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forum abclf » Pratiques linguistiques » courteur / courtesse

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Messages [ 36 ]

Sujet : courteur / courtesse

Bonjour, je ne comprends pas, je ne trouve pas d'équivalent à longueur ou hauteur avec la notion de "court", courteur ? courtesse ? Peut-on dire ces mots, y en a-t-il un autre ? (on peut dire la brièveté d'un discours mais pas de celle d'une robe par exemple (à moins d'être poétique)).
Merci.

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Re : courteur / courtesse

Petitesse ?

elle est pas belle, la vie ?

Re : courteur / courtesse

Courteur a bien été tenté par plusieurs :
https://fr.m.wiktionary.org/wiki/courteur
Je n'ose vous suggérer la courtitude !

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Re : courteur / courtesse

L'ancien français avait cortece (courtesse) pour exprimer la brièveté. Pourquoi ne pas le reprendre pour qualifier ce qui est physiquement court ?

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

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Re : courteur / courtesse

Piotr a écrit:

Petitesse ?

Ce mot n'est pas rare mais, dans ses emplois concrets, il qualifie davantage, je crois, ce qui n'est pas grand ou vaste que ce qui n'est pas long.

Avatar : statue de Bruno Catalano

6 Dernière modification par Piotr (16-02-2022 14:53:06)

Re : courteur / courtesse

C'est pas faux, mais j'ai pas mieux.

  C'est typiquement l'occase pour pondre un néologisme (comme le propose Abel) ou exhumer un zombie (le courtesse d'Alco) ; qu'en pense Lévine ?

PS : une petite recherche sur GGLivres est assez fructueuse, du XVIe au XXIe siècle :

- brièveté du frein lingual [...] courtesse du frein (1997)
- et la courtesse de leurs propres méthodes , la courtesse des méthodes (2002)
- Cette courtesse anormale de l'intestin... (2011)
- la courtesse de l'espoir... (2010)
- de sorte que la longueur & courtesse discerne yne effigie de l'autre (1557)

elle est pas belle, la vie ?

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Re : courteur / courtesse

D’aucun ont parlé de brièveté.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : courteur / courtesse

Oui, 'glop', dès le premier message, mais ça ne va visiblement pas pour la robe courte. On peut parler de la longueur d'une robe mais pas de sa court... et pas plus de sa brièveté !

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Re : courteur / courtesse

D’aucun ont parlé de brièveté.

   Oui, d'aucun l'ont même utilisé récemment (1997), c'est pourquoi je l'ai inclus dans ma première citation, mais je dois admettre que je ne pense pas spontanément à une grandeur géométrique, une longueur métrique, quand j'entends ce mot.

   Et pourtant, bien que Littré ne lui accorde que son acception temporelle, le TLFi donne ce sens en premier (en précisant rare).
   Robert le Grand, pour sa part, cite le sens temporel en tête d'article -
et le sens topologique en dernier - avant de renvoyer à petitesse, terme qu'il définit comme « Caractère de ce qui est petit en dimension, en étendue, en volume... » Suivent plusieurs exemples et citations s'appliquant à des objets ou des personnes.

    Nous avons donc trois clients honnêtes, licites : brièveté, courtesse, petitesse. Lequel choisir, et comment ? Surtout : comment s'assurer que l'on sera compris, et comment savoir si le mot "prendra" ?
   Restaurateur de morts-vivants - tout comme fabricateur de néologismes - c'est pas un turbin facile...

elle est pas belle, la vie ?

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Re : courteur / courtesse

C’est ainsi que Robert le Grand rejoignit Pépin le Bref.  smile

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : courteur / courtesse

Bonjour à tous et merci pour vos suggestions et vos remarques tout à fait intéressantes, c'est dommage, moi c'est courteur que j'avais envie d'employer mais ce mot ne semble pas trop obtenir votre adhésion...
Finalement, et ça me plaît bien, vous montrez ici que la langue n'est pas si figée que je le pensais, au fond, dans pareille situation vous semblez soutenir et presque encourager les néologismes ou les usages rares et anciens... Pour info, ce qui est court dans mon écrit c'est la laisse d'un chien, puis les bretelles d'un sac à dos et enfin la définition des mots fléchés (par rapport aux mots croisés).
Et si j'ai envie d'utiliser courteur (de façon un peu insistante) c'est aussi pour envoyer au passage mon lecteur vers cette prise de conscience qu'il n'y a pas vraiment de mot ad'hoc...
Merci !

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Re : courteur / courtesse

Je crois que les mots « fléchés » sont des mots croisés ! Comportant la petite particularité que leurs définitions figurent dans la grille. Pour lesdites définitions, c'est « brièveté » qui s'impose, me semble-t-il.

Avatar : statue de Bruno Catalano

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Re : courteur / courtesse

ilelogique a écrit:

vous semblez soutenir et presque encourager les néologismes ou les usages rares et anciens...

   Si le mot juste n'existe pas pour signifier une idée ou une réalité, il faut bien le trouver quelque part... dans le passé ou dans le futur.
   Mais il y a des "règles" - les mêmes que pour accepter l'intégration d'un mot étranger - en n'oubliant pas que nous ne sommes personne qui puisse imposer quoi que ce soit (à supposer que nous le souhaitions).

   Quels sont ces principes qui guident certains d'entre nous (nous ne sommes ni une école ni une chapelle et chacun ne représente que soi-même) ?

  1) Tout d'abord, le mot doit être non seulement utile, mais nécessaire ; c'est-à-dire que son absence engendre un manque dans l'expression juste et concise (un exemple avec praticité). C'est le cas de « courteur / courtesse ».
   2) Il doit ensuite être construit selon les règles étymologiques habituelles de notre langue, c'est-à-dire être licite.
   3) Il doit enfin être facilement intégrable (*) dans la langue courante, en étant aisément compréhensible.
(*) Puisque "inclusible" n'existe pas.

   Pour ce qui est de faire ressurgir du passé des mots abandonnés, oubliés, dépassés, le problème est différent : ils ont été créés, ont servi (plus ou moins), ont eu leur apogée, puis ont périclité, probablement par manque d'usage.
   Avec quelle probabilité pouvons-nous espérer que leur seconde vie sera plus riche ou plus longue que la première ? Il est impossible de le prédire. Au prix de quelques faciles recherches, nous nous apercevons que « courtesse » existait déjà et qu'il est sorti du coma : il est utile et il est licite. Donnons-lui sa chance !

elle est pas belle, la vie ?

Re : courteur / courtesse

Merci beaucoup, je comprends et valide ce que vous dites, mais, pardon d'insister, courteur a-t-il déjà été employé ?
Car, pour mon écrit, je le préfère à courtesse et il me semble qu'il vérifie lui aussi les 3 points dont vous parlez.
Et puis au pire, j'ai bien le droit à un néologisme non ?
Merci

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Re : courteur / courtesse

Oui, courteur a déjà été employé  wink
  On doit lui reconnaître sa sonorité, mieux accordée avec longueur.
  Oui, tu as droit à un néologisme - et même plusieurs - mais il y a toujours le risque qu'il finisse en hapax.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : courteur / courtesse

Le simple particulier ne doit pas se faire d'illusions quant à son influence sur l'évolution de la langue.
Les retours de mots tombés en désuétude sont rares et, quand on les constate, on ne sait pas forcément à qui ils sont dus précisément. Je pense à « autrice », qui s'est employé aux quinzième, seizième et dix-septième siècles avant de sombrer dans l'oubli. Il revient et je ne désespère pas qu'il s'affirme face à « auteure », recommandé, sans doute sous l'influence des Québécois.
Une femme politique à qui « bravoure » ne venait pas à l'esprit, a inventé « bravitude », strictement inutile mais parfois repris par raillerie. J'imagine qu'à moyen terme « bravoure » seul, plus court, subsistera.

Avatar : statue de Bruno Catalano

Re : courteur / courtesse

Merci,
je veux juste l'employer 3 fois (exprès) dans un roman, aussi m'avez-vous convaincu de la possibilité de son usage, merci !
Après, que ce mot revienne ou pas, en effet, nous avons chacun que très peu d'impact à mon avis...

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Re : courteur / courtesse

nous n'avons chacun que très peu d'impact à mon avis...

... sauf si tu vends à deux millions ! wink

elle est pas belle, la vie ?

Re : courteur / courtesse

Il y a peu de chances, mais sait-on jamais, merci en tous cas, et je vais mettre courteur...

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Re : courteur / courtesse

Il suffit de posséder des dictionnaires ni trop anciens ni trop récents et vous trouverez par exemple dans le Littré en 7 volumes de 1964 le mot "CURTITUDE" qui certes, est peu usité mais qui existe bel et bien.

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Re : courteur / courtesse

Bienvenue à vous, Ouroboros.
Une véritable trouvaille, votre « curtitude ». Bravo et merci.

Avatar : statue de Bruno Catalano

Re : courteur / courtesse

Je serais moins enthousiaste. Il me semble que ce "curtitude" n'a que peu de chance aujourd'hui d'être employé pour parler par exemple de "la curtitude d'une robe", comme on le demande en tête de ce fil.

Littré, que vous citez à juste titre, l'intègre dans son dictionnaire, mais précise : « Terme didactique peu usité ». Nous voilà donc prévenus et dissuadés de l'employer, à plus forte raison un siècle et demi après l'avis de Littré. Du reste, Littré ne justifiait le mot que par une unique citation : « "L'extrême curtitude des anneaux (je demande grâce pour cette expression) m'en avait vraisemblablement imposé, et d'autant plus que je n'avais point vu encore de taenia à anneaux longs", Bonnet, Nouv. rech. taenia. » Cette citation date de la fin du 18e siècle, et on note la réticence même de l'auteur à l'égard du mot qu'il ose employer.
Le mot a dû avoir une toute petite vogue en cette fin du 18e siècle, puisque je le trouve dans quelques autres documents.
Par exemple, dans une très longue lettre écrite en 1790 entre correspondants belges, l'auteur de la lettre la termine ainsi : « Adieu, mon cher Cousin, je me flatte que vous ne vous plaindrez pas cette fois de la Curtitude de mes Lettres. » Curieusement, un livre de la même époque parle du précédent ouvrage et de son auteur l'abbé Sabatier de Castres et écrit : « A Paris & à Bruxelles il n'étoit que le prête-nom des sottises d'autrui; (1) mais dans celles qu'il vient de débiter sous le titre de VALISE DECOUSUE, on ne peut méconnoître ni la curtitude (2) de son génie, ni la méchanceté de son ame, ni la famélicité de sa plume. » Le voilà rhabillé pour l'hiver ! La note 2 précise à propos de curtitude que c'était une « Expression favorite de l'Abbé Sabatier. »
Mais cette curtitude a fait long feu !
Au vrai, on trouve aujourd'hui plus de "courtitude" que de "curtitude". J'avais mentionné ce mot au message 3 ! Il est peut-être moins bien formé, directement à partir du français plutôt que du latin, mais il est aussi plus compréhensible. On trouve par exemple "la courtitude de la jupe" ou "la courtitude vestimentaire".
Finalement, il me semble que courteur, déjà évoqué dans ce fil, n'est pas si mal. L'ancien français a eu la "courteté" en plus de la "courtesse", mais l'usage ne s'en est pas établi.
Notons que curtitude a aussi figuré dans des dictionnaires anglais du 19e siècle, comme le Chambers.

23 Dernière modification par Chover (14-09-2024 08:50:38)

Re : courteur / courtesse

Merci, Abel, pour vos recherches et ces explications.
Loin de moi l'idée de contester que « curtitude » ait peu de chances de bénéficier d'un retour en grâce ! Mais il m'a paru étonnant que le mot n'ait pas été cité plus tôt sur ce fil. Merci encore à vous, Ouroboros.
Et je ne m'interdirai pas désormais d'évoquer même la curtitude d'une robe ou d'une jupe !
« Curtitude » a manifestement le même rapport avec le latin curtus, écourté, que « multitude » avec multus, nombreux, « nullitude » avec nullus, aucun, « turpitude » avec turpis, laid…, qui illustrent l'évolution fréquente du /u/ latin vers le /y/ français.

Avatar : statue de Bruno Catalano

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Re : courteur / courtesse

Dans les dérivés populaires, seul le u long latin évolue vers [y], le u bref aligne son timbre sur le o long dès le Vème siècle (sauf en roumain et en sarde).
Mais ici, on a des noms savants, pour lesquels la distinction ne s'opère plus.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : courteur / courtesse

Qu'en est-il du mot four ? Le latin a furnus (variante fornus), devenu forno en itlaien, mais furu (['furu] en corse.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : courteur / courtesse

À propos de mots savants et passablement oubliés comme "curtitude", le dernier numéro de la revue DLF, dans la rubrique Mots en péril cite la procérité, qui désigne la haute taille du corps. Le mot est chez Littré mais pas à l'Académie ni dans le TLF. Littré donne cet exemple de Montaigne : « Les Ethiopes et les Indiens, elisants leurs roys et magistrats, avoient esgard à la beauté et procerité des personnes. »
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ … 2.djvu.jpg
Bien sûr, le mot existe aussi en anglais "procerity".

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Re : courteur / courtesse

Abel Boyer a écrit:

Littré donne cet exemple de Montaigne : « Les Ethiopes et les Indiens, elisants leurs roys et magistrats, avoient esgard à la beauté et procerité des personnes. »
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ … 2.djvu.jpg

Très intéressant.
Sait-on de quelle main sont les corrections et l'ajout en marge ? de Montaigne lui-même ?

Re : courteur / courtesse

Cela provient de l'édition ou plutôt de l'exemplaire de Bordeaux :
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Mon … 2.djvu/291

La plupart des annotations sont bien de Montaigne (quelques-unes sont de Marie de Gournay).
https://www.bordeaux.fr/p153622/-l-exem … e-du-monde
https://bvh.hypotheses.org/2363
https://fr.wikipedia.org/wiki/Exemplaire_de_Bordeaux
https://gallica.bnf.fr/blog/06072016/co … de=desktop

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Re : courteur / courtesse

Abel Boyer a écrit:

Littré donne cet exemple de Montaigne : « Les Ethiopes et les Indiens, elisants leurs roys et magistrats, avoient esgard à la beauté et procerité des personnes. »

Hors sujet mais tellement frappant : c'était au temps où le participe présent à valeur verbale pouvait prendre l'accord.

Dans les deux phrases ci-dessous, le participe a une valeur verbale. Mais il est d'usage, pour la première, de le considérer comme apposé au sujet (Pierre) du verbe conjugué (vit) d'une seule proposition (indépendante évidemment). Tandis que dans la seconde, complexe, le même participe est le noyau d'une subordonnée participiale complément circonstanciel de cause, antéposée à la principale.

1 Déjeunant* à l'intérieur, Jeanne ne vit rien.
2 Pierre déjeunant à l'intérieur, Jeanne ne le vit pas.

La phrase de Montaigne ne comporte qu'une proposition. Quand bien même on peut imaginer (en français d'aujourd'hui) la subordonnée conjonctive « lorsqu'ils élisaient leurs rois et magistrats » en lieu et place de « elisants leurs roys et magistrats » !

Pardonnez-moi si, pour vous, j'enfonce des portes ouvertes.

* Pas de « déjeunante » aujourd'hui !

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Re : courteur / courtesse

Alco a écrit:

Qu'en est-il du mot four ? Le latin a furnus (variante fornus), devenu forno en itlaien, mais furu (['furu] en corse.

Je croyais avoir répondu ; j'ai dû oublier de "poster".

Dans ce mot, les deux u sont brefs, ils prennent donc le timbre du o fermé dès le IVème siècle. Cet o long, en position tonique et en entrave, resté longtemps intact, évolue normalement vers [u ] en français vers le XIIIème (cf. cour < curtum ; crusta < croûte ; ursu < ours...). Quant au o long final, il s'amuit au VIIème.
La forme du mot jusqu'au XIIIème est forn

L'italien a gardé ces deux o, mais en les ouvrant.

Le roumain, le corse et le sarde ont gardé le u primitif intact, d'où furu.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : courteur / courtesse

Le seul mot qui existe, mais il est peu usité et on ne le trouve donc QUE dans les excellents dictionnaires (Littré par exemple).
                                             
                                                            Il s'agit  du mot "CURTITUDE"

NOTA BENE :
                       
    Mais je suis bien certain qu'il se trouvera bien au bas mot un champion pour venir me dire que ce que j'indique est faux ... Ben voyons !..

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Re : courteur / courtesse

Pourquoi êtes-vous si négatif ? À la suite de votre message 20 ci-dessus, personne n'a dit que c'était faux.

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33 Dernière modification par vh (27-04-2025 00:48:35)

Re : courteur / courtesse

Courtoisie ? roll

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Re : courteur / courtesse

vh a écrit:

Courtoisie ? roll

Euh, il me semble que « court » et son homonyme « cour », à quoi sont apparentés « courtois » et « courtoisie », n'ont aucun rapport étymologique.

Avatar : statue de Bruno Catalano

35 Dernière modification par vh (30-04-2025 13:21:06)

Re : courteur / courtesse

Absolumentt !
C'est une blague quant aux échanges négatifs qui ont lieu ici.

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Re : courteur / courtesse

Ah, pardon.

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