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Citation n°141098

Le bardat comprend les cartouchières et la baïonnette qui forment avec les bretelles de suspension un seul harnachement, le bidon, la musette, le sac – Azor de son petit nom – et le fusil. C'est évidemment Azor qui est la pièce de résistance, le fardeau qu'on est toujours prêt à poser par terre au moindre arrêt. Lorsqu'on égrène le chapelet des kilomètres sur la route, le commandement « sacs à terre » retentit comme une fanfare joyeuse et « sacs au dos » comme un claquement de fouet sur des chevaux de labour. Et si l'on ne peut déposer Azor, on l'appuie sans le quitter contre un arbre ou sur le canon du fusil ; et puis, de temps en temps, on donne en marchant un coup de reins qui remonte le sac et desserre un instant l'étreinte des courroies. Mais quand on a porté ainsi Azor tout le jour cahin-caha, on est tout de même heureux de le trouver le soir on le bénit après l'avoir maudit. L'homme est ainsi fait qu'il s'attache, dans la mesure de ses souffrances, aux personnes et aux, choses qui les ont causées. Aussi le poilu aime-t-il Azor, comme les parents chérissent les enfants qui leur ont donné du souci. C'est qu'Azor sert à tout : c'est un oreiller pour la nuit, […] c'est un siège, une table à écrire, une armoire qui renferme tout le « petit fourbi » du soldat : son linge, ses lettres, ses photographies, sa boîte à singe, du tabac et du chocolat, etc., le tout surmonté de la couverture, de la toile de tente, d'un outil et d'un plat ou d'une marmite de campement. C'est même parfois un bouclier qui protège des shrapnells et des éclats de marmites.

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