Passer au contenu du forum

forum abclf

Le forum d'ABC de la langue française

Mise à jour du forum (janvier 2019)

Remise en l'état – que j'espère durable – du forum, suite aux modifications faites par l'hébergeur.

(Page 2 sur 4)

forum abclf » Réflexions linguistiques » Pour une réforme du participe passé

Flux RSS du sujet

Messages [ 51 à 100 sur 186 ]

51 Dernière modification par Spalding (14-11-2011 08:31:00)

Re : Pour une réforme du participe passé

Ma réponse tiendra en deux points :


1) Je signale d'abord à Éponymie que le Professeur Audet n'expose les 16 règles actuelles du participe passé que pour déplorer leur complexité excessive. Mais je vous rappelle d'abord l'adresse de son fichier : www.aide-doc.qc.ca/le.grammairien/ftp/pp1.pdf – Consultez en particulier la page 2 (bas). Voici la citation exacte du Professeur Audet :

"Derrière les multiples règles de surface formulées par la tradition scolaire sur l’accord du participe passé se dissimule en fait UNE SEULE INTENTION DE LA LANGUE, voire même UNE SEULE INTENTION DE L’USAGE, quelques fois désorientée, ou déjouée, mais une seule : accorder le participe passé, ou passif, avec la personne en situation de patient (le DP) de l’événement représenté en lui."

Précision – Le DP doit être identifié par la question : qu'est-ce qui est participe passé (PP) ?

Cela dit, Audet rajoutera que le participe passé ne doit pas s'accorder quand le DP (ou support) se trouve après le participe. Pure concession aux usages pour Audet ! Il envisage aussi les applications du principe général pour une multitude de cas. Vous pourrez voir que ces applications sont beaucoup moins simples que le principe de base...


2) À l'intention de Ptit Prof maintenant, je ne vois pas comment je pourrais plagier Audet. Ma conception hiérarchique est en effet pratiquement opposée à la sienne, individualiste. Pour moi, le participe passé ne doit pas s'accorder indépendamment du verbe auxiliaire : Avoir ou Être. Sa nature change selon cet auxiliaire, ce qui suppose des règles différentes selon le cas. Reportez-vous à mes trois formules, page 31 de mon fichier : http://www.archive-host.com/files/12836 … TICIPE.pdf


Dans tous les cas, merci pour votre charmant accueil sur ce forum. Et passez tous une bonne nuit...

Re : Pour une réforme du participe passé

Spalding a écrit:

Mais je vous rappelle d'abord l'adresse de son fichier : www.aide-doc.qc.ca/le.grammairien/ftp/pp1.pdf – Consultez en particulier la page 2 (bas).

Mais c'est exactement l'adresse que j'ai fournie et que tous les Abéciens intéressés peuvent consulter. Pour le reste je vais re-regarder.

Mais je ne crois pas avoir trahi ce qu'il dit ni ce que vous citez.

Bonne nuit smile

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

Mais si, mais si, vous l'avez plagié, jusqu'à reprendre ses exemples, quand il était si facile d'en fabriquer d'autres.

Ce melheureux Audet est mentaliste à n'en plus pouvoir :

, mais une seule : accorder le participe passé, ou passif, avec la personne en situation de patient (le DP) de l’événement représenté en lui."

La personne en situation de patient de l'événement représenté en lui !
Autrement dit, c'est le sens qui gouverne...

Précision – Le DP doit être identifié par la question : qu'est-ce qui est participe passé (PP) ?

Question mentaliste entre toutes.
Au lieu de se demander qui est-ce qui est cocu (pardon, je n'ai pu résister à la tentation), on cherche le sujet du verbe. Le sujet du verbe est le premier mot de la proposition, généralement parlant, et il se situe, la plupart du temps, à gauche du verbe. Il est donc aisé de le trouver, sans se poser aucune question.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

54 Dernière modification par éponymie (04-11-2011 15:08:21)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je pensais que j'allais devoir me replonger dans le texte de monsieur Audet mais ça n'a pas vraiment été nécessaire.

Spalding a écrit:

2) Je signale à Éponymie que le Professeur Audet n'expose les 16 règles actuelles du participe passé que pour déplorer leur complexité excessive.

Pour déplorer la complexité excessive de l'ensemble.

Comment se ferait-il donc que l’accord, donc un aspect du comportement, d’une seule et même partie du discours soit régi par autant de règles distinctes? (p. 2)

Spalding a écrit:

Consultez en particulier la page 2 (bas). Voici la citation exacte du Professeur Audet :

Derrière les multiples règles de surface formulées par la tradition scolaire sur l’accord du participe passé se dissimule en fait UNE SEULE INTENTION DE LA LANGUE, voire même UNE SEULE INTENTION DE L’USAGE, quelques fois désorientée, ou déjouée, mais une seule : accorder le participe passé, ou passif, avec la personne en situation de patient (le DP) de l’événement représenté en lui.

Ai-je dit autre chose ?

éponymie a écrit:

Il passe effectivement en permanence par la sémantique (agent/patient) pour trouver une règle unifiée d'accord du participe passé.

Quel est le présupposé ?

L’usage naturel et les règles de grammairiens témoignent pourtant, ici comme ailleurs, d’une intuition profonde : une nécessité commune.

Le participe passé est à considéré comme un adjectif qualificatif associé à un morphème de voix passive (é, i, it, u, etc.). Il devient un participe passif et place son support (le désigné passif) en situation de PATIENT (celui qui est objet de “l'action”).

La nécessité commune, c'est d'accorder le participe passé avec le désigné passif.

J'interprète aussi son "quelques fois désorientée, ou déjouée". Je ne vais pas re-citer tout mon message.

J'ajoute également qu'il dit aussi (toujours en page 2) :

Les règles traditionnelles ne sont pas fausses : elles donnent les bonnes réponses.

Que vouliez-vous donc me signaler ? Ou plutôt, qu'ai-je donc dit qui soit à côté de la plaque ?

Spalding a écrit:

Précision – Le DP doit être identifié par la question : qu'est-ce qui est participe passé (PP) ?

FAUX

Je ne fais que citer le texte (pp. 2-3)

Damourette et Pichon (1969), que je viens de lire, bien tardivement, sur le sujet, expriment déjà cette règle unique, et deux fois plutôt qu’une : « En général, quelle que soit l’acception [de agente ou de patiente], c’est toujours le patient […] qui est susceptible d’être le support du participe de type su [c.-à-d. de type –é]. C’est pourquoi nous appelons cet adjectif verbal participe patiental »

Le problème de base est l'identification du patient (ou Désigné Passif), support du participe passé et à partir duquel se fait l'accord, puisque la présence d'un particpe passé suppose un DP : toute sa démonstration est là. Il me semble que cette synthèse est meilleure que la vôtre.

Spalding a écrit:

Cela dit, Audet rajoutera que le participe passé ne doit pas s'accorder quand le DP (ou support) se trouve après le participe. Pure concession aux usages pour Audet !

Et c'est en cela qu'il a(vait) une mauvaise vision de l'usage.

Spalding a écrit:

Il envisage aussi les applications du principe général pour une multitude de cas. Vous pourrez voir que ces applications sont beaucoup moins simples que le principe de base...

Si le principe de base - réputé simple - pose des problèmes quand il s'agit de l'appliquer concrètement. C'est que ce principe n'est pas bon. Avec P'tit prof nous vous le disons et répétons de diverses manières.

Ce que je n'ai probablement pas dit assez clairement est que la règle unique n'est pas seulement complexe à appliquer (comment identifier le patient ?), elle ne tient pas non plus suffisamment compte de l'usage. Pour preuve : il n'aborde même pas un cas aussi stupide que "la lettre que j'ai écrite". Dans sa logique, le non accord ne peut être qu'une erreur.

Je re-cite la citation de P'tit prof :

La règle du participe passé est une règle artificielle, à laquelle les grammairiens logiciens ont attaché, depuis la fin du XVIIIe siècle, une importance excessive. Il est regrettable que l'Université, au XIXe siècle, ait repris cette tradition. Il serait sage de laisser toute liberté à l'usage, qui tend évidemment à considérer le participe construit avec être comme un adjectif variable, et le participe construit avec avoir comme une forme verbale invariable.

Pas de contorsions sémantiques dans un tel énoncé.

À part ça, j'ai trouvé extrêmement intéressante l'idée du participe passé supportée par un patient. Mais quand on lit les contorsions auxquelles il se livre parfois pour gérer les cas particuliers...

J'ai aussi lu la correction que vous avez apportée à la page 9 de votre texte :

Le complément sera bien entendu patient de l'action (voix active) dans les phrases transitives directes avec COD : Jacques embrasse sa voisine (COD). Mais on pourrait aussi soutenir qu'il en va de même dans les phrases transitives indirectes avec COI : Jacques parle à sa voisine (COI). Dans les deux cas, sa voisine apparait comme la patiente de l'action. Nous pouvons même supposer un patient de l'action dans les phrases intransitives : Jacques chante. Toute action impliquant un effet sur l'environnement, cette phrase comporte bien un complément, même s'il est alors implicite. Jacques doit en effet bien intéresser un auditoire, sinon lui-même (ici environnement). D'un point de vue sémantique, ces arguments paraissent recevables.
Mais dans une question grammaticale, le point de vue grammatical doit bien entendu primer. Le complément sera donc patient de l'action uniquement dans les phrases transitives directes, quand il joue le rôle de COD. En effet, le COI ou un éventuel complément implicite sont dans une relation asymétrique avec le sujet grammatical. Ils ne peuvent commuter avec le sujet sans dénaturer le sens de la phrase : La voisine de Jacques lui parle n'est pas ainsi l'équivalent sémantique de Jacques parle à sa voisine. Par contre, cette commutation est possible dans les phrases transitives directes : Jacques embrasse sa voisine (voix active) deviendra La voisine de Jacques est embrassée par lui (voix passive), avec le même sens. De ce point de vue, le COI n'indique en fait que l'orientation de l'action.

Je vois que vous persistez à faire du COI un patient de l'action tout en précisant après qu'il ne l'est que dans certains cas. N'est-ce pas inutilement compliqué en plus de continuer à être contestable ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

55 Dernière modification par Spalding (08-11-2011 09:13:39)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je vais répondre ici dans le désordre à Ptit Prof et Éponymie. Je commencerai d'abord par le plus accessoire pour en venir au plus fondamental.


En ce qui concerne d'abord ma petite rectification des pages 9-10, elle me parait tout-à-fait défendable. En effet, sur le plan sémantique, on peut très bien soutenir que la voisine est en situation de patient quand Jacques lui parle (COI) aussi bien que lorsqu'il l'embrasse (COD). Lorsque Jacques chante (intransitif), on peut aussi supposer un patient implicite : auditoire ou lui-même.

Sur le plan grammatical, seul le COD peut cependant être considéré comme le patient de l'action, le COI indiquant par contre l'orientation de l'action. Cela implique aussi une certaine conception sémantique, défendable mais pas meilleure que la mienne. Cette conception me parait en fait surtout inspirée par des considérations grammaticales. Elle justifie en particulier que le participe passé ne s'accorde jamais avec le COI selon les règles actuelles.


Ensuite, reprendre les exemples de quelqu'un n'est pas forcément le plagier. J'ai signalé au début de mon texte que le fichier PDF du Professeur Audet serait l'une de mes principales sources d'inspiration. En effet, il illustre très bien la (les) règle(s) traditionnelle(s) pour l'accord du participe passé. Je pense qu'il faut bien comprendre la conception actuelle du participe, pour la comparer précisément à celle que je propose.

Voilà pourquoi je n'ai pas hésité à reprendre les exemples du Pr Audet, en particulier dans mes sections 5 et 6. Dans l'annexe, ce sont ceux de Mr Dupont (pseudonyme). Cela me permet d'établir clairement la nature byzantine des règles actuelles, même si Audet s'efforce de les ramener à un seul principe général.


Audet préconise en effet d'accorder le participe passé avec le patient de l'évènement représenté en lui : le désigné passif ou DP (page 2 bas). Cela revient à poser la question : Qu'est-ce qui est PP ? Vous remarquerez d'ailleurs que le linguiste Mr Dupont l'établit très clairement (pages 59-60), parlant aussi de rapport sémantique. Mrs Gruaz, Legros et Wilmet travaillent également sur ces bases.

Je ne vais pas reprendre tous les exemples donnés par Audet. Vous verrez que pour chacun, l'identification du PP peut s'effectuer par la question : Qu'est-ce qui est PP ?

Cette question est en effet typiquement sémantique. Cela ne me parait pas infondé. Dans "Cette maison blanche me plait" et "Cette blanche maison me plait", l'adjectif doit évidemment s'accorder avec "maison" d'un point de vue sémantique. Que l'adjectif soit situé avant ou après le nom n'intervient aucunement en l'occurrence. Le déterminant (précisant le sens) doit alors s'accorder avec le déterminé (porteur de sens) : un critère typiquement sémantique !

Prenons "Une foule de gens est entrée" et "Une foule de gens sont entrés". L'accord s'effectuera avec "foule" ou avec "gens" en suivant un critère sémantique, selon que l'on considère que "foule" ou "gens" est au centre de l'action. Inutile d'ajouter que le critère sémantique est ici subjectif, en fonction du message que l'on veut faire passer. Mais qui dit "subjectif" ne dit pas forcément "infondé".

Dans cette perspective, le participe passé ne doit pas s'accorder automatiquement avec le sujet, pas plus qu'avec le complément d'ailleurs. Voilà pourquoi j'ai distingué les voix active et passive pour l'accord du participe joint à l'auxiliaire Être. Ce sont mes formules B et C (page 31).

Vous remarquerez que je me borne jusqu'à présent à exposer les règles actuelles du participe passé, plutôt le principe général qui les sous-tend : accord du participe avec le désigné passif (DP). Cela revient à poser la question Qu'est-ce qui est PP ? Les linguistes Audet, Gruaz, Legros et Wilmet font tous cette interprétation des règles actuelles. Et je renvoie de nouveau au petit exposé de Mr Dupont (pages 59-60), un linguiste authentique.


Maintenant, il n'est pas interdit de critiquer la conception actuelle du participe passé. En examinant les exemples fournis par Audet, sa règle de base débouche sur une autre :

1) Identification du déposé passif (DP) par la question Qu'est-ce qui est PP ? L'accord s'ensuit alors logiquement.

2) Blocage de cet accord quand l'agent, désigné actif (DA) pour Audet, est en mesure de créer des interférences. On écrira ainsi "La terre a rougi" avec le DA identique au DP ; "Le soleil a rougi la terre" avec le DA avant le participe passé, le DP après par contre.

Le Pr Audet semble regretter ce blocage éventuel de l'accord. Mais il reconnait qu'accorder systématiquement le participe avec son DP serait trop heurter les usages. Et ces usages poussent au blocage de l'accord quand le DA (actif) peut concurrencer le DP (passif).

Mais ce n'est pas tout ! Si vous examinez attentivement les innombrables exemples d'Audet, vous verrez que l'identification du DP est loin d'être évidente. Le Professeur Audet fait lui-même des interprétations divergentes par rapport aux règles officielles. Je vous renvoie par ailleurs à mes sections 5 et 6.

Bref, deux principes au départ, pas un seul comme l'affirme Audet. Et pour les applications, on en revient finalement aux 16 règles actuelles pour l'accord du participe passé (ou son invariabilité) : voir pages 1-2 du fichier d'Audet.


Par comparaison, ma conception du participe passé est initialement moins simple que celle d'Audet, avec trois formules (page 31). Ces trois formules ne débouchent pas toutefois sur 16 applications, mais sur 2 seulement (page 33). Voyez un peu la simplification !

Au niveau théorique, il est par ailleurs évident que les règles actuelles du PP sont inspirées par une conception "individualiste" de son rôle. En effet, le PP s'accorde alors en toute indépendance avec le DP identifié, sans jamais considérer la nature du verbe auxiliaire : Avoir ou Être.

Même sur le plan théorique, je préfère donc ma conception "hiérarchique". De fait, le participe passé forme une association avec le verbe auxiliaire pour les temps composés ou la voix passive. On comprend alors mal qu'aucune conséquence n'en soit tirée pour l'accord ou l'invariabilité du PP. La nature du PP change donc logiquement selon l'auxiliaire verbal. Et cela suppose naturellement des règles différentes selon cet auxiliaire : Avoir ou Être. Et comme dit plus haut, j'ajoute que l'auxiliaire Être pose un problème particulier avec les voix active et passive : formules B et C (p. 31).


Voilà, je pense avoir été suffisamment clair. En se basant sur les usages courants, une simplification radicale des accords du participe passé (à l'espagnole) est bien sûr toujours possible. Mais encore faut-il la justifier théoriquement. Tel est l'objet de ce travail !

56 Dernière modification par éponymie (11-11-2011 13:45:26)

Re : Pour une réforme du participe passé

Spalding a écrit:

En se basant sur les usages courants, une simplification radicale des accords du participe passé (à l'espagnole) est bien sûr toujours possible. Mais encore faut-il la justifier théoriquement.

C'est contestable. Mais vu le ton apaisé de votre message, je vais passer à la page 10 et aux suivantes. Et voir ce qu'il y a répondre au présent. A temps perdu.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

57

Re : Pour une réforme du participe passé

Prenez tout votre temps. Je ne suis vraiment pas pressé...

Et il vaut mieux aussi conserver un ton aimable. Cela n'a pas toujours été le cas jusqu'à présent, même si je ne veux pas établir des responsabilités précises.

Re : Pour une réforme du participe passé

Prenons "Une foule de gens est entrée" et "Une foule de gens sont entrés". L'accord s'effectuera avec "foule" ou avec "gens" en suivant un critère sémantique, selon que l'on considère que "foule" ou "gens" est au centre de l'action. Inutile d'ajouter que le critère sémantique est ici subjectif, en fonction du message que l'on veut faire passer. Mais qui dit "subjectif" ne dit pas forcément "infondé".

Cela porte un beau nom, femme Narsès, cela s'appelle une syllepse.
L'accord se fait, selon la grammaire avec le noyau du groupe nominal, ou, selon le sens, avec le complément de ce noyau. D'où le nom d'accord ad sensum donné par les grammairiens latins.
On remarque, en ce dernier cas, qu'en français le nom qui donne l'accord est plus près du verbe que le nom noyau :
une foule de gens est entrée/ une foule de gens sont entrés.
Cela n'est d'ailleurs pas exclusif de la syntaxe du participe :
une foule de gens entra/une foule de gens entrèrent.
Ainsi, le mécanisme grammatical, accord du verbe avec le nom qui le précède immédiatement, joue pleinement.
Selon un choix sémantique, bien entendu. On ne peut pas évacuer le sémantique, mais il doit venir en conclusion : il est l'effet, et non la cause.

Tout ça, c'est histoire de causer. Puisque nous n'avons pas l'honneur d'être des linguistes authentiques...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

59 Dernière modification par coco47 (09-11-2011 05:53:53)

Re : Pour une réforme du participe passé

Spalding a écrit:

1) Je signale d'abord à Coco qu'il a perdu une bonne occasion de se taire. En effet, il faut écrire "tout-à-fait" comme "c'est-à-dire". Et si vous ne trouvez pas cette orthographe dans le dictionnaire, c'est que le français doit être réformé, en tout cas sur ce point. Il faut donc avoir un minimum d'esprit critique par rapport à ce qu'on peut lire ou apprendre.

M. Spalding, l'amabilité de votre ton est un régal. Mais d'où tenez-vous ce « il FAUT écrire tout-à-fait », sinon de votre propre volonté personnelle. Il faut écrire tout-à-fait parce que vous en avez décidé ainsi ! Et puisque les dictionnaires, unanimes, ne disent pas comme vous, alors le français doit être réformé. Quelle hache vengeresse ! Que vous a fait la langue française ? Et d'ailleurs, quel rapport entre tout[-]à[-]fait et c'est-à-dire ? Les constructions ne sont absolument pas les mêmes. Allez-vous nous inventer petit-à-petit, rien-à-dire ou poêle-à-frire ? Votre attitude en cette occasion discrédite totalement, à mes yeux , toutes vos interventions, passées et à venir.

Re : Pour une réforme du participe passé

En fin de compte, tout ceci repose sur deux  énormes malentendus... et même trois !

Premier malentendu
: voir dans le participe passé une forme passive.
C'était vrai en latin : les verbes latins n'ont que deux participes, l'un formé sur le radical de l'infectum, l'autre formé sur un radical différent.
Le participe infectum, terminé en -ns, -ntis est un participe actif, l'autre, en -us, -a-, um est un participe passif. Il sert à former le perfectum passif, en appui sur le verbe esse.
Donc, le participe actif est d'aspect inaccompli, le participe passif d'aspect accompli.

Cette belle symétrie n'existe pas en français : le participe passif est simplement  le participe de l'accompli. D'un point de vue sémantique, en effet, il n'y a pas loin de l'accompli au passif, surtout pour les verbes transitifs.
Essayons de n'être pas dupe de cet effet d'optique : entré, sorti, passé sont des accomplis, pas des passifs.
 
Second malentendu
: voir dans le participe, aux temps composés du verbe, une forme autonome arbitrairement liée à l'auxiliaire.
Je préfère y voir une forme unique, en deux éléments, ce que l'on appelle une forme analytique.
Dans la conjugaison française, en effet, les temps de l'inaccompli sont synthétiques, simples, les temps de l'accompli sont analytiques, composés.
Pour il chantera une chanson , personne ne se pose la question d'accorder le verbe chantera avec l'objet chanson. En français, l'objet n'influence pas le verbe.
Pour il aura chanté une chanson la question se pose exactement dans les mêmes termes.
Nous avons, dans les deux cas :
un radical donnant le sémantème : chant-, chanté ;
un grammème indiquant la personne : il ; -a ;
un grammème indiquant le tiroir temporel : r ;
une indication d'aspect : le fait que la forme est simple, contre le fait qu'elle est composée.

Quand on raisonne globalement, on ne se demande plus s'il faut accorder le participe.
On accorde le verbe avec le sujet.
Le participe est une partie du  verbe.
Mais le participe n'est pas la partie du verbe qui porte cet accord, puisque porter l'accord avec le sujet  est une des fonctions de l'auxiliaire :
il aura chanté/ils auront chanté.

Les choses se compliquent avec l'auxiliaire être, puisque être fonctionne comme une copule.
C'est là qu'il faut distinguer les formes passives et les formes imperfectives, qui entrainent l'accord sujet/ participe,   des formes moyennes, qui n'entrainent pas l'accord en présence d'un C.O.D. :
l'accord est signé,
la voiture est passée,
ils se sont rasés,

mais :
ils se sont rasé la moustache.

Je fais cela à l'improvisade, mais on notera que j'ai soigneusement évité tout recours aux critères sémantiques.

Car j'estime que c'est encore un malentendu, le plus grave, que de voir dans cette affaire une question sémantique.


.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

61 Dernière modification par Spalding (12-11-2011 17:14:00)

Re : Pour une réforme du participe passé

Toutes mes excuses d'abord à Coco pour ma réponse en effet peu aimable. Cela arrive dans une discussion. J'avais en plus affaire à plusieurs contradicteurs, pas toujours aimables eux aussi. C'est l'amalgame classique !

Nous pourrions sinon écrire avec des traits d'union toutes les locutions adverbiales. Cela aurait au moins le mérite de la cohérence ! Je pense que les traits d'union s'imposent particulièrement avec "tout à fait" en raison de sa construction bancale : adverbe (tout) + préposition (à) + adjectif (fait). Dans "tout-à-fait d'accord", nous pourrons aussi distinguer clairement les deux locutions adverbiales.

Par comparaison, on pourrait écrire "c'est à dire" sans trait d'union, par analogie avec "c'est à voir". Si nous écrivons quand même "c'est-à-dire" avec des traits d'union, il faut le faire à plus forte raison avec "tout-à-fait" !


Sinon, je suis d'accord à 90 % avec ce que dit Ptit Prof dans son dernier message. Les 10 % restants concernent les verbes pronominaux. Cette question a été très débattue à l'Érofa, certains membres ayant des positions proches de Ptit Prof sur la question.

Je ne vais pas discuter en détail ce problème, faisant juste une remarque. Pour moi, "ils se sont rasé(s) la moustache" n'est pas une tournure moyenne. Cette perception courante résulte alors des interférences entre la voix active et la résultativité de l'auxiliaire Être. Je renvoie ici à mes sections 2 et 3, mention étant par ailleurs faite du travail réalisé par le linguiste Ludo Melis sur les verbes pronominaux.

Pour conclure, nous n'allons pas épuiser ici ce problème du participe passé ! Je pense avoir réalisé un travail valable sur la question, même si on n'est pas obligé de partager mes conclusions. Les usages finiront peut-être par s'imposer à la longue. Et ils vont plutôt dans le sens de ce que je propose, avec divers linguistes : Marc Wilmet, Claude Gruaz... Seules les démonstrations varient, les miennes ayant l'avantage d'aboutir à trois formules théoriques compréhensibles par tout un chacun.

Re : Pour une réforme du participe passé

Seules les démonstrations varient, les miennes ayant l'avantage d'aboutir à trois formules théoriques compréhensibles par tout un chacun.

Je ne suis pas tout un chacun : je n'ai rien compris à vos formules théoriques.

Je n'ai pas compris pourquoi trois, d'ailleurs.
J'arrive à deux, avec mon chemin de petit bonhomme :
présence d'un COD, le participe ne bouge pas,
absence de COD, le participe s'accorde avec le sujet, si, et seulement si, la forme est composée avec le verbe être.

(En effet, on aboutit à trois, mais je dirais plutôt deux et demie.)

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

63 Dernière modification par Spalding (24-11-2011 10:49:23)

Re : Pour une réforme du participe passé

J'ai trois formules au départ, mais qui aboutissent à deux applications seulement. Raisonnable, non ? C'est ma section 4, récapitulation des deux précédentes : pages 31 et 33.

Je vais synthétiser encore plus. Si le participe passé avec l'auxiliaire Avoir exprime une action en soi, il doit naturellement rester invariable (formule A). S'il traduit le résultat d'une action avec l'auxiliaire Être, ce résultat intéresse à priori l'agent ou le patient de l'action. Dans une phrase active, le participe passé s'accordera logiquement avec l'agent de l'action (formule B). Dans une phrase passive, ce sera  tout aussi logiquement avec le patient de l'action (formule C). Mais aussi bien pour B que pour C, il s'agit alors du sujet grammatical !

Je rappelle par ailleurs que ces notions "action en soi" et "résultat d'action" ne sont pas une pure invention de ma part. Elles ont notamment été établies par Grevisse pour les auxiliaires Avoir et Être. Reportez-vous à ma page 24. Des grammairiens évoquent aussi la résultativité pour les verbes pronominaux, impliquant alors l'auxiliaire Être (page 15).


Une douzaine de correspondants, linguistes ou non, m'ont jusqu'à présent envoyé des courriels au sujet de ce travail. Ils trouvent mon approche hyper-logique, mes propositions très claires. Mais certains préfèrent suivre d'autres voies, ce qui est leur droit.

Pour une vue globale, je renvoie à mon long message : page 2 de ce sujet. Les principaux résultats obtenus sont alors exposés pour chaque section de mon document. Difficile de faire plus clair !

Et je rappelle à tout hasard l'adresse de mon fichier complet :
http://www.archive-host.com/files/12836 … TICIPE.pdf


Je vois en tout cas que Ptit Prof a des idées sur le participe passé, comme probablement sur d'autres sujets. Venez donc nous rejoindre à l'association Érofa : http://erofa.free.fr/

Nous avons des discussions passionnées et passionnantes, tout en vidant au fur et à mesure des chopes de bière... Et tout cela se termine par des chants et des danses, autour d'un grand banquet. Exactement comme au village d'Astérix !

Mais je ne vous demande pas de me croire sur parole... wink

64

Re : Pour une réforme du participe passé

Je signale ici que le fascicule du linguiste Claude Gruaz, consacré à l'accord du participe passé, vient de sortir. Pour résumer, Mr Gruaz fait exactement les mêmes propositions que moi. Ses démonstrations, à base d'équations grammaticales, sont toutefois difficilement accessibles au grand public. Mais si la question vous intéresse, vous pouvez commander le fascicule à cette adresse : http://erofa.free.fr/publications-de-l-association.html

Et par ailleurs, n'hésitez pas à faire part de vos réactions, positives ou négatives, sur mon propre travail. Je vous ai donné l'adresse de téléchargement en page 1 de ce sujet. Pour que la discussion soit fructueuse, mentionnez précisément les pages à propos desquelles vous êtes d'accord ou pas d'accord. Et considérez plutôt les questions de fond que le style lui-même...

Re : Pour une réforme du participe passé

salut Spalding.
Sans rentrer dans les détails, moi je trouve que ce sont ces difficultés et ces fantaisies et spécificités  qui font la beauté de la langue française. Et si  les anciennes générations se sont bien débrouillées avec l'accord du participe passé je ne voie pas pourquoi aujourd'hui nous n'en ferons pas pareil avec tous les moyens dont nous disposons.Pourquoi chercher la facilité? parfois  à force de vouloir trop simplifier on risque de faire plus de mal que de bien. Et puis tant pis si les petits écoliers rencontrent quelques difficultés , de toute façon  il ne peut y avoir d'apprentissage sans efforts.

Il n’y a qu'un seul coin dans l'univers que nous pouvons améliorer, c'est nous-même.

66

Re : Pour une réforme du participe passé

Les difficultés ne font pas la beauté du français, ni d'aucune autre langue d'ailleurs. Surtout celles qui ont été introduites de façon artificielle par une personne ou un petit groupe de personnes. Les écoliers - locuteurs d'autres langues que le français, plus régulières (et pas moins belles), évitent une perte de temps inutile en intégrant des difficultés qui n'apportent rien à la communication (pas plus qu'à autres chose) et ne sont pas plus fainéants que les écoliers français.

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

67

Re : Pour une réforme du participe passé

skirlet a écrit:

Les difficultés ne font pas la beauté du français, ni d'aucune autre langue d'ailleurs. Surtout celles qui ont été introduites de façon artificielle par une personne ou un petit groupe de personnes. Les écoliers - locuteurs d'autres langues que le français, plus régulières (et pas moins belles), évitent une perte de temps inutile en intégrant des difficultés qui n'apportent rien à la communication (pas plus qu'à autres chose) et ne sont pas plus fainéants que les écoliers français.

Je plussoie !

Re : Pour une réforme du participe passé

Nous sommes en face d'une illusion d'optique : la fameuse règle d'accord du participe aux temps composés est simplissime.
Des régents aussi bien intentionnés que mal informés l'ont exposée d'une manière fumeuse et compliquée, qui en a masqué la simplicité primitive. Nous  avons ici un exemple du procédé avec les 16 règles du professeur (Audet, je crois ?) : il suffit de prendre chaque phrase où intervient un temps composé, et de faire une loi générale de ce cas particulier.
D'autres régents, tout aussi bien intentionnés, veulent clarifier.
Cela leur prend, ici, 67 pages, car au lieu de partir de l'observation des faits ils partent de la formulation des pseudo-règles.

C'est pourtant simple :
COD à droite, pas d'accord,
pas de COD, accord avec le sujet du verbe, si et seulement si l'auxiliaire est être.
Il n'y a lieu de réformer la convention que dans le cas du COD à gauche.
Nos contemporains se sont réformés tout seuls : les paroles que j'ai dit, les choses que j'ai fait... Il n'est que de décider une tolérance sur ce point aux examens, et fara da se...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

69 Dernière modification par coco47 (22-03-2012 04:06:12)

Re : Pour une réforme du participe passé

D'accord avec P'tit Prof : la règle est très simple. Voici le résumé que j'en ai fait, qui tient en quelques lignes.

On doit se poser UNE SEULE QUESTION : existe-t-il un COD, et si oui, où est-il placé par rapport au participe ?
* Il existe un COD et il est placé avant le participe : accord du participe avec le COD, quel que soit l’auxiliaire.

— Les fruits qu’il a mangés (il a mangé les fruits, fruits COD placé avant).

— Les coups qu’ils se sont donnés (être est mis pour avoir : ils ont donné des coups à eux, coups COD placé avant).

* Il existe un COD et il est placé après le participe : aucun accord du participe, quel que soit l’auxiliaire, participe invariable.

— Elle a mangé des fruits (fruits COD placé après).

— Ils se sont donné des coups (être est mis pour avoir : ils ont donné des coups à eux, coups COD placé après).

* Il n’y a pas de COD
++ Avec avoir (ou avec être mis pour avoir) : aucun accord, participe invariable.
— Elle a mangé.
— Ils se sont plu, parlé, dit des choses, menti… (être est mis pour avoir : ils ont plu, parlé, dit des choses, menti… à eux, se n’est pas COD).
++ Avec être (quand être n’est pas mis pour avoir): accord avec le sujet.
— Elle est couchée.
— Ils se sont doutés que… (ils n’ont pas « douté eux-mêmes », être n’est pas mis pour avoir, se n’est pas COD) (1).
— Elle s’est absentée (s’absenter est un verbe essentiellement pronominal [le verbe absenter n’existe pas], ils n’ont pas « absenté eux-mêmes », être n’est pas mis pour avoir, s’ n’est pas COD).

(1) A ce sujet, un exemple intéressant :
Elle s’est aperçue de son erreur. Dans ce sens, être n’est pas mis pour avoir : elle n’a pas « aperçu elle-même ». Donc s’ n’est pas COD. Accord avec le sujet : féminin singulier.
En passant, elle s’est aperçue dans un miroir. Dans ce sens, être est mis pour avoir : elle a aperçu elle-même. Donc s’ est COD. Accord avec le COD : féminin singulier.
Le résultat orthographique est le même, mais le cas de figure grammatical est différent.

Re : Pour une réforme du participe passé

coco47 a écrit:

(être est mis pour avoir : ils ont plu, parlé, dit des choses, menti… à eux, se n’est pas COD)

Donc être mis pour avoir correspond toujours à un sens réfléchi (elle s'est aperçue dans le miroir) ou réciproque (ils se sont plu) ?

Si c'est bien le cas, voilà qui finirait de rendre très simple et accessible votre règle.

MAIS vous avez oublié le cas du pronom EN qui est aussi - pas toujours - un pronom COD et qui - en français pas en italien - interdit l'accord :

"Des coups ? Il lui en a donné."

Il suffirait de dire que l'accord se fait quand EN est COD (implicite dans votre première règle) : en fait vous avez essayé de proposer une réforme, ou d'imposer l'opinion de ceux qui veulent l'accord avec le EN COD, sans le dire. Voilà qui est rusé smile

Personnellement je suis tout à fait d'accord avec votre règle (si la réponse à ma première question est bien affirmative) MAIS elle ne fera pas l'unanimité.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

en fait vous avez essayé de proposer une réforme,

A mon humble avis, point du tout : coco s'est contenté de décrire les faits : comme on le voit cette description ne nécessite pas 67 pages.
Cette description répond aux critères de validité : brève, claire, non complexe et sans aucune exception.

MAIS vous avez oublié le cas du pronom EN qui est aussi - pas toujours - un pronom COD et qui - en français pas en italien - interdit l'accord :

"Des coups ? Il lui en a donné."

Il n'a pas oublié, il n'avait aucune raison de lister tous les COD possibles en français. C'est ce listage d'applications particulières qui fait dire que la règle est compliquée.
La syntaxe de EN relève du chapitre de la syntaxe des pronoms.EN interdit l'accord, en effet, ou plutôt EN est neutre (on l'a vu ailleurs, le français n'a pas de formes de neutre grammatical, sauf pour les pronoms). Le neutre EN n'a pas de marques masculin/féminin, et, on le voit, pas non plus de marques singuier/pluriel. N'ayant pas de marque, il ne peut pas en faire prendre au participe. Il n'y a pas absence ou interdiction d'accord, mais accord non marqué avec une forme non marquée.

coco 47 n'a pas édicté une règle arbitraire comme celles des échecs ou de la belote, il a formulé une loi physique comme celle de la gravitation : que l'on soit d'accord ou non avec la formulation de Newton, quand on perd l'équilibre, on tombe.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Pour une réforme du participe passé

P'tit prof a écrit:

en fait vous avez essayé de proposer une réforme,

A mon humble avis, point du tout : coco s'est contenté de décrire les faits : comme on le voit cette description ne nécessite pas 67 pages.

C'était de l'ironie : je sais bien qu'il s'agit d'une tentative, de la part de quelqu'un qui sait de quoi il parle, de décrire les faits.

P'tit prof a écrit:

Cette description répond aux critères de validité : brève, claire, non complexe et sans aucune exception.

Bé non. C'est tout le problème.

P'tit prof a écrit:

Il n'a pas oublié, il n'avait aucune raison de lister tous les COD possibles en français. C'est ce listage d'applications particulières qui fait dire que la règle est compliquée.

Certes, puisqu'il s'agit de mettre tous les COD dans le même sac. Démarche que je ne conteste pas du tout.

Il n'y a pas à tortiller : le EN est parfois COD. Et quand il l'est, il constitue une exception. Cette exception est, sainement à mon avis, contestée mais elle est là. Que vous la justifiiez en parlant de neutre (d'autres parlent de partitif) ne change rien à l'affaire.

Encore une fois, la solution serait d'accorder avec le EN COD.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

le EN est parfois COD.

Si nous disions plutôt que EN n'est jamais COD ?
Dans le tableau des pronoms de la Grammaire méthodique du français , Riegel et les  siens mettent EN, avec Y, dans la case des compléments indirects. Ils développent plus loin :

y et en fonctionnent comme des formes synthétiques amalgamant respectivement les prépositions à et de à la forme complément du pronom de la troisième personne.

EN est donc un complément prépositionnel, indirect par hypothèse.
S'il est indirect, il n'est pas direct, comme dirait M. de La Palisse. Au rayon des COD, il n'est pas une exception, mais un intrus. Sa syntaxe est celle du COI, puisqu'il est COI.
L'usage tend à la syllepse, et à faire l'accord avec l'antécédent de EN. Comme je l'ai déjà dit, fara da se.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

74 Dernière modification par éponymie (22-03-2012 17:16:32)

Re : Pour une réforme du participe passé

P'tit prof a écrit:

le EN est parfois COD.

Si nous disions plutôt que EN n'est jamais COD ?
Dans le tableau des pronoms de la Grammaire méthodique du français , Riegel et les  siens mettent EN, avec Y, dans la case des compléments indirects. Ils développent plus loin :

y et en fonctionnent comme des formes synthétiques amalgamant respectivement les prépositions à et de à la forme complément du pronom de la troisème personne.

Ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent ces gens-là.

Il mange les pâtes / il mange des pâtes : COD, il les mange / il en mange

Allez entrer dans des considérations COD / pas COD avec un exemple pareil. Et dire que le verbe manger n'est pas transitif direct dans le deuxième cas.

Il a besoin de pâtes/ Il en a besoin : tout ce que vous voulez (dans le cadre de cette discussion smile ) mais pas COD

Voilà du simple, du clair et du net. En italien les gens ne se posent pas tant de questions mais distingue sans problème les deux fonctions du EN et accordent ou n'accordent pas en conséquence.

Quant à la théorie de Riegel, en discuter amènerait plus que probablement à parler de comptable/non comptable, partitif/pas partitif et c'est une autre histoire.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

Vous voulez que EN soit COD ? permis à vous...
Cependant, vous signalez vous-même que ce COD ne se comporte pas comme un COD, qu'il fait exception. Je n'ai fait que pousser votre logique jusqu'au bout : s'il ne se comporte pas comme un COD, c'est peut-être qu'il n'est PAS un COD, tout bonnement...
Un chien qui grimpe aux arbres et qui fait miaou, c'est une exception, ou un chat ?

Mais vous voulez que ce soit un COD, c'est un COD.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Pour une réforme du participe passé

P'tit prof a écrit:

Vous voulez que EN soit COD ? permis à vous...
Cependant, vous signalez vous-même que ce COD ne se comporte pas comme un COD, qu'il fait exception. Je n'ai fait que pousser votre logique jusqu'au bout : s'il ne se comporte pas comme un COD, c'est peut-être qu'il n'est PAS un COD, tout bonnement...
Un chien qui grimpe aux arbres et qui fait miaou, c'est une exception, ou un chat ?

Mais vous voulez que ce soit un COD, c'est un COD.

L'exception concerne l'accord du participe passé, pas le fait que le pronom soit un pronom COD.

éponymie a écrit:

Il mange les pâtes / il mange des pâtes : COD, il les mange / il en mange

Donnez-moi donc la justification du fait que ce EN n'a pas la fonction de pronom COD. Dans ce cas précis.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

Il mange les pâtes / il mange des pâtes : COD, il les mange / il en mange

Allez entrer dans des considérations COD / pas COD avec un exemple pareil. Et dire que le verbe manger n'est pas transitif direct dans le deuxième cas.
Il a besoin de pâtes/ Il en a besoin : tout ce que vous voulez (dans le cadre de cette discussion  ) mais pas COD

Commençons par le second exemple, dont la présence m'étonne : vous voulez établir que EN est COD, alors pourquoi proposer une phrase où il ne l'est pas ?

Venons-en au principal :

Il mange les pâtes (le goinfre, il ne nous en laissera pas...) : construction directe ;
Il mange des pâtes, contraction pour : il mange de les pâtes, construction indirecte.
D'où les transformations il les mange / il en mange.
Cet exercice de transposition peut justement servir à identifier les divers compléments, essentiels directs, essentiels indirects et non essentiels.

Quant à la bande à Riegel, que je vous citais comme gage de bonne information, elle n'y est pour rien. La Terminologie grammaticale de 1997 (qu'il m'arrive de vieillir de deux ans, par inadvertance) classe elle aussi en et y parmi les compléments indirects.
Et cela faisait beau temps que je disais à mes élèves que dans en et y, une préposition est cachée : à pour y, et de pour en. Ce n'est pas une théorie, c'est l'évidence même. Je vais à Rome, j'y vais, je reviens de Rome, j'en reviens.
Or, qui dit tournure prépositionnelle dit tournure indirecte...
Pour moi, EN n'est pas et ne peut pas être COD, mais on ne va pas aller sur le pré pour si peu.
Vous le voulez COD, il est COD.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

78 Dernière modification par coco47 (23-03-2012 06:01:25)

Re : Pour une réforme du participe passé

éponymie a écrit:

MAIS vous avez oublié le cas du pronom EN qui est aussi - pas toujours - un pronom COD et qui - en français pas en italien - interdit l'accord :
"Des coups ? Il lui en a donné."
Il suffirait de dire que l'accord se fait quand EN est COD (implicite dans votre première règle)

Thomas, dans son Dictionnaire des difficultés de la langue française, explique :
« Quand en fait fonction de COD, le PP reste invariable, car on considère que le pronom, équivalant à de cela, de lui, d'eux, etc., n'a ni genre ni nombre. »
La simple règle de base s'applique encore ici. Seulement, l'accord avec un pronom sans genre ni nombre aboutit à un participe invariable. Pas la peine de se compliquer la vie.

PS : J'ai posté cette réponse au message #70 d'Eponymie avant d'avoir lu la suite de la discussion. Du coup, elle doublonne avec celle de P'tit Prof.

PS : J'ai parcouru les 67 pages du pensum de Spalding (http://www.archive-host.com/files/12836 … TICIPE.pdf). Ouh là là ! J'imagine qu'un sadique fasse le test suivant : faire étudier à un échantillon de 50 êtres humains la « méthode Spalding » ; faire étudier à un autre groupe de 50 la « méthode P'tit Prof » ou la « méthode Coco » (qui ne sont qu'un exposé condensé de la règle classique) ; faire plancher les deux groupes sur divers cas d'accord du participe passé. Quel groupe obtiendrait les meilleurs résultats ? Or, comme disait l'autre, la preuve du pudding, c'est qu'on le mange.

Re : Pour une réforme du participe passé

P'tit prof a écrit:

Il mange les pâtes / il mange des pâtes : COD, il les mange / il en mange

Allez entrer dans des considérations COD / pas COD avec un exemple pareil. Et dire que le verbe manger n'est pas transitif direct dans le deuxième cas.
Il a besoin de pâtes/ Il en a besoin : tout ce que vous voulez (dans le cadre de cette discussion  ) mais pas COD

Commençons par le second exemple, dont la présence m'étonne : vous voulez établir que EN est COD, alors pourquoi proposer une phrase où il ne l'est pas ?

Tout simplement pour montrer les deux fonctions différentes de EN, COD et non COD

P'tit prof a écrit:

Venons-en au principal :

Il mange les pâtes (le goinfre, il ne nous en laissera pas...) : construction directe ;
Il mange des pâtes, contraction pour : il mange de les pâtes, construction indirecte.
D'où les transformations il les mange / il en mange.
Cet exercice de transposition peut justement servir à identifier les divers compléments, essentiels directs, essentiels indirects et non essentiels.

Quand je disais que cela amènerait à parler du partitif (et des articles indéfinis). Essayons d'éviter cette vaste discussion.

Autre exemple (inspiré de l'actualité au Soudan), histoire de voir comment vous allez vous en sortir, pas pour trouver un prétexte pour un duel smile :

Des gens sont toujours assassinés par les régimes en place, tant au Nord qu'au Sud.

Passage à la voix active :

Les régimes en place assassinent toujours des gens, tant au Nord qu'au Sud. / Les régimes en place en assassinent toujours, tant au Nord qu'au Sud.

Nous aurions donc une formation de voix passive sans COD. Je veux bien mais je préfère ma représentation avec COD.


P'tit prof a écrit:

Pour moi, EN n'est pas et ne peut pas être COD, mais on ne va pas aller sur le pré pour si peu.

Certes non, bis repetita, je pense que la représentation grammaticale la plus efficace est celle qui en fait un COD (au moins pour mes italiens qui apprennent le français qui appliquent une règle très simple dans leur langue).

Je vois que coco47 reconnait cette fonction de COD mais en fait une exception (comment dire autrement ?), voyons ce que dit le Grevisse en ligne (§946, je ne cite pas tout n'y étant probablement pas autorisé):

Cependant, l’usage n’est pas général, et il n’est pas rare qu’on traite en comme un autre pronom personnel et qu’on lui attribue le genre et le nombre du nom représenté. Cette variation ne peut donc être taxée d’incorrecte.
Ses ordres, s’il en a donnés, ne me sont pas parvenus (Stendhal, Corresp., t. II, p. 380).  — Un homme capable de découvrir en douze ans autant de choses et de si utiles que Suzanne en a découvertes en douze mois serait un mortel divin (France, Livre de mon ami, p. 211).  — J’ai déchiré de mes brouillons bien plus de feuillets que je n’en ai gardés (Barrès, Génie du Rhin, Préf.).  — Il quitte, sans plus de formes qu’il n’en a suivies pour y entrer, cette armée […] (Maurois, Mes songes que voici, p. 94).  — La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n’en a créées (Morand, Rond-point des Champs-Élysées, p. 28).  — Ma mère ? mais jusqu’alors je n’en avais point eue ( Arland, Étienne, p. 63).  [ ... ]  Etc.

Et puis dire que EN n'a ni genre ni nombre quand il remplace une chose qui a l'un et l'autre (féminin pluriel pour des pâtes) : aux yeux du profane (qui apprend la langue et ne veux pas faire de fautes mais se fiche de la grammaire) ce sont des contorsions et considérations théoriques superflues.

Quant aux 67 pages de Spalding, au moins ici, nous sommes tous d'accord je crois.

Et merci pour la formulation de la règle, c'était déjà clair dans ma tête, donc assez bien expliqué je suppose, mais c'est encore plus clair maintenant. Malheureusement je me sens obligé de faire de EN tant un COD (pour ne pas embrouiller les choses) qu'une exception à cette formulation (la légende du non-accord est trop répandue pour que je parte en guerre contre elle).

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

80 Dernière modification par yd (23-03-2012 12:26:23)

Re : Pour une réforme du participe passé

Une autre légende qui a la vie dure avec en est qu'il ne pourrait s'appliquer à des personnes sous peine de chosification-sic.

Ainsi nous faudrait-il toujours dire les enfants, je m'occupe d'eux et en aucun cas les enfants, je m'en occupe.
Ainsi nous faudrait-il toujours dire d'une personne qu'on se souvient d'elle, et au grand jamais qu'on s'en souvient.

Quand je pense à tous ces parents indignes qui, plus ils s'occupèrent de leurs enfants, plus ils les chosifièrent...

Le TLFi ne coupe pas vraiment les ailes à cette légende du en chosificateur.

Quelle que soit sa forme, l'antécédent relève normalement de l'inanimé ou de l'animé non hum. (animaux); plus rarement en peut représenter un subst. désignant un animé hum.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Pour une réforme du participe passé

yd a écrit:

Une autre légende qui a la vie dure avec en est qu'il ne pourrait s'appliquer à des personnes sous peine de chosification-sic.

Et c'est bien ce préjugé enraciné qui suscite le refus de le considérer, dans certains cas, comme un pronom personnel complément. Donc à ne pas accorder, donc à démontrer pourquoi il ne faut pas accorder. Alors qu'en italien on accorde avec son strict équivalent quand il est COD.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

Les exemples de Grevisse établissent que l'usage tend a faire l'accord (et moi-même, parfois, je dois me retenir à quatre...), donc faisons l'accord.
Faisons l'accord, sans en faire une exception, ou un point pariculier.
La consante est la suivante :
accord avec le COD placé devant.
Si le locuteur analyse EN comme COI, il ne fait pas d'accord ;
si le locuteur analyse EN comme COD, il fait l'accord, et puis c'est marre.
Il est bien inutile de formuler ce que tout un chacun peut trouver tout seul.

C'est ainsi que l'on étire les choses sur 67 pages.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Pour une réforme du participe passé

P'tit prof a écrit:

Il est bien inutile de formuler ce que tout un chacun peut trouver tout seul.

neutral

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

Il me semble encore plus inutile de faire un copier/coller sans le commenter...

Je ne me risquerais pas à interpréter cette copie : approbation ? improbation ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

85 Dernière modification par coco47 (25-03-2012 04:39:11)

Re : Pour une réforme du participe passé

Eponymie a dit au #79
La légende du non-accord est trop répandue pour que je parte en guerre contre elle.

En matière de grammaire, une « légende » très (trop) répandue ne s’appellerait-elle pas « usage » ?

Thomas via Coco a dit au #78
« Quand en fait fonction de COD, le PP reste invariable, car on considère que le pronom, équivalant à de cela, de lui, d'eux, etc., n'a ni genre ni nombre. »

Je me répète et répète ce Thomas qui est mon outil de travail favori depuis plus de quarante ans : COD il y a, mais ce COD n’a ni genre ni nombre. D’où l’absence d’accord du PP.

P’tit Prof a dit au #82
Les exemples de Grevisse établissent que l'usage tend à faire l'accord (et moi-même, parfois, je dois me retenir à quatre...), donc faisons l'accord.

Remarquons d’abord que dans cette citation (« Cependant, l’usage n’est pas général, et il n’est pas rare qu’on traite en comme un autre pronom personnel et qu’on lui attribue le genre et le nombre du nom représenté »), Grevisse dit que l’usage (du non-accord avec en) n’est pas général : je comprends qu’il est néanmoins majoritaire. Grevisse dit aussi que le fait que l’on attribue à en un genre et un nombre n’est pas rare : j’en conclus qu’il n’est tout de même pas le plus fréquent.

En outre, il n’est pas certain que les exemples de Grevisse cités par Eponymie « établissent que l’usage tend à faire l’accord ». Je vais citer un passage du Thomas que je n’avais pas voulu introduire dans mon précédent message parce que je ne voulais pas entrer dans les détails. Mais puisque Eponymie et Grevisse nous y ont fait pénétrer, dans les détails, je cite donc : « Il y a hésitation quand en est complément d’un adverbe de quantité : autant, beaucoup, combien, moins, plus. En général, l’accord se fait si l’adverbe précède le pronom en ; il ne se fait pas si l’adverbe le suit : Des livres de ce genre, combien en avez-vous lus ? De ces nouvelles, combien en avons-nous reçues ! Des roses de cette variété, j’en ai beaucoup greffé. Il en a tant écrit, de ces vers ! »

Voilà. Cette citation ne vous met pas la puce à l’oreille, comme dirait Duneton ? Relisez bien les exemples de Grevisse cités par Eponymie. Bon dieu mais c’est bien sûr ! Quatre de ces six exemples ressortissent au cas de figure évoqué par Thomas : en y est précédé d’un adverbe de quantité ! Revoyons-les :
Un homme capable de découvrir en douze ans autant de choses et de si utiles que Suzanne en a découvertes en douze mois serait un mortel divin (France, Livre de mon ami, p. 211).
Autant de choses que S. en a découvertes : adv. de quantité précédant en.
J’ai déchiré de mes brouillons bien plus de feuillets que je n’en ai gardés (Barrès, Génie du Rhin, Préf.).
Bien plus de feuillets que je n’en ai gardés : adv. de quantité précédant en.
Il quitte, sans plus de formes qu’il n’en a suivies pour y entrer, cette armée […] (Maurois, Mes songes que voici, p. 94).
Sans plus de formes qu’il n’en a suivies : adv. de quantité précédant en.
La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n’en a créées (Morand, Rond-point des Champs-Élysées, p. 28).
Plus de choses que la joie n’en a créées : adv. de quantité précédant en.
Si, dans ces quatre exemples, l’accord se fait, ce n’est pas parce que « on traite en comme un autre pronom personnel et qu’on lui attribue le genre et le nombre du nom représenté », mais parce que en y est précédé d’un adverbe de quantité. Et Grevisse ne prend même pas la peine de faire remarquer à ses lecteurs la parenté particulière qui unit ces quatre exemples !

Quant aux deux autres exemples (Ses ordres, s’il en a donnés, ne me sont pas parvenus [Stendhal, Corresp., t. II, p. 380] ; Ma mère ? mais jusqu’alors je n’en avais point eue [Arland, Étienne, p. 63]),  ils « jurent » à mes yeux et je les considère comme fautifs. Ce n’est parce qu’on s’appelle Arland ou même Stendhal qu’on ne se trompe jamais.…

PS. – Eponymie, auriez-vous la gentillesse de m'indiquer le lien permettant de consulter gratuitement le Grevisse en ligne ?

86 Dernière modification par éponymie (25-03-2012 19:48:28)

Re : Pour une réforme du participe passé

Voici le lien, l'abonnement annuel est payant. J'ai eu la bonne fortune de participer à un fil ABC qui m'a valu de l'avoir gratuitement, d'autres se sont même fait envoyer la version papier.

Pour le reste j'ai lu votre message en diagonale, au contraire de p'tit prof, vous ne girouettez pas. A suivre donc, vous pensez bien que je ne vais pas en rester là.

Ajout vite fait : une légende en matière de langue ne correspond pas forcément à un usage; l'exemple le plus évident qui me vienne à l'esprit est celui des différences d'emploi entre second et deuxième.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

87 Dernière modification par coco47 (25-03-2012 20:16:58)

Re : Pour une réforme du participe passé

éponymie a écrit:

Ajout vite fait : une légende en matière de langue ne correspond pas forcément à un usage; l'exemple le plus évident qui me vienne à l'esprit est celui des différences d'emploi entre second et deuxième.

Je voulais dire que lorsqu'une légende devient si légendaire que presque tout le monde y croit, elle tend à devenir un usage.

88

Re : Pour une réforme du participe passé

Je voulais dire que lorsqu'une légende devient si légendaire que presque tout le monde y croit, elle tend à devenir un usage.

J'aime beaucoup votre expression « un usage », qui tranche agréablement sur le cliché habituel « l'usage ».

Écrire « clé » est un usage, écrire « clef » en est un autre, et ces deux usages coexistent harmonieusement depuis longtemps.

Pourquoi un usage « des pommes, j'en ai mangé » et un usage « des pommes, j'en ai mangées » ne coexisteraient-ils pas tout aussi harmonieusement ?  Après tout, leur sens, commun, est clair pour tous, non ?  Que quelqu'un qui, dans ses tripes, trouve plus logique d'accorder n'aie pas à se faire une violence guère justifiée...

Re : Pour une réforme du participe passé

Pour le reste j'ai lu votre message en diagonale, au contraire de p'tit prof, vous ne girouettez pas.

On n'est pas plus aimable !
Baudelaire disait déjà que seuls les imbéciles ne changent pasd'avis.
Je me flatte d'être capable d'affiner ma pensée, de l'approfondir et de modifier une conclusion hasardeuse.
Si c'est ce que vous appelez être une girouette, je m'en vante !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Pour une réforme du participe passé

Phallet a écrit:

Que quelqu'un qui, dans ses tripes, trouve plus logique d'accorder n'aie pas à se faire une violence guère justifiée...

Oh que voilà un usage qui me plait, depuis le temps que je peste contre ce t, cette régularisation me convient parfaitement.

P'tit prof a écrit:

On n'est pas plus aimable !
Baudelaire disait déjà que seuls les imbéciles ne changent pasd'avis.
Je me flatte d'être capable d'affiner ma pensée, de l'approfondir et de modifier une conclusion hasardeuse.
Si c'est ce que vous appelez 4tre une girouette, je m'en vante !

Vous trouvez d'abord une bordée de bonnes raisons pour dire que EN n'est pas COD, nous avons eu droit à 2 ou 3 messages dans ce sens : le pronom EN n'est pas COD, point barre. Et vous changez d'avis après les messages 80 et 81, en vous appuyant sur ce Grevisse dont vous avez dit bien plus haut dans ce fil ce que vous pensez reparlant au passage de votre livre de référence :

P'tit prof a écrit:

Cependant, l'année précédente paraissait la première édition de la Grammaire méthodique du français de Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat et René Rioul, un ouvrage très riche qui ne quitte pas ma table de travail.
Cependant deux ans plus tard paraissait la terminologie grammaticale, destinée à fournir aux professeurs de collège et de lycée un ensemble commun de termes indispensables à l'analyse du fonctionnement de la langue et à l'étude du discours.
C'est la loi et les prophètes, même si on peut en contester certains points, et elle recoupe bien la Grammaire de Riegel et alii.
Par contre, jamais l'Université n'a recommandé Grevisse. C'est peut-être injuste, mais c'est ainsi. Grevisse n'est pas une référence.

Une bonne partie de ce fil à consister à formuler démontrer, argumenter et contrargumenter et brusquement vous nous dites qu'il est inutile de formuler ce que chacun peut bien trouver tout seul. Il fallait laisser Spalding à ses 67 pages dès le début et jeter vos grammaires de chevet.

Je peux me tromper mais il me semble bien que vous avez changé d'avis parce que vous vous ne saviez pas comment faire pour contrer l'argument de la voix passive. J'aurais préféré que vous réagissiez à ça. La loi et les prophètes ne vous ont pas armé pour ce faire semble-t-il.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

91 Dernière modification par yd (26-03-2012 11:07:03)

Re : Pour une réforme du participe passé

Ma mère ? mais jusqu’alors je n’en avais point eue.

Dans le même genre : des enfants, ils n'en voulaient pas.

Je pense que c'est tout à fait français, mais je vois quelque chose de commun à ces deux exemples, tandis que je ne trouve pas d'exemples où en, représentant telle(s) personne(s) réelle(s), serait COD.

Une mère, des enfants, représentent bien évidemment des personnes, mais quand on parle d'une mère, comme dans avoir une mère, ou des enfants, comme dans avoir des enfants, les personnes de la mère ou des enfants ne sont pas connues : on les désigne es qualité - virtuellement ? potentiellement ? -, non pas en tant que personnes de chair et d'os, dirais-je, même si on pense bien évidemment à des personnes.

Pour moi, en peut s'appliquer à des personnes de chair et d'os, mais semblerait-il seulement en COI.

Si la chose se vérifiait, on aurait peut-être une chance de faire se rejoindre les deux écoles, mais j'attends : il faut d'abord être sûr de bien analyser.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Pour une réforme du participe passé

yd a écrit:

Ma mère ? mais jusqu’alors je n’en avais point eue.

Dans le même genre : des enfants, ils n'en voulaient pas.

Je pense que c'est tout à fait français, mais je vois quelque chose de commun à ces deux exemples, tandis que je ne trouve pas d'exemples où en, représentant telle(s) personne(s) réelle(s), serait COD.

C'est dû à la nature de ce que remplace le pronom EN quand il est COD : toujours un groupe nominal introduit par un partitif, un article indéfini, un adjectif indéfini.

Mais si vous écrivez :

Des enfants, il en a plusieurs.

Doutez-vous de la réalité de ces enfants ? "Plusieurs enfants" n'est-il pas COD ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

93 Dernière modification par yd (26-03-2012 11:42:59)

Re : Pour une réforme du participe passé

Dans des enfants, il en a plusieurs, on parle des enfants en général, sans les avoir encore désignés, on ignore leur nombre, leur âge, s'il s'agit de garçons et de filles ou de garçons ou de filles... L'idée doit être bonne, mais l'exprimer ou l'analyser avec les termes exacts n'est vraiment pas aisé.

Une personne, des enfants
, peuvent soit désigner le « contenant » seul, soit désigner le « contenant » et le « contenu », quoiqu'il faudrait trouver une autre terminologie, s'agissant de personnes, que contenant et contenu.

Je peux dire des enfants, il en a quatre, deux garçons et deux filles, mais je ne pourrais pas dire des enfants, il en a quatre, Pierre et Paul, Maris et Jeanne : quelque chose me paraît manquer ou être boiteux dans cette dernière phrase.

Fille légère ne peut bêcher.

94 Dernière modification par éponymie (26-03-2012 11:45:44)

Re : Pour une réforme du participe passé

yd a écrit:

Dans des enfants, il en a plusieurs, on parle des enfants en général, sans les avoir encore désignés, on ignore leur nombre, leur âge, s'il s'agit de garçons et de filles ou de garçons ou de filles...

Là ou vous faites erreur je pense, c'est quand vous dites "on parle des enfants en général" : on dirait "Les enfants sont des êtres innocents" pour en (EN non COD) parler en général. Le reste de votre premier paragraphe est juste.

Je cite le Grevisse en ligne, j'avais promis de faire de la pub chaque fois que j'en aurais l'occasion quand j'ai eu mon abonnement gratuit mais on trouve facilement ailleurs :

L’article indéfini s’emploie devant un nom pour indiquer qu’il s’agit d’un être ou d’une chose (ou d’êtres et de choses) dont il n’a pas encore été question, qui ne sont pas présentés comme connus, comme identifiés

yd a écrit:

Une personne, des enfants, peuvent soit désigner le « contenant » seul, soit désigner le « contenant » et le « contenu », quoiqu'il faudrait trouver une autre terminologie, s'agissant de personnes, que contenant et contenu.

Si vous partez dans des notions de contenant/contenu ou autre vous entrez dans des notions qui ont probablement un intérêt, mais qui ne servent pas dans l'analyse grammaticale (au moins pour le pronom EN). P'tit prof n'a cessé tout au long de ce fil - et d'autres - de guerroyer contre la grammaire exclusivement fondée sur le sens et la sémantique. Je ne crois pas qu'il aie fondamentalement varié sur cette position smile et je suis assez d'accord avec lui.

Et je n'ai toujours pas répondu à coco47 me contentant de répondre du tac au tac aux messages que je lis.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

yd a écrit:

Je peux dire des enfants, il en a quatre, deux garçons et deux filles, mais je ne pourrais pas dire des enfants, il en a quatre, Pierre et Paul, Maris et Jeanne : quelque chose me paraît manquer ou être boiteux dans cette dernière phrase.

Et pourquoi pas ? Elle n'a rien de choquant votre dernière phrase.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

96 Dernière modification par yd (26-03-2012 14:51:36)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je préfère continuer d'essayer de faire le tour

Que répondons-nous à la question avez-vous des enfants ?

Réponses possibles :
- (1) Non, je n'en ai pas.
- (2) Oui, j'en ai tant, un, deux, trois, etc.
Il ne me semble pas qu'on puisse répondre en langue soignée :
- (3) Oui, j'en ai,
sauf à considérer que la quantité un, deux, trois, etc. est sous-entendue.

En (2) comment jurer que le COD est en ?
Ne retrouve-t-on pas nécessairement la quantité ?
Grammaticalement, le en de la réponse (1) et celui de la réponse (2) ne sont-ils pas nécessairement identiques ?

Fille légère ne peut bêcher.

97 Dernière modification par éponymie (26-03-2012 15:03:23)

Re : Pour une réforme du participe passé

yd a écrit:

Que répondons-nous à la question avez-vous des enfants ?

Réponses possibles :
- (1) Non, je n'en ai pas.
- (2) Oui, j'en ai tant, un, deux, trois, etc.
Il ne me semble pas qu'on puisse répondre en langue soignée :
- (3) Oui, j'en ai,
sauf à considérer que la quantité un, deux, trois, etc. est sous-entendue.

En (2) comment jurer que le COD est en ?
Ne retrouve-t-on pas nécessairement la quantité ?
Grammaticalement, le en de la réponse (1) et celui de la réponse (2) ne sont-ils pas nécessairement identiques ?

Le EN des trois réponses remplit exactement la même fonction. Il n'est pas porteur de la notion de quantité, simplement de ce qui a été évoqué avant par le nom qu'il remplace. Et il est toujours COD

Dans (1) : quantité nulle
Dans (2) : quantité précisée (comptée)
Dans (3) : quantité non précisée (non comptée), dans la langue familière, standard ou soignée. La quantité n'est pas sous-entendue, elle n'est pas précisée. La seule chose que l'on peut considérer comme implicite (et encore...), c'est que cette quantité est supérieure à 1.

Vous pourriez aussi entendre : "J'en ai deux grands" donc avec une information supplémentaire que le EN ne peut "porter".

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

98

Re : Pour une réforme du participe passé

éponymie a écrit:
yd a écrit:

Que répondons-nous à la question avez-vous des enfants ?

Réponses possibles :
- (1) Non, je n'en ai pas.
- (2) Oui, j'en ai tant, un, deux, trois, etc.
Il ne me semble pas qu'on puisse répondre en langue soignée :
- (3) Oui, j'en ai,
sauf à considérer que la quantité un, deux, trois, etc. est sous-entendue.

En (2) comment jurer que le COD est en ?
Ne retrouve-t-on pas nécessairement la quantité ?
Grammaticalement, le en de la réponse (1) et celui de la réponse (2) ne sont-ils pas nécessairement identiques ?

Le EN des trois réponses remplit exactement la même fonction. Il n'est pas porteur de la notion de quantité, simplement de ce qui a été évoqué avant par le nom qu'il remplace. Et il est toujours COD

En ne peut pas être COD.
- je mange la viande, je la mange : COD.
- je mange de cette viande, j'en mange. Où avez-vous vu un COD ?

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

99 Dernière modification par éponymie (26-03-2012 16:36:20)

Re : Pour une réforme du participe passé

Alco a écrit:

En ne peut pas être COD.
- je mange la viande, je la mange : COD.
- je mange de cette viande, j'en mange. Où avez-vous vu un COD ?

Pourquoi ajoutez-vous un quatrième cas en prétendant contester les 3 premiers ?

Je mange de cette viande” est analogue à “Je mange de la viande”, c'est du non comptable (cas du partitif où on ne peut évaluer la quantité).

Quoiqu'il en soit, ici aussi EN est COD (vous voulez que l'on descende sur le pré smile ? En tout cas je n'en démordrai pas.)

Que répondez-vous à la preuve par la voix passive ?

De la viande est vendue dans des brouettes, des caisses, faisant fi des règles d'hygiène et évidemment sans aucune considération pour la santé du citoyen.

Pour moi, pas de voix passive sans COD.

Les phrases (ou les propositions) contenant un verbe transitif peuvent, sans que le sens profond change, être transformées de telle sorte que le complément d’objet direct devient le sujet, le sujet devient complément d’agent, et le verbe prend une forme spéciale, au moyen de l’auxiliaire être et du participe passé. C’est la voix passive. (Le Bon Usage §771)

Vous êtes libre de voir autrement. Personnellement je trouve ça plus cohérent et plus simple.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

100

Re : Pour une réforme du participe passé

Une réponse à coco47 dont je re-cite quasi-entièrement le message.

coco47 a écrit:

Thomas via Coco a dit au #78

« Quand en fait fonction de COD, le PP reste invariable, car on considère que le pronom, équivalant à de cela, de lui, d'eux, etc., n'a ni genre ni nombre. »

Je me répète et répète ce Thomas qui est mon outil de travail favori depuis plus de quarante ans : COD il y a, mais ce COD n’a ni genre ni nombre. D’où l’absence d’accord du PP.

Genre : masculin/féminin
Nombre : singulier/pluriel

COD avec genre et nombre, pourquoi sinon dans les exemples qui suivent il récupère ces caractéristiques ? Ce ne sont pas les adverbes de quantité dont parle Thomas qui sont porteurs de cette information.

À la lumière des derniers messages, le EN n'est pas certes porteur de l'information de quantité (qui n'a rien à voir avec le nombre) au contraire de LE, LA, LES qui représentent quelque chose ou quelqu'un de bien précis (donc quantifié) mais ne sont pas non plus porteurs de l'information dans son entier.

Il mange de l'entrecôte, une par jour / De l'entrecôte ? Il en mange une par jour.
Il mange toute l'entrecôte / L'entrecôte ? Il la mange toute.

D'un pronom l'autre, les comportements sont analogues.

coco47 a écrit:

P’tit Prof a dit au #82

Les exemples de Grevisse établissent que l'usage tend à faire l'accord (et moi-même, parfois, je dois me retenir à quatre...), donc faisons l'accord.

Remarquons d’abord que dans cette citation (« Cependant, l’usage n’est pas général, et il n’est pas rare qu’on traite en comme un autre pronom personnel et qu’on lui attribue le genre et le nombre du nom représenté »), Grevisse dit que l’usage (du non-accord avec en) n’est pas général : je comprends qu’il est néanmoins majoritaire. Grevisse dit aussi que le fait que l’on attribue à en un genre et un nombre n’est pas rare : j’en conclus qu’il n’est tout de même pas le plus fréquent.

C'est toujours le problème d'évaluer l'usage (ou un usage) même si le corpus est écrit.

coco47 a écrit:

En outre, il n’est pas certain que les exemples de Grevisse cités par Eponymie « établissent que l’usage tend à faire l’accord ». Je vais citer un passage du Thomas que je n’avais pas voulu introduire dans mon précédent message parce que je ne voulais pas entrer dans les détails. Mais puisque Eponymie et Grevisse nous y ont fait pénétrer, dans les détails, je cite donc : « Il y a hésitation quand en est complément d’un adverbe de quantité : autant, beaucoup, combien, moins, plus. En général, l’accord se fait si l’adverbe précède le pronom en ; il ne se fait pas si l’adverbe le suit : Des livres de ce genre, combien en avez-vous lus ? De ces nouvelles, combien en avons-nous reçues ! Des roses de cette variété, j’en ai beaucoup greffé. Il en a tant écrit, de ces vers ! »

Voilà. Cette citation ne vous met pas la puce à l’oreille, comme dirait Duneton ? Relisez bien les exemples de Grevisse cités par Eponymie. Bon dieu mais c’est bien sûr ! Quatre de ces six exemples ressortissent au cas de figure évoqué par Thomas : en y est précédé d’un adverbe de quantité ! Revoyons-les :
Un homme capable de découvrir en douze ans autant de choses et de si utiles que Suzanne en a découvertes en douze mois serait un mortel divin (France, Livre de mon ami, p. 211).
Autant de choses que S. en a découvertes : adv. de quantité précédant en.
J’ai déchiré de mes brouillons bien plus de feuillets que je n’en ai gardés (Barrès, Génie du Rhin, Préf.).
Bien plus de feuillets que je n’en ai gardés : adv. de quantité précédant en.
Il quitte, sans plus de formes qu’il n’en a suivies pour y entrer, cette armée […] (Maurois, Mes songes que voici, p. 94).
Sans plus de formes qu’il n’en a suivies : adv. de quantité précédant en.
La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n’en a créées (Morand, Rond-point des Champs-Élysées, p. 28).
Plus de choses que la joie n’en a créées : adv. de quantité précédant en.
Si, dans ces quatre exemples, l’accord se fait, ce n’est pas parce que « on traite en comme un autre pronom personnel et qu’on lui attribue le genre et le nombre du nom représenté », mais parce que en y est précédé d’un adverbe de quantité. Et Grevisse ne prend même pas la peine de faire remarquer à ses lecteurs la parenté particulière qui unit ces quatre exemples !

coco47 a écrit:

Quant aux deux autres exemples (Ses ordres, s’il en a donnés, ne me sont pas parvenus [Stendhal, Corresp., t. II, p. 380] ; Ma mère ? mais jusqu’alors je n’en avais point eue [Arland, Étienne, p. 63]),  ils « jurent » à mes yeux et je les considère comme fautifs. Ce n’est parce qu’on s’appelle Arland ou même Stendhal qu’on ne se trompe jamais.…

Certes ce n'est pas parce qu'on s'appelle... Mais c'est aller un peu vite en besogne que d'expédier ainsi Arland, Stendhal ou Tartempion. Et de dire “se tromper” (ça me fait penser à monsieur Audet qui parlait lui-aussi des erreurs de l'usage (sic), cf. quelque part en page 2).

Du coup je suis allé cherché les autres exemples du Grevisse, puisque nous avons commencé avec Grevisse :

— Des connaissances, des conseils, mes trois fils en ont reçus (Duhamel, Musique consolatrice, p. 87). 
— Une joie discrète, mais telle qu’il n’en avait jamais montrée en ma présence (Bosco, Malicroix, p. 152). 
— Une immense muraille telle que les hommes n’en ont jamais construite (Green, Années faciles, 9 déc. 1934). 
— Une remonte comme on n’en avait jamais vue ( Giono, Deux cavaliers de l’orage, p. 38).
— Sur les tombes des chefs, ils dressaient des statues en bois… Vous en avez vues au musée de Kaboul (Kessel, Jeu du roi, p. 112). 
— Il vous vaudra plus de surprises, […], plus de bonheur aussi que je ne vous en ai jamais donnés (J.  d’Ormesson, Hist. du Juif errant, p. 616).  Etc.

D'Ormesson est éliminé pour cause de plus, il en reste 5. Vous avez une autre explication à “l'exception” avec comme ou tel ? Si oui, on ira chercher d'autres exemples smile, pas de problème.

coco47 a écrit:

ils « jurent » à mes yeux et je les considère comme fautifs

Parce que dans votre référentiel est bati ainsi et un certain nombre – ou un nombre certain - de personnes sont d'accord avec vous.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Messages [ 51 à 100 sur 186 ]

forum abclf » Réflexions linguistiques » Pour une réforme du participe passé