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forum abclf » Réflexions linguistiques » les diphtongues

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Messages [ 201 à 250 sur 334 ]

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:
P'tit prof a écrit:

Vous croyez que j'ai peur ?
La paire, c'est un des éléments du service trois pièces, c'te bonne paire !
Une paire de couilles, si vous voulez le mot juste.

En posant cette paire, que fait-on apparaître ?

Une bite !

euh, je ne sais pas si vous faites monter le niveau, là ?

Il s'agissait de la paire : pont/bon


Les bonbons, c'est un autre nom pour les couilles !

Non, je ne fais pas monter le niveau, je ménage une plage d'appropriation en faisant un peu d'humour, comme la coccinelle de Gotlib.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

202 Dernière modification par éponymie (04-07-2012 08:18:57)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Dois-je ajouter qu'en matière de hors-sujet vous faites plus fort que tout le monde smile ?

P'tit prof a écrit:

je ménage une plage d'appropriation

Si on l'appelle comme ça... smile

JOURDAN a écrit:

Que donne la paire pont et bon ?

(et prenez votre temps, je pars quelques jours en vacances)

... me ferai-je taper sur les doigts quand Jourdan rentrera de vacances et verra que je n'ai rien fait ? Saura-t-il résister à l'envie d'en dire plus ?

P'tit prof a écrit:

Les bonbons, c'est un autre nom pour les couilles !

Que faites-vous apparaitre en posant la paire bonbon/pompon ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

Que faites-vous apparaitre en posant la paire bonbon/pompon ?

Deux paires de couilles, car pompon est une autre façon de nommer les choses !


... cela n'élève pas le débat, mais c'était trop tentant !

Cela dit, pour cerner les attentes du jury, je suppose que Jourdan veut nous faire constater l'opposition entre les deux labiales, l'une voisée et l'autre non voisée.
Ce qui n'a pas de rapport avec les diphtongues...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

204

Re : les diphtongues

dans ce cas vous faites de la phonétique. Nous verrons bien.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

Jourdan  nous a aimablement prévenus qu'il nous tendait un piège, ce qui est une bonne raison de NE PAS lui répondre.

Ce passage du Dictionnaire de linguistique fera sans doute la rue Michel :

Ce sont les traits distinctifs qui opposent entre eux les morphèmes, les mots et les messages : le voisement, par exemple, oppose bain à pain.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

206

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:
P'tit prof a écrit:

Allez savoir pourquoi, on en est arrivé aux glides (j'aime bien ce mot, il est vite écrit) : le yod, le digamma et le hué. Quel rapport entre les diphtongues et les glides ?

parce que selon la vision de Jourdan, les glides ne sont pas toujours des phonèmes à part entière mais, souvent ou parfois, la première composante de diphtongues (réponse à la question 3). Il aurait fallu voir ce qu'est un glide selon lui pour ensuite arriver à ses diphtongues. C'est quand même relativement clair quand on lit le fil.

En se mettant d'accord sur la définition d'un glide (je préfère spirante pour ma part) ou tout au moins en posant les différentes définitions possibles d'une spirante - phonème ? phone ? partie de diphtongue ? - nous aurions bien fini par répondre aux questions 2 et 1, je ne sais dans quel ordre. Probablement la 1 d'abord.

message 187

Si dans cuit, quoi, tiare et taille il y des diphtongues   — voire une triphtongue pour la version méridionale du quatrième mot —,   alors il n'est pas question de spirante (ni d'aucune consonne) DANS les polyphtongues (diphtongues, triphtongue).

Toujours en posant l'hypothèse de polyphtongues présentes dans cuit, quoi et  tiare, le premier élément de la polypthongue n'est NI une spirante NI une consonne NI une voyelle NI un phonème : il s'agit juste de l'élément initial de ladite polyphtongue présumée.

De la même façon, l'élément final de la diphtongue supputée dans taille prononcé à la façon septentrionale   — c'est-à-dire l'élément médial de la triphtongue supposée dans la parlure méridionale —, n'est rien d'autre qu'une entité subphonématique : NI consonne NI voyelle.

En revanche, tous les éléments infraphonémiques dont il était question dans cuit, quoi, tiare et taille sont bien des sons au niveau phonétique. Les partisans de la polyphtongaison parleront de vocoïdes (non de voyelles). Les pro-spirantes parleront de contoïdes ET de consonnes.





PHONÈMES = CONSONNES SPIRANTES


             cuit
             kɥi        monosyllabe à 3 phonèmes : k + ɥ + i


             quoi
             kwa       monosyllabe à 3 phonèmes : k + w + a


             tiare
   Sud    tja·ʁə    3 phonèmes : t + j + a (dissyllabe accentué à l'initiale)
   Nord   tjaʁ       monosyllabe à 4 phonèmes : t + j + a + ʁ


             taille
   Sud    ta·jə      2 phonèmes : j + ə (dissyllabe accentué à l'initiale)
   Nord   taj         monosyllabe à 3 phonèmes : t + a + j





NON-PHONÈMES = VOCOÏDES DE POLYPHTONGUES


             cuit
             ky̯i        monosyllabe à 2 phonèmes : k + y̯i


             quoi
             ku̯a       monosyllabe à 2 phonèmes : k + u̯a


             tiare
   Sud    ti̯a·ʁə   2 phonèmes : t + i̯a (dissyllabe accentué à l'initiale)
   Nord   ti̯aʁ      monosyllabe à 3 phonèmes : t + i̯a + ʁ 


             taille
   Sud    tai̯ə̯      monosyllabe à 2 phonèmes : t + ai̯ə̯
   Nord   tai̯        monosyllabe à 2 phonèmes : t + ai̯





éponymie : jette un coup d'œil sur le syllabaire saussurien élaboré par Jacques Coursil.

207

Re : les diphtongues

greg a écrit:

éponymie : jette un coup d'œil sur le syllabaire saussurien élaboré par Jacques Coursil.

J'ai téléchargé un pdf, je vais m'accrocher au pinceau sans retirer l'échelle, et voir si je passe de l'ombre à la lumière.

Pour le reste : si diphtongue (ou triphtongue) il y a, ce sont des phonèmes à part entière. Les glides/spirantes sont des notions dont ni toi ni Jourdan - ou les positions que vous représentez ici - ne voulez faire la composante d'une polyphtongue. Et en ce qui te concerne, au niveau phonétique, tu opères une décomposition, et le glide/la spirante disparait au profit de quelque chose qui ressemble à la voyelle correspondante et est composante de la polyphtongue.

greg a écrit:

Les pro-spirantes parleront de contoïdes ET de consonnes.

On retrouve nos glides/spirantes parce qu'on n'admet pas la polyphtongue.

Donc, en français “standard” , bien obligés de parler de glides/spirantes si on discute de l'existence des polyphtongues. Histoire de légitimer la discussion.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

M'enfin, éponymie, selon votre propre documentation, un glide n'est pas une spirante !

On lit dans votre message 105 :

Ces consonnes sont également appelées spirantes et notre wikipédia national nous en donne la liste : on en recense 16. Attention : on signale ici que ces consonnes sont presque-toujours voisées (sonores).



On recense 16 spirantes, alors qu'il n'y a que 3 glides.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

209 Dernière modification par éponymie (06-07-2012 01:11:09)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

M'enfin, éponymie, selon votre propre documentation, un glide n'est pas une spirante !

On lit dans votre message 105 :

Ces consonnes sont également appelées spirantes et notre wikipédia national nous en donne la liste : on en recense 16. Attention : on signale ici que ces consonnes sont presque-toujours voisées (sonores).

On recense 16 spirantes, alors qu'il n'y a que 3 glides.

J'avais stupidement compris que ces 16 spirantes avaient été pêchées dans toutes les langues dont on a recensé les phonèmes. Je me suis trompé ?

Sur le tableau des consonnes, nos trois spirantes se retrouvent sur la ligne "spirantes" pour le yod et le digamma, sur le tableau secondaire pour le ué. L'ensemble des spirantes se retrouve sur les lignes "spirantes", "spirantes latérales" et sur le dernier tableau.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

J'avais stupidement compris que ces 16 spirantes avaient été pêchées dans toutes les langues dont on a recensé les phonèmes. Je me suis trompé ?

Oui.
Le Dictionnaire de linguistique dans son tableau des principaux signes de l'API donne 60 signes consonnes.
Il compte 4 glides : en plus du yod, du digamma et du hué un son présent en hindi et hollandais.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

211 Dernière modification par éponymie (06-07-2012 10:09:44)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Le Dictionnaire de linguistique dans son tableau des principaux signes de l'API donne 60 signes consonnes.
Il compte 4 glides : en plus du yod, du digamma et du hué un son présent en hindi et hollandais.

Ce n'est pas ce que j'ai lu jusqu'à présent. Et puisque vous avez des infos supplémentaires, au lieu de les utiliser seulement pour réfuter ce que disent les autres, pourquoi ne pas expliquer ce qu'est un glide et ce qui le distingue des spirantes ?

Je reprends l'article de wikipedia cité aux messages 105 et 191 :

consonne spirante bilabiale voisée : [β̞]
consonne spirante labio-dentale voisée : [ʋ]
consonne spirante alvéolaire voisée : [ɹ]
consonne spirante rétroflexe voisée : [ɻ]
consonne spirante palatale voisée : [j]
consonne spirante vélaire voisée : [ɰ] ?
consonne spirante pharyngale voisée : [ʕ̞]
consonne spirante épiglottale sourde : [ʢ̞]

Labio-palatale : [ɥ]
Labio-vélaire non voisée : [ʍ̞] ?
Labio-vélaire voisée : [w]

Alvéolaire : [l]
Alvéolaire vélarisée : [ɫ]
Rétroflexe : [ɭ]
Palatale : [ʎ]
Vélaire : [ʟ]

Les consonnes approximantes sont toujours sonores (voisées), c'est-à-dire que leur production s'accompagne toujours de la vibration des cordes vocales; de plus ce sont des consonnes continues, prolongeables à volonté. Selon leur lieu d'articulation, elles sont réparties en labio-dentales, alvéolaires, rétroflexes [dessous de la langue vers la voute du palais, ce n'est pas pour nous], palatales et velaires.

Glide vient de glissement en anglais, le passage de l'air est réduit mais pas au point de produire le son d'une consonne fricative.

Nos 3 glides ont deux lieux d'articulation : le palais et le voile du palais. Quel est le quatrième que je n'ai pas trouvé (un point d'interrogation signale les candidats possibles) ? Je remets le schéma du message 106 :

CONSONNES points d'articulation

1    lèvres    (labiales)
2    dents    (dentales)
3    alvéoles (alvéolaires)
4    palais dur (pré-palatales)
5    palais dur (médio-palatales)
6    palais dur (post-palatales)
7    voile du palais (pré-vélaires)
8    voile du palais (post-vélaires)
9    luette ou uvula (uvulaires)
10    pharynx (pharyngales)
11    larynx    (laryngales)
12    glotte    (glottales)
13    apex de la langue (apicales - pré-dorsales)
14    dos de la langue (médio-dorsales)
15    racine    de la langue radicales (post-dorsales)


http://alis.isoc.org/glossaire/pho.consonnes.gif

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

212 Dernière modification par éponymie (06-07-2012 11:19:14)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

M'enfin, éponymie, selon votre propre documentation, un glide n'est pas une spirante !

J'avais oublié l'essentiel : un glide est une spirante mais toutes les spirantes ne sont pas des glides (selon ma documentation). M'enfin smile

Et j'en termine (j'espère) :

1) un glide est une semi-consonne/semi-voyelle mais toutes les semi-consonnes/semi-voyelles ne sont pas des glides : comme toutes les semi-consonnes/semi-voyelles du français sont des glides, il y a risque de les confondre (à confirmer : d'après l'article de Wikipedia sur les semi-consonnes, il existe certaines semi-voyelles qui correspondent à des voyelles moyennes et ne peuvent donc pas êtres des glides, ces derniers correspondant à des voyelles hautes)

2) une semi-consonne/semi-voyelle est une spirante mais toutes les spirantes ne sont pas des semi-consonnes/semi-voyelles

Et je suppose que le quatrième glide est la consonne spirante vélaire voisée [ɰ].

Je devrais donc effectivement, par souci de précision, renoncer aux termes spirantes (dont approximantes est synonyme), semi-consonnes/semi-voyelles et n'utiliser que glides.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

Et puisque vous avez des infos supplémentaires, au lieu de les utiliser seulement pour réfuter ce que disent les autres, pourquoi ne pas expliquer ce qu'est un glide et ce qui le distingue des spirantes ?

Les utiliser seulement pour réfuter : je suis comme le petit garçon qui ne parlait pas, et dont les parents s'inquiétaient « notre fils  est muet. »
Un jour, à la table familiale, le petit garçon déclara : « la soupe est trop salée. » « mais tu sais parler ! » « oui, je sais parler. » « pourquoi n'as-tu pas parlé plus tôt ? » « Parce que la soupe était bonne. »

De plus, je n'ai pas d'infos supplémentaires, mais des connaissances, acquises pendant plus de trente ans. Cela ne me garantit pas l'infaillibilité, et aurait besoin de mise à jour : par exemple, j'en suis resté à voyelle ouverte/voyelle fermée, j'ignorais voyelle haute/voyelle basse.
Et donc, je n'interviens que si la soupe est trop salée, et j'indique mes sources, ce qui n'est pas le cas de wikipédia.

Et je suppose que le quatrième glide est la consonne spirante vélaire voisée [ɰ].

Mauvaise pioche.
C'est une labio-dentale symbolisée par [υ]. Dans ma source. Qui définit ainsi le glide :

caractérisés par le fait qu'ils ne sont ni vocaliques ni consonantiques.

Je devrais donc effectivement, par souci de précision, renoncer aux termes spirantes (dont approximantes est synonyme), semi-consonnes/semi-voyelles et n'utiliser que glides.

Si vous voulez des synonymes pour spirantes, il y a aussi ces bons vieux fricatives et constrictives.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

214 Dernière modification par éponymie (06-07-2012 21:26:47)

Re : les diphtongues

Pour moi toute la terminologie qui va de spirante à glide est enfin relativement claire.

P'tit prof a écrit:

Si vous voulez des synonymes pour spirantes, il y a aussi ces bons vieux fricatives et constrictives.

Non, c'est la ligne au dessus dans le tableau des consonnes, elles sont plus fermées (cf. le livre que je citais dans le message 105). Nos fricatives sont [s], [z], [ʃ] et [ʒ].

Les glides sont un peu plus ouverts, laissant passer l'air sans produire la friction et le son caractéristiques des consonnes fricatives. Ils sont à la limite entre consonnes et voyelles.

Plus ouvertes encore sont les voyelles hautes correspondantes au glides [i], [y], [u] (première ligne du trapèze vocalique ci-dessous)

P'tit prof a écrit:

C'est une labio-dentale symbolisée par [υ].

C'est peut-être le code d'une voyelle postérieure pré-fermée (ou haute) arrondie qui serait associée à ce fameux glide.

Je vois aussi sur le trapèze des voyelles, une voyelle fermée postérieure non arrondie (le [u] est arrondi) qui semble bien correspondre au quatrième glide que j'indiquais (toujours première ligne du trapèze vocalique ci-dessous). Tout à confirmer.

Le seul trapèze vocalique complet, lisible et affichable que j'ai réussi à trouver est celui-ci :

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQTJsl-ZDuFAZsCCRGrHi_ZWHgpBf9f85K95c5wfyRgXhyPCxXt

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

J'avais stupidement compris que ces 16 spirantes avaient été pêchées dans toutes les langues dont on a recensé les phonèmes. Je me suis trompé ?

Oui.
Le Dictionnaire de linguistique dans son tableau des principaux signes de l'API donne 60 signes consonnes.
Il compte 4 glides : en plus du yod, du digamma et du hué un son présent en hindi et hollandais.

Les sources écrites traditionnelles ne sont pas forcément plus sûres qu'un article de Wikipedia. Elles sont aussi sujettes aux coquilles, aux oublis, aux erreurs. L'idéal est de confronter plusieurs sources.
Ainsi, le tableau API dans le Dictionnaire de linguistique (Dubois, 1994), page 27, est mal foutu.
À la ligne "approximantes" qui semble correspondre d'assez près aux glides, il cite :
consonnes bilabiales [w] et [ɥ]
consonne labio-dentale voisée : [ʋ]
consonne alvéolaire voisée : [ɹ]
consonne rétroflexe voisée : [ɻ]
consonne palatale voisée : [j]
consonne vélaire voisée : [ɰ]
Dans les explications de la page 28 sur les consonnes, il manque celle de [ɰ] et celle de [ɻ]. Heureusement, Internet fournit des explications plus complètes sur ces signes, par exemple ici.
Alors que [w] et [ɥ] sont classées dans le tableau des consonnes page 27, elles sont classées non plus dans les consonnes mais en glides, page 29, ainsi que [ʋ] et [j]. Glide est défini de manière vague page 222 en disant que cela désigne les phonèmes appelés traditionnellement et avec imprécision semi-consonnes ou semi-voyelles ; ils sont caractérisés en ce qu'ils sont ni vocaliques, ni consonantiques.
Alors pourquoi les avoir mis dans le tableau des consonnes page 27 ?
Au demeurant, ce tableau est basé sur la révision de 1989. Il semble que dans les tableaux API ultérieurs qu'on peut lire sur la Toile, comme celui-ci de 1993 ou celui-là de 2005, les consonnes soient divisées en "pulmonic" et "non-pulmonic" : le [w] et [ɥ] ont disparu du tableau des consonnes en 1993 et sont classés en "autres symboles", ou dans un tableau de consonnes co-articulées en 2005. Mais le [j] y reste dans les consonnes pulmoniques. Alors ce glide est consonne, en contradiction avec la définition donnée ?
Bref, c'est un peu le foutoir, chacun y va de sa définition. Difficile de s'entendre !

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:
P'tit prof a écrit:

C'est une labio-dentale symbolisée par [υ].

C'est peut-être le code d'une voyelle postérieure pré-fermée (ou haute) arrondie qui serait associée à ce fameux glide.

Non, c'est ce que vous avez noté :
consonne spirante labio-dentale voisée : [ʋ]
P'tit prof n'a pas choisi le bon code.

Re : les diphtongues

J'ai fait ce que j'ai pu ! J'ai désespérément cherché ce symbole sur le net, et me suis rabattu sur un bon vieil upsilonn, parce que ce symbole ressemble comme deux gouttes d'eau à un upsilonn.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

218 Dernière modification par éponymie (06-07-2012 21:53:08)

Re : les diphtongues

Abel Boyer a écrit:

Bref, c'est un peu le foutoir, chacun y va de sa définition. Difficile de s'entendre !

C'est Jourdan qui sera content de lire ça quand il reviendra de vacances. Et heureusement qu'il y est sinon nous aurions droit à une tirade anti-phonétique. Nous pouvons discuter en paix.

Je crois avoir compris que les semi-consonnes/semi-voyelles (dont les glides font partie) se comportent comme des consonnes (et sont classées comme telles) tout simplement parce qu'il est impossible de leur faire produire un son indépendamment d'une voyelle : une consonne - au moins dans les langues IE d'Europe de l'Ouest - ne peut constituer à elle seule une syllabe, il lui faut une voyelle.

Par contre effectivement, il y a difficulté à recenser les glides : ils sont les moins fermés des spirantes et donc les plus proches des voyelles. A ce niveau de nuance, on comprend qu'il y ait des hésitations.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

219

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Pour le reste : si diphtongue (ou triphtongue) il y a, ce sont des phonèmes à part entière. Les glides/spirantes sont des notions dont ni toi ni Jourdan - ou les positions que vous représentez ici - ne voulez faire la composante d'une polyphtongue. Et en ce qui te concerne, au niveau phonétique, tu opères une décomposition, et le glide/la spirante disparait au profit de quelque chose qui ressemble à la voyelle correspondante et est composante de la polyphtongue.

message 207

Il ne peut y avoir de consonne (glissante ou spirante ou autre) dans une polyphtongue (diphtongue, tripthongue) car à l'instar des monophtongues les polyphtongues sont des voyelles.

Les syllabes à deux phonèmes type ɥɛ̃, wo, et uj ne sont pas des polyphtongues car une polyphtongue est un phonème et un seul.



éponymie a écrit:
greg a écrit:

Les pro-spirantes parleront de contoïdes ET de consonnes.

On retrouve nos glides/spirantes parce qu'on n'admet pas la polyphtongue.

Donc, en français “standard” , bien obligés de parler de glides/spirantes si on discute de l'existence des polyphtongues. Histoire de légitimer la discussion.

message 207

Oui, sauf que beaucoup utilisent les termes semi-consonne ou semi-voyelle en lieu et place de glissante ou spirante.



P'tit prof a écrit:

Je devrais donc effectivement, par souci de précision, renoncer aux termes spirantes (dont approximantes est synonyme), semi-consonnes/semi-voyelles et n'utiliser que glides.

Si vous voulez des synonymes pour spirantes, il y a aussi ces bons vieux fricatives et constrictives.

message 213

Le terme "glide" est anglais. Dans une conversation "courante", semi-consonne et semi-voyelle sont des vocables assez bien identifiés, même s'ils donnent des boutons à certains spécialistes. Les phon(èm)es français ɥ, w, j sont tous des spirantes non liquides — une liquide étant une spirante à quoi on ne fait correspondre aucune voyelle style :   ɥy   wu   ji .  Parmi les liquides on trouves les latérales, dont l, et les rhotiques, dont ʁ.



En français, en position d'attaque syllabique, les spirantes accompagnent volontiers une occlusive ou une fricative à laquelle elles succèdent, avant d'être à leur tour suivies d'une voyelle :
     pʁi     pli     pɥi
     bʁa    bla    bwa
     fʁɔ̃     flɔ̃      fjɔ̃
     ʒʁɑ̃    ʒlɑ̃    ʒɥɑ̃



Sinon, dans le jargon spirante et fricative ne sont pas synonymes. Et constrictive est un terme qui admet plusieurs acceptions dont aucune, à ma connaissance, n'est réductible à spirante.

220

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Par contre effectivement, il y a difficulté à recenser les glides : ils sont les moins fermés des spirantes et donc les plus proches des voyelles. A ce niveau de nuance, on comprend qu'il y ait des hésitations.

Je dirai même plus : l'hésitation entre polyphtongue et association glissante/voyelle est parfaitement compréhensible. Ce que je comprends moins c'est la fixation que Jourdan fait sur ce qui n'est finalement qu'un point de détail : il tient à distinguer la phonologie de la phonétique, pourquoi la phonétique lui pose-t-elle problème et part-il en guerre contre les glides/glissantes qui sont des notions purement phonétiques ? On aura compris que je lui donne du grain à moudre pour son retour smile. Il va encore falloir que je relise ce fil.

greg a écrit:
éponymie a écrit:

Pour le reste : si diphtongue (ou triphtongue) il y a, ce sont des phonèmes à part entière. Les glides/spirantes sont des notions dont ni toi ni Jourdan - ou les positions que vous représentez ici - ne voulez faire la composante d'une polyphtongue. Et en ce qui te concerne, au niveau phonétique, tu opères une décomposition, et le glide/la spirante disparait au profit de quelque chose qui ressemble à la voyelle correspondante et est composante de la polyphtongue.

message 207

Il ne peut y avoir de consonne (glissante ou spirante ou autre) dans une polyphtongue (diphtongue, tripthongue) car à l'instar des monophtongues les polyphtongues sont des voyelles.

Les syllabes à deux phonèmes type ɥɛ̃, wo, et uj ne sont pas des polyphtongues car une polyphtongue est un phonème et un seul.

Je l'avais bien compris ainsi, ma manière de formuler prêtait probablement à confusion.

Merci pour les explications.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

221

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Que faites-vous apparaitre en posant la paire bonbon/pompon ?

Deux paires de couilles, car pompon est une autre façon de nommer les choses !


... cela n'élève pas le débat, mais c'était trop tentant !

Cela dit, pour cerner les attentes du jury, je suppose que Jourdan veut nous faire constater l'opposition entre les deux labiales, l'une voisée et l'autre non voisée.
Ce qui n'a pas de rapport avec les diphtongues...

Oui, cela n'a pas du tout élevé le débat, je confirme.
Savoir ce que les paires minimales produisent, ce qu'elles mettent en évidence, est au contraire crucial pour la recherche des diphtongues, et il est bon pour cela de s’entraîner sur des "sons" simples.

222

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Jourdan  nous a aimablement prévenus qu'il nous tendait un piège, ce qui est une bonne raison de NE PAS lui répondre.

Ce passage du Dictionnaire de linguistique fera sans doute la rue Michel :

Ce sont les traits distinctifs qui opposent entre eux les morphèmes, les mots et les messages : le voisement, par exemple, oppose bain à pain.

Non, je n'ai pas dit que je TENDAIS un piège, j'ai avertis qu'il y AVAIT un piège. Cette phrase est intéressante, un peu extirpée de son contexte, je suppose que ça se trouve dans la définition du trait distinctif. Je n'ai pas l'ouvrage sous la main, je ne sais plus où il est en fait (si c'est le même dico). On ne voit pas bien pourquoi ils ne mettent pas le trait distinctif en rapport directement avec le phonème, plutôt que de passer immédiatement aux morphèmes et aux "messages" (?).

Re : les diphtongues

. On ne voit pas bien pourquoi ils ne mettent pas le trait distinctif en rapport directement avec le phonème

J'ai une hypothèse : mettre le trait distinctif en rapport avec le phonème, ce serait du cratylisme.
Ne pas oublier que le signe est immotivé.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

224 Dernière modification par JOURDAN (07-07-2012 23:42:55)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

"William et Yolande déguste une bouillabaisse dans un bar au bord du vieux port."

BAR / BORD / PORT

Vous me faites faire de la phonétique là (comme pour Yolande et Hollande d'ailleurs). Ce sont le B et le P qui distingue le port du bord qui désignent deux trucs complètement différents.

Mais si je suis enrhumé, je ne vais pas distinguer les mots, ce sera la syntaxe qui me donnera le sens.

J'ai beau chercher, je ne vois aucun bon ni aucun pont dans votre réponse.

Si vous allez à la fête du village et que vous participez à la course en sac, allez vous laissez le sac par terre et courir jusqu'à la ligne d'arrivée ? les gens seront bien épatés de voir que vous savez si bien courir, mais vont-ils vous accorder la victoire ?

Et je ne vous faisait pas "faire de la phonétique", la question était éminemment phonologique : que nous apprennent les mots "pont" et "bon".

Maintenant pour progresser un peu, je dirai que cette question a en réalité deux sens différents, rappelez vous le tableau qu'on peut montrer à un terrien (qui a déjà vu des arbres) ou à un martien.

Si nous savons que ce sont des mots français et que nous connaissons plus ou moins bien la langue, la question est un peu vague, elle semble trop facile, peut-être même qu'elle encourage les réponses erratiques, qui parlent de Port et de Bord, par exemple.

Donc cette question n'est intéressante en réalité que si on ignore tout de la langue dans laquelle les mots en question sont prononcés. Dans ces conditions, que nous apprend elle ?

225 Dernière modification par JOURDAN (07-07-2012 23:29:13)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

. On ne voit pas bien pourquoi ils ne mettent pas le trait distinctif en rapport directement avec le phonème

J'ai une hypothèse : mettre le trait distinctif en rapport avec le phonème, ce serait du cratylisme.
Ne pas oublier que le signe est immotivé.

Euh, du cratylisme ? (je vais me renseigner pour voir si vous parlez sérieusement). Le trait distinctif est censé être un composant du phonème. On parle toujours des TD dans un travail sur le phonème. Je n'ai jamais vu parler de TD dans un texte sur le morphème, avant la phrase en question, encore moins en parlant d'une unité supérieure.

Bon, OK, le cratylisme. Mais non, mettre le TD en rapport avec le phonène, ça n'a rien de cratylique. Le phonème est défini par certains comme un faisceau de TD (définition à peu près inutilisable, mais très structurale il est vrai) et il me semble que cela reste une bonne définition. La signification n'intervient, ni au niveau du trait, ni au niveau du phonème dans cette vision, comment y voir des cratylistes ?

226 Dernière modification par JOURDAN (08-07-2012 00:47:59)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Je dirai même plus : l'hésitation entre polyphtongue et association glissante/voyelle est parfaitement compréhensible. Ce que je comprends moins c'est la fixation que Jourdan fait sur ce qui n'est finalement qu'un point de détail : il tient à distinguer la phonologie de la phonétique, pourquoi la phonétique lui pose-t-elle problème et part-il en guerre contre les glides/glissantes qui sont des notions purement phonétiques ? On aura compris que je lui donne du grain à moudre pour son retour smile. Il va encore falloir que je relise ce fil.

Je ne fais pas de "fixation", je prends les définitions de base et je cherche à les appliquer. J'ai cru au contraire distinguer une "fixation" anti-diphtongue qui consiste à marteler qu'elles n'existe pas, qu'il y en avait mais qu'elle ont disparu, que untel n'en avait certes pas dans sa parlure. Mais il est toujours difficile de "démontrer" la fixation et je ne cherche pas à la mettre en évidence chez autrui, ce n'est pas mon boulot. Et je me contente d'affirmer que la présence de diphtongue ou pas dans n'importe quelle langue m'est complètement égale. Je cherche juste à travailler scientifiquement.

Je ne "tiens" pas à distinguer la phonétique de la phonologie, ce sont des sciences différentes (relisez la très bonne page de wikipedia, ou discutons en une autre), qui ont bien sûr des ressemblances dans certaines circonstances, ce qui fait que ceux qui se tiennent du côté phonétique ont du mal à REALISER que ce n'est pas pareil. Cette promiscuité des deux disciplines produit d'ailleurs une confusion qui se matérialise par une légère pluie de concepts phonologiques dans la phonétique qui se trouve juste en dessous, comme l'emploi du mot phonème en phonétique ou bien sûr l'utilisation erronée, mais assez souvent généralisée, des notations entre barres pour la prononciation.

Enfin, pour revenir sur le terme "vision", dans la phrase "vision de Jourdan", je voudrais bien préciser quelque chose : vous devez distinguer le système auquel je me réfère, qui est la phonologie TOUT A FAIT OFFICIELLE, ses définitions largement admises, etc. La seule partie jourdanesque de ma "vision" est l'application que j'en fait à la diphtongue, mal aimée des manuels (et ce quelle que soit la langue envisagée (mais restons IE svp)) et les tests que j'ai proposés pour la mettre en évidence.

227

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

J'ai téléchargé un pdf, je vais m'accrocher au pinceau sans retirer l'échelle, et voir si je passe de l'ombre à la lumière.

Pour le reste : si diphtongue (ou triphtongue) il y a, ce sont des phonèmes à part entière.

Bravo ! Je crois que c'est un grand pas en avant. Le "part entière" est de trop, un phonème est un phonème.

La nature même des discussions phonétiques empêche tout accord sur l'analyse des sons complexes (en français ou dans n'importe quelle langue) ou si on préfère laisse le champ libre à diverses interprétation. Une discussion sur les diphtongues, à commencer par une DEFINITION qui serait valable dans n'importe quelle langue (hum, qui ait au moins des phonèmes voyelles et consonnes), ne peut être obtenue que si on pose cette exigence phonologique (ou phonématique) pour la diphtongue, celle d'être une unité de la langue qui jouerait le même rôle que des voyelles "normales".

228

Re : les diphtongues

Abel Boyer a écrit:

Les sources écrites traditionnelles ne sont pas forcément plus sûres qu'un article de Wikipedia. Elles sont aussi sujettes aux coquilles, aux oublis, aux erreurs. L'idéal est de confronter plusieurs sources.

Je suis d'accord avec vous, surtout en linguistique, beaucoup d'ouvrage ne contiennent pas seulement des coquilles ou des erreurs, mais aussi de vrais "problèmes de compréhension". J'attends toujours que quelqu'un me dise s'il y a une grosse erreur de débutant dans une page de la SFU, ou bien si j'ai rêvé, si je fais une fixation ?

Pour le reste, l'important est de citer sa source. Personnellement je cite, ce qui ne veut pas dire que j'approuve. Apparemment vous remarquez dans la suite de votre intervention que les semi-consonnes ont tendance à "apparaître" dans les ouvrages comme des sortes de voyelles, mais à se retrouver plus tard dans les tableaux de consonnes.

229

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

C'est Jourdan qui sera content de lire ça quand il reviendra de vacances. Et heureusement qu'il y est sinon nous aurions droit à une tirade anti-phonétique. Nous pouvons discuter en paix.

Très bien, mais vous pouvez aussi discuter en paix quand je suis là, il suffirait pour cela que vous alliez sur un fil qui ne parle pas des diphtongues. Je n'ai rien contre la phonétique, tirade anti-phonétique ne veut rien dire (mais c'était très amusant à écrire, je pense). La phonétique doit juste faire le travail phonétique, à la phonologie de trouver les phonèmes d'une langue, son boulot. Comme les "discussions en paix" qui ont eu lieu pendant mes vacances de ski le montrent, discuter en paix revient à s'enfoncer de plus en plus profondément dans des considérations descriptives dont je ne nie pas l'intérêt (pour un phonéticien) mais qui n'ont aucune pertinence phonologique, donc qui ne pourront jamais répondre à la question, comment déterminer si une diphtongue, en tant que phonème, est présente ou non dans une langue.

Re : les diphtongues

Et je ne vous faisait pas "faire de la phonétique", la question était éminemment phonologique : que nous apprennent les mots "pont" et "bon". [...]


Donc cette question n'est intéressante en réalité que si on ignore tout de la langue dans laquelle les mots en question sont prononcés. Dans ces conditions, que nous apprend elle ?

Hé ben, les petits enfants qui apprennent à parler sont incapables de le théoriser, mais il l'appliquent, cela nous apprend que quand c'est pas pareil, c'est pas la même chose, et que si c'est pas la même chose, c'est pas pareil...
pont n'est pas bon, ni con, ni don, ni fond, ni gond, ni jonc, ni long, ni mont, ni non, ni rond, ni ton, ni son, ni gnon.
Tous ces mots sont monosyllabiques, et ont une structure identique : C+V.
Chaque changement de consonne provoque une modification de la syllabe, observerait finement M. de La Palisse.

Le Chinois à qui nous faisons cette démonstration n'a aucun moyen de savoir s'il s'agit de mots différents ou de la flexion d'un même mot

N'en voilà un bel enfoncement de porte ouverte !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

231 Dernière modification par JOURDAN (08-07-2012 07:06:34)

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Hé ben, les petits enfants qui apprennent à parler sont incapables de le théoriser, mais il l'appliquent, cela nous apprend que quand c'est pas pareil, c'est pas la même chose, et que si c'est pas la même chose, c'est pas pareil...
pont n'est pas bon, ni con, ni don, ni fond, ni gond, ni jonc, ni long, ni mont, ni non, ni rond, ni ton, ni son, ni gnon.

Deux phrases qui n'apprennent rien à personne sur ce forum. Vous n'avez pas trouvé d'autre "gros mot" en on ? Il y avait fion, ah zut il a une semi-consonne....mais au fait, qui vous a fourni cette liste impressionnante de mots, pas la question, pourquoi en parlez vous ?

P'tit prof a écrit:

Tous ces mots sont monosyllabiques, et ont une structure identique : C+V.
Chaque changement de consonne provoque une modification de la syllabe, observerait finement M. de La Palisse.

Qui vous a appris la structure CV de ces mots, je vous rappelle que vous arrivez de Mars ? Qui vous a informé du "changement de consonne" ?

P'tit prof a écrit:

Le Chinois à qui nous faisons cette démonstration n'a aucun moyen de savoir s'il s'agit de mots différents ou de la flexion d'un même mot

N'en voilà un bel enfoncement de porte ouverte !

Vous voyez des portes ouvertes ou fermées, moi j'essaie de parler de l'exercice de phonologie qui est décrit dans la page : http://www.sfu.ca/fren270/phonologie/page4_2.html#start

Pourquoi ne contactez-vous pas d'urgence cette université pour les informer à propos de leur portes ouvertes qu'elles enfoncent ?

Maintenant dans votre intervention de petit enfant qui connait les structures CV, les consonnes et les monosyllabes, il y a un début de réflexion : "le chinois à qui etc"

Pour ce que j'en sais votre chinois est à peu près vu comme mon martien, il ne connait rien à la langue française et votre réflexion commence là à être intéressante. En réalité, ce n'est pas tout à fait vrai, car le chinois parle une langue terrestre.  Et il sera probablement un peu partial, car le mandarin connait (pour ce qu'on m'en dit) des mots qu'on note <pan> et  <ban> (en pinyin) qui sont différents. Il sera donc tenté d'y voir une claire différence. Mon martien lui, ne connait aucune langue terrestre, c'est la première fois qu'il entend un langage parlé, en fait.
Que lui DONNE exactement cette opposition, que lui fournit-elle comme différence (sans aucune analyse, juste la différence) ?

Re : les diphtongues

.mais au fait, qui vous a fourni cette liste impressionnante de mots, pas la question, pourquoi en parlez vous ?

Je vous rappelle que vous nous posez une devinette à propos de pont et bon : il parait que l'opposition p/b est signifiante.
J'ai voulu vous montrer que tout changement de consonne initiale est signifiant, et j'ai fabriqué ma liste entièrement à la main, en faisant défiler devant la voyelle on les consonnes du tableau des symboles de l'API. Je n'ai retenu que les mots réels. J'ai oublié ion et huons mais fion n'a pas la place dans cette liste car pour obtenir fion il faut ajouter deux consonnes. Je n'ai pas mentionné non plus prompt ni tronc, pour la même raison.

Ce qui m'étonne le plus dans votre question, c'est que vous la posiez. Si vous n'avez pas perçu le principe de fabrication, quel genre de phonologue êtes-vous donc ?



Cratylisme et La Palisse sont dans un bateau...
Telle est la première phrase du lien indiqué par Jourdan :

Le but premier dans une analyse phonologique est d’identifier les sons qui créent des distinctions de sens. Pour ce faire, il faut mettre en relation la forme et le signifié des formes. En d’autres mots, nous cherchons à déterminer si les différences sémantiques sont causées par des différences phonétiques.

Si les distinctions de sens sont créées par les sons, c'est du pur cratylisme.
C'est aussi de l'enfoncement de porte ouverte :  crocodile n'est pas hippopotame, différence de sens, différence phonétique.
Ah tiens, phonétique ? je croyais qu'on faisait  de la phonologie ?


Mon martien lui, ne connait aucune langue terrestre, c'est la première fois qu'il entend un langage parlé, en fait.
Que lui DONNE exactement cette opposition, que lui fournit-elle comme différence (sans aucune analyse, juste la différence) ?

La comparaison est boiteuse : qui vous prouve que votre Martien entende quoi que ce soit ? S'il n'a pas l'usage du langage parlé, il n'a probablement pas d'ouïe non plus... Voilà pourquoi le Chinois de René Lagane est bien préférable : il a l'oreille faite aux sons humains, même si, devenu adulte, il ne discrimine que les sons de sa langue.
Le Martien qui ne distingue pas un aboiement d'une parole humaine ne peut rien tirer de l'opposition entre pont et bon. Dans le meilleur des cas, il ne distinguera que le on, un peu comme le Victor du docteur Itard, qui ne réagissait qu'à cette voyelle.
Bref, il ne percevra aucune différence, pas plus que ce pauvre Victor qui n'a jamais su parler — mais ceci est une autre histoire...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

233 Dernière modification par éponymie (08-07-2012 22:50:59)

Re : les diphtongues

La paire pont/bon est trop simple mais bon... Je complète ce que dit P'tit prof.

Soit il ne percevra pas de différence, soit il trouvera une différence - qui pourra être ou non réelle - s'il associe les deux sons qu'il entend avec quelque chose qui lui est familier.

Différence réelle

Il ne comprend pas la langue mais les sons ne lui sont pas inconnus et il a l'oreille musicale.

Différence non réelle

c'est un grand classique quand vous enseignez une langue : l'apprenant entend des trucs que vous n'entendez pas du tout, c'est la connaissance de sa langue maternelle (ou de tout autre langue qu'il possède bien) qui vous fait comprendre ce qu'il a "entendu" et d'ailleurs, avec son explication, vous "entendez" vous aussi : il faut alors d'une manière ou d'une autre lui apprendre à "entendre" comme vous... Ce qui ne lui est pas familier n'est pas "entendu" mais réélaboré.

Cela porte-t-il un beau nom femme Narsès ? Je suis un pratique pas un théorique.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

234

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Je vous rappelle que vous nous posez une devinette à propos de pont et bon : il parait que l'opposition p/b est signifiante.
J'ai voulu vous montrer que tout changement de consonne initiale est signifiant, et j'ai fabriqué ma liste entièrement à la main, en faisant défiler devant la voyelle on les consonnes du tableau des symboles de l'API. Je n'ai retenu que les mots réels. J'ai oublié ion et huons mais fion n'a pas la place dans cette liste car pour obtenir fion il faut ajouter deux consonnes.Je n'ai pas mentionné non plus prompt ni tronc, pour la même raison.

Ce qui m'étonne le plus dans votre question, c'est que vous la posiez. Si vous n'avez pas perçu le principe de fabrication, quel genre de phonologue êtes-vous donc ?


Oui, un EXERCICE, pas une devinette, à propos de pont et bon, je n'ai pas demandé de développer. "pour obtenir fion, il faut ajouter deux consonnes" : c'est vous qui le dites...

J'ai perçu votre "principe de fabrication", il n'est pas demandé dans l'énoncé, c'est parce que vous allez tout de suite trop loin (cf. l'histoire de la course en sac) que vous ne voyez pas la difficulté réelle qui se cache dans le travail demandé. En course en sac, il faut rester dans le sac, sinon vous êtes disqualifié. Je suis le genre de phonologue qui reste dans le sac.

235

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:
P'tit prof a écrit:

Cratylisme et La Palisse sont dans un bateau...
Telle est la première phrase du lien indiqué par Jourdan :

Le but premier dans une analyse phonologique est d’identifier les sons qui créent des distinctions de sens. Pour ce faire, il faut mettre en relation la forme et le signifié des formes. En d’autres mots, nous cherchons à déterminer si les différences sémantiques sont causées par des différences phonétiques.

Si les distinctions de sens sont créées par les sons, c'est du pur cratylisme.

Oui, je vous suis maintenant. Ce n'est pas ce qu'il veut dire (que le son "produit" du sens) même si sa formule le laisse entendre, c'est vrai qu'elle est assez maladroite. Il veut seulement dire qu'il veut étudier certains sons qui "produisent", "se répercutent" dans des différences de sens, et pas les autres. Je ne lui chercherais pas des poux sur la tête sur ces phrases, je les écrirais peut-être autrement, mais pour moi ça va.

P'tit prof a écrit:

C'est aussi de l'enfoncement de porte ouverte :  crocodile n'est pas hippopotame, différence de sens, différence phonétique.
Ah tiens, phonétique ? je croyais qu'on faisait  de la phonologie ?

La phonologie reprend les mêmes matériaux que la phonétique (d'où le risque de confusion), mais elle les traite autrement, c'est ce qu'explique la page. Je suis d'accord avec vous que là, il aurait peut être dû employer le mot phonologie ? En tout cas ce qui manque à sa démonstration, une fois qu'il a établi (dans son idée) que les sons [p] et [graphème b] sont la manifestation de phonèmes différents du français, c'est de parvenir à leur écriture phonologique : /p/ et /b/.


P'tit prof a écrit:

La comparaison est boiteuse : qui vous prouve que votre Martien entende quoi que ce soit ? S'il n'a pas l'usage du langage parlé, il n'a probablement pas d'ouïe non plus... Voilà pourquoi le Chinois de René Lagane est bien préférable : il a l'oreille faite aux sons humains, même si, devenu adulte, il ne discrimine que les sons de sa langue.
Le Martien qui ne distingue pas un aboiement d'une parole humaine ne peut rien tirer de l'opposition entre pont et bon. Dans le meilleur des cas, il ne distinguera que le on, un peu comme le Victor du docteur Itard, qui ne réagissait qu'à cette voyelle. Bref, il ne percevra aucune différence, pas plus que ce pauvre Victor qui n'a jamais su parler — mais ceci est une autre histoire...

OUI, cela reste une comparaison boiteuse, mon martien est peut-être sourd, et en plus, il est peut être con ! Non, sérieusement, je vous rappelle que c'était juste un jeu de l'esprit : en supposant qu'il percoive une différence, quelle serait cette différence ? (mais je vois que je suis obligé de dépenser beaucoup d'énergie sur ce petit exercice, alors qu'il n'est pas central à notre étude, je vais bientôt donner la solution)

236

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

La paire pont/bon est trop simple mais bon... Je complète ce que dit P'tit prof.

Soit il ne percevra pas de différence, soit il trouvera une différence - qui pourra être ou non réelle - s'il associe les deux sons qu'il entend avec quelque chose qui lui est familier.

Différence réelle

Il ne comprend pas la langue mais les sons ne lui sont pas inconnus et il a l'oreille musicale.

Différence non réelle

c'est un grand classique quand vous enseignez une langue : l'apprenant entend des trucs que vous n'entendez pas du tout, c'est la connaissance de sa langue maternelle (ou de tout autre langue qu'il possède bien) qui vous fait comprendre ce qu'il a "entendu" et d'ailleurs, avec son explication, vous "entendez" vous aussi : il faut alors d'une manière ou d'une autre lui apprendre à "entendre" comme vous... Ce qui ne lui est pas familier n'est pas "entendu" mais réélaboré.

Cela porte-t-il un beau nom femme Narsès ? Je suis un pratique pas un théorique.

Je n'ai pas compris le "femme Narsès" mais je vais me renseigner. Oui, j'aime bien votre approche. Je que j'aimerais savoir c'est si il y a une différence physique, qui pourrait être perçue même par quelqu'un qui ne connait pas la langue,et quelle est-elle ?

237 Dernière modification par éponymie (09-07-2012 00:04:50)

Re : les diphtongues

La seule chose qui distingue pont de bon, c'est le voisement de la consonne initiale.

Voir la page 24 de ce document power point qui recense les traits distinctifs :

http://aix1.uottawa.ca/~hknoerr/LIN1720cours12web.ppt

Et à la page 41 nous avons les 7 traits qui permettent de distinguer TOUTES les consonnes entre elles en français et donc de constituer des paires minimales.

A part ça le document est un peu confus, c'est un support de  cours je suppose.

Mais on ne sait toujours pas si tout le monde (y compris ceux qui ne connaissent pas le français) peut faire cette distinction.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

238

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:
éponymie a écrit:

Cela porte-t-il un beau nom femme Narsès ? Je suis un pratique pas un théorique.

Je n'ai pas compris le "femme Narsès" mais je vais me renseigner (oui, bon, d'accord).

Demandez à P'tit prof, c'est tiré d'une pièce de Giraudoux (Electre), il nous la sort chaque fois que nous parlons de quelque chose sans savoir son nom ni connaitre la théorie qu'il y a derrière. je lui demandais donc comment s'appelle ce dont je parlais dans mon message.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

239 Dernière modification par éponymie (09-07-2012 00:27:17)

Re : les diphtongues

L'article de wikipedia sur le voisement, semble indiquer que dans certaines langues le voisement des consonnes n'est pas un trait distinctif. Donc certains peuvent ne pas "entendre" la différence entre pont et bon.

Pour illustrer un peu plus, en français, c'est l'allongement - plus ou moins conscient - des voyelles qui ne constitue pas un trait distinctif. Voir la discussion sur masquage

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

S'il est permis de se citer soi-même, je me permets de rappeler mes termes du message 204 :

Cela dit, pour cerner les attentes du jury, je suppose que Jourdan veut nous faire constater l'opposition entre les deux labiales, l'une voisée et l'autre non voisée.

Ce à quoi eponymie objectait sagement :

'dans ce cas vous faites de la phonétique. Nous verrons bien.

Dans le message 238, eponymie reprend ma thèse :

La seule chose qui distingue pont de bon, c'est le voisement de la consonne initiale.

Ce qui me donne lieu de penser que c'est cela la bonne réponse, et on ne voit pas pourquoi Jourdan fait tant de manières pour une chose si simple.
Il nous demande :

Je que j'aimerais savoir c'est si il y a une différence physique, qui pourrait être perçue même par quelqu'un qui ne connait pas la langue, et quelle est-elle ?

Il n'y a qu'à les mettre toutes les deux au pied d'un arbre, et celle qui grimpe c'est l'écureuil !

...ah zut, c'est la réponse d'une autre devinette !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

241 Dernière modification par JOURDAN (09-07-2012 00:59:44)

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

La seule chose qui distingue pont de bon, c'est le voisement de la consonne initiale.

Voir la page 24 de ce document power point qui recense les traits distinctifs :

http://aix1.uottawa.ca/~hknoerr/LIN1720cours12web.ppt

Et à la page 41 nous avons les 7 traits qui permettent de distinguer les consonnes entre elles en français et donc de constituer des paires minimales.

A part ça le document est un peu confus, c'est un support de  cours je suppose.

Mais on ne sait toujours pas si tout le monde (y compris ceux qui ne connaissent pas le français) peut faire cette distinction.

Très bien, nous y sommes arrivés, ou presque. La seule chose qui distingue pont de bon, c'est le "timing" du voisement initial. Nous ne connaissons pas encore les consonnes, je vous rappelle (l'exercice est censé les faire apparaître en fait). Dans pont, le voisement commence plus tard.

La seule différence entre ces deux mots prononcés réside dans ce décalage, qui produit théoriquement une brève période de pont différente de la même période de bon. Cette partie initiale des deux mots ne diffère que par le voisement.

Donc la démonstration de la page, mais on peut trouver la même dans de nombreux sites et livres de phonologie est fausse. L'opposition pont/bon ne peut faire apparaitre les consonnes [p] et [graph :b] puisque la seule différence entre les deux mots ne consiste que dans le voisement. Cette opposition ne peut faire apparaitre que la contraste de voisement, qui en français est un trait distinctif, pas un phonème.

Imaginez que les deux mots soient représentés par une série de lampes, chaque lampe est un trait distinctif. Plusieurs lampes forment un phonèmes (à trouver plus tard).

Le mot bon serait représenté par tous les traits distinctifs de  [graph :b] et de [õ], donc on aurait quelque chose comme :
voisé, occlusif, labial, nasal, ....., voisé (vous feriez ça mieux que moi)

dans le mot bon, toutes ces lampes seraient allumées, mais pour représenter le mot pont, il suffirait d'en éteindre une

autrement dit dans l'alternance entre bon et pont, seule la première lampe clignoterait, les lampes représentant l'occlusivité et la labialité ne clignoteraient pas, puisqu'elle sont communes aux deux mots. Impossible de mettre en évidence le groupe de lampes correspondant à [p] ou à [graph b] !

Pour trouver que les traits distinctifs sont "regroupés" soit en la consonne /p/, soit en la consonne /b/, il faut étudier en réalité beaucoup plus de mots que seulement pont et bon ! C'est la comparaison de l'ensemble des oppositions que l'on peut former en français qui permet à la fin d'extraire ces consonnes !

Donc, la paire minimales est une technique phonologique qui NE DONNE PAS les phonèmes, contrairement à ce qui est affirmé presque partout (connaissances mal assimilées). Les paires minimales (en supposant qu'on puisse déjà les reconnaître, j'ai montré déjà la circularité du raisonnement qu'il y a à décider que telle paire EST minimale) donnent un nombre quelconque de traits distinctifs. Il y a des passages de Martinet là-dessus je pense).

Le piège est augmenté par la difficulté que nous tendons à appliquer notre raisonnement sur des mots qui sont déjà ECRITS : pont et bon. Et que cette notation nous dit déjà que ce qui diffère entre les deux est la "lettre" initiale. C'est pour ça que les apprentis phonologues ont quelquefois tendance à se mettre immédiatement à parler de port, de bord, ou encore de con, de bite, etc.

Maintenant la question de savoir si "tout le monde" pourrait entendre cette distinction est effectivement difficile. Il faudrait avoir déjà des oreilles, comme on l'a remarqué... entendre les sons des bonnes fréquences, être sensible au décalage extrêmement court en jeu.

Si on laisse tomber le théorique martien, il est probable que la plupart des humains entendraient de fait cette différence, au pire après un bref entrainement. Ceux qui l'entendraient d'emblée le feraient probablement parce que dans leur propre langue (comme on l'a vu en mandarin par ex.), les différences de voisement sont utilisées en attaque initiale (ce qui ne veut pas dire que leur langue comprendrait effectivement des "consonnes" initiales en tant que phonèmes, juste que le trait de voisement précoce/retardé leur servirait, soit tout seul, soit en s'amalgamant avec un nombre quelconque d'autres traits, à produire des oppositions significatives).

242

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Dans le message 238, eponymie reprend ma thèse :

La seule chose qui distingue pont de bon, c'est le voisement de la consonne initiale.

J'avais oublié votre message effectivement. Pardon.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : les diphtongues

Le piège est augmenté par la difficulté que nous tendons à appliquer notre raisonnement sur des mots qui sont déjà ECRITS : pont et bon. Et que cette notation nous dit déjà que ce qui diffère entre les deux est la "lettre" initiale. C'est pour ça que les apprentis phonologues ont quelquefois tendance à se mettre immédiatement à parler de port, de bord, ou encore de con, de bite, etc.

Je parle de bite parce que vous parlez de paire ! Fallait pas commencer...

J'ai la curieuse impression que nous vous servons de cobayes : vous testez sur nous un cours ou un article.
Si mon intuition est juste, je vous invite à revoir votre copie, car votre énoncé est clair comme du jus de chique. L'image des lampes censée éclairer (ha ! ha!) la question l'obscurcit  considérablement : il faut comprendre la comparaison avant de comprendre le concept, ce qui est une perte d'énergie (électrique, ha ! ha!), d'autant plus que le concept est plus clair que la comparaison.

Vous niez énergiquement faire de la phonétique, mais le voisement et le non voisement sont des traits phonétiques.

De plus, cette opposition est aléatoire, en français : la langue n'oppose pas le voisé au non voisé dans une même racine. Pon n'est pas le présent d'un verbe dont bon serait le passé, pon n'est pas le singulier et bon le pluriel d'un seul et même mot... Cette opposition n'a aucune incidence morphologique. Certes, elle crée une distinction de sens, mais mon petit exercice de fabrication m'a prouvé qu'avec une consonne initiale et la voyelle on on peut générer quantité de mots qui ne s'opposent pas seulement par le voisement.

Au fait, vous savez pourquoi nous n'avons pas trouvé votre solution ?
C'est qu'elle est si simple et si évidente que nous ne pouvions pas imaginer que c'était ça que vous vouliez  nous faire dire ! Tous vos grands airs mystérieux, le Martien, le piège... pour en arriver au voisement !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

244 Dernière modification par éponymie (09-07-2012 01:13:07)

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Donc la démonstration de la page, mais on peut trouver la même dans de nombreux sites et livres de phonologie est fausse. L'opposition pont/bon ne peut faire apparaitre les consonnes [p] et [graph :b] puisque la seule différence entre les deux mots ne consiste que dans le voisement. Cette opposition ne peut faire apparaitre que la contraste de voisement, qui en français est un trait distinctif, pas un phonème.

Imaginez que les deux mots soient représentés par une série de lampes, chaque lampe est un trait distinctif. Plusieurs lampes forment un phonèmes (à trouver plus tard).

Le mot bon serait représenté par tous les traits distinctifs de  [graph :b] et de [õ], donc on aurait quelque chose comme :
voisé, occlusif, labial, nasal, ....., voisé (vous feriez ça mieux que moi)

dans le mot bon, toutes ces lampes seraient allumées, mais pour représenter le mot pont, il suffirait d'en éteindre une

autrement dit dans l'alternance entre bon et pont, seule la première lampe clignoterait, les lampes représentant l'occlusivité et la labialité ne clignoteraient pas, puisqu'elle sont communes aux deux mots. Impossible de mettre en évidence le groupe de lampes correspondant à [p] ou à [graph b] !

Pour trouver que les traits distinctifs sont "regroupés" soit en la consonne /p/, soit en la consonne /b/, il faut étudier en réalité beaucoup plus de mots que seulement pont et bon ! C'est la comparaison de l'ensemble des oppositions que l'on peut former en français qui permet à la fin d'extraire ces consonnes !

Donc, la paire minimales est une technique phonologique qui NE DONNE PAS les phonèmes, contrairement à ce qui est affirmé presque partout (connaissances mal assimilées). Les paires minimales (en supposant qu'on puisse déjà les reconnaître, j'ai montré déjà la circularité du raisonnement qu'il y a à décider que telle paire EST minimale) donnent un nombre quelconque de traits distinctifs. Il y a des passages de Martinet là-dessus je pense).

Dans mon Introduction à la linguistique française (tome 1, les Fondamentaux, Hachette 2001), il est clairement dit à la page 96 que cette méthode phonématique est plus rapide mais est applicable seulement par ceux qui connaissent déjà bien la langue étudiée.

Parce que tous les traits distinctifs de la page 24 du document power point - vos petites lampes, un bon tableau vaut mieux qu'un long discours et on comprend bien qu'il a fallu un corpus important pour le constituer - ont déjà été étudiés, en français et dans d'autres langues (le nain sur les épaules d'un géant). Et il ne reste plus qu'à s'amuser sur les différences de sens avec cousin/coussin, pont/bon etc.

Et la page 4.2 du site SFU, annonce tout de suite la couleur :

Le but premier dans une analyse phonologique est d’identifier les sons qui créent des distinctions de sens.

Ils ne prétendent pas partir de rien. Vous êtes parti en guerre contre cette malheureuse page 4.2 pour pas grand chose. Il est évident que si vous débarquez sur Mars, le phonologue que vous êtes devra suivre dans les menus détails toutes les procédures d'études de la langue.

JOURDAN a écrit:

Le piège est augmenté par la difficulté que nous tendons à appliquer notre raisonnement sur des mots qui sont déjà ECRITS : pont et bon. Et que cette notation nous dit déjà que ce qui diffère entre les deux est la "lettre" initiale.

La plupart de ceux avec qui vous avez parlé ici sont parfaitement conscients de la distinction oral/écrit.

JOURDAN a écrit:

C'est pour ça que les apprentis phonologues ont quelquefois tendance à se mettre immédiatement à parler de port, de bord, ou encore de con, de bite, etc.

Je ne suis ni phonologue, ni apprenti-phonologue. Si vous me posez une question, comme je ne suis plus enfant, je cherche aussi à comprendre pourquoi vous posez la question. Passons.

Faut-il se lancer dans le recensement des traits des glides suivant les 7 critères de la page 41 du document power point (+ ceux des voyelles si nécessaire) ? Nous avons accumulé ici tout le matériel pour le faire je pense. Je le ferai demain, histoire de voir : les glides sont-ils distinguables seulement par des traits consonnantiques ? J'aurais tendance à supposer que oui.

Et pourquoi ne dressez-vous pas une liste de "vos" diphtongues ? Histoire de voir si on peut recenser leurs traits (distinctifs ou non).

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

245

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

Je parle de bite parce que vous parlez de paire ! Fallait pas commencer...

J'ai la curieuse impression que nous vous servons de cobayes : vous testez sur nous un cours ou un article.
Si mon intuition est juste, je vous invite à revoir votre copie, car votre énoncé est clair comme du jus de chique. L'image des lampes censée éclairer (ha ! ha!) la question l'obscurcit  considérablement : il faut comprendre la comparaison avant de comprendre le concept, ce qui est une perte d'énergie (électrique, ha ! ha!), d'autant plus que le concept est plus clair que la comparaison.

Oui, peut-être que les lampes n'éclairent pas plus la démonstration, j'ai tendance à aimer les histoires, ici c'est peut-être inutile.

P'tit prof a écrit:

Vous niez énergiquement faire de la phonétique, mais le voisement et le non voisement sont des traits phonétiques.

Non, non, c'est comme si vous disiez à un aviateur (encore une histoire) : "vous niez faire de la voiture, mais regardez, vous avez des roues !" La phonologie, je viens de l'écrire, utilise les mêmes matériaux sonores que la phonétique, mais elle s'en sert différemment, c'est écrit dans tous les ouvrages introductifs, y compris dans la très bonne page de Wikipedia que j'ai citée l'autre fois.

P'tit prof a écrit:

De plus, cette opposition est aléatoire, en français : la langue n'oppose pas le voisé au non voisé dans une même racine. Pon n'est pas le présent d'un verbe dont bon serait le passé, pon n'est pas le singulier et bon le pluriel d'un seul et même mot... Cette opposition n'a aucune incidence morphologique. Certes, elle crée une distinction de sens, mais mon petit exercice de fabrication m'a prouvé qu'avec une consonne initiale et la voyelle on on peut générer quantité de mots qui ne s'opposent pas seulement par le voisement.

Oui, vous avez raison, d'une manière générale, les oppositions de consonnes ne sont pas utilisées, dans les langues IE, pour produire des flexions. Je connais toutefois des exceptions.

P'tit prof a écrit:

Au fait, vous savez pourquoi nous n'avons pas trouvé votre solution ?
C'est qu'elle est si simple et si évidente que nous ne pouvions pas imaginer que c'était ça que vous vouliez  nous faire dire ! Tous vos grands airs mystérieux, le Martien, le piège... pour en arriver au voisement !

En quelque sorte, oui, c'est si simple, mais il n'y a pas que ce forum dans le monde, il n'y a pas que vous et moi. Alors pourquoi si peu de gens s'aperçoivent de cette erreur de raisonnement, pire : l'enseignent ?

246

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:

Alors pourquoi si peu de gens s'aperçoivent de cette erreur de raisonnement, pire : l'enseignent ?

Voir mon message précédent. Mauvais procès de votre part. Votre chef d'accusation ne tient pas la route.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

247

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Dans mon Introduction à la linguistique française (tome 1, les Fodamentaus, Hachettes 2001), il est clairement dit à la page 96 que cette méthode phonématique est plus rapide mais est applicable seulement par ceux qui connaissent déjà bien la langue étudiée.

Très bien, mais c'est rare, je n'ai pas cet ouvrage. Il faut voir ensuite s'ils le disent seulement, ou s'ils le mettent en pratique.

éponymie a écrit:

La plupart de ceux avec qui vous avez parlé ici sont parfaitement conscients de la distinction oral/écrit.

Tant mieux, ils sont donc très bien armés pour trouver l'erreur de débutant, dans la même page (l'erreur dont nous venons de parler est une erreur de fond, d'un certain niveau, même si vous dites que c'était si simple).

éponymie a écrit:

Je ne suis ni phonologue, ni apprenti-phonologue. Si vous me posez une question, comme je ne suis plus enfant, je cherche aussi à comprendre pourquoi vous posez la question. Passons.

Ah, pardon, je croyais que vous étiez apprenti phonologue, comme moi.

éponymie a écrit:

Faut-il se lancer dans le recensement des traits des glides suivant les 7 critères de la page 41 du document power point (+ ceux des voyelles si nécessaire) ? Nous avons accumulé ici tout le matériel pour le faire je pense. Je le ferai demain, histoire de voir : les glides sont-ils distinguables seulement par des traits consonnantiques ? J'aurais tendance à supposer que oui.

Je n'ai pas encore lu cet énorme truc, à vous de défricher, et tenez nous au courant.

éponymie a écrit:

Et pourquoi ne dressez-vous pas une liste de "vos" diphtongues ?

C'est fait dans mon article, mais il date un peu, il faudrait que je le revoie.

248

Re : les diphtongues

éponymie a écrit:

Voir mon message précédent. Mauvais procès de votre part. Votre chef d'accusation ne tient pas la route.

Enseigner des raisonnements faux dont le démontage est pourtant si "simple" qu'on ne le voit pas, c'est vrai que c'est la bonne méthode pour former les esprits. Pardon d'y avoir vu un cafouillage, je ne ferai plus de procès à cette page. La lamentable erreur qu'elle recèle encore a raison d'y être. C'est en enseignant des stupidités qu'on fait progresser la science, les étudiants, et tout ça tient la route (mais ne risque pas de décoller).

249

Re : les diphtongues

JOURDAN a écrit:
éponymie a écrit:

Voir mon message précédent. Mauvais procès de votre part. Votre chef d'accusation ne tient pas la route.

Enseigner des raisonnements faux dont le démontage est pourtant si "simple" qu'on ne le voit pas, c'est vrai que c'est la bonne méthode pour former les esprits. Pardon d'y avoir vu un cafouillage, je ne ferai plus de procès à cette page. La lamentable erreur qu'elle recèle encore a raison d'y être. C'est en enseignant des stupidités qu'on fait progresser la science, les étudiants, et tout ça tient la route (mais ne risque pas de décoller).

Mais enfin, ce site aussi n'est qu'un support de cours : n'imaginez-vous pas que le contenu est bien plus riche, plus précis que ce que nous en voyons à travers ces quelques pages ?

Ce qui est évident pour moi, c'est que le recensement des traits des phonèmes est déjà considéré comme fait par celui qui a rédigé ce support.

JOURDAN a écrit:
éponymie a écrit:

Et pourquoi ne dressez-vous pas une liste de "vos" diphtongues ?

C'est fait dans mon article, mais il date un peu, il faudrait que je le revoie.

Je mets ci-dessous vos deux articles sur les diphtongues, pour que les choses soient claires :

http://kn0l.wordpress.com/diphtongue-en-francais/
http://kn0l.wordpress.com/diphtongue-en-francais-2/

Histoire de discuter sur "vos" diphtongues.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

250

Re : les diphtongues

P'tit prof a écrit:

S'il est permis de se citer soi-même, je me permets de rappeler mes termes du message 204 :

Cela dit, pour cerner les attentes du jury, je suppose que Jourdan veut nous faire constater l'opposition entre les deux labiales, l'une voisée et l'autre non voisée.

Ce à quoi eponymie objectait sagement :

'dans ce cas vous faites de la phonétique. Nous verrons bien.

Dans le message 238, eponymie reprend ma thèse :

La seule chose qui distingue pont de bon, c'est le voisement de la consonne initiale.


Oui, vous partiez tous les deux de la bonne réponse, mais pour sauter immédiatement aux consonnes (ou "labiales" ce qui revient au même) en jeu (dont on a vu que justement, elles ne sont pas données par l'exercice) voire pour me donner toute une liste d'autres consonnes du français. Il y avait aussi dans les interventions une citation pertinente à propos de pain et de bain. La réponse était dans l'air, mais à chaque fois vous avez donné PLUS que la réponse, l'exercice doit donner la réponse et SEULEMENT la réponse. Je n'ai pas découvert ça tout seul, c'est Cao qui me l'a enseigné (c'est peut-être dans Martinet mais de façon beaucoup plus confuse).

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