C'est compliqué du fait du caractère atypique du verbe, de ses multiples variantes en AF, et de ses réfections diverses (alignement partiel sur voir.
Au XIIème, on a les formes courantes suivantes, presque entièrement phonétiques (je ne crois pas opportun de les justifier ici) :
oi [oj] - oz [o(t)s] - ot [ot] -oons [oɔ̃] - oez [oe] - oient [oj(ə)]
oi [oj], diphtongue coalescente, a évolué comme la diphtongaison spontanée du e long ou du i bref toniques, bien qu'ayant un origine fort différente. On a donc eu [oj] > wè au XIIIème, et wa beaucoup plus tard.
Mais, sous l'influence de voir (vois - vois - voit - veons - veez - voient au XIIème), d'une complémentarité sémantique évidente, les 1-2-3PS de notre verbe sont devenues ois - ois - oit -oient, prononcées déjà [wɛ] à cette époque, et plus tard [wa] ; le changement n'est donc pas purement graphique.
Parallèlement à voyons, voyez (et voyant d'après Fouché, c'est ce que je voulais contrôler), qui présentent un yod évitant l'hiatus, on a prononcé et écrit oyons, oyez, le y représentant les deux i, la prononciation étant évidemment [wɛjɔ̃] et [wɛje], plus tard [wajɔ̃] et [waje] ; les conjugaisons des deux verbes sont donc devenues tout à fait parallèles, et ce à tous les temps (cf. verrai et orrai]. Voilà donc ma réponse à Alco. Il a pu exister des prononciations autres [ɔ-], comme celle de oyez dans le discours pseudo-médiéval, un peu sur le modèle d'oignon ou de "pognée" pour poignée, mais, on le voit, ces mots ne sont pas comparables (présence d'une ancienne nasale).
L'infinitif, a suivi une évolution naturelle du o de oïr à ou (cf. joïr > jouir], sans diphtongaison. Jamais on a dit [war], je pense.
Il a existé un autre alignement sur les verbes en -ir qui ont formé notre second groupe. Le verbe jouir (< *gaudire (class. gaudere), très proche de audire > oïr > ouïr) en est l'illustration (jouissons, jouissez). Il a donc existé, assez tardivement une conjugaison qui généralisait le radical oui- (oui, ouis, ouit, ouissons, ouissez, ouissent. On sait qu'elle a été condamnée par les classiques qui jugeaient de toute manière le verbe désuet.
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil