LANTURLU, LANTURELU, interj. et subst. masc.
Vieilli, fam. et pop.
I. − Interjection
A. − [Utilisée comme un refrain ou apostrophe joyeuse] Des turlupins (...) couraient joyeusement vers la place du marché (...). « Ohé ! ohé ! lanturelu ! Ma révérence à Madame la lune ! (...) » (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 94).
B. − [Exprimant un refus méprisant, l'indifférence, ou une réponse évasive] Synon. allez au diable ; adieu ! bernique ! tintin !Il lui a répondu lanturlu (Ac.) :
Le vulgaire dissolu Tient les mètres en estime : Il y mord en vrai goulu ! Bah ! Pour mériter la prime, Tu lui diras : lanturlu ! Banville, Odes funambul., 1859, p. 253.
II. − Subst. masc. Synon. arg. vieilli de huluberlu. Ah ! voyez donc le lanturlu ! Ah ! voyez donc ce qu'il a vu ! [Refrain de la Hâblerie, que l'assistance chante après que le conteur a dit en prose ce qu'il a vu] (D'Esparbès, Soldate, 1905, p. 455).
Rem. Hist., au plur. Vignerons du Dijonnais qui se soulevèrent contre le pouvoir royal en 1630 (et chantaient une chanson dont le refrain était lanturlu). Cf. Id., Roi, 1901, p. 316.
Prononc. et Orth. : [lɑ ̃tyʀly], [-ʀ əly]. Ac. 1718-98 : -turlu ; 1835 et 1878 : -turlu ou -turelu ; 1935 : -turlu. Les 2 formes ds Littré, DG, Rob. et Lar. Lang. fr. Étymol. et Hist. 1629 « refrain d'un vaudeville en vogue sous Richelieu » (d'apr. Trév. Suppl. 1752) cf. 1637 [date 1re éd.] chantons le Lanturlu (L. C. Discret, Alizon, III, 3 ds Anc. Théatre fr., t. 8, p. 443) ; d'où 1653 « ce refrain employé pour exprimer un refus moqueur, donner une réponse évasive » (Scarron, Le Virgile Travesti, VII ds Œuvres, Paris, 1786, t. 4, p. 461 : Latin ... Leur répondit Lanturelu). Mot de fantaisie formée sur turelure « sorte de refrain de chanson », v. ce mot. (tlfi:lanturlu)