greg a écrit:Si tu parles de wa, que vient faire wis·ti·ti ouistiti dans ton développement ?
Pardon si ma phrase n'était pas compréhensible mais dans cet extrait, je voulais faire remarquer que certains mots en [wa] (écrits wa ou oua) semblaient se comporter comme des mots ne commençant pas par une voyelle, exactement aussi comme d'autre mots en [wi], comme ouistiti, qui s'écrit bien avec des voyelles graphèmes pourtant, mais que personne ne songerait à lier.
greg a écrit:où <oui> est un mot plutôt traditionnel épargné par la liaison.
OUI, "oui" est un cas, il faut le reconnaître. En commençant par s'apercevoir de son long destin de diphtongue/triphtongue (sans préjudice de ce qu'il est aujourd'hui, mais il faut quand même s'en souvenir...)
Maintenant, pour un mot donné, le fait qu'il déclenche une liaison ou pas est un indice, on ne peut pas le considérer comme une démonstration en soi. On va le voir dans la suite un même mot peut se lier ou non selon le contexte.
Dans le cas d'un mot aussi fréquent et important que oui, deux choses peuvent avoir empêché la liaison de se faire (que j'ai entendue toutefois je vais retrouver la citation) :
1 la mise en valeur, le mot étant très court, si on le lie il y a un risque qu'on ne l'entende plus
2 l'homophonie avec l'ouie (toujours bien comprise), lier l'un et pas l'autre permet de les distinguer comme la haie peut au moins se distinguer de lait ou l'est ou laid ou les (français standard) même si les 4 derniers ne le peuvent.
ce genre de mots subissent donc de fortes pressions dues à leur brièveté et l'homophonie, comme on s'en aperçoit en étudiant le sort des mots "hui" et "huis". Dans les paroles de "grand cerf, ouvre moi" la rime, "un lapin venir à lui, et frapper à l'huis" n'est plus comprise et les gens remplace le deuxième vers par "et frapper ainsi" (suprimer la liaison aurait pu contribuer à la survie du mot dans le langage courant, mais ce n'est pas moi qui décide...). Par ailleurs Le "hui" dans "aujourd'hui" n'a survécu qu'en s'agrégeant avec l"au jour d'"....
greg a écrit: de·ɥi·tɛ·nə
des huitaines
avec <huitaine> dans le rôle du mot pas vraiment exogène.
la notation phonétique (? il y faudrait des crochets) me paraît inconsistante (français standard ?), celà dit, "huit" devrait se lier sans problème à toutes les sauces et s'élider, comme dans les nombres mais en pratique, dans l'utilisation, on a eu besoin de le "mettre en valeur", c'est l'explication que je vois ...
l'une a froid, l'autre à chaud ("une" non mis en valeur); as-tu vu la une du Parisien ? ("une" mis en valeur, c.a.d. substantivé du point de vue de la syntaxe, mais non lié du point de vue prosodique)
ainsi : dix-huit, vingt-huit sont obligatoirement liés mais : le huit du mois, me(s) huit jours ne se lient pas...
alors si huitaine a effectivement quelques problèmes à se lier ce n'est pas très étonnant, dans la langue il ne faut pas tout chercher à expliquer mais j'avancerai que le h graphique a pu jouer son rôle subliminal d'anti lien/élision (mais pas pour "huit" dans les chiffres qui sont des mots prononcés tous les jours)
greg a écrit:Et, pour finir, retour à wa :
nu·wa·tɔ̃
nous ouatons
de·wa·tə
des ouates
Mais peut-être que <ouate> et <ouater> ne sont toujours pas acclimatés à notre langue malgré leur présence multiséculaire...
ce n'est pas moi qui l'affirme, c'est toi qui le constate, comme Littré d'ailleurs (il constatait que les gens ont tendance à ne pas lier l'ouate, alors que rien ne les en empêche....), tu ne m'en veux pas de te comparer à Littré j'espère ? Ce sont des mots qu'on emploie rarement, je parle de l'ouate. Dès qu'un mot se raréfie, les gens l'emploient avec des pincettes, ils ne savent plus trop comment le prononcer. Beaucoup de gens prononcent "oyez" : oh yeah, comme les tambours majors anglais, alors qu'ils ont l'exemple de voyez, qui leur donne la prononciation correcte en français.
Pour les waters, c'est clairement un mot exotique mais quotidien, et son écriture nous le rappelle constamment, et aucun mot qui s'écrit comme ça ne se lie en français, donc l'ensemble de ces mots écrits comme ça vont continuer ensemble longtemps à ne pas se lier....(il y a peut-être d'autres raisons, je n'entends pas les enfants dire "lezouaters" ?)
Finalement, mea culpa, j'ai simplifié la situation en évoquant juste le fait que certains mots étaient exotiques : il faut bien considérer différentes dimensions linguistiques : certains mots font bien partie du fond linguistique mais ils sont rares et deviennent instables (sens ou prononciation), en fait ils deviennent exotiques/étranges, d'autres mots sont utilisés quotidiennement, mais restent "étrangers" dans leur prononciations et/ou leur graphie. Le même mot peut suivre différentes règles de liaison selon qu'il est intégré dans une formule toute faite ou non. Enfin des mots rentrent en collision homophonique et il faut les abandonner, ou au contraire les maintenir au prix d'un artifice prosodique (qui peut être la liaison).