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forum abclf » Réflexions linguistiques » Pour une réforme du participe passé

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Messages [ 1 à 50 sur 186 ]

1 Dernière modification par Spalding (30-10-2011 22:40:48)

Sujet : Pour une réforme du participe passé

Bonjour à tous !


Non-linguiste mais passionné de linguistique, j'ai réalisé un travail conséquent sur le problème du participe passé. Vous pouvez le consulter intégralement en cliquant sur le lien suivant :
http://www.archive-host.com/files/12836 … TICIPE.pdf

J'ajoute qu'il a été examiné en détail par un linguiste professionnel, l'ayant trouvé intéressant et convaincant selon ses mots. Ce linguiste m'a quand même fait des critiques de détail, dont j'ai tenu compte.

Mais comme ce document est un peu long (67 pages), je vais essayer de le résumer ici : un excellent exercice ! Ce sont en fait des propositions pour simplifier les accords du participe passé, mais sur une base rationnelle. La plupart des grammairiens reconnaissent en effet qu'ils sont trop byzantins, même incohérents. Mes propositions fondamentales sont à la page 31. Les voici, un peu simplifiées :

A) L'auxiliaire Avoir des temps composés, à la voix active, indique une action en soi. Le participe passé précise cette action, prend donc une valeur adverbiale et reste invariable.

B) L'auxiliaire Être des temps composés indique le résultat d'une action, se traduisant par un attribut participe passé. Dans une phrase active, cet attribut à valeur adjectivale s'accorde avec l'agent de l'action : le sujet grammatical.

C) L'auxiliaire Être de la voix passive indique aussi le résultat d'une action, se traduisant par un attribut participe passé. Dans une phrase passive, cet attribut à valeur adjectivale s'accorde avec le patient de l'action : le sujet grammatical.

S'agissant des formules B et C, pourquoi ne pas établir tout de suite que le PP doit s'accorder avec le sujet ? C'est qu'il n'a à priori aucune raison de s'accorder davantage avec le sujet qu'avec le complément. Par contre, que le PP s'accorde avec l'agent de l'action dans une phrase active, avec le patient de l'action dans une phrase passive, cela parait quand même assez logique. Comme dit Grevisse, l'accord doit s'effectuer avec l'élément attirant le plus l'attention. Et si après, cet agent ou ce patient de l'action correspondent toujours au sujet grammatical, ce n'est qu'un effet secondaire.


Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, voici à présent les avantages que je vois à ces trois formules :

1) Sur un plan strictement théorique, ces formules valent manifestement bien les règles actuelles. Il est de toute façon difficile de faire pire ! On peut même considérer mes formules comme plus cohérentes, car ne faisant aucune concession aux usages, contrairement aux règles actuelles : invariabilité du PP avec le support situé après.

2) Bien que ne s'occupant pas du tout des usages oraux, mes formules les suivent beaucoup mieux que les règles actuelles. Cela dit, je ne prétends pas que la correspondance soit parfaite. Il y aura de toute façon toujours un  certain décalage entre les langages écrit et oral.

3) Mes formules aboutissent donc à une simplification radicale des accords du participe passé, sur des bases théoriques solides qui plus est. L'interprétation des auxiliaires Avoir (action en soi) et  Être (résultat d'action) est en particulier tout-à-fait classique. Vous la trouverez aussi bien chez Grevisse que des sites Internet sur notre belle langue. On ne peut pas dire que je sois très original ici !

4) Cerise sur le gâteau : mes formules sont très compréhensibles par des enfants scolarisés, premiers bénéficiaires d'une réforme du participe passé. Il me parait en effet évident qu'on ne pourra pas leur imposer des pages entières d'équations grammaticales… D'où l'intérêt de formules courtes, percutantes et quand même logiques : par exemple, les miennes !

Cela dit, pour suivre mes formules, il faut radicalement changer d'optique : ne plus considérer le PP comme un élément recherchant de manière individualiste son support d'accord, mais comme un composant verbal solidaire de l'auxiliaire. Ces deux conceptions du PP sont par ailleurs très classiques. Je me suis contenté de pousser jusqu'au bout la deuxième. Bref, ce n'est vraiment pas une révolution dans notre grammaire !


Je profite de l'occasion pour signaler que l'association Érofa mène des études pour simplifier sur une base rationnelle l'orthographe et la grammaire françaises. Vous pouvez la joindre à cette adresse : http://erofa.free.fr/

Que pensez-vous de ces propositions sur le participe passé ? Le débat est lancé…

Re : Pour une réforme du participe passé

Votre linguiste de référence a laissé passer cette proposition ?

Pour moi, elle me fait tousser :

L'auxiliaire Avoir des temps composés, à la voix active, indique une action en soi

L'auxiliaire avoir n'indique aucune action. Il signale l'aspect accompli du procès.[ Procès, terme que j'ai appris tardivement, est meilleur qu'action : action fait penser à agir, or tous les procès ne dénotent pas que l'on agisse, par exemple dormir.]

Ceci posé, la fameuse règle élaborée par Marot pour complaire à François I est un artefact, et non une création de l'usage. On pourrait l'abandonner, d'ailleurs l'usage l'abandonne de plus en plus.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

3 Dernière modification par Spalding (27-10-2011 17:45:57)

Re : Pour une réforme du participe passé

Moi aussi, je tousse : c'est contagieux ! Cela dit, essayons de voir les choses de manière détendue... wink

On ne va d'abord pas se quereller sur les mots. L'action est prise ici au sens générique : dormir est donc une action, comme manger ou décéder, même rester sur place...

Par ailleurs, je précise dans mon travail que l'auxiliaire Avoir indique une action en soi : en cours ou effectuée à un moment donné. Ptit Prof peut se retrouver dans l'épithète "effectuée", indiquant l'aspect accompli du procès.

Mais il faut préciser que ce que je dis du verbe Avoir ne s'applique pas quand il joue le rôle d'une copule neutre : Elle a faim, Elle a peur, Elle a raison... Ce type de phrase est descriptif. Idem bien sûr pour le verbe Être, simple copule.

Par ailleurs, Grevisse souligne ce rôle de l'auxiliaire Avoir (action en soi) pour d'innombrables verbes. Il s'oppose pour lui au verbe Être, résultat d'action :
La voiture a passé à six heures. / La voiture est passée depuis dix minutes.
Depuis lors, il a déchu de jour en jour. / Il y a longtemps qu'il est déchu de ce droit.

Gervisse, à priori, c'est du sérieux, non ? J'ai par ailleurs signalé dans mon travail les interférences entre la résultativité de l'auxiliaire Être et la voix active.

Par ailleurs, beaucoup de linguistes préconisent une réforme dans le sens que j'ai indiqué. C'est par exemple le cas de Marc Wilmet dans la publication du Conseil international de la langue française (CILF) intitulée "Penser l'orthographe de demain" : page 29, annexe 2. Cette réforme avait même failli être adoptée par la commission ayant élaboré celle de 1990. Nous ne ferions par ailleurs que rejoindre ce qui se fait en espagnol.

Je ne suis donc pas très original. Mais l'avantage de mes propositions par rapport à un linguiste comme Wilmet, c'est qu'elles débouchent sur des formules compréhensibles par des enfants scolarisés. Ce n'est pas négligeable, puisqu'ils seront les premiers bénéficiaires d'une réforme éventuelle du participe passé.

Vous pouvez donc constater que j'ai bien réfléchi à tous les aspects du problème. Mais pour une discussion fructueuse, il vaudrait peut-être mieux lire mon fichier joint du début à la fin, même s'il est un peu long... wink

4 Dernière modification par yd (27-10-2011 12:00:41)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je m'étonne de ce que dit Grevisse : la voiture a passé la frontière à six heures ou la voiture est passée (à la frontière) à six heures. Mais la voiture a passé à six heures tout court pour moi n'est pas français. Les usages varieraient-ils régionalement concernant le verbe passer ?

Fille légère ne peut bêcher.

5 Dernière modification par Spalding (27-10-2011 11:48:28)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je ne peux pas te renseigner précisément sur les usages régionaux. "La voiture a passé à six heures" ne me choque pas. On dit "La voiture passe" à l'indicatif présent, "La voiture a passé" au passé composé.

"La voiture est passée depuis dix minutes", autre exemple de Grevisse, est manifestement au passé composé. Ce n'est pas la forme passive de l'indicatif présent "La voiture passe..." Aucun complément d'agent n'est en effet concevable pour "La voiture est passée", même implicite (par untel).

Pour admettre une différence entre "La voiture a passé" et "La voiture est passée", tous deux au passé composé, il faut alors reconnaitre que leurs sens ne sont pas les mêmes : action en soi pour la première phrase, résultat d'action pour la seconde.

6

Re : Pour une réforme du participe passé

Au passage (!), juste une réflexion sur le verbe passer : si l’on parle d’un individu, il y a — à mon sens — une différence considérable entre « il est passé hier » et « il a passé hier »… Mais cela tient aussi de la différence entre sens propre et sens figuré.

7 Dernière modification par yd (27-10-2011 15:17:28)

Re : Pour une réforme du participe passé

Sylvain B a écrit:

[...] « il a passé hier »

- Non, pas chez moi, jamais sans COD.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Pour une réforme du participe passé

On ne va d'abord pas se quereller sur les mots. L'action est prise ici au sens générique : dormir est donc une action, comme manger ou décéder, même rester sur place...

Ce sont des procès. Cela fait bien trente ans que l'on dit procès, pour éviter la confusion que vous signalez. Les jeunes enfants pour lesquels vous travaillez auront du mal à avaler que rester sur place est une action, mais ils comprendront fort bien que ce soit un procès, ou un processus.

Autre chose, il est difficile de généraliser l'opposition, bien  réelle, entre les deux auxiliaires avoir et être, car elle ne fonctionne pas avec tous les verbes:
On dira :
le car a passé à neuf heures/le car est passé ;
il a divorcé/il est divorcé ;
mais on ne dira pas :
il a mangé tout le pain/il est mangé tout le pain.

La solution de l'épineux problème de l'accord du participe se situe plutôt dans la réflexion sur les liens entre sujet/verbe/objet/attribut.
Même aux formes simples,
le sujet influence le verbe : il écrit un article/ils écrivent des articles
le sujet influence son attribut : il est journaliste/ils sont journalistes,
tandis que l'objet n'influence pas le verbe :
il écrit un article/il écrit des articles.

Il n'y a donc pas lieu de modifier le participe, qui est la forme du verbe, aux formes composées avec avoir : il a mange le pain/il a mangé la tartine.
Dans la conjugaison avec être, le participe fonctionne comme attribut du sujet :
le car est passé/ la voiture est passée.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

9 Dernière modification par Spalding (27-10-2011 18:17:56)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je suis d'accord avec Ptit Prof sur ces considérations générales très pertinentes. Elles ne contredisent pas non plus ce que je propose, ainsi que de nombreux linguistes, avec des arguments différents. La question est de toute façon toujours en suspens, et nous verrons bien ce qu'il en sortira. Il est par ailleurs possible que les usages influencent les règles à la longue, et ils poussent plutôt vers la simplification ! Nous nous rapprocherions ici de l'espagnol.

Ce qu'on pourrait aussi faire dans les classes, c'est exposer sommairement les règles traditionnelles et ma conception hiérarchique (ou une autre appellation). Cela pourrait donner lieu à des débats intéressants, et chacun procèderait ensuite aux accords selon ce qui lui convient. Il existe déjà pas mal de questions non tranchées en français : les doublets (clé-clef...) ; les virgules et traits d'union ; les accords : "Une foule de gens est entrée" ou "Une foule de gens sont entrés"... Pourquoi vouloir aussi tout réglementer ?

Sur les règles actuelles, vous pouvez télécharger le fichier PDF du Professeur Audet. Vous verrez vite à quel point elles sont byzantines ! J'en donne aussi un aperçu dans mon propre fichier (sections 5 et 6).

Je m'aperçois par ailleurs que le temps de téléchargement de mon fichier est excessivement long. Je vais essayer de régler ce problème. Pas d'impatience ! wink

10 Dernière modification par yd (27-10-2011 19:26:17)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je m'avais trompé, puisque de grands auteurs comme G. Sand et A. Dumas semblent avoir être utilisé à en croire Google livres des formes telles que il a passé par ici, et que Grevisse-devant-qui-tout- le-monde-est-à-genoux-comme-devant-Littré en reconnaîtrait la légitimité. Il est couru, il est couru, le furet, il a passé par ici, il a reparti par là, j'étais cru que ça avait une faute, mais je m'avais trompé.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Pour une réforme du participe passé

Toute la question est de savoir s'ils le disent parce que c'est correct, ou si c'est correct parce qu'ils le disent.

Tout le monde n'est pas à genoux devant Grevisse : il faisait hausser les épaules à mes professeurs de faculté. Si bien que je ne l'ai jamais ouvert.
Ce gars était cependant un précurseur : il a fait entièrement à la main ce que d'autres font maintenant en faisant tourner les moteurs de recherche. Son équipe et lui méritent notre estime pour cela.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Pour une réforme du participe passé

yd a écrit:

… jamais sans COD

En langage populaire — et un peu vieilli, certes —, passer a le sens de mourir, et « il est mort » se dit (disait ?) alors « il a passé » plutôt que « il est passé ».
www.cnrtl.fr/definition/passer (onglet PASSER[sup]2[/sup], B 30).
Et puis il y a aussi, à la même adresse, l’onglet PASSER[sup]3[/sup] verbe intrans.

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Re : Pour une réforme du participe passé

Bon, j'ai trouvé un hébergeur de fichiers plus efficace ! Voici la nouvelle adresse de mon fichier sur le participe passé : http://www.archive-host.com/files/12787 … _PASSE.pdf 

Vous verrez : il est intéressant, écrit aussi dans un style assez vivant ! N'hésitez pas ensuite à me faire part de vos remarques ici-même : approbations, critiques ou compléments...

14 Dernière modification par éponymie (27-10-2011 23:15:25)

Re : Pour une réforme du participe passé

Bonsoir,

je ne sais pas si j'aurai le courage de m'atteler aux 67 pages mais j'ai déjà une remarque. Je me permets de recopier une bonne partie de votre page 9. Vous y parlez des voix actives et passives.

Elles impliquent une relation entre deux syntagmes : sujet et complément. Leurs définitions sont purement grammaticales : il parait inutile de les préciser ici. Mais par la suite, le problème se pose différemment selon la prise en compte prioritaire du sujet ou du complément :
Le sujet peut être alors agent de l'action (voix active), patient de l'action (voix passive), éventuellement les deux à la fois comme pensent certains pour les verbes pronominaux, enfin ni l'un ni l'autre s'agissant des verbes impersonnels.
Le complément sera bien sûr patient de l'action (voix active) avec un COD, un COI ou même un complément implicite (sauf CA). Prenons par exemple Jacques embrasse sa voisine (COD) et Jacques parle à sa voisine (COI). Dans les deux cas, sa voisine est bien patiente de l'action. Pour les compléments implicites, voyons Jacques chante. Toute action impliquant un certain effet sur l'environnement, cette phrase comporte bien un complément. Nous pouvons alors imaginer que Jacques intéresse son auditoire, sinon lui-même (ici environnement).
Le complément sera agent de l'action (voix passive) avec un CA.

Vous ne parlez que d'un complément, éventuellement répartis en x catégories (COD, COI, CA, etc.).

À la voix active ce complément est, d'après vous, patient de l'action quelle que soit sa catégorie. Sauf le CA, puisque ce complément est propre à la voix passive, on a compris.

À la voix passive ce complément est agent de l'action. Et vous précisez que c'est le CA. Ça roule.

Ça roule - relativement, on va le voir plus bas - mais les évidences que vous formulez obligent à se triturer les méninges pour rentrer dans votre logique, habitués que nous sommes (que je suis) à une manière différente de présenter.

Et je m'inquiète pour la voisine :

Jacques parle à sa voisine, ce complément est - d'après vous - patient de l'action mais ne sera jamais sujet.  C'est moi qui ajoute le mais.

Jacques donne un livre à sa voisine, deux compléments, un COD et un COI

Un livre est donné par Jacques à sa voisine, deux compléments, un CA et un COI (le même).

Donc ce COD et ce COI, que vous mettiez allègrement dans le même sac, semblent avoir des comportements radicalement différents : le COI le reste, que la voix soit active ou passive, le COD devient sujet.

Et dans ce cas, la voix passive - d'après vous - a deux patients le sujet et le COI et un agent le CA.

Donc vous faites une simplification sujet/complément que vous déconstruisez - implicitement - qui plus est - à la fin du texte et - tout aussi implicitement -  vous nous créez deux patients potentiels à la voix passive.

Je ne veux pas pour l'instant me poser de questions sur votre notion de complément implicite.

Vous me confirmez ce que je conclus ou reformule de votre texte ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

15 Dernière modification par Spalding (31-10-2011 17:03:00)

Re : Pour une réforme du participe passé

D'un point de vue sémantique, nous pouvons considérer que Jacques exerce une action sur sa voisine aussi bien quand il lui parle (COI) que lorsqu'il l'embrasse (COD). Lorsque Jacques chante (intransitif), la notion de complément implicite parait défendable. Jacques exerce alors une action sur un auditoire, éventuellement lui-même. Tous ces compléments sont patients de l'action.

Mais grammaticalement, il n'en va pas de même. Seul le COD peut être considéré comme patient de l'action. Le COI n'indique pour sa part que l'orientation de l'action.

Ma formulation n'est peut-être pas assez claire. Je la préciserai davantage le moment venu.

16 Dernière modification par éponymie (28-10-2011 08:36:25)

Re : Pour une réforme du participe passé

Spalding a écrit:

Je reprends vos exemples mentionnés. Les deux derniers sont de votre invention pour illustrer des failles, réelles ou supposées, dans mon raisonnement.

J'essaye d'entrer dans votre logique, c'est tout.

Votre notion de patient n'est pas celle à laquelle on pense habituellement.Mais apparemment vous allez la revoir smile

Et il faudrait que je relise vos 8 premières pages (où vous explicitez le groupe verbal je suppose) avant de passer à la page 10.

Donc le groupe verbal, c'est ça :

donne un livre
Un livre est donné

et ce serait le participe passé qui signale la voix passive. Non :

a donné un livre
un livre a été donné

C'est le verbe être (est/a été) qui dénote la voix passive ?

Et dans Sylvie est fatiguée alors ? Oui, en suivant votre notion de CA implicite. Et cet énoncé se résume à un groupe verbal (je le mets en gras pour ne pas oublier, on verra plus tard).

Toutes ces considérations présentent un certain intérêt. Mais je me demande si je ne m'embarque pas dans des considérations un peu trop subtiles, presque métaphysiques !

Elles ont au moins l'intérêt de montrer que quelque chose cloche dans votre démonstration, et excusez du peu :

Cela n'arrange pas en tout cas mes démonstrations ultérieures.

Dommage sad

En effet, j'établis plus tard que le participe passé doit s'accorder avec le patient de l'action dans une phrase passive. Cela parait en effet logique à première vue. Mais dans la phrase Un livre est donné par Jacques à sa voisine, il faudrait alors que le participe passé s'accorde avec sa voisine plutôt qu'avec un livre. C'est peut-être un peu trop révolutionnaire !

Si aux pages 10 et 11 (après avoir relu 1 à 8 à la lumière de ce que vous venez d'écrire) j'en trouve une autre du même tonneau, j'arrête et je passe la main.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

17 Dernière modification par Spalding (28-10-2011 09:59:46)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je remercie Éponymie d'exercer son sens critique. Mais il ne faut peut-être pas trop en rajouter ! Et il vaut mieux aussi conserver un certain ton amical, n'est-ce pas ? Essaie toi-même d'écrire un texte aussi long sur le participe passé. Je serais très étonné qu'il soit irréprochable du premier jet ! C'est d'ailleurs pourquoi je l'ai mis sur ce forum : pour l'améliorer.

Et il ne faut quand même pas m'attribuer des propos imaginaires. Je ne parle jamais de groupe verbal dans mon travail. J'ai simplement improvisé cette notion dans mon message précédent pour répondre à ta critique justifiée sur un point de détail. Et je me suis rendu compte que cela ne débouchait sur rien, comme je l'ai dit moi-même.

Autre inexactitude : je n'ai jamais dit non plus que le participe passé devait déterminer la voix passive. Es-tu sûr d'avoir bien lu mon texte ? C'est évidemment l'auxiliaire Être qui la détermine.

S'agissant de la phrase Sylvie est fatiguée, elle peut être considérée comme descriptive ou passive. Cela dépend du contexte général. Si nous supposons que quelque chose ou quelqu'un a fatigué Sylvie, il faudra alors introduire le CA implicite par untel. À la voix active, nous aurons donc On fatigue Sylvie.

Bref, à vouloir trop pousser son avantage, on perd des points ! Et je répète par ailleurs qu'il vaut mieux conserver un certain ton amical. Ce n'est quand même pas un duel !

Re : Pour une réforme du participe passé

Spalding a écrit:

Bref, à vouloir trop pousser son avantage, on perd des points ! Et je répète par ailleurs qu'il vaut mieux conserver un certain ton amical. Ce n'est quand même pas un duel !

Quel avantage ? Et quel duel ?

Spalding a écrit:

Autre inexactitude : je n'ai jamais dit non plus que le participe passé devait déterminer la voix passive. Es-tu sûr d'avoir bien lu mon texte ? C'est évidemment l'auxiliaire Être qui la détermine.

C'est ce que j'ai dit en réfléchissant noir sur blanc. Et la détermination par l'auxiliaire être n'est pas si évidente si je me souviens bien de ce que j'ai lu dans les premières pages. Que je ne vais pas reprendre.

Comment pouvez-vous prétendre que l'on assimile tout ce que vous dites en 67 pages ? La démarche que vous percevez comme inamicale - ça commence bien - consiste à suivre pas à pas votre raisonnement : d'abord pour comprendre, ensuite pour en dégager les tenants et les aboutissants.

J'ai fait des choses au moins aussi complexes mais assener une somme de x pages sur un forum en espérant qu'elle deviennent parfaite (le 20/20) grace aux sens critique des autres me semble irréaliste. On pouvait toujours essayer.

Je vous souhaite de trouver des interlocuteurs à la fois plus rigoureux, plus souples et plus "gentils" que moi (ça existe, jen suis convaincu). Sinon vous pouvez toujours blablater smile

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

19 Dernière modification par Spalding (28-10-2011 10:32:46)

Re : Pour une réforme du participe passé

Pour commencer, l'habitude est de se tutoyer sur un forum. Je n'aime pas en fait deux choses dans ta façon de t'exprimer :

1) Le ton très agressif de tes propos, encore dans ton message précédent. Pour prendre un seul exemple, ton expression "blablater". On peut faire des critiques sur un ton amical, non ?

2) M'attribuer des propos imaginaires. Je n'ai jamais parlé de groupe verbal dans mon travail, ni dit que le participe passé déterminait la voix passive. Je n'ai évoqué le groupe verbal dans un message que pour répondre à ta critique justifiée sur un point de détail. Et j'ai d'ailleurs reconnu dans ce message que cela ne débouchait sur rien.

Bref, pour que notre dialogue reste constructif, je pense que tu dois faire des efforts sur ces deux points. Et ce n'est qu'une critique amicale... wink

Re : Pour une réforme du participe passé

Pour commencer, l'habitude est de se tutoyer sur un forum.

Pas ici. Le tutoiement vient (ou ne vient pas) après une longue fréquentation, comme dans la vie. Ici, gens sont libres de tutoyer ou de ne tutoyer pas.

J'interviens pour pointer une erreur d'aiguillage :

En effet, j'établis plus tard que le participe passé doit s'accorder avec le patient de l'action dans une phrase passive. Cela parait en effet logique à première vue.

Jusqu'ici, c'est parfait.

Mais dans la phrase Un livre est donné par Jacques à sa voisine, il faudrait alors que le participe passé s'accorde avec sa voisine plutôt qu'avec un livre. C'est peut-être un peu trop révolutionnaire !

Pas révolutionnaire, erroné.
Dans la phrase : Jacques donne (un livre, un baiser, une gifle...) à sa voisine,
le procès donner a pour patient livre, baiser, gifle... les termes construits directement, les termes qui permettent la réversibilité passive : le livre, le baiser, la gifle... est donné.
A sa voisine indique la direction du procès. Les vieilles grammaires parlaient de complément d'attribution, terme peu pertinent dans le cas de l'Assistance retire les enfants à leur mère. On dit désormais objet second.
Quel qu'en soit le nom, cet objet second ne désigne pas le patient de l'action (même dans ma phrase sur les enfants et la mère : le mère souffre, elle subit un tort, mais le patient du procès retirer ce sont bel et bien les enfants).

Donc, votre règle est parfaitement valable, mais il vous faut identifier correctement le patient.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Pour une réforme du participe passé

Je crois avoir vu où gît le lièvre.
On lit en effet ceci dans le passage épinglé par éponymie :

Le sujet peut être alors agent de l'action (voix active), patient de l'action (voix passive), éventuellement les deux à la fois comme pensent certains pour les verbes pronominaux, enfin ni l'un ni l'autre s'agissant des verbes impersonnels.

Il y a là une confusion des plans :
agent et patient servent à l'analyse sémantique, distinguant le procès, son auteur et sa cible ;
sujet et objet sont des termes grammaticaux, désignant respectivement l'élément qui impose son accord au verbe, et l'élément qui n'influe pas sur le verbe.
Il est nécessaire de distinguer les deux plans : le sujet n'est pas forcément celui qui agit, l'agent n'est pas forcément sujet.

Votre mémoire porte sur un point d'orthographe, où la notion d'agent et de patient n'a pas à intervenir. L'orthographe est une pure convention, surtout quand il s'agit de transcrire des accords qui n'ont plus d'existence orale. En effet, la langue a longtemps distingué il est tombé de elle est tombé-euh. Cet accord a disparu, sauf pour la poignée de verbes dont les participes se terminent par une consonne : fait/faite, mis/mise.
On note d'ailleurs que nos contemporains ne font plus sentir l'accord. Il devient donc inutile de l'écrire, vous avez raison.
Quand accord il y a, l'accord se fait avec l'élément situé à la gauche du verbe :
le petit chat est mort/la petite chatte est morte.

On ne s'occupe plus d'agent ni ne de patient.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

22 Dernière modification par Spalding (28-10-2011 23:30:43)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je suis tout-à-fait d'accord avec Ptit Prof. Je n'arrête d'ailleurs pas de faire ces distinctions dans mon travail ! Le sujet n'est pas en effet agent dans une phrase passive, pas non plus patient dans une phrase active. Dans une phrase pronominale, il serait les deux à la fois pour certains, aucun des deux dans les phrases impersonnelles. S'agissant des phrases impersonnelles, les grammairiens distinguent par ailleurs les sujets grammatical et sémantique.

Ptit Prof a par ailleurs raison d'attirer mon attention sur la direction du procès. Je pense d'ailleurs avoir résolu la petite critique d'Éponymie. Mais je ne veux pas en dire plus ici. J'attends d'avoir recueilli un maximum d'opinions sur mon travail pour en faire la synthèse. Et j'indiquerai alors ici-même l'adresse de mon fichier modifié. smile

Re : Pour une réforme du participe passé

Le sujet n'est pas en effet agent dans une phrase passive, pas non plus patient dans une phrase active. Dans une phrase pronominale, il serait les deux à la fois pour certains, aucun des deux dans les phrases impersonnelles.

Je crains que vous ne m'ayez pas suivi.
Le sujet n'est pas agent, l'agent n'est pas sujet.
Agent est un terme sémantique, sujet un terme grammatical, ne pas mélanger les deux... surtout si l'on vise le public des écoles primaires.

C'est ce que je trouve gênant dans votre mémoire : non que vous passiez du plan sémantique au plan grammatical, et l'inverse, mais que vous passiez d'un plan à l'autre sans en prendre conscience, souvent dans une même phrase, comme si vous ne les distinguiez pas. Pourtant, quand vous écrivez :

aucun des deux dans les phrases impersonnelles.

vous prouvez que vous percevez intuitivement qu'il peut y avoir sujet sans qu'il y ait agent, que ce sont bien des notions différentes.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

24 Dernière modification par Spalding (29-10-2011 01:40:38)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je dois dire que je ne vous suis pas trop, moi non plus ! Mais ce n'est pas grave...

Je ne pense pas d'abord que vous ayez lu entièrement mon travail. Il devrait vous intéresser, comme cela a été le cas pour tous ceux à qui je l'ai envoyé. Certaines considérations sont assez originales, notamment les interférences signalées entre les fonctions du verbe auxiliaire et les voix active/passive.

Dans l'absolu, vous avez sinon raison. Il faudrait que je dise à chaque fois : Le sujet grammatical jouant ici le rôle d'agent (ou de patient)... / Le sujet grammatical dont la nature sémantique est ici celle de l'agent (ou du patient)...

Vous comprendrez que ce genre de formulation alourdirait quand même passablement mon travail ! J'ai donc sans doute abrégé de temps en temps. Mais comme je dois passer souvent du sujet agent au sujet patient, un lecteur attentif finira quand même par se rendre compte que ces notions diffèrent !

Par ailleurs, mes formules B et C, placées côte à côte, font respectivement allusion aux rôles d'agent et de patient tenus par le sujet grammatical. C'est très clair ! Je pense aussi m'en expliquer à diverses occasions.

Mon travail n'est pas sinon destiné aux classes primaires. Ces malheureux auraient du mal à l'ingurgiter ! J'essaierai de le communiquer aux linguistes intéressés par ce genre de problème. Mais pour le moment, je n'ai pas vraiment réfléchi à la question...

Re : Pour une réforme du participe passé

Dans l'absolu, vous avez sinon raison. Il faudrait que je dise à chaque fois : Le sujet grammatical jouant ici le rôle d'agent (ou de patient)... / Le sujet grammatical dont la nature sémantique est ici celle de l'agent (ou du patient)...

Mais non, mais non, mais non...
Il suffirait d'écrire : le sujet, le sujet tout court. Il n'est de sujet que grammatical, par hypothèse (sauf en Belgique, bien entendu) et le fait que le sujet soit ou non le signifiant de l'agent n'entre pas en ligne de compte ici : nous faisons de la grammaire, et non une étude sémiologique (lou sémiotique, je ne sais jamais lequel est lequel).

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

26 Dernière modification par coco47 (29-10-2011 02:59:44)

Re : Pour une réforme du participe passé

J'ai du mal à comprendre. Le titre choisi par Spalding pour définir le thème qu'il présente ici est : Pour une réforme du participe passé (je suppose que ce qu'il veut réformer, c'est l'accord du participe passé). Jusqu'ici, tous ceux qui ont préconisé une telle réforme justifiaient leur tentative par la nécessité de simplifier ces choses si complexes pour eux. Or ce que nous livre Spalding est d'une complexité extrême. Je n'y comprends goutte ! Et je ne pense pas être un ignorant total en matière de grammaire. Voilà un hermétisme qui augure mal de la réforme simplificatrice promise…

Re : Pour une réforme du participe passé

La réforme tiendrait en trois phrases :
conjugaison avec l'auxiliaire avoir, pas d'accord ;
conjugaison avec l'auxiliaire être, accord avec le sujet ;
cas particulier des verbes pronominaux :
ou ils ont un C.O.D., et alors on ne fait pas d'accord,
ou ils n'ont pas de C.O.D., et l'accord se fait avec le sujet.
Règle purement mécanique, car il ne s'agit que d'orthographe, et que l'orthographe est régie par des conventions.

Le conférencier a rasé son auditoire.
L'auditoire s'est rasé à la conférence.
Marie s'est rasée à la conférence.
Marie s'est rasé les jambes.

Marthe et Marie se sont coupées dans leur déposition.
Marthe et Marie se sont coupé les cheveux.

Pas besoin d'écrire 67 pages.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

28

Re : Pour une réforme du participe passé

D'accord avec Coco47, une réforme de ce maudit accord se doit d'être simple, vite compréhensible sans notions grammaticales autres que celles exigibles de l'élève moyen (de jadis...), facilement mémorisable pour disons au pif 80% des gens. Pour être franc, la complexité de la présentation m'a dissuadé de la comprendre dans les détails.
Je vote donc pour celle de P'tit prof, et je me demande depuis longtemps pourquoi l'Académie ou autre rassemblement d'esprits censément beaux ne l'a pas lancée.

29 Dernière modification par Piotr (29-10-2011 22:45:39)

Re : Pour une réforme du participe passé

Réforme de PP :

La réforme tiendrait en trois phrases :
conjugaison avec l'auxiliaire avoir, pas d'accord ;
conjugaison avec l'auxiliaire être, accord avec le sujet ;
cas particulier des verbes pronominaux :
ou ils ont un C.O.D., et alors on ne fait pas d'accord,
ou ils n'ont pas de C.O.D., et l'accord se fait avec le sujet.

exemples :
Le conférencier a rasé son auditoire.
L'auditoire s'est rasé à la conférence.
Marie s'est rasée à la conférence.
Marie s'est rasé les jambes.

Corollaire de PP :

conjugaison avec l'auxiliaire avoir, pas d'accord, quelle que soit la construction

exemples :
les jambes que Marie a rasé
les moustaches que Piotr a rasé

elle est pas belle, la vie ?

Re : Pour une réforme du participe passé

P'tit prof a écrit:

Le conférencier a rasé[sup]1[/sup] son auditoire.
L'auditoire s'est rasé à la conférence.
Marie s'est rasée à la conférence.
Marie s'est rasé les jambes.

On admettra néanmoins que ces accords grammaticaux ne changent en rien le sens ou l'intonation de ces phrases lorsqu'elles sont prononcées. Pas plus qu'ils n'indiquent le sens de la phrase à ceux qui écrivent le français à la manière des surdoués que cite Regina dans le fil voisin (@ôjantimodos : pourquoi, diable,  ces deux fils ne sont-ils pas fondus en un seul puisqu'ils concernent le même sujet http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Anges_et_d%E9mons/0034.gif ?) :

Ils/Elles se sont massez les pied
— elles ceux son masser les pieds.
— elles se s'ont m'assez les pieds
— elles ce son ma ses les pieds.

Les trop nombreuses homophonies du français parlé permettent ces jeux dangereux auxquels les non natifs ont rarement accès.  Hélas, la situation se complique et ce sont les jeunes, du moins la majorité de ceux qui n'ont pas eu la chance de faire des études classiques, pour qui le français écrit devient une langue morte.

Àmha, les réformes de l'orthographe du français écrit arrivent trop tard. À quoi bon réformer l'accord des participes passés si notre langue a atteint ce point d'absurdité où il faut consulter la forme écrite pour connaître le sens de ce qui est dit ?

[sup]1[/sup] Autre bizarrerie (et pourquoi pas bisarrerie ?) au sujet du mot raser  : le son z que l'on écrit parfois z (comme dans razeteur), parfois x (comme dans sixain), sans oublier Au hasard Balthazar.

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

31 Dernière modification par éponymie (29-10-2011 15:42:14)

Re : Pour une réforme du participe passé

P'tit prof a écrit:

La réforme tiendrait en trois phrases :
conjugaison avec l'auxiliaire avoir, pas d'accord ;
conjugaison avec l'auxiliaire être, accord avec le sujet ;
cas particulier des verbes pronominaux :
ou ils ont un C.O.D., et alors on ne fait pas d'accord,
ou ils n'ont pas de C.O.D., et l'accord se fait avec le sujet.
Règle purement mécanique, car il ne s'agit que d'orthographe, et que l'orthographe est régie par des conventions.

Tout à fait d'accord avec coco47 et P'tit prof quant aux conclusions.

Le document de 67 pages ne présente un intérêt que par les éclairages nouveaux que l'on pouvait espérer sur la syntaxe, l'agent, le patient, le sujet, les différents types de complément, la voix active, la voix passive, la voix moyenne, etc.

Las...

coco47 a écrit:

Or ce que nous livre Spalding est d'une complexité extrême. Je n'y comprends goutte ! Et je ne pense pas être un ignorant total en matière de grammaire. Voilà un hermétisme qui augure mal de la réforme simplificatrice promise…

Krokodilo a écrit:

Pour être franc, la complexité de la présentation m'a dissuadé de la comprendre dans les détails.

Malheureusement, difficile de suivre, de critiquer, de valider une démonstration détaillée sans entrer dans les détails  ni pénétrer les hermétiques méandres d'une pensée étrangère si ce n'est étrange. Un ou une gentil(le) volontaire avant que ce fil ne dérive et qu'on n'oublie le document initial de 67 pages ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

Je m'y suis attelé.
Difficultueusement, car je ne peux imprimer en ce moment, et ce genre de texte nécessite d'être lu plume en main.

J'ai relevé ceci, qui se passe de commentaire :

Pronom COI : Elles se sont parlées = Elles ont parlé à elles-mêmes (préposition à).

Médecin, guéris-toi toi-même !

Moins anecdotique, je note que la notion de participe passé n'est définie nulle part. C'est pourtant par là qu'il eût fallu commencer. L'auteur joue sur l'implicite : tout le monde sait ce qu'est un participe passé. Il ne serait cependant pas superflu de signaler que le participe passé est une forme mixte, tenant du verbe par son radical, et de l'adjectif qualificatif par son fonctionnement, ce qui permet de distinguer les cas où il n'est que verbe, les cas où il n'est qu'adjectif, et la vaste zone intermédiaire où il est les deux à la fois. La question de l'accord se pose d'une façon différente dans chacune de ces zones.
Je note aussi une constante confusion entre le grammatical et le sémantique, confusion qui va jusqu'à exhumer le célèbre : on trouve le sujet en posant la question qui est-ce qui .... ? qui somnole dans les oubliettes depuis plus de trente ans.
Soyons juste : il donne ensuite le critère valable, le détachement : c'est... qui, mais entre parenthèses et comme en passant.
L'auteur ne dégage pas suffisamment la notion de sujet (grammatical) de la notion d'agent (sémantique). Il m'a plongé dans la perplexité en parlant de phrase
descriptive.
J'ai pensé d'abord à un belgicisme pour le français phrase assertive, tout en me demandant en quoi le fait qu'une phrase soit assertive plutôt qu'interrogative influait sur l'accord. Puis j'ai compris, d'après les exemples, qu'il s'agissait de description au sens courant : elle est fatiguée.
Là encore, il se laisse obnubiler par le sens, alors qu'il s'agit de démonter le mécanisme de fonctionnement : le fait que la phrase soit dénotative n'influe en rien sur l'accord.

Soyons juste : l'auteur s'est posé en amateur. On ne peut que lui conseiller de mieux s'informer avant de reprendre son travail.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

33 Dernière modification par Spalding (03-12-2011 09:49:56)

Re : Pour une réforme du participe passé

Pas d'accord avec Ptit Prof ! Le sujet n'est pas forcément grammatical. En effet, les linguistes distinguent les sujets grammatical et sémantique pour les phrases impersonnelles. Prenons l'exemple "Il arrive des ennuis" : le pronom neutre "Il" est sujet grammatical, "des ennuis" le sujet sémantique.

Quant à la méthode pour détecter le sujet (grammatical ou sémantique), elle est indiquée par Grevisse lui-même ! Par ailleurs, tout le monde comprend ce qu'est une phrase descriptive. On ne va pas s'étendre indéfiniment là-dessus...

Et je passe sans arrêt du sujet agent au sujet patient dans ce travail. N'importe qui finira par se rendre compte que ces notions diffèrent ! Comparez par ailleurs mes formules B et C. Je m'en explique aussi dans la section 2.

Je reprends maintenant la faute signalée. "Elles se sont parlées" = "Elles ont parlé à elles-mêmes". Entièrement d'accord ! Il aurait fallu indiquer : "Elles ont parlé entre elles". Cela dit, ce n'est peut-être pas une bourde fondamentale ! Elle sera corrigée...

J'attire par ailleurs l'attention sur le fait que mon travail fait quand même 67 pages. Je ne pouvais pas développer toutes les notions abordées sans atteindre les 700 pages ! Les participants le trouvent déjà suffisamment long. Et il faut aussi s'en tenir à son sujet.

S'agissant du participe passé, on peut le considérer comme un adjectif verbal ou un composant verbal (à valeur adjectivale ou adverbiale). Je privilégie cette dernière conception et le dis explicitement dans mon travail.

J'ai l'impression sinon qu'il n'est pas du tout compris. Cela me rassure aussi quelque peu : il n'est pas trop simpliste ! Je vais essayer de le résumer ici, chapitre après chapitre.


Introduction

J'annonce que je vais faire des propositions pour simplifier les accords du participe passé, trop byzantins. Et je détaille le plan que je suivrai. Là, je pense que tout le monde a compris. Sinon, inutile d'aller plus loin !


1) Rôles grammaticaux du participe passé

Je passe en revue tous les emplois grammaticaux du participe passé. Certains ne posent aucun problème, d'autres font double emploi. Après cet examen, j'annonce que j'examinerai uniquement les problèmes posés par le participe passé avec les auxiliaires Avoir et  Être des temps composés, l'auxiliaire Être de la voix passive. Là aussi, vous me suivez ?


2) Notions de base : voix active et passive

J'établis d'abord que les phrases descriptives ne sont pas concernées par les voix active et passive. Puis j'expose sommairement les notions de voix active et passive. Et j'indique qu'il vaut généralement mieux considérer le sujet que le complément pour découvrir les voix active ou passive (sauf phrases impersonnelles). La page 9 sera modifiée après la critique amicale faite par Éponymie.

J'examine ensuite les phrase transitives directes, illustrant bien les voix active et passive. Je passe ensuite aux phrases transitives indirectes et intransitives. Elles sont toutes à la voix active.

Je passe ensuite aux verbes pronominaux. Les pronominaux analysables (transitifs) sont en fait à la voix active. Certains grammairiens (une minorité) ont postulé une voix moyenne. Mais ils confondent en fait la nature du sujet et sa fonction. C'est évidemment la fonction qu'il faut considérer.

D'autres grammairiens (toujours une minorité) établissent la voix moyenne en combinant la voix active et la résultativité de l'auxiliaire Être. En effet, le sujet agent (voix active) est aussi concerné par son résultat, ce qui nous ramène à la voix passive. Mais ils mélangent en fait des notions distinctes, comme le linguiste Ludo Melis l'a remarqué.

J'examine ensuite les pronominaux essentiels (intransitifs) pour établir qu'ils sont eux aussi à la voix active. Puis je passe aux pronominaux passifs (intransitifs), à la voix passive comme leur nom l'indique.

Je passe alors aux verbes impersonnels, apparemment ni actifs ni passifs. Les phrases associées ne sont en fait que des effets de style, visant à privilégier le propos sur le thème. Ce seront aussi parfois des procédés abréviatifs. Les voix active et passive restent reconnaissables, mais il faudra plutôt considérer le complément que le sujet.

À l'issue de cet examen, il n'existe donc que trois types de phrase : descriptives, actives, passives. Les phrases descriptives ne m'intéressent pas en fait, car l'accord du participe passé ne pose aucun problème.


3) Notions de base : auxiliaires Avoir et Être

Je m'interroge sur la signification des verbes Avoir et Être quand ils ne sont pas de simples copules neutres (phrases descriptives). Ce sont alors les auxiliaires des temps composés ou de la voix passive. Ces auxiliaires ne peuvent sinon être distingués au regard de la transitivité-intransitivité. Le critère de distinction devient alors celui-ci :

Auxiliaire Avoir : action en soi, en cours ou effectuée à un moment donné.

Auxiliaire Être : résultat d'action, toujours à un moment donné.

J'établis à première vue ces distinctions en m'interrogeant sur la nature des temps composés. Je mentionne aussi les très nombreux verbes recensés par Grevisse, faisant clairement apparaitre les significations différentes des auxiliaires Avoir et Être.

Mais j'essaie aussi de réfléchir par moi-même. Les phrase transitives directes confirment les significations déjà mentionnées pour les auxiliaires Avoir et Être : action en soi, résultat d'action.

Je combine ensuite les auxiliaires Avoir et Être d'une part, les voix active et passive d'autre part, en fournissant des exemples pour trois situations types :

A) Auxiliaire Avoir / Voix active : "Jacques a rasé lui-même"

B) Auxiliaire Être / Voix active : "Jacques s'est rasé"

C) Auxiliaire Être / Voix passive : "Jacques a été rasé par lui-même"

Pour les situation extrêmes A et C, aucun doute que l'auxiliaire Avoir indique une action en soi, l'auxiliaire Être le résultat d'une action. Pour la situation intermédiaire B, on ne sait plus par contre. En effet, il se produit alors des interférences entre la résultativité de l'auxiliaire Être et la voix active. Le résultat d'une action concerne ici le sujet pris comme patient d'une action, ce qui semble indiquer la voix passive. Mais la voix active reste pourtant incontestable, le sujet étant au départ agent de l'action.

Bref, nous retrouvons les interférences déjà signalées dans ma section 2 pour les verbes pronominaux. C'est la fameuse voix moyenne de certains grammairiens, entre les voix active et passive : une voix moyenne imaginaire pour le linguiste Ludo Melis. Ma situation B concerne en effet les verbes pronominaux.

Nonobstant ces interférences, je peux donc établir que l'auxiliaire Avoir indique bien une action en soi, l'auxiliaire Être le résultat d'une action.


4) Le participe passé : deux conceptions fondamentales

J'évoque d'abord les règles traditionnelles pour le participe passé. Il s'agit en fait d'une conception individualiste. En effet, le participe passé s'accorde avec le support identifié sans rien demander au verbe auxiliaire : Avoir ou Être. Il n'existe aucune problématique spécifique à chacun de ces auxiliaires.

Je passe ensuite à ma conception hiérarchique. Elle est hiérarchique parce que le verbe auxiliaire (Avoir ou Être) indique alors au participe passé comment il doit faire pour s'accorder ou rester invariable. Chaque auxiliaire possède ses règles pour cela.

Pour comprendre cette conception hiérarchique, il faut revenir sur les résultats obtenus dans les sections 2 et 3 :

Section 2 – J'ai établi qu'il n'existe que deux voix en français : active et passive, pas moyenne ni impersonnelle. Les phrases descriptives ne sont bien sûr pas concernées.

Section 3 – J'ai établi que l'auxiliaire Avoir des temps composés indique une action en soi, du moins quand il ne se combine pas avec l'auxiliaire Être pour indiquer la voix passive. L'auxiliaire Être des temps composés (voix active) ou de la voix passive indique par contre le résultat d'une action.

Je combine alors ces résultats pour aboutir aux trois formules suivantes :

A) AUXILIAIRE AVOIR / VOIX ACTIVE – L'auxiliaire Avoir des temps composés, à la voix active, indique une action en soi. Le participe passé précise cette action, prend donc une valeur adverbiale et reste invariable. (La voix active est ici mentionnée, les temps composés avec Avoir pouvant se trouver à la voix passive quand l'auxiliaire Être intervient.)

B) AUXILIAIRE ÊTRE / VOIX ACTIVE – L'auxiliaire Être des temps composés indique le résultat d'une action, se traduisant par un attribut participe passé. Dans une phrase active, cet attribut à valeur adjectivale s'accorde avec l'agent de l'action : le sujet grammatical.

C) AUXILIAIRE ÊTRE / VOIX PASSIVE – L'auxiliaire Être de la voix passive – ou des temps composés (voix passive) – indique le résultat d'une action, se traduisant par un attribut participe passé. Dans une phrase passive, cet attribut à valeur adjectivale s'accorde avec le patient de l'action : le sujet grammatical. (Les temps composés avec l'auxiliaire Être, à la voix passive, impliquent les tournures pronominales de sens passif.)

En résumant, j'arrive aux applications suivantes :

A) AUXILIAIRE AVOIR : le participe passé reste toujours invariable.

B) AUXILIAIRE ÊTRE : le participe passé s'accorde toujours avec le sujet grammatical.

S'agissant des formules B et C, pourquoi ne pas poser alors tout de suite que le participe passé doit toujours s'accorder avec le sujet ? C'est qu'il n'a pas à priori plus de raisons de s'accorder avec le sujet qu'avec le complément. Par contre, que l'accord s'effectue avec l'agent de l'action dans une phrase active, avec le patient de l'action dans une phrase passive, cela parait quand même logique. Dans les cas litigieux, Grevisse préconise en effet toujours d'accorder avec le mot frappant le plus l'esprit : l'agent dans une phrase active, le patient dans une phrase passive. Et s'il se trouve après que cet agent et ce patient correspondent toujours au sujet grammatical, ce n'est bien sûr qu'un pur hasard !

S'agissant des phrases impersonnelles, le sujet grammatical doit être considéré comme l'agent ou le patient de l'action, pas le sujet sémantique. Il faudrait sinon écrire "Il sont arrivés des ennuis". Dans une question grammaticale, le point de vue grammatical doit logiquement primer !

Voilà donc ma conception hiérarchique bien posée. Je vais maintenant la comparer à la conception individualiste (règles traditionnelles) pour voir laquelle est la plus efficiente. Ce seront les quatre sections suivantes (5 à 8).


5) L'auxiliaire Avoir des temps composés, à la voix active

Je passe alors en revue de nombreux exemples pour comparer la conception individualiste (règles traditionnelles) et ma conception hiérarchique du participe passé. Pour la simplicité, ma conception hiérarchique est bien sûr largement gagnante !


6) L'auxiliaire Être des temps composés : verbes pronominaux

Là aussi, ma conception hiérarchique met KO la conception individualiste du participe passé !


7) L'auxiliaire Être des temps composés : verbes non pronominaux

Seuls 22 verbes sont concernés. Les deux conceptions obtiennent les mêmes résultats pour l'accord du participe passé. Je préfère quand même ma conception hiérarchique, car elle permet de devancer l'évolution des usages en la matière.


8) L'auxiliaire Être de la voix passive

Les deux conceptions du participe passé font ici jeu égal !


9)Valeur des conceptions envisagées

Je récapitule ici les résultats obtenus dans les sections 5 à 8. Ma conception hiérarchique du participe passé l'emporte largement sur sa rivale hiérarchique pour la simplicité et même la cohérence. S'agissant de la conception individualiste, on comprend en particulier mal que l'accord soit bloqué quant le support d'accord est situé après le participe passé.

Par ailleurs, le participe passé forme une association avec le verbe auxiliaire (Avoir ou Être) pour constituer les temps composés ou la voix passive. Et dans cette association, l'auxiliaire est manifestement le chef ! Il parait donc assez logique que le participe passé ne puisse s'accorder en dehors du verbe auxiliaire, son chef. C'est ma conception hiérarchique !

Pourquoi hésiter plus longtemps dans ces conditions ? Je signale par ailleurs que l'espagnol applique intégralement ma conception hiérarchique du participe passé. Ce n'est quand même pas une langue si différente du français !


Annexe : controverses et discussions

Dans cette annexe, je discute avec un linguiste des problèmes posés par l'accord du participe passé. Monsieur Dupont est par ailleurs un pseudonyme, par discrétion bien sûr. Il m'avait réellement adressé des courriels à propos du participe passé.


Voilà, est-ce que cela vous parait maintenant un peu plus clair ?

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Re : Pour une réforme du participe passé

Spalding a écrit:

J'ai l'impression sinon que mon travail n'est pas du tout compris. Cela me rassure aussi quelque peu : il n'est pas trop simpliste !

J'ai peur de comprendre : si un travail est tellement simple et clair qu'il est compris du premier coup, c'est qu'il n'est pas bon ?

      Et merdalor, je n'ai jamais rien fait de bien, jamais aucun bon travail de recherche ou de pédagogie ! O tempora ! O mores ! Cicéron doit se retourner dans sa tombe, et Quintilien aussi...

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Pour une réforme du participe passé

Il faut distinguer "simple" (positif) de "simpliste" (négatif). wink

Re : Pour une réforme du participe passé

J'établis d'abord que les phrases descriptives ne sont pas concernées par les voix active et passive.

Il serait grand temps de dire ce qu'est au juste une phrase descriptive.

Flaubert écrit dans un Cœur simple :

Deux bergères de tapisserie flanquaient la cheminée en marbre jaune...

C'est de la description canonique, et pourtant un renversement passif est concevable :

La cheminée en marbre jaune était flanquée de deux bergères de tapisserie...

(C'est là que l'on voit pourquoi Flaubert a préféré la voix active, pour éviter le fatal était.)

Si l'on prend l'hypothèse que descriptive est l'équivalent d'assertive, on obtient :

J'établis d'abord que les phrases assertives ne sont pas concernées par les voix active et passive.

Ce qui est un mélange de plans, confondre la diathèse avec la tournure de phrase.

A moins qu'une phrase descriptive ne soit une phrase dont le centre est un verbe d'état, comme dit la terminologie grammaticale de 1995. (Personnellement, je préfère copule, moins sémantique.) Comme les copules ne se mettent pas à la voix passive, par hypothèse, car elles n'ont pas de C.O.D., par hypothèse, nous avons établi ici un magnifique truisme.

Poursuivons notre lecture :


A) AUXILIAIRE AVOIR / VOIX ACTIVE – L'auxiliaire Avoir des temps composés, à la voix active, indique une action en soi. Le participe passé précise cette action, prend donc une valeur adverbiale et reste invariable. (La voix active est ici mentionnée, les temps composés avec Avoir pouvant se trouver à la voix passive quand l'auxiliaire Être intervient.)

Je l'avais déjà relevé : l'auxiliaire avoir est un marqueur aspectuel, signifiant l'accomplissement du procès. Le participe ne précise pas accessoirement, il est le procès per se, indispensable.
Si le participe, aux temps composés formés avec avoir, est invariable, c'est tout bonnement parce que le verbe avoir n'est pas une copule, et que la question d'un accord avec le sujet ne se pose qu'en présence des copules.

B) AUXILIAIRE ÊTRE / VOIX ACTIVE – L'auxiliaire Être des temps composés indique le résultat d'une action, se traduisant par un attribut participe passé. Dans une phrase active, cet attribut à valeur adjectivale s'accorde avec l'agent de l'action : le sujet grammatical.

Martin Riegel et ses complices règlent la question en une phrase :

le verbe être précède des verbes perfectifs qui expriment un mouvement ou un changement d'état.

Ici, en effet, le sémantisme intervient : on ne peut l'èvacuer totalement, mais il ne faut pas en faire le premier critère.

C) AUXILIAIRE ÊTRE / VOIX PASSIVE – L'auxiliaire Être de la voix passive – ou des temps composés (voix passive) – indique le résultat d'une action, se traduisant par un attribut participe passé. Dans une phrase passive, cet attribut à valeur adjectivale s'accorde avec le patient de l'action : le sujet grammatical. (Les temps composés avec l'auxiliaire Être, à la voix passive, impliquent les tournures pronominales de sens passif.)

L'auxiliaire être est la marque de la voix passive. Contrairement au grec et au latin, qui marquent le passif par des désinences spécifiques, le français, langue analytique, use de la forme composée avec être.

C'est la fameuse voix moyenne de certains grammairiens, entre les voix active et passive : une voix moyenne imaginaire pour le linguiste Ludo Melis.

S'il avait fait du grec, ce monsieur Melis, il saurait que ce n'est pas imaginaire du tout, la voix moyenne.
Effectivement, il n'y a pas en français, de voix moyenne au sens grammatical, mais on peut diagnostiquer une diathèse moyenne, par exemple dans l'opposition :
le quincailler sert un tournevis au client/le quincailler se sert d'un tournevis...
De toutes façons, l'existence ou la non existence du moyen en français n'a aucune incidence sur l'accord du participe passé.

Ensuite, j'ai perdu pied dans la conception individualiste et la conception hiérarchique. Je conçois que ce sont des métaphores, mais une bonne métaphore doit clarifier la question, et non l'obscurcir.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

37 Dernière modification par Spalding (30-10-2011 00:09:26)

Re : Pour une réforme du participe passé

P'tit prof a écrit:

Il serait grand temps de dire ce qu'est au juste une phrase descriptive.
Flaubert écrit dans un Cœur simple :

Deux bergères de tapisserie flanquaient la cheminée en marbre jaune...

C'est de la description canonique, et pourtant un renversement passif est concevable :

La cheminée en marbre jaune était flanquée de deux bergères de tapisserie...

(C'est là que l'on voit pourquoi Flaubert a préféré la voix active, pour éviter le fatal était.)

Si l'on prend l'hypothèse que descriptive est l'équivalent d'assertive, on obtient :

J'établis d'abord que les phrases assertives ne sont pas concernées par les voix active et passive.

Ce qui est un mélange de plans, confondre la diathèse avec la tournure de phrase.

A moins qu'une phrase descriptive ne soit une phrase dont le centre est un verbe d'état, comme dit la terminologie grammaticale de 1995. (Personnellement, je préfère copule, moins sémantique.). Comme les copules ne se mettent pas à la voix passive, par hypothèse, car elles n'ont pas de C.O.D., par hypothèse, nous avons établi ici un magnifique truisme.

Il existe quelques cas litigieux entre les phrases descriptives d'une part, actives-passives de l'autre. Mais on ne va peut-être pas trop s'étendre là-dessus. Les participants trouvent mon texte déjà assez long ! "Marie est belle" est une phrase descriptive, "Les flics poursuivent le braqueur" une phrase active, "Le braqueur est poursuivi par les flics" une phrase passive.

Une phrase descriptive n'est pas uniquement assertive. Elle peut être interrogative : "Marie est-elle belle ?"

La copule est par ailleurs un bon critère pour identifier les phrases descriptives. J'ai aussi signalé que le verbe Avoir pouvait jouer le rôle de copule, pas uniquement son homologue Être. Et il existe également des copules implicites avec des verbes tels que "sembler" ou "paraitre".

P'tit prof a écrit:

Je l'avais déjà relevé : l'auxiliaire avoir est un marqueur aspectuel, signifiant l'accomplissement du procès. Le participe ne précise pas accessoirement, il est le procès per se, indispensable.
S'il est invariable, c'est tout bonnement parce que le C.O.D. n'influence jamais la forme du verbe, contrairement au sujet (dont c'est d'ailleurs l'un des critères d'identification).

Tout-à-fait d'accord ! Ma formule précise est que le verbe Avoir indique une action en cours (ou effectuée) à un moment donné, moment accompli bien sûr.

Quant au participe passé, il n'est pas toujours invariable avec Avoir. En effet, d'après les règles actuelles (que je n'approuve pas), le participe passé doit s'accorder avec le COD quand celui-ci précède.

P'tit prof a écrit:

Martin Riegel et ses complices règlent la question en une phrase :

le verbe être précède des verbes perfectifs qui expriment un mouvement ou un changement d'état.

Ici, en effet, le sémantisme intervient : on ne peut l'évacuer totalement, mais il ne faut pas en faire le premier critère.

L'auxiliaire être est la marque de la voix passive. Contrairement au grec et au latin, qui marquent le passif par des désinences spécifiques, le français, langue analytique, use de la forme composée avec être.

Aucune objection là-dessus, du moins quand le verbe Être sert d'auxiliaire aux temps composés ou à la voix passive. Pour le verbe Être simple copule dans les phrases descriptives, c'est évidemment autre chose !

P'tit prof a écrit:

S'il avait fait du grec, ce monsieur Melis, il saurait que ce n'est pas imaginaire du tout, la voix moyenne.
Effectivement, il n'y a pas en français, de voix moyenne au sens grammatical, mais on peut diagnostiquer une diathèes moyenne, par exemple dans l'opposition : le quincailler sert un tournevis au client/le quincailler se sert d'un tournevis...
De toutes façons, l'existence ou la non existence du moyen en français n'a aucune incidence sur l'accord du participe passé.

La voix moyenne est en fait surtout évoquée pour les verbes pronominaux. Elle revient à mélanger artificiellement la résultativité de l'auxiliaire Être et la voix active. Je m'en suis déjà expliqué.

Sinon, je suis d'accord. La voix moyenne, même si elle existait pour les verbes pronominaux, n'aurait aucune incidence sur l'accord du participe passé. Dans mon document, les formules B et C s'appliqueraient alors simultanément.

P'tit prof a écrit:

Ensuite, j'ai perdu pied dans la conception individualiste et la conception hiérarchique. Je conçois que ce sont des métaphores, mais une bonne métaphore doit clarifier la question, et non l'obscurcir.

C'est assez clair, me semble-t-il. Les règles actuelles du participe passé impliquent en fait une conception individualiste. En effet, le participe passé peut alors s'accorder avec le support identifié, sans en référer au verbe auxiliaire. Il n'existe aucune problématique spécifique pour chacun des auxiliaires : Avoir ou Être.

Dans ma conception hiérarchique, la nature du participe passé change selon le verbe auxiliaire considéré : Avoir ou Être. Le participe s'aligne en quelque sorte sur son supérieur hiérarchique. La recherche du support d'accord ou l'invariabilité lui sont alors dictées par l'auxiliaire considéré. Mes trois formules sont très claires à cet égard !

Re : Pour une réforme du participe passé

"Marie est belle" est une phrase descriptive, "Les flics poursuivent le braqueur" une phrase active, "Le braqueur est poursuivi par les flics" une phrase passive.

Vous nous en direz tant ! Mais où avez-vous pêché ce terme ? Pas dans la terminologie grammaticale de 1995, en tous cas.
Il me semble que c'est le démon sémantique qui vous l'a soufflée... La terminologie grammaticale ne connait que les oppositions :
Neutre/emphatique
Positive/négative
Active/passive
Personnelle/impersonnelle.
Riegela recours à la notion de description à propos des rapports au sein du groupe nominal, ce terme de phrase descrptive est totalement ignoré de Sanciez-Chateau.

Marie est belle est une phrase
neutre,
positive,
personnelle,
à structure attributive.
La grammaire se moque éperdument de savoir si elle décrit quoi que ce soit, cela, c'est du ressort de l'analyse littéraire.

Et il existe également des copules implicites avec des verbes tels que "sembler" ou "paraitre".

Pourquoi implicites ? Ce sont des copules, ou verbes d'état, mais dans mon formalisme exacerbé, je cherche à éviter les termes à connotation sémantique.

La voix moyenne est en fait surtout évoquée pour les verbes pronominaux. Elle revient à mélanger artificiellement la résultativité de l'auxiliaire Être et la voix active. Je m'en suis déjà expliqué.

Vos explications montrent surtout que vous n'avez aucune idée de ce qu'est la diathèse moyenne. On trouve sur wikipedia un excellent article sur ce thème.
De toutes façons, on se demande bien ce que la diathèse moyenne a à voir avec l'accord du participe dans les formes composées des verbes. Pourquoi en parler ?

C'est assez clair, me semble-t-il. Les règles actuelles du participe passé impliquent en fait une conception individualiste. En effet, le participe passé peut alors s'accorder avec le support identifié, sans en référer au verbe auxiliaire. Il n'existe aucune problématique spécifique pour chacun des auxiliaires : Avoir ou Être.

C'est assez clair, vous semble-t-il. Il faudrait que vous disiez ce que vous entendez par support identifié et en référer au verbe auxiliaire... et ce que l'individualisme vient faire en pleine grammaire !

Dans ma conception hiérarchique, la nature du participe passé change selon le verbe auxiliaire considéré : Avoir ou Être. Le participe s'aligne en quelque sorte sur son supérieur hiérarchique.

Supérieur hiérarchique ! On n'est plus du tout sur le terrain linguistique, mais dans la pure allégorie.
Une allégorie contestable, d'ailleurs, car dans une forme composée du verbe, il n'y a pas plus d'inférieur que de supérieur, simplement une répartition des rôles.
Comparons :
Il chantait la Marseillaise/il avait chanté la Marseillaise.
Nous avons dans les deux cas :
une base indiquant le procès, chant- dans la forme synthétique, chanté dans la forme analytique ;
des grammèmes indiquant la personne : il, -t  ;
des grammèmes indiquant le tiroir : -ai-, avai-.

Que sa forme soit simple ou composée, le verbe est régi par son sujet, il s'accorde avec le sujet. N'en déplaise à Clément Marot, il n'y a pas lieu de l'accorder avec le C.O.D., point de bon sens sur lequel nous sommes d'accord. Mais vos motifs sont poétiques quand les miens sont linguistiques.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Pour une réforme du participe passé

Eurëka !
Ce que vous nommez conception individualiste, c'est la grammaire mentaliste, officiellement abandonnée depuis quelques lustres.
Ce que vous nommez conception hiérarchique, c'est la grammaire descriptive, avec un zeste de normativité... le tout emballé dans un épais mentalisme.
Vous brûlez, mais vous n'allez pas assez loin dans la conception mécaniciste.

P.S. Devenir et rester sont des verbes-copules, tout simplement... Dans mon enfance, on disait verbes d'état et on nous en faisait apprendre la liste par coeur.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

40 Dernière modification par éponymie (30-10-2011 12:47:28)

Re : Pour une réforme du participe passé

Je reviens dans la discussion pour constater un problème de fond : la terminologie. Si vous ne trouvez pas un langage commun avec vos interlocuteurs, vous n'y arriverez jamais et serez condamné à “blablater” (on y revient) sur le sexe des anges.

Spalding a écrit:

Pas d'accord avec Ptit Prof ! Le sujet n'est pas forcément grammatical. En effet, les linguistes distinguent les sujets grammatical et sémantique pour les phrases impersonnelles. Prenons l'exemple "Il arrive des ennuis" : le pronom neutre "Il" est sujet grammatical, "des ennuis" le sujet sémantique.

Pourquoi ne laissez-vous pas tomber le type de phrase (impersonnelle ou autre) et n'adoptez pas cette terminologie :

sujet grammatical : c'est de la syntaxe, il suffit de dire sujet
complément : encore une notion de syntaxe pure et la grammaire a suffisamment de termes pour décliner toute ses fonctions.

agent : celui qui "fait" l'action
patient : celui qui "subit" l'action

Relisez donc ça :

P'tit prof a écrit:

A sa voisine indique la direction du procès. Les vieilles grammaires parlaient de complément d'attribution, terme peu pertinent dans le cas de l'Assistance retire les enfants à leur mère. On dit désormais objet second.
Quel qu'en soit le nom, cet objet second ne désigne pas le patient de l'action (même dans ma phrase sur les enfants et la mère : le mère souffre, elle subit un tort, mais le patient du procès retirer ce sont bel et bien les enfants).

Donc, votre règle est parfaitement valable, mais il vous faut identifier correctement le patient.

P'tit prof a écrit:

Je crains que vous ne m'ayez pas suivi.
Le sujet n'est pas agent, l'agent n'est pas sujet.
Agent est un terme sémantique, sujet un terme grammatical, ne pas mélanger les deux... surtout si l'on vise le public des écoles primaires.

C'est ce que je trouve gênant dans votre mémoire : non que vous passiez du plan sémantique au plan grammatical, et l'inverse, mais que vous passiez d'un plan à l'autre sans en prendre conscience, souvent dans une même phrase, comme si vous ne les distinguiez pas. Pourtant, quand vous écrivez :

aucun des deux dans les phrases impersonnelles.

vous prouvez que vous percevez intuitivement qu'il peut y avoir sujet sans qu'il y ait agent, que ce sont bien des notions différentes.

C'est bien là qu'est le problème. Mais voyez comment vous réagissez :

Spalding a écrit:

Je dois dire que je ne vous suis pas trop, moi non plus ! Mais ce n'est pas grave...

Autrement dit, c'est un dialogue de sourds mais ce n'est pas grave.

Spalding a écrit:

Je ne pense pas d'abord que vous ayez lu entièrement mon travail.

Si les prénisses posent problème comment passer par dessus ?

Résultat le premier point n'est pas réglé et vous êtes partis sur un autre controverse terminologique : la phrase descriptive. Et P'tit prof embraye sur “grammaire mentaliste” et “grammaire descriptive” : il explique d'où vient votre terminologie. C'était ce que vous vouliez ?

Vos interlocuteurs ne sont pas particulièrement “grand public” et vous commencez déjà à accumuler  les incompréhensions. Et même si on réussit à vous comprendre, si vous n'adaptez pas une terminologie simple (pas simpliste : vous pouvez toujours faire un glossaire), votre ouvrage sera condamné à rester dans les cercles de “spécialistes” (vous noterez les guillemets, il y aurait à dire).

J'ai bien peur que cette intervention ne soit encore perçue comme agressive, tant pis si c'est le cas. Je resterai au balcon et pourtant le sujet m'intéresse particulièrement.

Au niveau de la syntaxe

SUJET + PROCÈS VERBAL + COMPLÉMENT : valable pour les voix active et passive (je sais vous l'avez déjà dit smile)

SUJET + PROCÈS VERBAL + COMPLÉMENT D'OBJET DIRECT : voix active

SUJET + PROCÈS VERBAL + COMPLÉMENT D'AGENT : voix passive

Tous les compléments autres (COI, circonstanciels, etc.) sont présents avec la même fonction dans les deux voix. Et ce qui les distingue c'est la nature du complément direct (agent ou objet).

Au niveau du sens (de la sémantique) :

AGENT +  PROCÈS VERBAL + PATIENT

PATIENT +  PROCÈS VERBAL + AGENT

Notons qu'en français il faut passer par le sens (la sémantique) pour trouver la voix moyenne, Si nous restons au niveau de la syntaxe pure, pas de voix moyenne effectivement et surtout le passage que j'ai épinglé comme disait P'tit prof n'a plus lieu d'être. Vous ne faites qu'introduire des notions de sens. Gageons que votre démonstration, risque de faire moins de 67 pages, d'être plus claire et donc plus convaincante.

Regardez ce qui reste :

Elles impliquent une relation entre deux syntagmes : sujet et complément. [s]Leurs définitions sont purement grammaticales : il parait inutile de les préciser ici. Mais par la suite, le problème se pose différemment selon la prise en compte prioritaire du sujet ou du complément :
Le sujet peut être alors agent de l'action (voix active), patient de l'action (voix passive), éventuellement les deux à la fois comme pensent certains pour les verbes pronominaux, enfin ni l'un ni l'autre s'agissant des verbes impersonnels.
Le complément sera bien sûr patient de l'action (voix active) avec un COD, un COI ou même un complément implicite (sauf CA). Prenons par exemple Jacques embrasse sa voisine (COD) et Jacques parle à sa voisine (COI). Dans les deux cas, sa voisine est bien patiente de l'action. Pour les compléments implicites, voyons Jacques chante. Toute action impliquant un certain effet sur l'environnement, cette phrase comporte bien un complément. Nous pouvons alors imaginer que Jacques intéresse son auditoire, sinon lui-même (ici environnement).
Le complément sera agent de l'action (voix passive) avec un CA.[/s]

Si "agent" et "patient", en tant que notions sémantiques, servent vraiment votre démonstration, je suis prêt à faire amende honorable. Vous me le démontrez ?

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

41

Re : Pour une réforme du participe passé

Je réponds ici successivement à Éponymie et Ptit Prof. Je pensais reprendre leurs propos dans des fonds de couleur, mais je me suis malheureusement perdu dans les balises. Les sujets abordés par chacun sont donc soulignés ci-après, pour chacune des rubriques envisagées.


(Éponymie) Sur les définitions grammaticales

Je signale tout d'abord que mes définitions grammaticales sont issues du manuel de Grevisse, revu par Goosse. Ce manuel date de 1995, ce qui n'est quand même pas une époque préhistorique. Je n'ai donc pas de leçons à recevoir sur ce point ! Vous avez aimablement barré des phrases entières de mon texte. Moi, c'est votre message tout entier que je barre !


(Ptit Prof) Sur l'expression "phrase descriptive"

Il faut savoir innover de temps en temps, ne pas se perdre aussi dans les querelles de mots ! La terminologie actuelle n'est pas toujours adaptée, en constante évolution par ailleurs. Pour tout le monde, "Marie est belle" est une phrase descriptive, par contraste avec "Les flics poursuivent le braqueur" (actif) et "Le braqueur est poursuivi par les flics" (passif). Cette perception courante correspond donc à une certaine réalité, me semble-t-il !

Le terme "neutre" n'est pas approprié, car il peut être interprété de manière sémantique, impliquant un jugement de valeur. La phrase "Pierre a retrouvé ma montre" est considérée aussi comme une phrase neutre, par opposition à la tournure emphatique "C'est Pierre qui a retrouvé ma montre". Mais c'est également une phrase active, sans grand rapport sur ce plan avec "Marie est belle".

On pourrait aussi parler de phrase attributive. Mais cette qualification est trop générale, pouvant comprendre les phrases où le participe passé joue un rôle adjectival : mes formules B et C.

Du point de vue qui intéresse mon travail, il n'existe que deux types de phrase en français : active, passive. Certaines phrases telles que "Marie est belle" ne peuvent toutefois rentrer dans ce moule. Ce sont évidemment des phrases descriptives, indiquant l'état de quelque chose ou quelqu'un à un moment donné. Les voix active et passive impliquent par contre une action. Je pense que c'est clair pour tout le monde ! On décrit un état, on relate une action.

Maintenant, on peut sans doute discuter le cas de certaines phrases un peu litigieuses par rapport à ces critères. Mais cela n'infirme pas du tout ma classification. Tout le monde reconnait par exemple que la France et l'Allemagne existent bel et bien. Il n'empêche que certains terrains à la frontière des deux pays ne sont pas clairement définis comme allemands ou français. Cela a fait d'ailleurs l'objet d'accords réglant les cas litigieux en question.

Il faut par ailleurs souligner que les notions de "phrase active" et "phrase passive" sont tout aussi sémantiques que celle de "phrase descriptive". Elles ont été simplement formalisées de manière assez précise par les grammairiens, contrairement aux phrases descriptives. Tous les participants au forum se joignent à moi, Ptit Prof, pour vous demander de combler cet angoissant vide conceptuel. Ce sera votre mission historique !


(Ptit Prof) Sur les copules implicites

Votre formalisme est en effet exacerbé comme vous me dites, même excessif ! Il fait perdre de vue l'essentiel au profit de l'accessoire, décourage aussi tous les efforts de synthèse. L'esprit est au moins aussi important que la lettre.

Exemple de formalisme : à quelle date précise l'Empire romain a-t-il pris fin ? Personne ne le sait exactement. Et cela ne préoccupe à vrai dire pas grand monde, même ceux qui s'intéressent à l'Antiquité. Tout le monde sait par contre que l'Empire romain n'existe plus, et qu'il a précédé d'autres constructions étatiques dans tel ou tel pays.

Je dois dire que j'avais été intéressé un moment par ces questions excessivement formalistes. Mais j'en suis revenu depuis belle lurette !

Le verbe Être est souvent considéré comme la copule par excellence dans certains types de phrase, ainsi "Marie est belle". C'est en tout cas l'avis de Grevisse. Les verbes "paraitre" et "sembler" sont des copules implicites dans cette perspective. En effet, ils peuvent être commutés respectivement en "est apparemment" et "est probablement".

Maintenant, si vous y tenez absolument, je peux retirer cette expression "copule implicite". Je ne veux pas trop vous contrarier non plus !


(Ptit Prof) Sur la diathèse moyenne

Vous avez vous-même reconnu dans un message précédent que la voix moyenne n'existe pas grammaticalement en français. C'est tout ce qui m'intéresse, en particulier la section 2 de mon travail.

Et c'est vous qui parlez de "diathèse" ! Je n'en parle jamais dans mon travail. La question est donc hors sujet. Je n'évoque une hypothétique voix moyenne (section 2) que pour établir son inexistence grammaticale. Vous me rejoignez d'ailleurs sur ce point. Cette absence de voix moyenne me permet de clarifier les trois formules exposées dans ma section 4.


(Ptit Prof) Sur la conception individualiste du participe passé

Selon les règles actuelles, le participe passé doit s'accorder avec son support identifié par la question : qu'est-ce qui est PP ? La recherche du support n'est pas du tout influencée par le verbe auxiliaire (Avoir ou Être), avec lequel il forme pourtant une association pour constituer les temps composés (Avoir, Être) ou la voix passive (Être). Cette conception des accords du PP est donc manifestement individualiste.


(Ptit Prof) Sur ma conception hiérarchique du participe passé

Je vous ai répondu ci-dessus pour la conception individualiste du PP actuellement en vigueur. Par contraste, la mienne peut être qualifiée "hiérarchique". En effet, le verbe auxiliaire (Avoir ou Être) communique alors sa nature propre au PP, lui dictant s'il doit rester invariable, s'accorder et avec qui. C'est lui qui prend l'initiative au départ, comme doit le faire en principe un chef.

Contrairement à la conception individualiste, il existe donc une problématique spécifique à chaque auxiliaire. Mais cela n'exclut pas une répartition des rôles. Vous remarquerez d'ailleurs que les occupations du chef et du subordonné ne sont généralement pas les mêmes dans une société ! Je ne peux que vous renvoyer à mes trois formules, établissant de manière très claire les rôles en question.


(Ptit Prof) Sur la "poésie" de mes motifs

Tout-à-fait d'accord avec vous, d'abord : le participe passé, quand il doit s'accorder, doit le faire avec le sujet. Et puisque vous avez des références littéraires (Marot), je me permets de signaler que Diderot suivait intégralement ma conception hiérarchique pour l'accord du PP, même s'il ne lui donnait évidemment pas ce nom. C'est aussi ce qui se fait en espagnol, une langue pas si éloignée de la nôtre !

Ma conception hiérarchique n'est pas sinon plus poétique que vos considérations personnelles ! Reportez-vous à mes trois formules. Avec l'auxiliaire Avoir "action en soi", le PP acquiert une valeur adverbiale et ne doit pas s'accorder. Avec l'auxiliaire Être "résultat d'action", le PP acquiert par contre une valeur adjectivale impliquant l'accord. Mais ce ne sera pas avec le COD, mais avec l'agent de l'action dans une phrase active, le patient de l'action dans une phrase passive : sujet grammatical dans tous les cas !


(Ptit Prof) Grammaires mentaliste et descriptive

Vous n'y êtes pas, mais alors pas du tout ! Les conceptions individualiste et hiérachique du participe passé ne sont pas inspirées respectivement par les grammaires mentaliste et descriptive. Je les ai défini(es) moi-même, sans me référer à des travaux antérieurs. On peut aussi avoir des vues personnelles de temps en temps !

J'ai par ailleurs déjà exposé sommairement dans ce message les conceptions individualiste et hiérarchique du participe passé.


(Ptit Prof) Devenir et Rester : verbes copules

Je n'ai pas établi la liste exhaustive des verbes copules. La question n'est pas définitivement tranchée par les grammairiens, à ma connaissance. Les verbes Devenir et Rester sont parmi les 22 verbes non pronominaux formant les temps composés avec l'auxiliaire Être. C'est la section 7 de mon travail.

Devenir ne me parait pas un verbe copule dans la mesure où il implique une transformation, donc une action comme "bouger". Le verbe Rester traduirait pour sa part l'action "faire du surplace" ou "bouger sur place". L'action doit être prise bien sûr ici au sens générique. Elle n'est pas forcément très spectaculaire, ainsi quand on dort !

Sans trop y réfléchir, je pense à priori que tous les verbes copules (ou susceptibles de le devenir) sont des verbes d'état. Mais l'inverse ne serait pas vrai. Prenons la phrase "Jules César est mort". On peut considérer que le verbe Mourir traduit ici un état de la personne considérée. Mais ce n'est pas un verbe copule, Jules César faisant une action : celle de mourir à une certaine date. On pourrait d'ailleurs préciser cette date : "Jules César est mort en 44 avant notre ère". Le verbe Mourir fait par ailleurs partie des 22 verbes non pronominaux formant les temps composés avec l'auxiliaire Être : section 7 de mon travail.

Un critère pour établir la liste des verbes copules pourrait être la possibilité d'une commutation avec le verbe Être suivi d'un adverbe. Par exemple, "Marie parait fatiguée" signifie "Marie est apparemment fatiguée". Nous pouvons aussi établir une équivalence entre "Marie semble fatiguée" et "Marie est probablement fatiguée".

Remarquez que les verbes Paraitre et Sembler ne sont pas non plus forcément des verbes copules dans les phrases en question. On peut en effet supposer dans un certain contexte (hors phrase) que quelqu'un (ou quelque chose) a fatigué Marie : "Marie parait fatiguée (par untel)", à la voix passive, commute alors en "On parait fatiguer Marie" (voix active).

Je m'en tiendrai à ces considérations générales, n'ayant pas du tout l'intention de faire un travail sur la question après le participe passé ! Je m'arrête là et vous souhaite un bon dimanche. Nous reprendrons peut-être ce dialogue amical bientôt...

Re : Pour une réforme du participe passé

Dialogue de sourds, comme dit si bien éponymie, dialogue de sourds...

J'ai lu le mémoire, je l'ai lu intégralement, et j'ai eu l'impression de faire un voyage dans la machine à remonter le temps.

Je signale tout d'abord que mes définitions grammaticales sont issues du manuel de Grevisse, revu par Goosse. Ce manuel date de 1995, ce qui n'est quand même pas une époque préhistorique.

Non, en effet, ce n'est pas une époque préhistorique.
Cependant, l'année précédente paraissait la première édition de la Grammaire méthodique du français de Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat et René Rioul, un ouvrage très riche qui ne quitte pas ma table de travail.
Cependant deux ans plus tard paraissait la terminologie grammaticale, destinée à fournir aux professeurs de collège et de lycée un ensemble commun de termes indispensables à l'analyse du fonctionnement de la langue et à l'étude du discours.
C'est la loi et les prophètes, même si on peut en contester certains points, et elle recoupe bien la Grammaire de Riegel et alii.
Par contre, jamais l'Université n'a recommandé Grevisse. C'est peut-être injuste, mais c'est ainsi. Grevisse n'est pas une référence.
De plus, testis unus, testis nullus. Dans ces délicates matières, il vaut mieux consulter plusieurs auteurs.

éponymie et moi vous disons en choeur que vous confondez le grammatical et le sémantique :

Du point de vue qui intéresse mon travail, il n'existe que deux types de phrase en français : active, passive.

Notation grammaticale. De plus, vous délimitez votre objet d'étude : bravo.

Certaines phrases telles que "Marie est belle" ne peuvent toutefois rentrer dans ce moule.

Notation grammaticale : elles ne peuvent entrer dans le cadre actif/passif, car y entrent seules les phrases construites autour d'un verbe transitif .

Ce sont évidemment des phrases descriptives, indiquant l'état de quelque chose ou quelqu'un à un moment donné. Les voix active et passive impliquent par contre une action.

Patatras ! La définition sémantique !
En l'espace d'un paragraphe, vous passez du grammatical au sémantique, et, grave erreur de méthode, alors que c'est la construction qui donne le sens, vous justifiez la construction par le sens.
C'est ce que l'on nomme la démarche mentaliste, qui a longtemps inspiré les traités de grammaire, et les inspire encore, si l'on vous en croit.

Autre exemple :

Selon les règles actuelles, le participe passé doit s'accorder avec son support identifié par la question : qu'est-ce qui est PP ?

J'ai eu entre les mains nombre de grammaires scolaires, j'entends destinés aux collégiens. Aucune n'a formulé la règle en ces termes. L'identification par question est purement sémantique, et bannie des pratiques depuis plus de trente ans.

La recherche du support n'est pas du tout influencée par le verbe auxiliaire (Avoir ou Être), avec lequel il forme pourtant une association pour constituer les temps composés (Avoir, Être) ou la voix passive (Être).

Pas influencée ? Pourtant, depuis mon enfance, on ressasse inlassablement : quand le participe se conjugue avec avoir... quand le participe se conjugue avec être... Devenu adulte, je sais que ce n'est pas le participe qui se conjugue, mais les enfants savent avant d'atteindre leurs dix ans que la règle est différente selon l'auxiliaire.
De quoi nous parlez-vous donc ?

Cette conception des accords du PP est donc manifestement individualiste.

Ce qualificatif est manifestement mentaliste : la notion psychologique d'individualisme n'a rien à faire ici.

Vous n'y êtes pas, mais alors pas du tout ! Les conceptions individualiste et hiérachique du participe passé ne sont pas inspirées respectivement par les grammaires mentaliste et descriptive. Je les ai défini(es) moi-même, sans me référer à des travaux antérieurs. On peut aussi avoir des vues personnelles de temps en temps !

C'est également ce que je fais : je me suis bricolé mes théories personnelles, mais en m'appuyant sur des travaux antérieurs,  car cela fait gagner un temps fou.
Vous vous référez si peu que vous prenez le mentalisme pour une école, comme le structuralisme, alors qu'il ne s'agit que d'une démarche mentale, la vôtre, qui justifie les procédés grammaticaux par les effets de sens.

Exemple de formalisme : à quelle date précise l'Empire romain a-t-il pris fin ?

??????????????????????????????????????????????????????????

En quoi est-ce du formalisme ?
Le formalisme, c'est, ici et en gros, l'étude des formes linguistiques.
Exemple de mentalisme :
le sujet fait l'action, on le trouve en posant la question qui est-ce qui ?
Exemple de formalisme :
le sujet impose son accord au verbe, c'est le terme situé immédiatement à gauche du verbe dans la phrase de base.
Le formalisme donne des critères précis et objectifs, et évite de s'égarer dans des considérations accessoires. Le formalisme pose que la forme c'est le fond, et il étudie la forme pour comprendre le fond.

Je m'arrête là, non qu'il n'y ait plus rien à dire, mais parce qu'il y a trop à dire.

Je vous signale que vos 67 pages, réduites à 7 lignes, nous attendaient bien au chaud, et depuis 1949, dans le Précis de grammaire historique de la langue française des Dupont/Dupond, je veux dire Brunot et Bruneau :

La règle du participe passé est une règle artificielle, à laquelle les grammairiens logiciens ont attaché, depuis la fin du XVIIIe siècle, une importance excessive. Il est regrettable que l'Université, au XIXe siècle, ait repris cette tradition. Il serait sage de laisser toute liberté à l'usage, qui tend évidemment à considérer le participe construit avec être comme un adjectif variable, et le participe construit avec avoir comme une forme verbale invariable.

C'est moi qui souligne.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Pour une réforme du participe passé

Je vous signale que vos 67 pages, réduites à 7 lignes, nous attendaient bien au chaud, et depuis 1949, dans le Précis de grammaire historique de la langue française des Dupont/Dupond, je veux dire Brunot et Bruneau :

Fermez le ban ! et je dirais même plus : fermez le ban !

elle est pas belle, la vie ?

44 Dernière modification par Spalding (12-11-2011 22:45:30)

Re : Pour une réforme du participe passé

C'est en effet un dialogue de sourds, pour reprendre les mots de Ptit Prof. Mais je ne chercherai pas à établir les responsabilités précises de cette situation. Nous sommes au moins d'accord là-dessus !

En ce qui concerne les définitions grammaticales, elles sont tout-à-fait à jour. Renseignez-vous sur Internet ! Je contredis aussi Ptit Prof sur la méthode d'identification du participe passé par la question "Qu'est-ce qui est PP ?". Elle est bien préconisée par le Professeur Charles-Henri Audet dans son fichier PDF sur la question, disponible sur Internet. Cette méthode est également pratiquée par le linguiste Marc Wilmet dans son essai sur le participe passé, publié par le Conseil international de la langue française (CILF) : "Penser l'orthographe de demain". Et cet essai date de 2009 seulement ! Les linguistes Claude Gruaz et Georges Legros mènent actuellement des recherches sur cette base. Tous trois préconisent une simplification radicale des accords du participe passé.

De mon point de vue, leurs travaux à base d'équations grammaticales ne peuvent toutefois être enseignés dans les classes primaires. C'est tout l'intérêt de ma conception hiérarchique du participe passé, débouchant sur trois formules théoriques compréhensibles par le grand public.

Par ailleurs, je maintiens en effet que seules les voix active et passive m'intéressent dans ce travail sur le participe passé, après avoir établi l'inexistence des voix moyenne et impersonnelle. En niant les phrases descriptives telles que "Marie est belle", Ptit Prof heurte totalement le sens commun ! Ces phrases descriptives diffèrent bien sûr grammaticalement de leurs homologues actives et passives. La sémantique n'intervient pas du tout là-dedans ! Cela dit, je ne m'attarde pas à ces phrases descriptives, car l'accord du participe passé ne pose alors aucun problème.

Ptit Prof se trompe encore sur un autre point. Les règles actuelles du participe passé impliquent bien en effet une conception individualiste. Le participe doit alors s'accorder en toute indépendance avec le support identifié, sans que la problématique change selon l'auxiliaire : Avoir ou Être. Lisez le fichier PDF du Professeur Audet sur la question, intitulé d'ailleurs : "L'accord du participe passé en une seule règle". Le qualificatif "individualiste" s'applique donc pleinement aux règles actuelles.

Ce principe général n'est en effet pas enseigné dans les classes primaires, car il existe une multitude de cas particuliers, sans compter le blocage de l'accord quand le support est situé après le participe passé. Les enseignants préfèrent donc sérier les difficultés, en envisageant séparément les auxiliaires Avoir et Être. Mais c'est à tort pour le Professeur Audet. Il vaudrait beaucoup mieux pour lui enseigner le principe de base, quitte à examiner ensuite les cas litigieux. J'en donne par ailleurs un bon aperçu dans mes sections 5 et 6.

Il est temps de conclure. Voici la nouvelle adresse de mon fichier, légèrement modifié après avoir tenu compte d'une ou deux remarques pertinentes : http://www.archive-host.com/files/12836 … TICIPE.pdf - Ce fichier est daté du 28 octobre. J'ai modifié aussi l'adresse indiquée en page 1 du présent sujet.

Je laisse poliment le dernier mot à Ptit Prof. Et je compte bien entendu sur lui pour nous informer du résultat de ses discussions avec les spécialistes du participe passé, dont j'ai indiqué ici quelques noms. Je ne doute pas que ses débats avec eux seront tout-à-fait passionnants...

Re : Pour une réforme du participe passé

Je crois que j'ai compris : Spalding nous arrive, par une faille du continuum spatio-templorel, d'un univers parallèle où la recherche linguistique est bien moins avancée que dans le nôtre.
Voilà pourquoi nous le comprenons : nous avons passé par ce stade.
Voilà aussi pourquoi il ne nous comprend pas, il n'a pas encore découvert  nos résultats...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

46 Dernière modification par coco47 (31-10-2011 05:33:17)

Re : Pour une réforme du participe passé

Tout à fait, Spalding, et non tout-à-fait. Notez-le, puisque vous faites grand usage de cette locution.

Re : Pour une réforme du participe passé

Je suis allé chercher le texte de Charles-Henri Audet. Il date de 1996 donc d'avant l'explosion d'Internet et la mise à disposition de corpus importants (il me semble que ce n'est pas anodin).

Il passe effectivement en permanence par la sémantique (agent/patient) pour trouver une règle unifiée d'accord du participe passé.

Quel est le présupposé ?

L’usage naturel et les règles de grammairiens témoignent pourtant, ici comme ailleurs, d’une intuition profonde : une nécessité commune.

Le participe passé est à considéré comme un adjectif qualificatif associé à un morphème de voix passive (é, i, it, u, etc.). Il devient un participe passif et place son support (le désigné passif) en situation de PATIENT (celui qui est objet de “l'action”).

La nécessité commune, c'est d'accorder le participe passé avec le désigné passif.

En simplifiant et en “unifiant” un peu, exceptions et/ou hésitations de l'usage (expression de l'auteur) :

1)quand le désigné passif est postposé par rapport au participe passé (je caricature en disant que c'est l'agent qui parasite le participe passif et lui fait oublier de s'accorder).
2)quand l'agent et le patient sont confondus à tort ou à raison (tiens, tiens ...)

Il unifie donc toutes les règles en fin de message en une seule en cherchant le désigné passif et en justifiant l'exception 1 par la formulation au XVI[sup]e[/sup] d'une règle artificielle qui a mis un certain temps à être respectée et la 2 par la difficulté à distinguer l'agent ou le patient.

C'est assez convaincant – et séduisant – mais il me semble que la conclusion montre la faille :

Cette intuition [l'accord avec le désigné passif] n’a jamais été clairement définie — sauf, à notre connaissance, par Damourette et Pichon, qui n’ont pas réussi à se faire entendre ou qui, confondus ou ébranlés par les faits d’exception d’usage, qu’ils n’ont pas assez clairement pris pour des erreurs, n’ont pas réussi à faire la démonstration convaincante qui s’imposait.

Donc l'usage a tort s'il ne respecte pas les règles (ou la règle unique) : le seul fait de dire ça comme ça, suffit à montrer le point faible de la démonstration. La règle prime sur l'usage : tous aux abris smile

Sans parler du fait qu'avoir trouvé une règle unique ne résoudra pas le problème d'accord du participe passé : qui trouvera à tout coup le désigné passif ? Gageons qu'on repassera par la construction pour ce faire.

Amusant aussi que la sémantique serve tant à justifier les règles traditionnelles d'accord qu'une simplification drastique (la tentative de ce fil). Dans un cas comme dans l'autre c'est la fin qui compte.

Les 16 règles énoncées par l'auteur :

1. Le pp employé « seul » s’accorde avec le mot auquel il se rapporte.
2. Le pp employé avec être (sembler, devenir, paraître, demeurer, rester...) s’accorde avec le sujet du verbe (ou avec « son » sujet).
3. Le pp employé avec avoir (a) s’accorde avec le (son) c.o.d. placé avant et (b) reste invariable s’il n’y a pas de c.o.d. ou (c) si ce c.o.d. est placé après.
4. Le pp d’un verbe accidentellement pronominal réfléchi ou réciproque s’accorde avec le pronom c.o.d. réfléchi ou réciproque placé avant [comme si le verbe être était le verbe avoir].
5. Le pp d’un verbe essentiellement pronominal ou d’un verbe pronominal passif s’accorde avec le sujet du verbe (ou avec « son » sujet).
6. Le pp « conjugué » avec avoir suivi d’un infinitif (a) s’accorde avec le c.o.d. qui précède le verbe si ce c.o.d. fait l’action exprimée par l’infinitif mais (b) reste invariable s’il la subit.
7. Le pp d’un verbe impersonnel reste invariable.
8. Les pp des verbes intransitifs coûté, valu, pesé, etc. restent invariables quand ils sont accompagnés d’un complément circonstanciel de prix, de valeur, de poids, etc. mais s’accordent avec le (leur) c.o.d. si le verbe « devient » transitif.
9. Les pp ci-joint, ci-inclus, ci-annexé s’accordent quand ils sont épithètes ou attributs et quand ils ont valeur qualificative ou prédicative mais restent invariables quand ils ont valeur adverbiale.
10. Les pp attendu, y compris, non compris, etc. placés devant le nom ou le pronom s’emploient comme prépositions et restent invariables ; mais ils sont variables quand ils sont placés après le nom ou le pronom ou s’ils sont placés devant par inversion.
11. Le pp étant donné peut rester invariable ou suivre les règles de attendu, y compris, non compris, etc.
12. Les pp dit, dû, cru, su, pu, voulu, etc. restent invariables s’ils sont suivis d’un c.o.d. infinitif ou d’une proposition c.o.d. « sous-entendue ».
13. Les pp suivis d’un attribut du c.o.d. s’accordent souvent avec ce c.o.d. si celui-ci les précède.
14. Le pp reste invariable si son c.o.d. est un l’ mis pour cela, représentant une idée ou une proposition ; il s’accorde si ce l’ représente un nom.
15. Le pp précédé d’un collectif ou d’un adverbe de quantité s’accorde selon le sens avec ce collectif ou cet adverbe, ou avec son complément.
16. Le pp précédé de en s’accorde ou ne s’accorde pas si… mais ne s’accorde jamais s’il est suivi de…, etc.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

Les 16 règles énoncées par l'auteur...
Il me revient en mémoire les critères de validité des règles de grammaire, transmis par un de mes professeurs de faculté (j'ai hélas oublié son nom, mais pas ses critères).
Le linguiste qui formule une règle n'a aucune garantie de ne pas pédaler dans la choucroute. Cependant, s'il ne s'est pas trop égaré, sa règle sera :
universelle, sans exception aucune (s'il y a des exceptions, c'est que l'explication est fausse) ;
simple (elle doit tenir en une ou deux phrases) ;
claire (pour des raisons évidentes).

Appliquons ces critères, aux seize (seize !) règles du professeur Audet, d'une part, et à la conclusion des Dupond/t d'autre part :

La règle du participe passé est une règle artificielle, à laquelle les grammairiens logiciens ont attaché, depuis la fin du XVIIIe siècle, une importance excessive. Il est regrettable que l'Université, au XIXe siècle, ait repris cette tradition. Il serait sage de laisser toute liberté à l'usage, qui tend évidemment à considérer le participe construit avec être comme un adjectif variable, et le participe construit avec avoir comme une forme verbale invariable.

La règle, ils la formulent au conditionnel, mais elle est bel et bien là, et tient en  deux propositions :
variabilité du participe construit avec être, et donc accord avec le sujet, invariabilité du participe construit avec avoir, et donc pas d'accord du tout.

De ces deux formulations, laquelle est la plus valide ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Pour une réforme du participe passé

Tout ça pour montrer que monsieur Audet ne nous fait pas peur smile. Et puis il est peut-être très sympa ce monsieur.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

Re : Pour une réforme du participe passé

Assez sympa pour ne pas se formaliser de ce que Spalding l'ait plagié et delayé...

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