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forum abclf » Pratiques linguistiques » pilosébacé et sacrosain

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Messages [ 42 ]

1 Dernière modification par glop (16-02-2016 17:26:09)

Sujet : pilosébacé et sacrosain

L’actuelle réforme de l’orthographe porte, entre autre, sur les traits d’union de pilo-sébacé et de sacro-saint mais je n’ai aucune certitude concernant la prononciation de ces mots depuis qu’ils s’écrivent pilosébacé et sacrosaint.
Je déplore personnellement que ces traits d’union disparaissent car cela crée des exceptions quant à la prononciation du s placé entre deux voyelles et je pense que les gens qui apprennent le français n’ont pas besoin de ça ; ils auront d’ailleurs très rarement l’occasion d’économiser l’effort  que le tracé de ce trait d’union demande, c’est pourquoi la confiscation de ce dernier me semble notoirement improductive.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : pilosébacé et sacrosain

Arc-en-ciel et sacro-saint deviendront arsensiel et sacrozain, c'est  tout...
A noter que Rabelais écrivait sacrosainct.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : pilosébacé et sacrosain

Un autre élément qui milite pour garder le trait d'union, c'est le néologisme sacro-pacte, que j'utilisais sans savoir que d'autres m'avaient précédé, en ce qui me concerne pour traduire le berit avec pour sens pacte d'outre-tombe. D'un autre côté il est certain que sacro-saint / sarosaint est très utilisé.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : pilosébacé et sacrosain

P'tit prof a écrit:

Arc-en-ciel et sacro-saint deviendront arsensiel et sacrozain, c'est  tout...

Pourquoi donc ? Dit-on parazol, vraizemblable et tournezol ?

5 Dernière modification par glop (16-02-2016 19:55:04)

Re : pilosébacé et sacrosain

Abel Boyer a écrit:
P'tit prof a écrit:

Arc-en-ciel et sacro-saint deviendront arsensiel et sacrozain, c'est  tout...

Pourquoi donc ? Dit-on parazol, vraizemblable et tournezol ?

Si j’osais, je dirais que ce nouvel exemple est une preuve supplémentaire de manque de cohérence orthographique; pourquoi le trait d’union de faux-semblant subsiste-t-il alors que vraisemblable en est exempté ?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : pilosébacé et sacrosain

On dit bien [gaʒœr] pour gageure, et [pɔɛt] pour [pwat] : la graphie finit par influencer la prononciation.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : pilosébacé et sacrosain

Ce que je lis ci-dessus me conforte dans l'idée que ce type de réformette ne sert pas à grand chose puisqu'on passe d'une difficulté à une autre. Se rappeler qu'il ne faut qu'un "s" à "sacrosaint" sera aussi coûteux que penser au trait d'union entre "sacro" et "saint", par exemple.
Et puis la graphie n'influence pas toujours la prononciation : on dit toujours "vrai -ss-emblable" et pas "vrai-z-emblable" et se sera la même chose pour "sacrosaint" car la seconde partie du mot est nettement reconnaissable.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : pilosébacé et sacrosain

Ylou a écrit:

Ce que je lis ci-dessus me conforte dans l'idée que ce type de réformette ne sert pas à grand chose puisqu'on passe d'une difficulté à une autre. Se rappeler qu'il ne faut qu'un "s" à "sacrosaint" sera aussi coûteux que penser au trait d'union entre "sacro" et "saint", par exemple.

Parce que vous avez des difficultés à vous rappeler qu'il ne faut qu'un s à vraisemblable ?

Un vieux fil qui traite de ce cas,

http://www.languefrancaise.net/forum/vi … hp?id=6285

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

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Re : pilosébacé et sacrosain

Ai-je écrit cela?

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

10 Dernière modification par éponymie (17-02-2016 17:46:06)

Re : pilosébacé et sacrosain

Justement, pourquoi, vous, avec votre niveau de connaissance, rencontreriez-vous des difficultés à écrire sacrosaint avec un seul s ? Donc pas de difficulté supplémentaire pour vous, mais pas de difficulté supplémentaire non plus pour les autres puisque il y a de toute façon déjà des incohérences (voir le fil que j'ai signalé). On ne passe donc pas d'une difficulté à une autre. Mais peut-être raisonniez-vous au niveau des mots pris un à un, je vois plutôt cela à un niveau global. Ce qui me semble devoir être le point de vue à adopter dans le cadre d'une réforme.

Effectivement, on devrait d'abord concevoir une réforme de l'orthographe pour ceux pour qui cela représenterait un plus, donc une simplification (une orthographe plus intuitive tout simplement; cf. le P.S.); tout au moins c'est ce qu'imaginent bon nombre de ceux qui défendent bec et ongles une réforme. Mais ce n'était pas du tout, mais alors pas du tout l'esprit de la "réformette" de 1990 :

Ces rectifications ne prétendent pas à rendre l’orthographe simple et rationnelle : d’aucuns s’en affligeront, d’autres s’en réjouiront. On rappellera seulement que, si la logique doit régir la syntaxe, c’est beaucoup plus l’usage et les circonstances historiques ou sociales qui commandent au vocabulaire et à sa graphie.

http://www.academie-francaise.fr/sites/ … s_1990.pdf

Donc pour les mots composés, pour les verbes en -otter, sur d'autres points encore, elle est critiquable de ce point de vue. Et ceux qui ont "réformé" y avaient pensé :

l’Académie a estimé qu’on pouvait conserver le trait d’union en cas de contact entre deux voyelles (contre-attaque, ou contrattaque avec élision comme dans contrordre). De même elle a jugé utile le recours éventuel au trait d’union dans les mots formés de plus de deux composants, fréquents dans le vocabulaire scientifique. Par ailleurs, on rappelle que le s placé entre deux voyelles du fait de la composition se prononce sourd :

Mais, cf. le fil de 2009, nous avons dessaler et non pas désaler. Donc, de toute façon, nous avons des exceptions à la règle mais nous avons aussi des exceptions parmi les exceptions. Nous ne changeons pas grand-chose. Et puis, ceci dit, qui écrit régulièrement pilo-sébacé et sacro-saint ?

Les points qui me semblent aller dans le bon sens sont ceux portant sur l'accentuation et sur la généralisation du trait d'union dans les nombres.

Que diriez-vous dit si on proposait de généraliser le double s au lieu du s simple entre deux voyelles ? Je suis curieux de savoir. J'imagine que vous accuseriez la réforme d'aller trop loin alors qu'ici vous lui repprochez de ne rien faire. Autant dire tout de suite que vous ne voulez pas de réforme.

En ce qui me concerne, ce n'est pas que je n'en veux pas, c'est que je pense qu'elle est impossible à mettre en œuvre. Certains y ont englouti une énergie folle pendant des années en vain

P.S.: petit ajout. Une orthographe intuitive, c'est une orthographe qui permet d'écrire sans erreur les mots dont un scripteur ne connait pas ou peu la forme écrite. On peut donc imaginer deux graphies pour un mot, la traditionnelle et la "réformée", et voir laquelle l'emporte au bout d'un temps plus ou moins long. Clé ou clef ? On parie que c'est la première qui gagne ? Pour cuiller ou cuillère, j'ai beaucoup moins de certitudes.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

11 Dernière modification par éponymie (17-02-2016 17:29:08)

Re : pilosébacé et sacrosain

Je ne sais plus qui disait au cœur de tous ces stériles débats qu'il fallait libérer l'orthographe. Que chacun soit libre d'écrire comme il l'entend (dans tous les sens du terme). Il en a été longtemps ainsi, au moins jusqu'au XVIIIe.

Mais appliquer systématiquement (et non empiriquement) un principe aussi simple - fût-ce en le tempérant quelque peu pour préserver un socle commun minimum (le système verbal, les marques du pluriel, etc.) -  nécessiterait une telle révolution dans les esprits que ce n'est pas demain la veille qu'on le verra mis en œuvre.

Les vendeurs de cours de remise à niveau en orthographe ont encore de beaux jours devant eux. Parce que je doute aussi que l'on sache revenir au niveau d'enseignement/apprentissage de l'orthographe que l'on constatait encore il y a 30 ans à peine.

De quoi continuer à s'écharper pendant des années encore (ou régulièrement une fois tous les 10-15 ans).

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : pilosébacé et sacrosain

glop a écrit:

L’actuelle réforme de l’orthographe porte, entre autre, sur les traits d’union de pilo-sébacé et de sacro-saint mais je n’ai aucune certitude concernant la prononciation de ces mots depuis qu’ils s’écrivent pilosébacé et sacrosaint.
Je déplore personnellement que ces traits d’union disparaissent car cela crée des exceptions quant à la prononciation du s placé entre deux voyelles et je pense que les gens qui apprennent le français n’ont pas besoin de ça ; ils auront d’ailleurs très rarement l’occasion d’économiser l’effort  que le tracé de ce trait d’union demande, c’est pourquoi la confiscation de ce dernier me semble notoirement improductive.

Pilosébacé comme thermosiphon, sacrosaint comme unisexe (mais pas comme Toussaint, certes).

Une exception chasse l'autre.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

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Re : pilosébacé et sacrosain

Je ne sais pas si une réforme de l'orthographe serait ou non intéressante. Je suppose que oui. En réalité, ces "stériles débats" ne m'intéressent pas.
Ce qui m'intéresserait vraiment, c'est la mise au point d'une méthode à enseigner cette orthographe de façon à ce que chacun écrive, non pas forcément sans aucune erreur (terme que je préfère, et de loin à "faute" qui en dit long sur l'état d'esprit avec lequel on aborde cette matière; car parle-t-on de faute d'algèbre par exemple?) mais globalement correctement.
Or, il est encore bien trop de profs qui ne savent -je sens que je me répète- par quel bout prendre cet enseignement et qui se rabattent sur les dictées et les exercices censés former des automatismes, qui pensent que la lecture et la mémorisation peuvent faire des miracles.
C'est d'ailleurs pourquoi, à côté d'une vraie méthode pour l'orthographe, l'idée de réforme que vous avancez, éponymie, je la trouve très à mon goût : une orthographe intuitive. (Au passage, intuitivement, j'écrirais "cuillère" et non pas "cuiller" à cause du genre du mot.)

Vous évoquez du niveau d'orthographe d'il y a une trentaine d'années : oui mais la population enseignée n'était pas tout à fait la même, et tout particulièrement au collège/lycée. Il y avait une sacrée sélection à l'entrée en 6ème à cette époque. Pour moi, j'ai finalement affiné ma maîtrise de l'orthographe seule, comme tant d'autres, en dégageant plus ou moins consciemment d'abord les fonctionnements de la langue.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : pilosébacé et sacrosain

Ylou a écrit:

Vous évoquez du niveau d'orthographe d'il y a une trentaine d'années : oui mais la population enseignée n'était pas tout à fait la même, et tout particulièrement au collège/lycée. Il y avait une sacrée sélection à l'entrée en 6ème à cette époque.

Et, si j'ai bien compris, dire sélection, c'est dire un gros mot.

Et supprimer un accent circonflexe sur les i et les u, c'est une abomination.

Si la société persiste à exiger un niveau d'orthographe décent, et elle le fait, on n'est pas loin de la quadrature du cercle.

Ylou a écrit:

Pour moi, j'ai finalement affiné ma maîtrise de l'orthographe seule, comme tant d'autres, en dégageant plus ou moins consciemment d'abord les fonctionnements de la langue.

D'accord jusqu'à un certain point, penchez-vous sur les doubles consonnes (mon handicap majeur), vous n'arriverez jamais à toutes les justifier. C'est simplement une question d'habitude. L'exemple célèbre (touché par la réforme de 1990) étant imbécillité/futilité. Que dire aussi de apprendre/apercevoir ? Quel fonctionnement de la langue justifie la différence ? Aucun. C'est l'étymologie qui le fait. Nous sommes très, très loin d'une orthographe intuitive.

Tout dépend évidemment de ce que l'on entend par "fonctionnement de la langue". Pour moi, c'est d'abord et avant tout ce qui régit l'expression orale.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

15 Dernière modification par P'tit prof (18-02-2016 17:04:53)

Re : pilosébacé et sacrosain

Vous évoquez du niveau d'orthographe d'il y a une trentaine d'années : oui mais la population enseignée n'était pas tout à fait la même, et tout particulièrement au collège/lycée. Il y avait une sacrée sélection à l'entrée en 6ème à cette époque.

De 2016 j'ôte trente, disons quarante  cela nous fait 1996, en gros les années 1990.
En ces années 1990, il n'y avait plus aucune sélection à l'entrée en 6e : tout élève de CM2 y entrait si sa moyenne était satisfaisante.
Dans les années 70 les heureux élus étaient réparties en trois filières, correspondant à leur niveau : j'ai vu en filière III des élèves ne sachant ni lire ni écrire.
En 1989, les filières abolies depuis longtemps, j'ai hérité d'une 6e de vingt élèves totalement analphabètes. (J'ai réussi à en tirer quelques uns d'affaire en ne me souciant plus du programme officiel, travaillant en binôme avec leur professeur de maths.)
Tout ça pour dire que la sacrée sélection d'il y a trente ans, j'ai pas connu !

La sélection, c'était sous la Troisième république : sélection par l'argent. Les nobles lycées où les enfants de bourgeois préparaient le baccalauréat dès la dixième étaient payants,  les roturières écoles où les fils du peuple apprenaient le minimum indispensable étaient gratuites.
Par un système de bourses la bourgeoisie écrémait les meilleurs cerveaux du peuple et leur offrait le lycée, moyennant un double succès, au concours des bourses  et à l'examen d'entrée en sixième, examen auquel étaient également soumis les lycéens, sauf erreur.
Les choses ont évolué, elles évoluent encore : les lycées sont devenus gratuits en 1927, l'examen d'entrée en sixième a été aboli dans les années 50, les classes de petit lycée ont été supprimées à la rentrée 1957...

Bref, la sacrée sélection, c'est un mythe, la baisse niveau, c'est un mythe. Autrefois, dit Ravachol, le vieux chat de la Soupe aux choux, autrefois, les souris couraient moins vite...

J'ai déniché sur la question un excellent article du Café pédagogique, article paru en janvier...2007

http://www.cafepedagogique.net/lemensue … faute.aspx

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : pilosébacé et sacrosain

Rentrée scolaire 1994 dans un lycée du 19e arrondissement à Paris. Sept sixièmes en rang, avec présence des parents autorisée, dont on aurait juré des rangs d'entrée en classe de troisième.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : pilosébacé et sacrosain

?????????????????????????????????????????????????????????????????????????????

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

18 Dernière modification par yd (18-02-2016 18:53:30)

Re : pilosébacé et sacrosain

Car en plus, ils croient qu'il suffit de faire comme si ce n'était pas la réalité pour supprimer cette réalité. Ils n'ont jamais entendu parler de ça, ces profs qui ont tous, à 100 % et exclusivement à cette profession, cette particularité de ne jamais accepter de perdre un milligramme de face.

Mais deux ans après quand l'un des élèves quitte ce lycée pour entrer en quatrième dans un quartier aux bons établissements scolaires - ça aussi, ça n'existe pas, n'est-ce pas ? - à la première heure de cours le prof titulaire lui balance, hilare : ah, [nom du lycée d'où l'élève vient] !

Lui aussi vous jurera que la réalité dudit lycée n'existe pas, n'est-ce pas ?

Quiconque de bonne foi a un peu fréquenté des enseignants peut raconter le même genre de réalité qui à leurs yeux n'existe pas, profession reine de l'Hypocrisie.

P'tit prof, vous-même aviez dit sur ce forum que l'orthographe vous était venue en lisant beaucoup, donc, si j'avais bien compris, pas de l'école elle-même. Que dit d'autre Ylou ?

Fille légère ne peut bêcher.

19 Dernière modification par yd (18-02-2016 17:39:54)

Re : pilosébacé et sacrosain

Profession reine de l'hypocrisie, disais-je, et Royaume des minables, d'où ils tiennent leur règne.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : pilosébacé et sacrosain

Avez-vous lu l'article dont je vous ai donné le lien ?
Danièle Manesse est l'auteur avec André Chervel de la Dictée : ils ont retrouvé ds copies du Certificat datant de la fin du XIX e siécle, coopies archivées au Rectorat de Reims. Ils ont dicté le texte à des élèves de collège : les élèves du XXe siècle faisaient plus d'erreurs lexicales et moins d'erreurs de compréhension.


C"est une étude objective, sans aucun déni de réalité.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : pilosébacé et sacrosain

P'tit prof a écrit:

Vous évoquez du niveau d'orthographe d'il y a une trentaine d'années : oui mais la population enseignée n'était pas tout à fait la même, et tout particulièrement au collège/lycée. Il y avait une sacrée sélection à l'entrée en 6ème à cette époque.

De 2016 j'ôte trente, disons quarante  cela nous fait 1996, en gros les années 1990.
En ces années 1990, il n'y avait plus aucune sélection à l'entrée en 6e : tout élève de CM2 y entrait si sa moyenne était satisfaisante.
Dans les années 70 les heureux élus étaient réparties en trois filières, correspondant à leur niveau : j'ai vu en filière III des élèves ne sachant ni lire ni écrire.
En 1989, les filières abolies depuis longtemps, j'ai hérité d'une 6e de vingt élèves totalement analphabètes. (J'ai réussi à en tirer quelques uns d'affaire en ne me souciant plus du programme officiel, travaillant en binôme avec leur professeur de maths.)
Tout ça pour dire que la sacrée sélection d'il y a trente ans, j'ai pas connu !

La sélection, c'était sous la Troisième république : sélection par l'argent. Les nobles lycées où les enfants de bourgeois préparaient le baccalauréat dès la dixième étaient payants,  les roturières écoles où les fils du peuple apprenaient le minimum indispensable étaient gratuites.
Par un système de bourses la bourgeoisie écrémait les meilleurs cerveaux du peuple et leur offrait le lycée, moyennant un double succès, au concours des bourses  et à l'examen d'entrée en sixième, examen auquel étaient également soumis les lycéens, sauf erreur.
Les choses ont évolué, elles évoluent encore : les lycées sont devenus gratuits en 1927, l'examen d'entrée en sixième a été aboli dans les années 50, les classes de petit lycée ont été supprimées à la rentrée 1957...

Bref, la sacrée sélection, c'est un mythe, la baisse niveau, c'est un mythe. Autrefois, dit Ravachol, le vieux chat de la Soupe aux choux, autrefois, les souris couraient moins vite...

J'ai déniché sur la question un excellent article du Café pédagogique, article paru en janvier...2007

http://www.cafepedagogique.net/lemensue … faute.aspx

Bon sang! Je n'avais pas du tout pris conscience que 30 ans pour moi c'était hier! Vous avez raison : je parlais de temps antédiluviens! Quelle étourdie!
Pour répondre à Éponymie : pourquoi m'attribuer des pensées qui ne sont pas les miennes? Eh non, "sélection" n'est pas un gros mot pour moi. C'était une constatation, du reste complètement fausse puisqu'elle s'applique en fait il y a 50 ans et pas 30! sad
J'ai bien l'impression que je ne me fais pas bien comprendre parce que je n'ai pas dit non plus que l'orthographe était intuitive...
Allez, j'essaye encore : si les erreurs d'orthographe ne portaient que sur les mots évoqués ou de difficulté équivalente, on pourrait se frotter les mains de contentement.
Et puis je me tais et je m'efface parce que je ne dois pas être très en forme : manifestement je m'exprime mal et me fais mal comprendre.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : pilosébacé et sacrosain

Ylou a écrit:

'ai bien l'impression que je ne me fais pas bien comprendre parce que je n'ai pas dit non plus que l'orthographe était intuitive...

C'est moi qui ai parlé d'orthographe intuitive mais c'est vous qui avez parlé d'un enseignement de l'orthographe basé sur le "fonctionnement de la langue". Et c'est là-dessus que je vous reprenais avec un exemple concret (parmi d'autres), les doubles consonnes. Mon "on est loin de l'orthographe intuitive" ne regarde effectivement que moi.

Et je n'ai pas ma réponse sur ce qu'est le fonctionnement de la langue selon vous. C'était ça le fond du problème.

Eh non, "sélection" n'est pas un gros mot pour moi.

Pour moi non plus. Pas plus que supprimer des accents circonflexe sur les i et les u n'est une abomination pour moi. Donc, je trouve la situation actuelle absurde, on se révolte contre la suppression de l'accent circonflexe mais on ne se donne pas les moyens que cet accent soit correctement placé par le plus grand nombre (bien entendu, l'accent circonflexe est ici le représentant de tout ce qui peut poser difficulté en écrivant).

Je n'ai pas écrit que je vous incluais parmi ceux qui ont cette attitude paradoxale (z'êtes parano ?). Et puis sélection ou pas, il fut un temps pas si lointain ou l'orthographe avait encore son importance dans l'évaluation de la réussite scolaire; ça ressemble un peu à une sélection malgré tout.

Parce qu'il y a un blème de toute façon, je veux bien que l'on fasse toutes les remises en perspectives que l'on veut, que l'on constate une libération de l'orthographe - ou un registre de l'orthographe selon les contextes - il n'en reste pas moins qu'à qualification et travail égal, les générations arrivées sur le marché du travail à la fin des années 90 écrivent moins bien qu'avant. Et que ma grand-mère couturière écrivait bien.

Et je te dis que tu as dit que j'ai dit alors que je n'ai pas dit mais que c'est toi qui as dit...

Et puis cette manière que vous avez de dire que c'est peut-être votre faute mais que, quand même, qu'est-ce qu'ils sont bêêêêêtes certains de vos interlocuteurs. J'en ai déjà touché un mot une fois et je ne suis pas le seul à vous l'avoir dit. Mais, c'est pas grave, je vous pardonne, z'en faites pas.

Stop. La balle à glop. Sauf si j'ai ma réponse sur le fonctionnement de la langue, parce que je veux savoir si quelque chose m'a échappé.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : pilosébacé et sacrosain

P'tit prof a écrit:

De 2016 j'ôte trente, disons quarante  cela nous fait 1996, en gros les années 1990.

Très intéressant ce fil de discussion... smile
En revanche, j'ai un doute sur votre calcul P'tit prof... et bizarrement personne ne vous a repris... retirons 30 ans à 2016 ça fait 1986 (c'est pas pareil)... Retirons 40 et on arrive à 76...

Pour en revenir à cette histoire de double "s"... moi ce qui me gêne dans ce fil de discussion c'est qu'on a cherché les deux mots qui poseraient problème avec la réforme de l'emploi des traits d'union dans les mots composés... les deux mots qui, éponymie l'a déjà remarqué, ne doivent pas être souvent utilisés à l'écrit... Et s'insurger contre ces incohérences alors que cette "règle" des mots composés où un "s" = /s/ et non pas /z/ est très connue avec beaucoup de mots très connus (déjà cités), je trouve ça un peu ridicule...
Puisque je suis entré ici pour "corriger" la petite erreur de calcul de P'tit prof, je vais en profiter pour donner mon point de vue: je crois l'avoir déjà écrit quelque part, mais pour moi, l'orthographe doit être intuitive certes, je suis d'accord avec éponymie, mais je pense qu'elle ne pourra pas être intuitive si elle n'est pas cohérente. Je me trompe peut-être, concernant la didactique de l'écrit je ne pense pas être le mieux indiqué pour trouver des solutions... mais mon point de vue (qui n'en est qu'un parmi des milliers d'autres) est qu'on devrait limiter le nombre de graphies correspondant aux phonèmes.
Pour le fonème sourd /s/ on a (ajoutez des graphies si j'en oublie):
- s: "s" après consonne, "s" avant consonne "s" en position finale et parfois "s" intervocalique.
- ss: en position intervocalique et parfois en position finale.
- sc
- c (devant e, i, y)
- ç (devant a, o, u)
- t (tia, tie, tion)
- x dans certains nombres
- z dans certains mots comme "quartz" "aztèque" (avec deux prononciations possibles), "tzigane" (avec deux prononciations possibles et également l'orthographe avec "s").

Bref, ça fait beaucoup... je comprends bien que ces graphies reflètent l'étymologie et je sais combien tous les "anti"-réforme sont attachés à l'étymologie... mais on pourrait simplifier tout ça.

Déjà, en position intervocalique, pas de "s" simple mais toujours "ss". Idem pour le "sc" remplacé par "ss"
Le "t" remplacé par "c": inicial, tradicion, posicion, suprémacie, etc.
Et on garde (à la rigueur) les autres particularités smile

Voilà, je retourne à mes affaires.

24 Dernière modification par glop (19-02-2016 00:22:38)

Re : pilosébacé et sacrosain

Ce que vous proposez est probablement digne d’intérêt mais ne venez pas me dire que je focalise sur l’ablation du sacro-saint trait d’union de sacro-saint alors que précisément je dénonce l’inconséquence de cette lexico-splénectomie.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

25 Dernière modification par P'tit prof (19-02-2016 00:38:13)

Re : pilosébacé et sacrosain

Pour le sé, je propose tout bêtement de n'utiliser que la lettre s, exclusivement.
Pour le zé, la lettre z.
La lettre c notera exclusivement le, la lettre t le : un son, un signe.

Pour la suppression du trait d'union, c'est-à-dire l'agglutination, j'ai une objection non pas de scripteur, mais de lecteur. Les mots trop longs, qui dépassent l'empan visuel sont plus difficiles à lire. Mieux vaut aérer par des espaces ou des tirets.

P.S. Merci pour la rectification.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : pilosébacé et sacrosain

éponymie a écrit:

Je n'ai pas écrit que je vous incluais parmi ceux qui ont cette attitude paradoxale (z'êtes parano ?). Et puis sélection ou pas, il fut un temps pas si lointain ou l'orthographe avait encore son importance dans l'évaluation de la réussite scolaire; ça ressemble un peu à une sélection malgré tout.

Et je te dis que tu as dit que j'ai dit alors que je n'ai pas dit mais que c'est toi qui as dit...

Et puis cette manière que vous avez de dire que c'est peut-être votre faute mais que, quand même, qu'est-ce qu'ils sont bêêêêêtes certains de vos interlocuteurs. J'en ai déjà touché un mot une fois et je ne suis pas le seul à vous l'avoir dit. Mais, c'est pas grave, je vous pardonne, z'en faites pas.

Stop. La balle à glop. Sauf si j'ai ma réponse sur le fonctionnement de la langue, parce que je veux savoir si quelque chose m'a échappé.

J'ai employé l'expression bien vague de "fonctionnement de langue" pour éviter un développement.
Permettez-moi alors d'évoquer mon expérience de prof enseignant l'orthographe.
Je leur donnais un texte court sous la dictée. Puis, nous travaillions ensemble. Comprendre le sens, reconnaître la nature des mots, repérer les relations des mots entre eux, comprendre la différence de sens qui existe entre un verbe conjugué et un verbe à l'infinitif,par exemple,  faire le point des différentes formes verbales pouvant exister, apprendre à les repérer... et concernant l'orthographe lexicale, observer les mots, faire des rapprochements, reconnaître les radicaux,etc...
L'objectif était de travailler sur ce que le texte nous donnait, mais dans le concret, en acquérant une méthode, et avec l'ambition modeste d'éliminer le plus d'erreurs possible.
J'ai toujours eu conscience que je tricotais avec l'enseignement de l'orthographe parce que je ne parvenais pas à avoir un plan précis d'acquisition des connaissances et parce que m'arrivaient des élèves de niveaux extrêmement différents en la matière.

Voilà : j'ai vu tellement de jeunes désemparés devant l'orthographe, tellement d'enfants qui développent à son propos un sentiment d'insuffisance, voire de culpabilité (oui et certains, finissent par penser qu'on reçoit dans son berceau le don de l'orthographe et baissent définitivement les bras), que ces débats autour d'un accent circonflexe ou d'un trait d'union me paraissent oiseux.

Pour mon attitude, qui vous parait déplaisante (non non! si hier soir j'étais fatiguée et donc peut-être un peu parano, ce matin, je vais très bien...) je suis désolée, un peu vexée et j'essaierai de ne plus donner cette impression.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

27 Dernière modification par glop (19-02-2016 13:12:04)

Re : pilosébacé et sacrosain

éponymie a écrit:
glop a écrit:

L’actuelle réforme de l’orthographe porte, entre autre, sur les traits d’union de pilo-sébacé et de sacro-saint mais je n’ai aucune certitude concernant la prononciation de ces mots depuis qu’ils s’écrivent pilosébacé et sacrosaint.
Je déplore personnellement que ces traits d’union disparaissent car cela crée des exceptions quant à la prononciation du s placé entre deux voyelles et je pense que les gens qui apprennent le français n’ont pas besoin de ça ; ils auront d’ailleurs très rarement l’occasion d’économiser l’effort  que le tracé de ce trait d’union demande, c’est pourquoi la confiscation de ce dernier me semble notoirement improductive.

Pilosébacé comme thermosiphon, sacrosaint comme unisexe (mais pas comme Toussaint, certes).

Une exception chasse l'autre.

Sauf si l'on se donne la peine d'ajouter des traits d'union là où il en manque.
Pourquoi une réforme devrait-elle être faite uniquement de suppressions?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

28 Dernière modification par éponymie (19-02-2016 21:49:39)

Re : pilosébacé et sacrosain

glop a écrit:

Sauf si l'on se donne la peine d'ajouter des traits d'union là où il en manque.
Pourquoi une réforme devrait-elle être faite uniquement de suppressions?

Ouille, ouille, ouille. Essayez un peu pour voir : relisez le texte de 1990, on y explique clairement que la tradition est de ne pas mettre de trait d'union avec les préfixes savants.

Vous voulez écrire homo-sexuel et hétéro-sexuel (tout en maintenant par ailleurs philosophe) ? Para-sol mais parapluie ?

Nano-seconde au lieu de nanoseconde ? Dé-sensibiliser ? A-social mais apatride ?

Ou alors vous voulez rétablir le trait d'union partout ? Bon courage.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

29 Dernière modification par glop (20-02-2016 12:46:56)

Re : pilosébacé et sacrosain

Disons que ces transformations pourraient être envisagées dans le cadre d’une réforme digne de ce nom où il ne serait plus question de bricoler tous les dix ans l’orthographe d’un ou deux mots.
Par contre je réalise que j’ai été mal inspiré de mettre sacro-saint et pilo-sébacé dans le même sac car les mots dits savant sont relativement hors-sujet.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

30 Dernière modification par glop (21-02-2016 11:05:30)

Re : pilosébacé et sacrosain

Je pense que le trait d’union est particulièrement utile pour que le lecteur ne soit pas pris au dépourvu lorsqu’un mot composé comprend un verbe, surtout  si ce dernier est conjugué.

Je me suis amusé à regrouper quelques exemples :

Tape-à-l’œil
Pince-sans-rire
Boute-en-train
Trompe-la-mort
Cessez-le-feu
Sot-l’y-laisse
Vol-au-vent
Bien-être
Laissez-passer
Va-nu-pieds
Faire-valoir
Reviens-y
Rendez-vous
Décrochez-moi-ça
prêt-à-porter
Baise-en-ville
Tire-au-flanc
Pousse-au-crime
Suivez-moi-jeune-homme
Croque-au-sel
M’as-tu-vu
Savoir-faire
tourne-à-gauche
Pêle-mêle
Qu’en-dira-t-on
Pis-aller
Touche-à-tout
Porte-à-faux

Sans oublier les tire-bouchons, les étouffe-chrétiens, les rabat-joie et autres porte-avions.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

31

Re : pilosébacé et sacrosain

Ôte-agrafes
Porte-clé
Remue-ménage...
Mais quid de portemanteau ?

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

32

Re : pilosébacé et sacrosain

Alco a écrit:

Ôte-agrafes
Porte-clé
Remue-ménage...
Mais quid de portemanteau ?

C'est de l'anglais smile

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : pilosébacé et sacrosain

et le passeport ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

34 Dernière modification par éponymie (20-02-2016 19:19:06)

Re : pilosébacé et sacrosain

glop a écrit:

Je pense que le trait d’union est particulièrement utile pour que le lecteur ne soit pas pris au dépourvu lorsqu’un mot composé comprend un verbe, surtout  si ce dernier est conjugué.

Oui bon, 1990 ne touche pas aux mots de votre liste. Et pour portemanteau, ils ont la réponse et ont proposé de réformer porte-clé. Ils constatent un usage et proposent de le régulariser.

Réforme de 1990 :

on écrit soudés les noms de la liste suivante, composés sur la base d'un élément verbal généralement suivi d’une forme nominale ou de « tout ».

Les mots de cette liste, ainsi que ceux de la liste B ci-après (éléments nominaux et divers), sont en général des mots anciens dont les composants ne correspondent plus au lexique ou à la syntaxe actuels (chaussetrappe) ; y figurent aussi des radicaux onomatopéiques ou de formation expressive (piquenique, passepasse), des mots comportant des dérivés (tirebouchonner), certains mots dont le pluriel était difficile (un brisetout, dont le pluriel devient des brisetouts, comme un faitout, des faitouts, déjà usité), et quelques composés sur porte-, dont la série compte plusieurs soudures déjà en usage (portefaix, portefeuille, etc.). Il était exclu de modifier d’un coup plusieurs milliers de mots composés, l’usage pourra le faire progressivement. (Voir Analyse 1 ; Recommandations 1, 2.)

LISTE A

arrachepied (d’).
boutentrain.
brisetout.
chaussetrappe.
clochepied (à).
coupecoupe.
couvrepied.
crochepied.
croquemadame.
croquemitaine.
croquemonsieur.
croquemort.
croquenote.
faitout.
fourretout.
mangetout.
mêletout.
passepartout.
passepasse.
piquenique.
porteclé.
portecrayon.
portemine.
portemonnaie.
portevoix.
poucepied.
poussepousse.
risquetout.
tapecul.
tirebouchon.
tirebouchonner.
tirefond.
tournedos.
vanupied.

LISTE B

arcboutant.
autostop.
autostoppeur, euse.
bassecontre.
bassecontriste.
bassecour.
bassecourier.
basselisse.
basselissier.
bassetaille.
branlebas.
chauvesouris
chèvrepied.
cinéroman.
hautecontre.
hautelisse.
hautparleur.
jeanfoutre.
lieudit.
millefeuille.
millepatte.
millepertuis.
platebande.
potpourri.
prudhomme.
quotepart.
sagefemme.
saufconduit.
téléfilm.
terreplein.
vélopousse.
véloski.
vélotaxi.

Qu'écrivent-ils plus haut lorsqu'ils font le constat de l'usage ?

Dans une suite de mots devenue mot composé, le trait d’union apparaît d’ordinaire :

  • a) lorsque cette suite change de nature grammaticale (exemple : il intervient à propos, il a de l’à-propos). Il s’agit le plus souvent de noms (un ouvre-boîte, un va-et-vient, le non-dit, le tout-à-l’égout, un après-midi, un chez-soi, un sans-gêne). Ces noms peuvent représenter une phrase (exemples : un laissez-passer, un sauve-qui-peut, le qu’en-dira-t-on). Il peut s’agir aussi d’adjectifs (exemple : un décor tape-à-l’œil) ;

  • b) lorsque le sens (et parfois le genre ou le nombre) du composé est distinct de celui de la suite de mots dont il est formé (exemple : un rouge-gorge qui désigne un oiseau). Il s’agit le plus souvent de noms (un saut-de-lit, un coq-à-l’âne, un pousse-café, un à-coup) dont certains sont des calques de mots empruntés (un gratte-ciel, un franc-maçon) ;

  • c) lorsque l’un des éléments a vieilli et n’est plus compris (exemples : un rez-de-chaussée, un croc-en-jambe, à vau-l’eau). L’agglutination ou soudure implique d’ordinaire que l’on n’analyse plus les éléments qui constituent le composé dans des mots de formation ancienne (exemples : vinaigre, pissenlit, chienlit, portefeuille, passeport, marchepied, hautbois, plafond), etc. ;

  • d) lorsque le composé ne respecte pas les règles ordinaires de la morphologie et de la syntaxe, dans des
    archaïsmes (la grand-rue, un nouveau-né, nu-tête) ou dans des calques d’autres langues (surprise-partie, sud-américain).

Mais il faut tout lire pour comprendre le problème d'une part, pour constater d'autre part que les contempteurs de la réforme ne se sont pas donné la peine de l'examiner.

P.S.: je rappelle que le texte de la réforme est accessible au message 10.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : pilosébacé et sacrosain

Ylou a écrit:

[J'ai employé l'expression bien vague de "fonctionnement de langue" pour éviter un développement.

[ ... ] Comprendre le sens, reconnaître la nature des mots, repérer les relations des mots entre eux, comprendre la différence de sens qui existe entre un verbe conjugué et un verbe à l'infinitif,par exemple,  faire le point des différentes formes verbales pouvant exister, apprendre à les repérer... et concernant l'orthographe lexicale, observer les mots, faire des rapprochements, reconnaître les radicaux,etc...

Il y a certainement quelques exceptions mais on peut reconnaitre que le "fonctionnement de la langue" se traduit dans l'orthographe grammaticale. Les marques du pluriel et les marques personnelles des verbes (une marque n'est pas prononcée) aussi puisqu'elles transcrivent encore de temps à autre la production de liaisons et qu'elles sont en phase avec certaines prononciations de la Francophonie.

C'est au niveau de l'orthographe lexicale - 1990 ne s'occupe que de ça - que le bât blesse, les familles de mots aident effectivement à s'y retrouver (avec les alternances vocaliques), mais d'une famille à l'autre les incohérences sont légions et il n'y a pas non plus systématiquement des familles irréprochables de ce point de vue de la cohérence. C'est bien là que l'on peine à discerner un fonctionnement de la langue.

Ylou a écrit:

Voilà : j'ai vu tellement de jeunes désemparés devant l'orthographe, tellement d'enfants qui développent à son propos un sentiment d'insuffisance, voire de culpabilité (oui et certains, finissent par penser qu'on reçoit dans son berceau le don de l'orthographe et baissent définitivement les bras), que ces débats autour d'un accent circonflexe ou d'un trait d'union me paraissent oiseux.

Certes, je comprends votre façon de penser : la catastrophe ne se limite pas à l'usage de quelques signes diacritiques. Mais d'une part, vous avez l'air d'écrire que tenter de bien enseigner l'orthographe, cela relève du bricolage (du tricotage) et, d'autre part, vous ne semblez pas vouloir en tirer de conclusions pour que l'on songe - ne serait-ce qu'en Utopie - à avoir soit un système orthographique pratique, soit une école qui se donne les moyens d'arriver à un bon niveau en orthographe pour une grande majorité (évidemment, c'est plus difficile que de faire arriver 80% d'une classe d'âge au bac : dévaloriser un diplôme, on fait ça les doigts dans le nez, faire assimiler par tous un système complexe que l'on ne veut pas réformer, c'est une autre paire de manches).

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : pilosébacé et sacrosain

Au fait,pilosébacé et sacrosaint, sont des exemples de mots touchés par l'application des recommandations de 1990 aux lexicographes et créateurs de néologismes. Il s'agit de généraliser la soudure à

  • Des noms composés d’origine latine ou étrangère, bien implantés dans l’usage, employés sans valeur de citation

  • Les nombreux composés sur éléments « savants » (en particulier en o).

C'est à la page 17 et, bien évidemment, ces recommandations se font pour généraliser un usage constaté.

Sachant en plus que dans ces cas-là, l'usage peut varier aussi d'un dico à l'autre, qu'il ne s'agit que de recommandations génériques, le seul intérêt de ce fil, c'était de nous faire réviser la réforme (j'avoue que je ne me rappelais que des points qui m'intéressaient et que je n'avais plus lu ce texte depuis au moins 4 ans).

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

37

Re : pilosébacé et sacrosain

Un type de cas qui ne me semble pas avoir été envisagé, c'est celui de la porte-fenêtre : si on peut hésiter, ce serait avec la porte fenêtre plutôt qu'avec la portefenêtre, qui me paraîtrait changer le sens voir générer un non-sens : ni rien ni personne ne porte des fenêtres.

Fille légère ne peut bêcher.

38 Dernière modification par glop (21-02-2016 11:02:54)

Re : pilosébacé et sacrosain

En ce qui concerne les mots reliés entre eux par une préposition pour former un mot composé, je persiste à plaider pour l’ajout de quelques traits d’union.

Il existe actuellement deux catégories:

Bric-à-brac / boite aux lettres
Coq-à-l’âne / corps à corps
Face-à-main / fer à cheval
Prêt-à-porter/ prise à partie
Tape-à-l’œil / terre à terre
Vis-à-vis / vague à l’âme

Serais-je un jusqu'au-boutiste ?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

39

Re : pilosébacé et sacrosain

éponymie a écrit:
Ylou a écrit:

Voilà : j'ai vu tellement de jeunes désemparés devant l'orthographe, tellement d'enfants qui développent à son propos un sentiment d'insuffisance, voire de culpabilité (oui et certains, finissent par penser qu'on reçoit dans son berceau le don de l'orthographe et baissent définitivement les bras), que ces débats autour d'un accent circonflexe ou d'un trait d'union me paraissent oiseux.

Certes, je comprends votre façon de penser : la catastrophe ne se limite pas à l'usage de quelques signes diacritiques. Mais d'une part, vous avez l'air d'écrire que tenter de bien enseigner l'orthographe, cela relève du bricolage (du tricotage) et, d'autre part, vous ne semblez pas vouloir en tirer de conclusions pour que l'on songe - ne serait-ce qu'en Utopie - à avoir soit un système orthographique pratique, soit une école qui se donne les moyens d'arriver à un bon niveau en orthographe pour une grande majorité (évidemment, c'est plus difficile que de faire arriver 80% d'une classe d'âge au bac : dévaloriser un diplôme, on fait ça les doigts dans le nez, faire assimiler par tous un système complexe que l'on ne veut pas réformer, c'est une autre paire de manches).

Je ne sais pas ce que j'ai l'air de dire. Mais ce que je veux dire c'est qu'on attend encore une formation  des enseignants, fondée sur des recherches pédagogiques sérieuses, pour les guider à conduire les élèves à une maîtrise suffisante de l'orthographe. Je dis aussi que c'est bien dommage parce que de plus, cette matière offre de belles possibilités de concentration, réflexion, exploration ...
Que parallèlement il y ait un système orthographique pratique, ce serait la cerise sur le gâteau, effectivement.
Pour ce qui concerne les 80% de réussite au bac, c'est une belle plaisanterie puisqu'on repêche autant d'élèves qu'il faut lors des commissions, pour atteindre ces 80% !......

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : pilosébacé et sacrosain

Confirmation donc : plus facile de porter 80% d'une génération au bac que de bien lui enseigner l'orthographe.

Il faudrait tweeter ça, ça doit pas faire plus de 140 caractères et c'est percutant :

Pas plus votre bac que votre orthographe ne valent un clou.

Et en plus, vous semblez accepter d'éventuellement vous laisser contaminer par la réformite : belle occasion de concentration, réflexion, exploration si on n'en abuse pas.

Je vous souffle une idée : je crois que c'est Martinet - je n'en suis pas certain et je ne sais plus ou rechercher l'info - qui utilisait une orthographe simplifiée pour mieux pouvoir enseigner l'orthographe traditionnelle. Faire simple pour pouvoir compliquer ensuite, suffisait d'y penser. Quelqu'un en sait plus que moi sur cette méthode ?

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41 Dernière modification par éponymie (22-02-2016 22:09:11)

Re : pilosébacé et sacrosain

C'est l'alfonic, bon sang mais c'est bien sur :

Conçu par André Martinet dans les années 1970, alfonic propose une notation dans laquelle une lettre est attribuée à chaque son. La plupart des lettres ont en alfonic la valeur qu’elles ont d'ordinaire et de ce fait bien des mots s’écrivent de la même façon en orthographe et en alfonic. L’alfonic a été mis au point pour le français, pour offrir à de jeunes apprenants, inhibés par la crainte de faire des fautes, un outil leur donnant le moyen de surmonter cette crainte et de laisser libre cours à leur expression.

En un mot, c=k, h=ch, w=ou et x=eu ; les voyelles nasalisées sont surmontées d’un tréma : äardi=enhardi. Par la suite x=eu a été remplacé par œ=eu, et l’on a aussi utilisé le tilde : äardi=enhardi remplacé par ãardi=enhardi

Mais l'article de wikipedia n'en dit pas assez alors voilà : http://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_ … 083_0000_2

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : pilosébacé et sacrosain

glop a écrit:

Serais-je un jusqu'au-boutiste ?

Regardez ce qu'il y a écrit dans le texte de 1990 :

Dans ces emplois, la composition avec trait d’union est en concurrence, d’une part, avec la composition par soudure ou agglutination (exemples : portemanteau, betterave), d’autre part, avec le figement d’expressions dont les termes sont autonomes dans la graphie (exemples : pomme de terre, compte rendu).

J'écris compte-rendu allant ainsi dans votre sens, mais je ne pense pas que j'écrirai jamais pomme-de-terre et encore moins fer-à-repasser. Et vous, oserez-vous aller jusqu'au bout de votre jusqu'au-boutisme (jusqu'auboutisme) ?

yd a écrit:

Un type de cas qui ne me semble pas avoir été envisagé, c'est celui de la porte-fenêtre : si on peut hésiter, ce serait avec la porte fenêtre plutôt qu'avec la portefenêtre, qui me paraîtrait changer le sens voir générer un non-sens : ni rien ni personne ne porte des fenêtres.

C'est vrai que si on cherchait à généraliser une logique (une régularisation donc) la porte fenêtre devrait subir le traitement du voyageur représentant placier (cumul de fonctions), sans trait d'union. Mais comme nous avons aussi le président-directeur  général...

Nous en revenons à la conclusion  habituelle : pour ce genre de broutilles, écrivons comme nous le voulons et on verra bien ce que consacrera l'usage (et s'il y a vraiment un usage consacré sur ce point).

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

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