Sujet : de la réforme de l'orthographe
Bonjour,
je suis nouveau sur ce forum et j'ai décidé de m'inscrire en voyant combien la participation peut être élevée sur un sujet qui m'intéresse : je suis partisan d'une réforme assez radicale de l'orthographe mais ne crois pas à une orthographe phonétique pour le français ni à un système qui s'appuierait sur une prononciation idéalisée prôné par certains.
J'ai déjà lu un sujet très intéressant - et que je n'arrive pas à retrouver - où vous avez parlé d'accord du participe passé (d'accord pour une simplification, surtout pour les verbes pronominaux), de tréma (vive la réforme de 1990 ! Mais pourquoi ne pas le supprimer sur le e ?). Il y en a probablement d'autres mais je ne les ai pas encore lus.
Je voudrais savoir ce que vous pensez d'un texte de ce genre où j'esquisse les principes à la base d'une éventuelle réforme (il faudrait commencer par là, non ?)
Merci d'avance de vos remarques, critiques, suggestions.
Il existe une réforme en cours, celle de 1990, et celles que l'on pourrait encore opérer.
Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet. Un enseignant FLE passe du temps à donner des règles pour ensuite parler des exceptions et si, pour ne pas faire vaciller immédiatement des certitudes fraichement acquises, les exceptions ne sont pas données immédiatement, il faut bien calculer le délai de "révélation" : les étudiants tombent en général assez rapidement sur le mot qui tue, le langage courant est plein d'exceptions (quelle que soit la règle).
Le thème très intéressant suscite des discussions passionnées. Il a ses intégristes et ses révolutionnaires (qui de temps en temps me donnent l'impression de jeter le bébé avec l'eau du bain). Il faudrait que le simple bon sens se fasse mieux entendre.
J'enseigne suivant la norme (réforme de 1990 comprise) mais j'espère que je vais avoir le temps d'ici peu de faire entendre moi aussi ma petite musique. La dernière réforme reste bien trop timide et les complications - voire les absurdités - abondent encore.
Pour donner un exemple sacrilège, écrire la conjugaison de parler ainsi
je parle
tu parle
il parle
nous parlons
vous parlez
ils parle
ne me dérangerait pas du tout. Notre grammaire - ici la conjugaison - a une logique, pourquoi devrait-on la laisser compliquer par l'orthographe ?
Et tout comme nous écrivons de quoi parle-t-il ? pourquoi ne pas écrire de quoi parle-t-ils ?
Et si parles-en ! devient parle-z-en ! (ou parle-s-en !), la belle affaire ! Parle ! restera parle !
Par contre, les lettres muettes finales, les nasales (sauf absurdité, inutilité ou illogisme patents), les conventions de lecture du s, du c du g (sauf des bizarreries comme accueil ou orgueil) ne me dérangent pas. Encore une fois, ce sont des conventions : ce n'est pas ça qui dérange l'apprenant. Par contre, que la première syllabe de chose et chou ne se prononce pas comme celle de chorale et chœur est un problème. On peut toujours justifier en parlant des mots d'origine grecque (mais attention là aussi aux exceptions !) mais bon ... : notre apprenant a parfaitement le droit de se contreficher complètement du grec. Et personnellement ça me gênerait beaucoup d'assener que "c'est comme ça et c'est ce qui fait la beauté et l'intérêt du français" ou autre maxime du même tonneau.
Je tiens également à préciser que je ne crois pas à la réforme de l'orthographe comme panacée aux problèmes de lecture et d'écriture des enfants à la sortie du primaire (et après) quoique j'imagine qu'elle faciliterait la tâche aux enseignants. Les petits Italiens qui ont une orthographe quasi phonétique, donc très simple, rencontrent les mêmes difficultés que les Français. Le problème est probablement ailleurs et une réforme de l'orthographe ne le résoudrait que très partiellement.
Par contre, réformer rendrait notre langue plus abordable et permettrait d'en finir avec l'absurdité de gens qui, quel que soit leur niveau de culture, doutent toujours et se plongent dans les dictionnaires.
Et réformons aussi parce qu'il est insensé, d'une part de réprouver tout intégrisme de type religieux - alors que c'est probablement un des aspects les plus intimes de la vie d'une personne - et d'autre part de rester aussi obstinément attachés à quelque chose d'aussi trivial qu'un ensemble de conventions d'écriture. La comparaison sera osée, mais la contradiction est bien réelle.
Réformer pour s'adapter, évoluer et ne jamais se fortifier ni se conforter dans des positions qui n'ont pas de raisons d'être et créent des "élites" et des discriminations artificielles, établir des normes quand elles sont nécessaires et laisser toute la latitude possible quand il n'y a pas d'enjeu particulier. Afin que l'écriture soit le bien de tous, sans complexe. C'est très pompeux de dire ça (de toute façon, une devise l'est toujours un peu), disons quand même que ce serait une des manières de donner du sens aux paroles Liberté et Égalité de la devise de la République.
Alors, osons libérer notre orthographe et n'ayons pas non plus peur d'inventer des mots qui ne figurent pas au dictionnaire mais que tout le monde comprend. J'ai trouvé parfaitement absurde la polémique sur le terme bravitude improvisé par Ségolène Royal durant la campagne présidentielle de 2007. Et alors ?