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forum abclf » Écriture et langue française » Publication
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Toutes mes félicitations !
Aura-t'on droit à l'un de ces poèmes en exclusivité, ou devrons nous attendre de passer par La Rochelle pour pouvoir en profiter ???
Oui, bravo Gilles !
Voilà qui fait plaisir
Au fait, ce sont probablement des poésies en français ; or vous êtes anglophone je crois : pourquoi le français ?
Je ne m'étonne plus de la qualité des comptines grammaticales !
C'est la patte de l'artiste !
Au fait, ce sont probablement des poésies en français […]
Aura-t-on droit à l'un de ces poèmes en exclusivité ?
Je comprends mieux les sujets techniques en anglais. Mais je préfère exprimer certaines choses, dont la poésie, en français. Voici les six poèmes.
La Jeune fille
La jeune fille mince a une sœur
Belle comme elle
Mais pour deux heures encore
Son lit restera froid
Elle a cousu quelque chose sous sa robe
La jeune fille mince va partir
Je sais que dans sa maison
La porte du jardin est restée ouverte
Ça n'a plus d'importance
Face au miroir de sa chambre
Elle vérifie
La position de sa ceinture à bombe
Petite chronique des Jours
Est-ce que je vous ai dit qu'au centre du grand salon, dans son appartement,
On voit une assiette dans laquelle un cygne pond un œuf tous les matins ?
Trois portes vitrées donnent sur un balcon et sur le tapis traîne un ballon.
Et puis, j'oubliais, elle a une sœur très jeune, belle le jour et la nuit, alternativement.
Est-ce que je vous ai dit que dans sa chambre les murs sont peints en rose,
Et qu'on ne voit qu'un lit étroit de nonne ?
Mais une porte dérobée donne sur un escalier qui mène sur le toit.
Et puis, j'oubliais, elle aime un marin, absent et présent, alternativement.
Souvenir
J'ai sur la peau la couleur de tes doigts
J'ai dans le cœur la chaleur de tes mots
J'ai sur les yeux le souvenir de tes pas
Et dans la tête la saveur de toi
Nuit
Prendre ta main prolonge le jour.
Mais quand nos paupières fermées recréent les étoiles,
Tu es ma seule nuit.
La Parenthèse
Je regardais le feu, tes yeux.
Je sentais une chose vague et dure comme le sable.
Tu me semblais intraitable,
Une épaule appuyée au marbre de la cheminée.
Puis nous avons ouvert une parenthèse.
À propos de la lumière… ou du passage des années.
Nonsense
Une petite fille fait une tache sur son livre,
Et sa mère la prive d'olives.
Sa petite sœur croit au bonheur,
Depuis qu'elle n'a plus peur des fleurs !
Bonjour Gilles,
Pour moi, le plus court est le plus beau.
Il est même très beau.
Merci.
Oui moi aussi je trouve Nuit très beau !
Merci ! Je dis que le poète n'a rien à dire sur son poème ; celui-ci doit tout dire. Alors, en quoi ce poème est-il beau, pour vous ?
Ce poème est court mais il évoque beaucoup de choses pour moi. De belles choses, tout simplement ! Et donc je le trouve très beau !
Le fait qu'il soit court le rend très ouvert, et ça c'est très bien ; chacun peut y trouver des tas de choses, des sensations, des sentiments, des expériences ... En tout cas moi j'ai trouvé !
Bref je devrais prendre exemple sur ce poème : je parle trop !
Encore bravo !
Le fait qu'il soit court le rend très ouvert, et ça c'est très bien ; chacun peut y trouver des tas de choses, des sensations, des sentiments, des expériences...
Comme dit Blake :
To see a world in a grain of sand
and a heaven in a wild flower,
hold infinity in the palm of your hand
and eternity in an hour.
Le français est plus analytique que l'anglais, mais je m'efforce d'atteindre la forme minimale dans mes poèmes, et parfois, je réussis ! En tout cas, je trouve agréable de parler poésie sur un forum consacré surtout à la grammaire et à la linguistique. Je dis cela parce que je prétends que la poésie est soumise à la grammaire au même titre que les autres genres littéraires.
Même si les sites de poésie sont légion sur la toile, ce serait bien s'il existait, à l'ombre de ces pages, un tout petit coin consacré aux amoureux de cette discipline...
Oh oui ! Dîtes oui s'il vous plaît !
Et j'oubliais... Je ne vais pas être originale en le disant, mais c'est aussi à Nuit que va ma préférence, Gilles.
Même si les sites de poésie sont légion sur la toile, ce serait bien s'il existait, à l'ombre de ces pages, un tout petit coin consacré aux amoureux de cette discipline...
Je vote « Oui » !
Je ne vais pas être originale en le disant, mais c'est aussi à Nuit que va ma préférence, Gilles.
La Jeune Fille est un poème politique, personne ne l'aime, c'est normal, il dérange. Les autres répondent à des circonstances particulières, je ne les ai pas créés spontanément… Et l'éditeur voulait la palette la plus étendue possible. Nuit est mon préféré, à moi aussi, et représente ma « voix » habituelle en poésie. Alors merci pour cette préférence.
Pearl a écrit:Même si les sites de poésie sont légion sur la toile, ce serait bien s'il existait, à l'ombre de ces pages, un tout petit coin consacré aux amoureux de cette discipline...
Je vote « Oui » !
J'ai créé un sujet à ce propos : http://www.languefrancaise.net/forum/vi … hp?id=1657
J'aime Souvenir Gilles !
Merci, Orientale ! Je suis très heureux, chaque poème touche l'un ou l'autre d'entre vous. Merci, tous.
... en quoi ce poème est-il beau, pour vous ?
Le fait qu'il soit court le rend très ouvert, et ça c'est très bien ; chacun peut y trouver des tas de choses, des sensations, des sentiments, des expériences ... En tout cas moi j'ai trouvé !
Je rejoins Bounigne: que ce soit en prose ou a fortiori en poésie , j'aimerais, j'aime, que le lecteur puisse s'investir dans le texte, puisse, à partir de l'écriture de l'autre, re-créer son propre univers. Comme dirait un personnage de dessin animé " Vers l'infini et au-delà ! "
C'est cette maïeutique qui est féconde et jubilatoire pour le lecteur, c'est de là que naît le plaisir.
Et encore merci à toi, Gilles, pour cette nouvelle corde à notre lyre
Et encore merci à toi, Gilles, pour cette nouvelle corde à notre lyre
Tu as bien raison d'écrire notre lyre, car une fois publié, le poème appartient à tous. Sauf les droits d'auteur, qui sont à moi seul. Mais c'est une autre question…
Mes félicitations et mes respects, Gilles.
Les poèmes qui m'ont plus le plus sont Petite chronique des Jours à cause de la duplicité que j'aime à tel point et Nuit en raison de son laconisme et ses objets.
Expliquer les oeuvres d'art, c'est-à-dire de les faire insensées, tu as raison.
Les poèmes qui m'ont plus le plus sont Petite chronique des Jours à cause de la duplicité que j'aime à tel point /…/
Merci ! Mais je ne comprends pas quel sens tu donnes au mot duplicité, dans ce contexte.
/…/ et Nuit en raison de son laconisme et ses objets.
Merci encore.
Expliquer les oeuvres d'art, c'est-à-dire de les faire insensées, tu as raison.
Tu veux dire que les expliquer, c'est leur donner un sens, ou que les expliquer n'ajoute rien à leur sens ? Personnellement, je n'ai rien à dire sur mes poèmes, ils contiennent tout ce que je voulais dire, mais je n'ai aucune objection à ce que quelqu'un les analyse. Il y trouvera sûrement beaucoup de choses que je ne pouvais pas voir, étant simplement l'auteur !
Pour que tu puisses comprendre le sens que j'ai donné au mot duplicité, je te présente ma copine. Figure-toi une personne que tu connais très bien, tu connais son parfum, ses gestes, une bien partie entre ses émotions et ses hésitations. Tu sais que celle à côté de toi n'est pas comme toutes les autres. Pourquoi ? Parce qu'elle cherche sa boîte d'allumettes d'abord dans sa pochette de la veste ? Non, ce ne serait pas ça du tout. La personne que je t'ai prié de t'imaginer a ses contradictions. Elle n'est pas comme toutes les autres puisque elle n'observe pas l'ambiance seulement d'un côté - elle connaît le monde et elle sait qu'il n'est pas noir et blanc. Elle sait que le monde et gris et elle hésite puisqu'elle le connaît - contrairement "toutes les autres" qui hésitent puisqu'elles ne le connaissent pas. Dans le gris on ne peut être dupe mais, en revanche, on est bien égaré. On est double. C'est là où naissent les hésitations et les surprises.
Les duplicités.
Rien n'est noir et blanc. On est à la fois tous les deux. C'est une richesse si tu veux.
D'ailleurs, c'est pourquoi je l'aime.
Ce que je veux dire n'est pas très loin de la philosophie de Camus : "On est ici est on est ailleurs." La duplicité.
Tu veux dire que les expliquer, c'est leur donner un sens, ou que les expliquer n'ajoute rien à leur sens ?
Je veux dire qu'il ne vaut pas la peine de les expliquer parce que de cette façon on ne peut qu'insulter leur auteur où au moins celui à qui on explique. La création est une manière supérieure de s'exprimer et donc de donner un sens. Il ne doit pas chercher plus loin.
Tant pis pour celui qui ne comprend pas.
Pour que tu puisses comprendre le sens que j'ai donné au mot duplicité […] Ce que je veux dire n'est pas très loin de la philosophie de Camus : "On est ici est on est ailleurs." La duplicité.
Ah. Je comprends. La femme de Petite Chronique des Jours est ainsi, oui.
Les poèmes qui m'ont plus le plus sont Petite chronique des Jours à cause de la duplicité que j'aime à tel point (...)
Bonjour Valéry,
Dans le langage courant, le terme de duplicité est compris plutôt dans un sens péjoratif (fait d'adopter un comportement double en vue de tromper).
Dans le sens où vous l'entendez, que vous avez par ailleurs très bien su expliquer, il est très rarement employé ; je parlerais plutôt de dualité dans ce cas.
Bonjour Pearl,
Je vous remercie pour la remarque - dualité est un très joli mot et certainement plus acceptable ici. Je vous l'avouerai, je ne me suis pas souvenu d'elle. Je ne faisais que continuer les idées de Camus qui avait utilisé duplicité.
En fait, le personnage de Petite Chronique des jours attend, tout simplement. Ce qui est une manière d'être ailleurs, oui.
Il y a beaucoup de oppositions :
un grand salon - un lit étroit
les portes vitrées - la porte dérobée
le jour - la nuit
et surtout
absent et présent
Il reste l'impression que toutes ces choses existent à la fois où au moins "alternativement". C'est joli. Imaginez-vous une nuit et un jour qui s'embrassent. En fait, c'est possible dans la brune mais peu de gens le voient.
Il reste l'impression que toutes ces choses existent à la fois où au moins "alternativement".
Je suis très heureux de tous vos commentaires. Ils prouvent que la poésie dit beaucoup en peu de mots. Pourquoi ? Peut-être parce que le cerveau est si complexe… Aucun individu ne peut tout voir, même pas celui qui a écrit.
Ils prouvent que la poésie dit beaucoup en peu de mots. Pourquoi ? Peut-être parce que le cerveau est si complexe…
C'est une très intéressante question. Je crois qu'il suffit de cacher la majorité pour que l'imagination du lecteur fasse le reste. Chaque chose peut évoquer mille est un souvenirs, n'est-ce pas ?
Chaque chose peut évoquer mille est un souvenirs, n'est-ce pas ?
Oui ! Comme la petite pâtisserie de Proust.
Oui… Nous pourrions créer un fil au sujet du rôle des aliments dans la littérature… Je ne sais pas s'ils en jouent un dans l'apprentissage des règles de grammaire, cependant. Sait-on jamais ?
Merci beaucoup, ces poèmes sont merveilleux. Merci surtout pour Nonsense.
Merci beaucoup, ces poèmes sont merveilleux.
Le compliment est exagéré… Mais je l'accepte de bon cœur.
Merci surtout pour Nonsense.
Merci de l'avoir lu. Ce qui est merveilleux, c'est la relation du lecteur avec le texte.
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