loto
Il n'en est pas de même pour le loto du troupier. Aucun des numéros sortans n'est chiffré par la voix de celui qui mène le jeu et appelle les nombres. Chaque nombre a un surnom que l'appelant doit connaître sous peine d'amende, et nul joueur ne doit ignorer le sobriquet du chiffre ni permettre à son voisin de commettre une erreur. Celui qui se trompe paie. Or, les noms de guerre varient à l'infini pour les nombres. Chaque régiment a, pour ainsi dire, sa formule de loto, formule qui lui est particulière. […] Nous ne suivrons pas plus longtemps le Parisien et les joueurs de loto, tous les numéros de ce jeu si innocent n'ont pas dans le langage peu voilé de nos soldats, des surnoms bons à mettre devant tous les yeux, ou à prononcer devant toutes les oreilles. Nous pourrions tomber sur quelqu'un d'eux par trop anacréontiques, il vaut mieux en rester là. de Forville, Les deux belles-soeurs, chapitre « Le loto du troupier », 1858
Le loto est un jeu fort en usage parmi les soldats. Dans les casernes, aux camps, à la chambrée, sous la tente, on voit un assez grand nombre de troupiers se réunir pour se donner le plaisir du loto. Mais il ne faut pas s'attendre à trouver là le calme, la raideur et le sérieux qu'affectent les familles bourgeoises. Chez les militaires, et il suffit d'avoir assisté à une de leur partie pour s'en convaincre, la gaîté, le bruit et les bons mots font les frais de la séance. Chacun, à tour de rôle, appelle les numéros dans l'ordre où ils sortent ; mais le côté plaisant de ce jeu, c'est que les numéros ne sont pas désignés par le chiffre qu'ils portent ; chaque chiffre a une dénomination ou pour mieux dire un surnom et c'est par ce surnom qu'il doit être désigné, sous peine d'amende. Presque tous les régiments ont leur loto particulier. Chez les uns le surnom, donné au nunéro rappelle une date, un fait d'armes auquel le corps a pris une part glorieuse. D'autres indiquent certains fais, connus de toute l'armée. 1868. Le soldat peint par son langage
- Voir aussi :
- de Forville, Les deux belles-soeurs, chapitre « Le loto du troupier », La Patrie, 6 janvier 1858 (retronews.fr)
- Jeux et divertissements militaires. I. Le loto (Napoléon Ney) ; II. Le jeu du loto à bord (P.S. & A. Certeux). (Revue des trad. pop., 1887)
- Kerivinou J. : Le jeu de loto dans la marine. Nouvelle Revue Des Traditions Populaires, 1950, 2(3), 276–282. (jstor.org/stable/40991724)
- René Domergue : Avise, le loto ! 90 balotes, des centaines de commentaires en Languedoc, en Provence… et dans le monde (2015). (la page de présentation | le fichier)
- Gaston Esnault : « L'art du loto », Vie et Langage, décembre 1964, pp. 692-703 (Ce dernier a collecté quantité d’expressions très anciennes, parfois antérieures à 1800, en français, et parfois en breton. – d'après Domergue).
Cette liste énumère le lexique argotique en usage dans : loto . C'est une liste brute, qui agglomère des registres et des époques très variables.
Total : 37
- au pas ordinaire
- deux bossus 1837
- deux cocottes 1828
- deux d'amour
- deux petits coups, mon vieux, ça vaut mieux qu'un !
- en Tyrol comme en France 1858
- et du bon
- gourde de schnick
- grand-père à tous 1837
- honteux
- jambes du tambour
- jour sans pain 1837
- jumeaux 1837
- l'ancien Louis de France
- la potence et le Normand pendu
- le glorieux
- le Parisien
- le petit conscrit, combien servira-t-il ?
- le régiment qui nous faisait manger du mouton
- les armes du génie
- les baraques à Cavaignac 1866
- les deux jambes à ma tante
- les deux jambes du tireur prussien
- les deux pioches
- ma soeur Thérèse
- oreille du Juif 1837
- orgueilleux
- petite poulette 1837
- pièce d'alarme 1837
- plus rien dans le sac, au dernier les bons
- qui était à la prise de Constantine
- qui n'est pas vieux 1837
- sac à terre, mes enfants !
- sachet 1837
- s'arroser l'intérieur
- terrible 1837
- va sans crainte
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