Sujet : La naissance du français
Tombant sur des lettres de grâces accordées à un ancien receveur de Poitou en 1354, j'ai été étonné par la modernité de la langue employée (il faut dire que je me suis habitué à lire le moyen français) et je me suis posé la question de la genèse de cette langue. J'ai acquis l'ouvrage de B. Cerquiglini, La naissance du français, où je pensais trouver des réponses concrètes, des repères temporels faits de références à des textes émanant de l'administration royale. L'auteur disserte longuement sur la langue des Serments de Strasbourg dans leur partie romane, qui serait le premier exemple d'une langue destinée à être comprise par tous. Récusant ensuite l'hypothèse d'une langue issue du dialecte de l'Île de France, pure vue de l'esprit élaborée à la fin du dix-neuvième siècle et baptisée francien, il la déclare « issue du milieu des clercs, désireux de fabriquer des textes en français, et souhaitant pour cela mettre au point une langue qui, avec la même dignité que le latin, voire une pérennité et une universalité comparables, puisse dire le courage du héros, l'amour de Dieu et des femmes. » En somme, les clercs auraient eu une prescience du français qui a fini par s'imposer à tous à partir de la Révolution. L'hypothèse est séduisante, mais elle ne me permet pas de faire le lien avec ce texte de 1354 :