'a pas été au « caté ».
La pierre d'achoppement est ce pousse mis pour se multiplier, bien différent de sens lorsqu'il est suivi d'un champignon ou d'un bambou (nous avons des bambouseraies en France), mais qui ressemble à ça pousse comme du chiendent, qui inclut une notion d'envahissement rapide.
L'image est donnée non plus par une référence à une multiplication sexuée ou végétative mais miraculeuse.

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Re : ça pousse comme des petits pains

P'tit prof:
Bref, faire le lien entre l'épisode évangélique et l'expression : « Cela se vend comme petits pains » c'est de l'acrobatie.

Pas sûr: de même que certaines langues ont des points communs, des radicaux identiques, au vu de l'importance des religions dans nos civilisations et dans notre imaginaire collectif, on peut supposer que cet épisode frappant a servi de base commune à diverses métaphores.
Et orientale ne parlait pas seulement de vendre mais aussi de pousser comme des petits pains.

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Re : ça pousse comme des petits pains

L'expression étant toute récente et n'apparaissant que dans un registre familier et très populaire, il y aurait donc un élan mystique nouveau ?

Pousser= croître, multiplier : on pense à la multiplication des pains , d'accord.

Les petits pains , on pense aux petits pains dorés et appétissants de Joe Dassin  smile

J'y vois une création , preuve que notre langue est bien vivante , un témoignage du bon sens populaire qui sait allier avec sagesse nourriture terrestre et spirituelle wink

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : ça pousse comme des petits pains

Les locutions ne sont pas figées : elles varient et en variant elles se rencontrent et se combinent parfois et changent de sens. L'épisode de la multiplication des pains par Jésus est très connu ; l'expression «se vendre, s'écouler comme des petits pains» (rapidement et en quantité) aussi. Possible que les deux se soient rencontrées ; possible aussi qu'il y en ait eu d'autres au rendez-vous, comme le suggère justement Sylvain. Le fait que nous y pensions tend à montrer que c'est probable.

La forme citée par Orientale est probablement une évolution de la forme canonique «se vendre, s'écouler comme des petits pains» où on a gardé le comparatif pour signifier «en quantité, facilement», auquel on a greffé le début d'une autre formule.

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Re : ça pousse comme des petits pains

Moi je pense que c'est un mélange erroné entre "ça se vend comme des petits pains" et "ça pousse comme des champignons".
Tout ce que je sais c'est que l'expression "ça se vend comme des petits pains" vient de 1693 lorsque Louis XVI, alors que son peuple mourait de faim avait fait construire des fours à pain au Louvre, à la bastille, place des tuileries, place de Luxembourg et rue d'enfers pour vendre à perte des petits pains. Les gens qui mourraient de faim se précipitèrent tous à ces fours. Ainsi est donc venue (à mon sens) l'expression "ça se vend comme des petits pains".
Les gens manquent de culture et disent souvent n'importe quoi. "Ça pousse comme des petits pains" n'existe pas! Ça n'a aucun sens d'ailleurs...

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Re : ça pousse comme des petits pains

Jamais entendu une telle tournure. Parfois les gens créent des expressions propres (chose fréquente dans l'humour russe actuel, quand on modifie légèrement une expression existante et connue, ou on fait un mélange des deux expressions pour un résultat un peu absurde).

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

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Re : ça pousse comme des petits pains

On trouve une cinquantaine de "ça pousse comme des petits pains" sur google, ce qui montre que, même s'il s'agit d'une invention isolée, elle aura fait des disciples.
Et si nous tâchions à notre tour de saturer l'espace du web avec une déformation supplémentaire, par exemple pousser comme des petits paons?

Re : ça pousse comme des petits pains

skirlet a écrit:

Parfois les gens créent des expressions propres (chose fréquente dans l'humour russe actuel, quand on modifie légèrement une expression existante et connue, ou on fait un mélange des deux expressions pour un résultat un peu absurde).

Quelle inventivité de la langue russe vous nous rapportez-là, chère Skirlet (O'hara ?) ! Jamais les Français ou les Anglais n'auraient osé procéder au détournement de locutions familières pour y trouver un effet comique. http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Divers/0179.gif

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : ça pousse comme des petits pains

Zimon a écrit:

Et si nous tâchions à notre tour de saturer l'espace du web avec une déformation supplémentaire, par exemple pousser comme des petits paons?

Trop tard smile
« en plus si il y aurai half life ben je pense que tout le mag se serait vndu comme des petits paons » (http://forum.hardware.fr/hfr/JeuxVideo/Tips-Depannage/gratuit-pc-jeux-sujet_53552_1.htm ; message de 2003).

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Re : ça pousse comme des petits pains

Quelle inventivité de la langue russe vous nous rapportez-là, chère Skirlet (O'hara ?) !

Chuis pas O'Hara, Boukichou big_smile

Jamais les Français ou les Anglais n'auraient osé procéder au détournement de locutions familières pour y trouver un effet comique.

Ben, c'est dommage.

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

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Re : ça pousse comme des petits pains

skirlet a écrit:

Jamais les Français ou les Anglais n'auraient osé procéder au détournement de locutions familières pour y trouver un effet comique.

Ben, c'est dommage.

Il y en a des tonnes chez San-Antonio et tout le monde connaît « fier comme un bar tabac », « vieux comme mes robes »...

Re : ça pousse comme des petits pains

Oui, bien sûr, la volonté ironique de BP était manifeste, mais même sans désir particulier humoristique, c'est une des caractéristiques des expressions orales de varier d'un locuteur à l'autre, d'autant plus qu'elles se rapportent à un objet auquel on ne pense plus précisément, l'essentiel étant de transmettre une impression ou une émotion qui soit comprise.
Coluche se servait beaucoup dans ses sketches de ce langage approximatif, et quand il parlait par exemple de coliques frénétiques, chacun en saisissait le tenant et l'aboutissant.

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Re : ça pousse comme des petits pains

Meuh oui, j'ai compris l'ironie de Boukichou, et je vois que ma réponse a eu son effet big_smile Après tout, pnuméro n'a pas le monopole de provocation ici, n'est-ce pas ? wink

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

Re : ça pousse comme des petits pains

skirlet a écrit:

Chuis pas O'Hara, Boukichou

http://4.bp.blogspot.com/_IMCsoHEmcok/R4F9Y6nxxfI/AAAAAAAAQRE/uwYcrPB9PKQ/s400/scarlettportrait.jpg

skirlet a écrit:

Ben, c'est dommage.

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : ça pousse comme des petits pains

Pour une telle dame, il faut un vrai homme tongue


http://hugo666.h.u.pic.centerblog.net/fh9m50lk.jpg

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

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Re : ça pousse comme des petits pains

Salut,Orientale,

Cela se rapproche de ce qu'on appelle une métaphore mixte : « La racine du mal fleurit comme une lapine en chaleur ». 

Je n'ai jamais oublié un épisode de la célèbre BD "« Captain and the Kids » où la mère des jumeaux les réprimande pour avoir volé des pommes : « Croyez-vous que les pommes poussent dans les arbres ? » Ce qui serait peut-être une métaphore mixte à rebours.

Verbum

In principio erat Verbum

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Re : ça pousse comme des petits pains

Au tout début de cette histoire, Orientale nous disait qu'elle avait "entendu ce matin" cette expression. Là-dessus, certains se lancent dans de doctes et profondes recherches. Moi, j'aimerais d'abord savoir où la formule avait été dite. Une station de radio ? Un quidam au bistrot du coin ? Parce que bien souvent ce genre d'invention procède d'une erreur due au télescopage de deux expressions, aboutissant souvent à un résultat cocasse. Ainsi dans "La Petite Voleuse", film de Ckaude Miller, quand Charlotte Gainsbourg dit à son amant Didier Bezace, qui craint qu'elle soit enceinte : "Je suis réglée comme une lettre à la poste." Et il la reprend (si j'ose dire) : "Non, comme du papier à musique." Récemment, une amie de ma fille a employé quatre fois en une soirée l'expression "freiner des quatre fers en l'air". Je n'ai pas eu le cœur de la corriger. C'était si mignon. Et si sincère…

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Re : ça pousse comme des petits pains

Ça pousse comme des petits pains et ça se vend comme du chiendent !

J'en ai plein des télescopages d'expressions comme cela ! Je les relève dans des conversations de tous les jours ou des interviews à la radio et je les collectionne :
- se faire tirer les bretelles et se faire remonter les oreilles,
- l'affaire est jouée et le tour est dans le sac,
- s'étendre à perpétuité et être condamné à perte de vue,
- le vinaigre basmati et le riz balsamique,
- exorbitif et prohibitant...

Cela se rapproche un peu du poème "Cortège" de Jacques Prévert :
Un vieillard en or avec une montre en deuil...

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Re : ça pousse comme des petits pains

C'est juste un dérapage , et bien souvent dans ce cas l'auteur ignore l'origine de la phrase originale


Un copain avait sorti un jour d'hiver : il neige comme vache qui pisse , on s'était beaucoup amusé et on se servait ensuite de l'expression que l'on adaptait à chaque fois qu'il y avait une quantité de quelque chose ou même de personnes

Il y a des touristes comme vache qui pisse , des champignons comme vache qui pisse etc. etc.
C'était notre superlatif de service et certains l'utilisent encore ...

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Re : ça pousse comme des petits pains

« Pleuvoir comme vache qui pisse » m'est familier. Je n'aurais guère l'idée de l'employer pour autre chose que pour du liquide.

Avatar : statue de Bruno Catalano

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Re : ça pousse comme des petits pains

Oui c'est ça, un télescopage d'expressions !
Vraiment intéressant, j'en ai découvert d'autres sur ***
notamment "Ne pas y aller avec le dos de la main morte" ou encore "Chacun voit midi à quatorze heures"

Le 27 Nov 2020
Ne pas y aller avec le dos de la main morte, être au bord du rouleau : 5 expressions télescopées



La langue française regorge d’expressions populaires très imagées. Non seulement certaines sont construites de la même manière, ou comportent un mot en commun, mais leurs significations peuvent également être similaires.

Voilà pourquoi notre langue peut fourcher au point de mélanger les deux expressions et en créer une troisième, qui n’a guère de sens, mais prête à sourire… et à réfléchir !

Voyons un peu le sens des expressions originelles.



    Ne pas y aller avec le dos de la main morte

Ne pas y aller de main morte + Ne pas y aller avec le dos de la cuillère

L’expression « Ne pas y aller de main morte » date du XVIIe siècle. À l’époque, elle signifiait « attaquer avec violence », « frapper rudement ». Pour ce faire, il valait mieux avoir une main vigoureuse ! Désormais, cette expression signifie « exagérer, y aller fort ».

Rien d’étonnant à ce que l’on la confonde avec « Ne pas y aller avec le dos de la cuillère », qui signifie exactement la même chose : « parler, agir sans ménagement, y aller fort, exagérer ». En effet, il est difficile de manger sa soupe avec le dos de sa cuillère.

« Le dos d’une main morte », lui, aura un effet somme toute limité…



    Être au bord du rouleau

Être au bout du rouleau + Être au bord du gouffre

La locution familière « être au bout du rouleau » est révolutionnaire ! En effet, Le Petit Robert l’atteste en 1789, sous la forme « être au bout de son rouleau ». Reste à savoir de quel rouleau il s’agissait, probablement pas celui d’essuie-tout auquel on pense aussitôt aujourd’hui…

Bien heureusement, la définition originale « n’avoir plus rien à dire » nous éclaire. Il était question du rouleau de parchemin. Quand on arrivait au bout du rouleau, c’est qu’on avait fini de lire, de parler. Par la suite, on a rangé des pièces de monnaie dans de petits rouleaux de papier. « Être au bout du rouleau » signifiait alors qu’on n’avait plus d’argent, de ressources pécuniaires. Désormais, l’expression fait référence aux ressources physiques et morales. « Être au bout du rouleau », c’est n’avoir plus d’énergie, être épuisé, et même à la fin de sa vie (« au bout de sa vie », comme disent les jeunes !).

Et « Être au bord du gouffre », alors ? Dans un sens, l’expression peut rejoindre « être au bout du rouleau » car elle signifie, d’après Larousse, « être près de la ruine, de la catastrophe. » Mais l’idée de danger, de péril n’y est pas évidente.

Difficile de savoir si le « bord du rouleau » est tout aussi dangereux, personne n’a jamais eu l’occasion de vérifier. À moins qu’il ne s’agisse d’un rouleau compresseur !



    Chacun voit midi à quatorze heures

Chacun voit midi à sa porte + Chercher midi à quatorze heures

« Chacun voit midi à sa porte » signifie que chacun envisage les choses de son propre point de vue. Mais quelle est l’origine littérale de cette expression ? Le mot midi symboliserait « le milieu de la journée », par extension, « le cœur d’une situation », et sa porte symbolise « sa propre maison », c’est-à-dire « ses intérêts personnels ».

« Chercher midi à quatorze heures » a un sens bien différent : « chercher des difficultés où il n’y en a pas, compliquer les choses ». Pourquoi « midi » et « quatorze heures » ? Si midi a une position très repérable sur l’horloge, difficile de justifier le choix de quatorze heures, d’autant que l’on disait « chercher midi à onze heures » précédemment ! Peu importe : on cherche une chose à un endroit où elle ne peut pas être, c’est l’idée à retenir.

Dans les deux cas, la discussion risque de ne pas être facile. Si chacun voit midi à quatorze heures, c’est qu’il y a au moins un point d’entente…



    Tu me tires une fière chandelle du pied

Tu m’enlèves une épine du pied + Tu me dois une fière chandelle

À l’origine de ce télescopage d’expressions : « tirer une épine du pied de quelqu’un », c’est-à-dire « le délivrer d’un sujet de contrariété, d’une difficulté » et « devoir une fière chandelle à quelqu’un », autrement dit « lui devoir une grande reconnaissance ». Pas de lien sémantique direct entre les deux expressions, mais une dimension positive, évoquant l’entraide et la gratitude dans les deux cas.

Pour « tirer une épine du pied », le sens est évident, on devine l’agrément que l’on peut en … tirer. Mais cette « fière chandelle » que l’on « doit », quelle est-elle ? D’après Larousse, on disait que celui qui avait échappé à un grand danger qu’il devait une belle (plus tard fière) chandelle à Dieu pour dire qu’il lui devait un grand remerciement. Ainsi, les chandelles que l’on doit à quelqu’un sont les cierges qu’il faudrait allumer pour le remercier.



    L’argent ne fait pas le moine

L’argent ne fait pas le bonheur + L’habit ne fait pas le moine

Certes, l’argent ne fait le moine, d’autant qu’un moine est censé ne pas être focalisé sur les considérations bassement financières ! Mais que veulent exprimer les personnes en flagrant délit de télescopage ? Pour tenter de le savoir, revenons aux expressions mères.

Pour « l’argent ne fait pas le bonheur », il n’y a guère d’explication à donner.

Quant à l’expression « l’habit ne fait pas le moine », elle serait issue soit de la locution latine barba non facit philisophum, c’est-à-dire « la barbe ne fait pas le philosophe », soit de François Grimaldi et ses compagnons d’armes qui, en 1297, se déguisèrent en moines franciscaines pour s’emparer d’une forteresse bâtie sur un rocher : la future principauté de Monaco ! Ou tout simplement, est-ce une manière ironique de considérer les moines de l’époque, dont le comportement et les mœurs semblaient, parfois, bien éloignés des préceptes qu’ils étaient censés… porter.

Un autre télescopage pourrait être « l’habit ne fait pas le bonheur », alors que la liberté vestimentaire est au cœur de l’actualité.


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Re : ça pousse comme des petits pains

Il y  a un fil  pour les expressions valises :
forum abclf » Jeux de mots... » "Ça coule sous le sens !" (expressions valises)

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