Pas d'accord avec Ptit Prof ! Le sujet n'est pas forcément grammatical. En effet, les linguistes distinguent les sujets grammatical et sémantique pour les phrases impersonnelles. Prenons l'exemple "Il arrive des ennuis" : le pronom neutre "Il" est sujet grammatical, "des ennuis" le sujet sémantique.
Quant à la méthode pour détecter le sujet (grammatical ou sémantique), elle est indiquée par Grevisse lui-même ! Par ailleurs, tout le monde comprend ce qu'est une phrase descriptive. On ne va pas s'étendre indéfiniment là-dessus...
Et je passe sans arrêt du sujet agent au sujet patient dans ce travail. N'importe qui finira par se rendre compte que ces notions diffèrent ! Comparez par ailleurs mes formules B et C. Je m'en explique aussi dans la section 2.
Je reprends maintenant la faute signalée. "Elles se sont parlées" = "Elles ont parlé à elles-mêmes". Entièrement d'accord ! Il aurait fallu indiquer : "Elles ont parlé entre elles". Cela dit, ce n'est peut-être pas une bourde fondamentale ! Elle sera corrigée...
J'attire par ailleurs l'attention sur le fait que mon travail fait quand même 67 pages. Je ne pouvais pas développer toutes les notions abordées sans atteindre les 700 pages ! Les participants le trouvent déjà suffisamment long. Et il faut aussi s'en tenir à son sujet.
S'agissant du participe passé, on peut le considérer comme un adjectif verbal ou un composant verbal (à valeur adjectivale ou adverbiale). Je privilégie cette dernière conception et le dis explicitement dans mon travail.
J'ai l'impression sinon qu'il n'est pas du tout compris. Cela me rassure aussi quelque peu : il n'est pas trop simpliste ! Je vais essayer de le résumer ici, chapitre après chapitre.
Introduction
J'annonce que je vais faire des propositions pour simplifier les accords du participe passé, trop byzantins. Et je détaille le plan que je suivrai. Là, je pense que tout le monde a compris. Sinon, inutile d'aller plus loin !
1) Rôles grammaticaux du participe passé
Je passe en revue tous les emplois grammaticaux du participe passé. Certains ne posent aucun problème, d'autres font double emploi. Après cet examen, j'annonce que j'examinerai uniquement les problèmes posés par le participe passé avec les auxiliaires Avoir et Être des temps composés, l'auxiliaire Être de la voix passive. Là aussi, vous me suivez ?
2) Notions de base : voix active et passive
J'établis d'abord que les phrases descriptives ne sont pas concernées par les voix active et passive. Puis j'expose sommairement les notions de voix active et passive. Et j'indique qu'il vaut généralement mieux considérer le sujet que le complément pour découvrir les voix active ou passive (sauf phrases impersonnelles). La page 9 sera modifiée après la critique amicale faite par Éponymie.
J'examine ensuite les phrase transitives directes, illustrant bien les voix active et passive. Je passe ensuite aux phrases transitives indirectes et intransitives. Elles sont toutes à la voix active.
Je passe ensuite aux verbes pronominaux. Les pronominaux analysables (transitifs) sont en fait à la voix active. Certains grammairiens (une minorité) ont postulé une voix moyenne. Mais ils confondent en fait la nature du sujet et sa fonction. C'est évidemment la fonction qu'il faut considérer.
D'autres grammairiens (toujours une minorité) établissent la voix moyenne en combinant la voix active et la résultativité de l'auxiliaire Être. En effet, le sujet agent (voix active) est aussi concerné par son résultat, ce qui nous ramène à la voix passive. Mais ils mélangent en fait des notions distinctes, comme le linguiste Ludo Melis l'a remarqué.
J'examine ensuite les pronominaux essentiels (intransitifs) pour établir qu'ils sont eux aussi à la voix active. Puis je passe aux pronominaux passifs (intransitifs), à la voix passive comme leur nom l'indique.
Je passe alors aux verbes impersonnels, apparemment ni actifs ni passifs. Les phrases associées ne sont en fait que des effets de style, visant à privilégier le propos sur le thème. Ce seront aussi parfois des procédés abréviatifs. Les voix active et passive restent reconnaissables, mais il faudra plutôt considérer le complément que le sujet.
À l'issue de cet examen, il n'existe donc que trois types de phrase : descriptives, actives, passives. Les phrases descriptives ne m'intéressent pas en fait, car l'accord du participe passé ne pose aucun problème.
3) Notions de base : auxiliaires Avoir et Être
Je m'interroge sur la signification des verbes Avoir et Être quand ils ne sont pas de simples copules neutres (phrases descriptives). Ce sont alors les auxiliaires des temps composés ou de la voix passive. Ces auxiliaires ne peuvent sinon être distingués au regard de la transitivité-intransitivité. Le critère de distinction devient alors celui-ci :
Auxiliaire Avoir : action en soi, en cours ou effectuée à un moment donné.
Auxiliaire Être : résultat d'action, toujours à un moment donné.
J'établis à première vue ces distinctions en m'interrogeant sur la nature des temps composés. Je mentionne aussi les très nombreux verbes recensés par Grevisse, faisant clairement apparaitre les significations différentes des auxiliaires Avoir et Être.
Mais j'essaie aussi de réfléchir par moi-même. Les phrase transitives directes confirment les significations déjà mentionnées pour les auxiliaires Avoir et Être : action en soi, résultat d'action.
Je combine ensuite les auxiliaires Avoir et Être d'une part, les voix active et passive d'autre part, en fournissant des exemples pour trois situations types :
A) Auxiliaire Avoir / Voix active : "Jacques a rasé lui-même"
B) Auxiliaire Être / Voix active : "Jacques s'est rasé"
C) Auxiliaire Être / Voix passive : "Jacques a été rasé par lui-même"
Pour les situation extrêmes A et C, aucun doute que l'auxiliaire Avoir indique une action en soi, l'auxiliaire Être le résultat d'une action. Pour la situation intermédiaire B, on ne sait plus par contre. En effet, il se produit alors des interférences entre la résultativité de l'auxiliaire Être et la voix active. Le résultat d'une action concerne ici le sujet pris comme patient d'une action, ce qui semble indiquer la voix passive. Mais la voix active reste pourtant incontestable, le sujet étant au départ agent de l'action.
Bref, nous retrouvons les interférences déjà signalées dans ma section 2 pour les verbes pronominaux. C'est la fameuse voix moyenne de certains grammairiens, entre les voix active et passive : une voix moyenne imaginaire pour le linguiste Ludo Melis. Ma situation B concerne en effet les verbes pronominaux.
Nonobstant ces interférences, je peux donc établir que l'auxiliaire Avoir indique bien une action en soi, l'auxiliaire Être le résultat d'une action.
4) Le participe passé : deux conceptions fondamentales
J'évoque d'abord les règles traditionnelles pour le participe passé. Il s'agit en fait d'une conception individualiste. En effet, le participe passé s'accorde avec le support identifié sans rien demander au verbe auxiliaire : Avoir ou Être. Il n'existe aucune problématique spécifique à chacun de ces auxiliaires.
Je passe ensuite à ma conception hiérarchique. Elle est hiérarchique parce que le verbe auxiliaire (Avoir ou Être) indique alors au participe passé comment il doit faire pour s'accorder ou rester invariable. Chaque auxiliaire possède ses règles pour cela.
Pour comprendre cette conception hiérarchique, il faut revenir sur les résultats obtenus dans les sections 2 et 3 :
Section 2 – J'ai établi qu'il n'existe que deux voix en français : active et passive, pas moyenne ni impersonnelle. Les phrases descriptives ne sont bien sûr pas concernées.
Section 3 – J'ai établi que l'auxiliaire Avoir des temps composés indique une action en soi, du moins quand il ne se combine pas avec l'auxiliaire Être pour indiquer la voix passive. L'auxiliaire Être des temps composés (voix active) ou de la voix passive indique par contre le résultat d'une action.
Je combine alors ces résultats pour aboutir aux trois formules suivantes :
A) AUXILIAIRE AVOIR / VOIX ACTIVE – L'auxiliaire Avoir des temps composés, à la voix active, indique une action en soi. Le participe passé précise cette action, prend donc une valeur adverbiale et reste invariable. (La voix active est ici mentionnée, les temps composés avec Avoir pouvant se trouver à la voix passive quand l'auxiliaire Être intervient.)
B) AUXILIAIRE ÊTRE / VOIX ACTIVE – L'auxiliaire Être des temps composés indique le résultat d'une action, se traduisant par un attribut participe passé. Dans une phrase active, cet attribut à valeur adjectivale s'accorde avec l'agent de l'action : le sujet grammatical.
C) AUXILIAIRE ÊTRE / VOIX PASSIVE – L'auxiliaire Être de la voix passive – ou des temps composés (voix passive) – indique le résultat d'une action, se traduisant par un attribut participe passé. Dans une phrase passive, cet attribut à valeur adjectivale s'accorde avec le patient de l'action : le sujet grammatical. (Les temps composés avec l'auxiliaire Être, à la voix passive, impliquent les tournures pronominales de sens passif.)
En résumant, j'arrive aux applications suivantes :
A) AUXILIAIRE AVOIR : le participe passé reste toujours invariable.
B) AUXILIAIRE ÊTRE : le participe passé s'accorde toujours avec le sujet grammatical.
S'agissant des formules B et C, pourquoi ne pas poser alors tout de suite que le participe passé doit toujours s'accorder avec le sujet ? C'est qu'il n'a pas à priori plus de raisons de s'accorder avec le sujet qu'avec le complément. Par contre, que l'accord s'effectue avec l'agent de l'action dans une phrase active, avec le patient de l'action dans une phrase passive, cela parait quand même logique. Dans les cas litigieux, Grevisse préconise en effet toujours d'accorder avec le mot frappant le plus l'esprit : l'agent dans une phrase active, le patient dans une phrase passive. Et s'il se trouve après que cet agent et ce patient correspondent toujours au sujet grammatical, ce n'est bien sûr qu'un pur hasard !
S'agissant des phrases impersonnelles, le sujet grammatical doit être considéré comme l'agent ou le patient de l'action, pas le sujet sémantique. Il faudrait sinon écrire "Il sont arrivés des ennuis". Dans une question grammaticale, le point de vue grammatical doit logiquement primer !
Voilà donc ma conception hiérarchique bien posée. Je vais maintenant la comparer à la conception individualiste (règles traditionnelles) pour voir laquelle est la plus efficiente. Ce seront les quatre sections suivantes (5 à 8).
5) L'auxiliaire Avoir des temps composés, à la voix active
Je passe alors en revue de nombreux exemples pour comparer la conception individualiste (règles traditionnelles) et ma conception hiérarchique du participe passé. Pour la simplicité, ma conception hiérarchique est bien sûr largement gagnante !
6) L'auxiliaire Être des temps composés : verbes pronominaux
Là aussi, ma conception hiérarchique met KO la conception individualiste du participe passé !
7) L'auxiliaire Être des temps composés : verbes non pronominaux
Seuls 22 verbes sont concernés. Les deux conceptions obtiennent les mêmes résultats pour l'accord du participe passé. Je préfère quand même ma conception hiérarchique, car elle permet de devancer l'évolution des usages en la matière.
8) L'auxiliaire Être de la voix passive
Les deux conceptions du participe passé font ici jeu égal !
9)Valeur des conceptions envisagées
Je récapitule ici les résultats obtenus dans les sections 5 à 8. Ma conception hiérarchique du participe passé l'emporte largement sur sa rivale hiérarchique pour la simplicité et même la cohérence. S'agissant de la conception individualiste, on comprend en particulier mal que l'accord soit bloqué quant le support d'accord est situé après le participe passé.
Par ailleurs, le participe passé forme une association avec le verbe auxiliaire (Avoir ou Être) pour constituer les temps composés ou la voix passive. Et dans cette association, l'auxiliaire est manifestement le chef ! Il parait donc assez logique que le participe passé ne puisse s'accorder en dehors du verbe auxiliaire, son chef. C'est ma conception hiérarchique !
Pourquoi hésiter plus longtemps dans ces conditions ? Je signale par ailleurs que l'espagnol applique intégralement ma conception hiérarchique du participe passé. Ce n'est quand même pas une langue si différente du français !
Annexe : controverses et discussions
Dans cette annexe, je discute avec un linguiste des problèmes posés par l'accord du participe passé. Monsieur Dupont est par ailleurs un pseudonyme, par discrétion bien sûr. Il m'avait réellement adressé des courriels à propos du participe passé.
Voilà, est-ce que cela vous parait maintenant un peu plus clair ?