Sujet : "sur "à la place de "à"
On utilise de plus en plus la préposition "sur" à la place de " à".Ainsi on dit:"il travaille sur Paris" au lieu de " à Paris".Est-ce correct ? D' où vient cette mode ?Merci et à plus! PhD
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On utilise de plus en plus la préposition "sur" à la place de " à".Ainsi on dit:"il travaille sur Paris" au lieu de " à Paris".Est-ce correct ? D' où vient cette mode ?Merci et à plus! PhD
Bonjour,
En général, l'emploi de «sur» à la place de «vers» est critiqué et déconseillé dans la langue châtiée (Girodet par exemple), mais très courant (donc licite) ; j'imagine que «sur» à la place de «à» est encore pire puisque l'idée de mouvement (ou alors on veut dire que la personne est toujours en déplacement à Paris ?) est perdue (et qu'il n'y a pas l'idée de «au-dessus» (à moins que Paris ne soit son sujet de thèse, ce qui serait bien la première idée à me venir à l'esprit à propos de quelqu'un dont on dit qu'il travaille sur Paris, comme d'autres travaillent sur les cellules nerveuses)).
Sauf erreur de ma part, il y a beaucoup de flottement sur le sujet des prépositions de lieu (cf. le cas connu aller à Arras ou aller en Arras, ou Avignon, ou Arles ; mais aussi partir sur/vers/pour la Côte d'Azur (Grévisse)). Marcel Cohen, linguiste, écrivait : «nous disposons, en français, pour indiquer le lieu où l'on est ou bien ou l'on va, de trois prépositions, à, en, dans» mais je doute que cette liste soit complète : on dit bien «marcher sur Rome».
Bref, il y a peut-être une forme de snobisme à dire «travailler sur Paris» mais il n'est pas certain que ce soit grammaticalement faux et les critiques risquent ici d'être d'abord esthétiques càd socialement motivées. En fait, dans la langue, il y a plusieurs types de normes : des normes proprement linguistiques mais aussi des normes d'usage et des normes sociales. L'histoire nous apprendrait sûrement qu'on a évolué et l'emploi de sur montre que l'évolution n'est pas terminée.
Comme cela doit apparaître, je ne sais presque jamais quoi répondre à ce genre de questions (la grammaire, aïe). J'espère donc ne pas avoir tout embrouillé en voulant faire une exception à la règle de silence que je me suis imposée pour tous ces sujets ; )
Gb.
Je ne saurais pas expliquer l'emploi de "sur" à la place de "à". En ce qui concerne l'emploi de "à" ou de "en", la règle n'est-elle pas que l'on doit dire "en Allemagne", "en Autriche" car ce sont des noms de pays et désormais à Arles, à Avignon car ce sont des noms de ville et que dire "en Avignon" est considéré comme une expression archaique ?
Gb pas de complexes, vous avez bien éclairé la situation. La préposition sur a un sens bien précis : elle marque une position dominante en hauteur, ou à la surface de quelque chose. Elle ne peut pas être utilisée pour exprimer un déplacemment. Ce n'est pas une question de grammaire, mais simplement de vocabulaire ; les mots ont une signification, les employer dans un sens qui n'est pas le leur relève du barbarisme ou de l'impropriété.
L'autre préposition à est seule indiquée pour désigner le mouvement, le déplacement vers, ou encore la situation : je vais à Lyon, je suis à Lyon, je coucherai à Lyon.
Dire « Je vais sur Nice » est du snobisme, et malheureusement ces mauvaises habitudes font école.
Pour "en Arles, en Avignon",c'est aussi généralement considéré comme faux et snob. On ne dit pas en Argenteuil, en Amsterdam. Toutefois je suis surpris d'apprendre la position étrangement tolérante de l'Académie vis-à-vis de cet emploi condamné par tous les grammairiens :
On ne saurait condamner les tournures en Arles, en Avignon, bien attestées chez les meilleurs auteurs, et qui s’expliquent à la fois comme archaïsme (l’usage de en au lieu de à devant les noms de villes, surtout commençant par une voyelle, était beaucoup plus répandu à l’époque classique) et comme régionalisme provençal. Il semble cependant que cet emploi de en soit en régression. Rien ne justifie qu’on l’applique à d’autres villes : on ne dira pas en Arras, en Amiens, etc.
Quant à l’archaïsme (cf. Chanson de Roland : « en Sarraguce » ; La Bruyère : « en Épidaure » ; Racine : « en Argos »...), il peut être renforcé par le sentiment qu’Avignon et Arles ont été des États souverains.
Quant au régionalisme, le provençal, à l’instar du latin, distingue siéu (« je suis ») en Arle, en Avignoun (qui répond à la question ubi du latin) de vau (« je vais ») a(n) Arle, a(n) Avignoun (qui répond à la question quo du latin), évitant le hiatus a/a par l’introduction du n euphonique. Pour les francophones habitués à une forme unique à pour les deux questions, en et an, compris l’un et l’autre comme destinés à éviter le hiatus, se sont trouvés confondus en en français.
Merci Lardenais ; j'ai toujours peur de me prendre les pieds dans le tapis avec ces questions. Mais je ne suis cependant pas totalement d'accord avec vous : les mots ont un sens, oui, et les employer mal à propos relève du barbarisme, oui aussi. «Sur» marque la hauteur d'un point sur un autre, oui toujours, mais pas seulement (Grévisse § 946 10e éd.) : il marque aussi le mouvement («marcher sur Rome», par exemple, est valide), et sans doute d'autres choses encore. Sur+lieu, avec idée de mouvement, c'est fréquent je crois, et licite : en autostop, on demande communément : «vous allez sur Paris, sur Grenoble ?» en sous-entendant «dans la direction de, vers».
Pour «travailler sur Paris», où il n'y a pas de mouvement, c'est plus litigieux évidemment et il faudrait savoir si la personne en question n'habite pas «plus haut» que Paris, auquel cas il aurait pu y avoir contamination avec la formulation «descendre sur Paris», comme on dit «descendre en ville».
gb.
Bonjour,
Naguère on utilisait l'expression "sur la place de Paris".En faisant plus concis cela peut donner " sur Paris",d'où,à mon avis,cette habitude de mettre des "sur" à la place de "à".Contrairement à Lardenais,le Robert (méthodique) donne à "sur" l'idée
de direction(4eme sens):foncer sur qqn par exemple,ou se diriger sur Rome...
A la prochaine PhD
Pour marcher sur Paris d'accord, c'est une expression toute faite et régulière. Le petit Robert dit exactement ceci : «Avec l'idée de mouvement (devant un complément désignant une surface ou une chose atteinte, modifiée). Frapper, peser, presser sur. Appuyer sur un bouton. Par analogie tirer sur. »
Le TLF : Après un verbe exprimant un déplacement. S'avancer, courir, foncer, se précipiter sur qqn. Judith ! Ah garce! Ah femelle ! Il alla sur elle. Elle s'abritait, levait devant son visage ses mains (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 33). J'arrivais sur lui avec une telle force qu'il roula par terre (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 77). Lancer les chiens sur.
Mais il n'est question nulle part dans l'un ou l'autre de dire "je vais sur Paris" ou "j'habite sur Paris". Ces emplois différent de ceux décrits, et sont critiqués. Les gens qui font de l'autostop ne sont pas des références en matière d'emploi de la langue, et ce qu'ils disent ne peut en aucun cas justifier de l'orthodoxie de telle ou telle formule. Fréquent certes, mais licite je ne crois pas.
Je me trompe très certainement, mais je fais une différecne entre “je travaille sur Paris” et “à Paris”. Dans le 1er cas, le “sur” cultive une certaine impression Paris + region parisienne, alors que “à” voudrait dire “je travaille dans un lieu précis à Paris”.
En ce qui concerne, “en Arles, en Avignon”, il me semble que ce sont des régionalismes (tires de langue régionale).
Vous avez raison au sujet de "en Arles, en Avignon", il s'agit de régionalismes anciens, appartenant au langage local. Il est snob de vouloir les utiliser dans d'autres régions où ce n'est pa la manière habituelle de parler. Pour la différence entre "à" et "sur", votre explication mérite qu'on s'y arrête, elle est défendable. Cette question est assez floue, et il est probable qu'une évolution se fera. Je considère quand même que lorsqu'il est question d'un état, sur n'est pas acceptable, et que dire "j'habite sur Paris" est une impropriété.
le réponse de Lars-2 est celle qui me venait d'abord à l'esprit. Je ne sais pas si cet usage est correct, mais le "sur" utilisé dans ce contexte évoque pour moi une certaine imprécision, prenant le sens de "dans les environs de".
le réponse de Lars-2 est celle qui me venait d'abord à l'esprit. Je ne sais pas si cet usage est correct, mais le "sur" utilisé dans ce contexte évoque pour moi une certaine imprécision, prenant le sens de "dans les environs de".
Oui, on peut considérer que cette nuance est recevable, en tout cas elle repose sur une logique qui ne peut être réfutée formellement. Le langage n'est pas une science exacte, et de loin. Et il est en perpétuelle transformation.
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