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forum abclf » Écriture et langue française » Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

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Messages [ 40 ]

1 Dernière modification par Silo (18-11-2023 12:43:30)

Sujet : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Bonjour,

Je suis en train d'écrire un texte où le récit s'écrit au présent. J'ai des passages où le narrateur évoque les évènements au passé avec les analepses discontinues, tantôt il revient sur le présent, tantôt il retourne dans le passé, et ces passages incluent aussi les discours directs au passé.

Mon problème se pose sur les temps à utiliser. Mon récit s'écrit au présent de l'indicatif, l'analepse s'écrit au passé simple, imparfait, plus que parfait, passé antérieur, mais pour les discours directs dans le passé, quel temps utiliseriez-vous ? Est-ce que les temps du présent peuvent être utilisés dans les discours directs au passé ?

Merci pour vos conseils et bonne journée
Silo

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Il nous faudrait un exemple assez étendu pour juger.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Bonjour Silo, sois le bienvenu chez les abéciens.

   Oui, tu peux introduire un temps du présent dans les discours directs inclus dans ton analepse. Tu peux également utiliser un présent hors discours direct. Tu pourrais même, le cas échéant, y introduire un futur simple.

Exemple 1 : récit au passé, dialogues au présent.
   

Quelques semaines plus tard, nous étions installés tous les trois dans ma propriété des environs de Paris.
    J’avais fait et je continuais à faire un effort acharné pour que, de mon cerveau malade, s’en allât la pensée que John Mac Corjeag avait légué son immortalité, avec ses possibilités immenses et ses risques non moins grands, à son petit-fils et qu’il s’était réincarné en lui.
(…)
    Questionnais-je John ? (…) Son regard, parfois, me disait nettement : « Pourquoi m’interroges-tu ? Ce que tu me demandes, tu le sais depuis toujours, alors à quoi bon m’interroger ? »
(A. Peské, La Boîte en os, 1941, Éd. Phébus, 2001, p. 193)

Exemple 2 : le passé du récit est mêlé au présent du dialogue et au présent de vérité générale.

Le petit prince rougit de nouveau. Il ne répondait jamais aux questions, mais, quand on rougit, ça signifie « oui », n’est-ce pas ?
– Ah ! lui dis-je, j’ai peur…
    Mais il me répondit :
– Tu dois maintenant travailler. Tu dois repartir vers ta machine. Je t’attends ici. Reviens demain soir…
    Mais je n’étais pas rassuré. Je me souvenais du renard. On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser…
A. de Saint Exupéry, Le Petit Prince, 1946, chap. XXV)

Exemple 3 : introduction du futur avec le passé et le présent.

Et il rit encore. Puis il redevint sérieux :
– Cette nuit… tu sais… ne viens pas.
– Je ne te quitterai pas.
– J’aurai l’air d’avoir mal… j’aurai un peu l’air de mourir. C’est comme ça. Ne viens pas voir ça, ce n’est pas la peine…
– Je ne te quitterai pas.
    Mais il était soucieux.
[…]
    Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route. Il s’était évadé sans bruit. Quand je réussis à le rejoindre il marchait décidé, d’un pas rapide. Il me dit seulement :
– Ah ! tu es là…
  Et il me prit par la main. Mais il se tourmenta encore :
– Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai…
     Moi je me taisais.
– Tu comprends. C’est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-là. C’est trop lourd.
    Moi je me taisais.
– Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n’est pas triste les vieilles écorces…
Moi je me taisais.
(Le Petit Prince, chap. XXVI)

    Cela dépend évidemment du contexte, mais c'est possible...

elle est pas belle, la vie ?

4

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Piotr a écrit:

Cela dépend évidemment du contexte, mais c'est possible...

Quelque chose m'échappe. Non seulement c'est possible mais la question n'a pas à être posée, puisqu'on parle de style direct. Si les temps et modes du style direct ne sont pas conservés, on n'est plus au style direct !
Reste à savoir, Silo, ce que vous entendez par « les discours directs au passé ».

Avatar : statue de Bruno Catalano

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Bonjour à toutes et à tous,

Merci pour vos réponses rapides et votre accueil.
Oui, effectivement, un discours direct est au présent, sinon cela ne serait plus un discours direct. Cela fait longtemps que j'ai oublié ces règles.

Voici un exemple :

À ce moment-là, les Huit classe de Divinités et les gardiens du Dharma bienveillants se furent mis en colère, déclenchant ainsi une forte pluie. Cet ermite dit : « qu’est-ce qui prouve que je n’éprouve pas de haine ? Si j’éprouvais de la haine envers toi, mes mains et mes pieds ne pourront pas être restaurés ; sinon, bien que tu les aies coupés, ils pourront être rétablis comme avant. Si ces derniers peuvent être rétablis comme ils étaient, cela prouve que je ne ressens pas de haine. » Après que le Bouddha ait prononcé ces paroles durant l'une de ses vies de cultivation......

En fait, on peut tout mettre, mais ne serait-il pas confus pour le lecteur ?

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Excusez-moi, Silo. Je crains que quelque chose vous ait échappé et… vous vous contredisez : un discours direct n'est pas toujours au présent, la partie entre guillemets dans votre texte ci-dessus le montre (j'éprouvais, pourront, aies coupés, étaient).

Avatar : statue de Bruno Catalano

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Bonjour Chover,

Oui, il n'y a pas que le présent dans ce discours direct, car le contexte s'impose, par exemple : "bien que tu les aies coupés, ils pourront être rétablis comme avant", il ne s'est pas encore produit, donc c'est dans le futur ou le conditionnel, parce qu'il y a une condition à réunir. Sinon, comment allez-vous vous exprimer tout cela avec seul le présent de l'indicatif ?

En fait, il est dit que dans un système verbal d'un récit au passé, on utilise le passé simple comme temps de base, ensuite les temps qui sont à utiliser sont : L'imparfait, le plus-que-parfait, le passé antérieur, le conditionnel présent, le conditionnel passé, le subjonctif présent et le subjonctif passé comme temps associés.

Ma question initial était dans un discours d'un récit au passé, peut-on utiliser le présent de l'indicatif, apparemment oui, et éventuellement tous les temps de la conjugaison au besoin, à savoir le futur simple, impératif etc.

Je ne sais pas si je suis clair.

8 Dernière modification par Lévine (19-11-2023 12:32:44)

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Silo a écrit:

À ce moment-là, les Huit classes de Divinités et les gardiens du Dharma bienveillants se mirent en colère, déclenchant ainsi une forte pluie. Cet (?) ermite dit : « Qu’est-ce qui prouve que je n’éprouve pas de haine ? Si j’éprouvais de la haine envers toi, mes mains et mes pieds ne pourraient pas être restaurés ; sinon, bien que tu les aies coupés, ils pourraient être rétablis comme avant. Si ces derniers pouvaient être rétablis comme ils étaient, cela prouverait que je ne ressens pas de haine. » Après que le Bouddha eut prononcé ces paroles durant l'une de ses vies de cultivation (?)......

Il s'agit d'un (banal) discours direct...

D'autre part, l'ensemble est bien maladroit (et confus)...

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Est-ce un texte que vous rédigez vous-même ou bien une traduction à partir d’une autre langue ?

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

10 Dernière modification par Chover (19-11-2023 13:09:04)

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Silo a écrit:

"bien que tu les aies coupés, ils pourront être rétablis comme avant", il ne s'est pas encore produit, donc c'est dans le futur ou le conditionnel, parce qu'il y a une condition à réunir. Sinon, comment allez-vous vous exprimer tout cela avec seul le présent de l'indicatif ?

Je vous comprends de moins en moins. Pourquoi voulez-vous à tout prix « exprimer tout cela avec seul le présent de l'indicatif » ?

Silo a écrit:

En fait, il est dit que dans un système verbal d'un récit au passé, on utilise le passé simple comme temps de base, ensuite les temps qui sont à utiliser sont : L'imparfait, le plus-que-parfait, le passé antérieur, le conditionnel présent, le conditionnel passé, le subjonctif présent et le subjonctif passé comme temps associés.

Où est-ce dit ? Le passé simple n'est plus guère utilisé aujourd'hui.
Et quel est le rapport avec le style direct ?

Silo a écrit:

Ma question initial était dans un discours d'un récit au passé, peut-on utiliser le présent de l'indicatif, apparemment oui, et éventuellement tous les temps de la conjugaison au besoin, à savoir le futur simple, impératif etc.

Qu'appelez-vous « un discours d'un récit » ?

À propos du style direct, je voudrais m'assurer que nous sommes bien d'accord : dans votre texte sur Bouddha, Silo, et les trois textes que vous proposez, Piotr, d'A. Peské et de Saint-Exupéry, ne se trouve que du style direct.

Je découvre votre intervention, Lévine, au moment de publier. Et la vôtre, regina !

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Ce n'est pas vraiment une intervention... wink

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

12 Dernière modification par Silo (19-11-2023 18:57:20)

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Bonjour,
@ Lévine : Merci pour vos corrections. Oui un discours direct. C'est confus pour vous, je n'ai mis qu'un extrait du texte.

@ Chover : Pourquoi voulez-vous à tout prix « exprimer tout cela avec seul le présent de l'indicatif » ? Pas du tout, justement au vu du contexte, que le présent de l'indicatif ne fonctionnera pas.
Je vois que ce n'est pas clair pour vous. J'avais un doute si on pouvait utiliser le présent de l'indicatif dans un discourt direct au sein d'un récit du passé et éventuellement le futur, et seulement limité qu'au temps du passé, si ce n'est pas clair, ce n'est pas grave, je ne saurai comment mieux vous expliquer.

@ regina : Oui, c'est une traduction, à partir d'une langue très différente du français. J'essaie de bien choisir les temps en français selon le sens du texte d'origine. Mon souci se pose essentiellement sur le système verbal à choisir.

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Silo a écrit:

Oui, c'est une traduction, à partir d'une langue très différente du français.

    S'agirait-il d'une langue non-agglutinante, c'est-à-dire une langue où les temps verbaux sont repérés par des marqueurs et non par des terminaisons?

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

C'est du chinois, il n'y a pas de conjugaison, mais on reconnaît la temporalité des évènements selon le contexte, avec des particules  et d'autres éléments dans le texte. Bref, mais pour traduire le texte en français, je dois faire face au système verbal qui consiste à utiliser les temps appropriés pour rendre l'ensemble cohérent et compréhensible.

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Quelle que soit la langue, la traduction doit laisser l'impression que le texte a été écrit dans la langue cible. Or, tel que vous nous l'aviez présenté, votre texte malmène la langue. De plus, bien que ce soit un extrait, il ne m'apparaît pas clair, surtout dans le dialogue.

Du point de vue de l'énonciation, on a affaire  à une narration au passé (temps du récit) encadrant un passage en discours direct (temps du discours). C'est tout à fait classique.
Bien sûr, vous pouvez aussi utiliser les temps du discours dans la narration (comme dans l'Étranger ou les romans de Le Clézio, par exemple, mais ça ne changera rien pour le discours indirect.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Lévine :

Quelle que soit la langue, la traduction doit laisser l'impression que le texte a été écrit dans la langue cible.

doxa dite française. Personnellement je préfère la doxa allemande, selon laquelle une traduction doit donner une impression d'étrangeté.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

@ Lévine,

Biensûr, c'est pour cela que je cherche à rendre le texte cohérent dans la langue cible.
Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans ce texte ? C'est à cause des temps de la conjugaison employés ? Ce sont les temps utilisés qui vous embrouillent ?

18 Dernière modification par Chover (19-11-2023 20:10:00)

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

J'y reviens, parce que les méandres de ce fil me perturbent.

Vous avez cité, Piotr, le passage suivant du Petit Prince :
Le petit prince rougit de nouveau. Il ne répondait jamais aux questions, mais, quand on rougit, ça signifie « oui », n’est-ce pas ?
– Ah ! lui dis-je, j’ai peur…
    Mais il me répondit :
– Tu dois maintenant travailler. Tu dois repartir vers ta machine. Je t’attends ici. Reviens demain soir…
    Mais je n’étais pas rassuré. Je me souvenais du renard. On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser…

Nous accordons-nous pour constater qu'il ne contient que du style direct ? Que les paroles rapportées telles qu'elles sont prononcées, précédées de tirets, ne sont pas les seuls éléments de style direct ?
À ma connaissance, ne contiennent du style indirect (en vert foncé) que des phrases comme « Saint-Exupéry écrit que le petit prince rougit de nouveau », « L'écrivain affirme que le petit prince ne répondait jamais aux questions » ou « Il me répondit que je devais travailler maintenant ».

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

La narration au passé comporte deux passages où le présent apparaît. La première fois, c'est parce que le narrateur s'adresse au lecteur (cf. n'est-ce pas ?) ; c'est donc du discours. Le dialogue, lui, relève de ce qu'on appelle le "discours direct" en tant que propos rapportés, non émis dans le "présent" de la narration. A la fin, le présent "de vérité générale" apparaît.
C'est donc un peut plus complexe que le texte de Silo.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

C'est sciemment que je n'ai pas choisi le texte de Silo : il m'a semblé que l'extrait du Petit Prince montrait mieux qu'on ne doit pas confondre style direct et paroles authentiquement prononcées. Toute parole authentique, le plus petit dialogue rapporté tel quel relèvent du style direct mais beaucoup de phrases au style direct ne consistent pas à rapporter des paroles.
Si vous m'entendez dire « J'ai dit que c'était vrai », vous êtes en présence d'un style direct, mes paroles authentiques. Un style direct qui a toutefois la particularité de contenir une subordonnée de style indirect, « que c'était vrai », correspondant elle-même à un premier stade « C'est vrai ! » de paroles authentiques.
Je continue de penser qu'on confond sur ce fil paroles authentiques et style direct.

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Oui, et justement, on ne doit pas confondre le discours, par opposition au récit, et le discours direct, par opposition au discours indirect ou au discours indirect libre. Les trois dernières appellations s'appliquent aux propos rapportés, comme j'ai essayé de le montrer à partir de l'extrait du PP.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

22 Dernière modification par regina (20-11-2023 12:22:23)

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

@Silo


Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans ce texte ? C'est à cause des temps de la conjugaison employés ? Ce sont les temps utilisés qui vous embrouillent ?


Ces temps ne nous " embrouillent pas " ..C’est juste que votre choix des temps et également des modes,  dans cet extrait de traduction, donne  des énoncés qui ne sont pas possibles dans la langue française. 

C’es bien ce qui m’a fait penser qu’au départ, à la source ,il y avait une autre langue. J’imagine que la langue cible , le français, n’est pas votre langue première. 
Et la traduction , dans cette hypothèse, devient quelque chose de beaucoup plus difficile.

Prenons cette phrase rectifiée par Levine:

À ce moment-là, les Huit classes de Divinités et les gardiens du Dharma bienveillants se mirent en colère, déclenchant ainsi une forte pluie

Vous aviez mis un futur antérieur alors que le complément de temps indique une concomitance avec ce qui s’était passé dans la phrase précédente.  L’énoncé n’est pas possible , de ce fait, en français.

Il en est de même pour l’expression de la condition :
Soit vous exprimez une condition ayant peu de chances de se réaliser,  très hypothétique,  et dans ce cas,obligatoirement, vous mettez un imparfait de l’indicatif  dans la subordonnée,  suivi d’un conditionnel présent dans la principale.

Soit vous exprimez une condition envisagée comme réalisable, et alors, vous utilisez l’indicatif seulement. Avec un présent de l’indicatif dans la subordonnée suivi d’un futur dans la principale.

Or vous, vous mélangez les deux. Votre phrase correspondait à ce qu’on appelle ou appelait un " barbarisme " : un énoncé impossible en français. 

Ce n’est pas une question, à mon avis de discours direct ou pas, c’est que vous semblez ne pas percevoir clairement ce qui est possible ou pas ..La confusion vient de vous, sans doute car ce n’est pas votre langue maternelle, bien que par ailleurs vos messages soient clairs.
Mais le passage d’une langue à l’autre ( la traduction ) est très difficile  alors.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

La question de la concordance des temps dans un récit au passé a déjà été abordée ici, sans qu'on puisse apporter une réponse universelle et définitive (« une bonne explication »).

regina a écrit:

Mais le passage d’une langue à l’autre ( la traduction ) est très difficile  alors.

   S'agissant d'une traduction, je pense que la fidélité à l'œuvre originale doit s'exprimer dans les détails de la narration (choix du vocabulaire, choix entre les synonymes, respect du cadre culturel...), sans donner une impression d'« étrangeté » qui risque souvent de glisser vers le « style FLE », caractérisé par des expressions désuètes, des phrases trop proches du mot-à-mot et un déficit de tournures idiomatiques françaises.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

@regina,
Merci pour vos éclaircissements et conseils. Effectivement, le français n'est pas ma langue maternelle.

@Piotr,
"choix du vocabulaire, choix entre les synonymes, respect du cadre culturel..." oui, c'est difficile, il n'y a pas que les temps, d'ailleurs ce qui relève le plus de défi n'est pas les temps de conjugaison dans cette tâche, les mots qui ne se disent pas en français, qu'on est obligé de les créer.

En tout cas, merci et bonne journée.

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Rebonjour Silo,

Il est vrai que, parfois, certains mots d’une langue sont intraduisibles en français. Mais il vous est impossible de les créer ...
Face à une telle difficulté , vous avez plusieurs choix possibles : remplacer ce " mot" par une periphrase explicative, chercher un mot qui s’en rapproche par le sens,  sachant que traduire implique toujours une " perte", un " manque "ou bien encore, laisser ce mot intraduisible tel quel, dans le texte français, en italiques et donner des précisions en note explicative en bas de page où bien dans un lexique à la fin du texte.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

regina a écrit:

Il est vrai que, parfois, certains mots d’une langue sont intraduisibles en français. Mais il vous est impossible de les créer ...

Et pourquoi pas ? On peut toujours créer des mots (mots valises, mots composés, mots dérivés), si leur sens est évident, leur absence des dictionnaires ou le fait qu'il n'aient jamais été lus ou entendus n'est pas un problème en soi.

Point besoin de l'excuse de la poésie : https://blog.messortiesculture.com/arti … gisme-1064

Quelques inventions de Proust :  https://proust-personnages.fr/la-recher … -les-mots/

Et tous les jours, il y a un quidam francophone qui fabrique un mot quelque part sans pour cela être incompris. Il faut juste un peu de courage et une dosette d'insouciance.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Je parlais de " traduction" , non de création littéraire... Il va de soi que l'hapax existe en français comme dans toute langue.

Mais, je pense ( ce n'est donc qu'un avis) qu'il vaut mieux éviter d'y recourir dans ce cadre puisque le but d'une traduction est de donner à comprendre à un lecteur un texte . Y introduire des " termes" incompréhensibles , parce que jamais utilisés auparavant serait une technique osée qui risquerait d'être contreproductive . De plus, c'est, pour ma part, un conseil que je ne donnerai pas à un traducteur dont le français n'est pas langue maternelle. 

Nous avions, par le passé , eu un fil intéressant sur les " mots intraduisibles " .

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Sur le point dont vous débattez, éponymie et regina, je suis plus proche de vous, regina. Inventer un mot dans la langue cible ne me semble sérieux, éventuellement, que s'il s'agit de « traduire » un mot lui-même inventé dans la langue d'origine.

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Il n'est bien entendu pas question de créer un terme incompréhensible (je parlais d'évidence du sens).

Ensuite tout dépend du style du texte et du public auquel il s'adresse. Si on imagine une traduction d'un article destiné à un large public sur Internet ou ailleurs pour raconter,  informer ou expliquer (il me semble que le texte proposé entre dans cette catégorie), je ne vois pas ce qui interdirait l'hapax, à condition qu'il soit immédiatement compréhensible bien entendu. Et que la connaissance de la langue et de son usage par le traducteur soit telle qu'il est bien conscience du possible et de l'impossible (de ce qui peut se comprendre immédiatement ou non) en la matière.

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Justement, dans le cas présent,  je doute que le traducteur ait cette conscience du possible puisqu’il nous a montré qu’ll ne l’avait pas lorsqu’il s’agit du choix des modes ou temps de la conjugaison.
Ensuite, la teneur de l’extrait proposé nous montre un texte qui traite de la religion bouddhiste et du culte attenant et j’imagine qu’il peut effectivement y avoir des termes ou notions abstraites n’ayant pas d’équivalent en français. L’emploi de termes inventés par le traducteur ( qui traduit dans une langue seconde, acquise ) risquerait d’ajouter de la confusion à un sujet qui n’est déjà pas familier et facile pour un lecteur lambda français


Il’ est des auteurs  qu’on ne pourrait traduire autrement..Je  pense,  par exemple, à Elfriede Jelinek, écrivaine autrichienne , prix Nobel, dont l’écriture se caractérise par  une création permanente de " nouveaux mots " dans la langue allemande,  rendant ses textes accessibles à une seule élite parmi les germanophones.
Pour respecter et rendre en français le style de Jelinek, il faudrait effectivement recourir très souvent à l’hapax. Je n’ai pas eu le courage de la lire en français  smile

Mais, encore une fois, en tenant compte de l’aide qui nous a été demandée,  je deconseillerais à Silo de se lancer dans l’aventure périlleuse de l’innovation lexicale dans ce qui n’est pas sa langue maternelle.  .

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Quand je faisais des études de langues, un prof avait déclaré que dans un exercice de version il fallait surtout maîtriser la langue cible.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

32

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

dans un exercice de version il fallait surtout maîtriser la langue cible.

    Le meilleur moyen de maîtriser les deux langues, c'est de constituer un binôme traducteur-relecteur : un traducteur dont la langue natale est la langue-source et un relecteur pour qui c'est la langue-cible.

    C'est le meilleur moyen d'éviter l'impression de « français FLE » qu'on a parfois en lisant certains texte traduits, dont je parle déjà au message 23.

elle est pas belle, la vie ?

33 Dernière modification par Chover (23-11-2023 11:58:02)

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Alco a écrit:

Quand je faisais des études de langues, un prof avait déclaré que dans un exercice de version il fallait surtout maîtriser la langue cible.

Elle constitue généralement le seul élément à partir duquel le lecteur puisse se faire une opinion !

regina a écrit:

Mais, encore une fois, en tenant compte de l’aide qui nous a été demandée, je déconseillerais à Silo de se lancer dans l’aventure périlleuse de l’innovation lexicale dans ce qui n’est pas sa langue maternelle.

Je ne suis pas certain que tous ceux qui lisent ce fil aient entendu parler d'analepse auparavant. Il y a huit jours, je ne connaissais pas ce mot apparemment rare. Vous êtes déroutant, Silo !

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34

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Alco a écrit:

Quand je faisais des études de langues, un prof avait déclaré que dans un exercice de version il fallait surtout maîtriser la langue cible.

Si elle n'est pas maîtrisée,  c'est-à-dire si on traduit dans une langue cible qui n'est pas la langue maternelle, ce n'est plus un exercice de version . C'est un exercice de thème smile

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Chover a écrit:

Je ne suis pas certain que tous ceux qui lisent ce fil aient entendu parler d'analepse auparavant. Il y a huit jours, je ne connaissais pas ce mot apparemment rare. Vous êtes déroutant, Silo !

Nous pouvons avoir de très bonnes connaissances avec niveau universitaire dans une langue acquise ...Pour ma part, je suis amenée à faire des traductions littéraires à partir de deux langues dans lesquelles j'ai un très bon niveau ( de part mes études et mon histoire familiale ) et pourtant je ne traduis , volontairement que vers le français.  Sachant que malgré   une bonne connaissance du système linguistique de ces deux langues,   des idiomatismes, des connotations ou niveaux de langue pourraient m'échapper ...

En cela, je suis moins surprise par cette connaissance universitaire qui montre chez Silo des études de langue et sans doute de littérature française et en même temps ces maladresses que nous avons constatées...

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Piotr a écrit:

dans un exercice de version il fallait surtout maîtriser la langue cible.

    Le meilleur moyen de maîtriser les deux langues, c'est de constituer un binôme traducteur-relecteur : un traducteur dont la langue natale est la langue-source et un relecteur pour qui c'est la langue-cible.

La relecture avec un tel binôme risque fort de devenir une révision, qui peut parfois se révéler pénible et devenir réécriture.

On demande en général à ce que la langue cible soit la langue maternelle du traducteur. Et, évidemment, qu'il soit bilingue et connaisse suffisamment bien le contexte socio-culturel dans lequel la langue source est utilisée. Le "relecteur" doit lui aussi avoir pour langue maternelle la langue cible. Des sociétés de traductions travaillant sur de grands volumes proposent ce service.

https://lewebpedagogique.com/famillesdemots/files/2021/10/Les-doublets-en-fran%C3%A7ais.pdf

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Lorsque ce sont des traductions de type " technique", ce type de service , proposé par une société de traduction, peut s’avérer fonctionnel.

Dans le cas d’une traduction " littéraire ", c’est bien plus hasardeux. Il faudrait évidemment que le traducteur comme le relecteur soient tous deux bilingues, mais  ce n’est pas suffisant. Pour que ce soit possible, il faudrait que les deux personnes aient la même sensibilité littéraire , qu’elles abordent un auteur , un texte , avec une même lecture, même interprétation,  car, au-delà de la correction grammaticale et de la connaissance lexicale, entrent en jeu bien d’autres éléments  : connaissance du sujet, du style de l’auteur, niveau et registre de langue, références culturelles, connaissance du lexique adéquat en fonction du " temps du récit " , etc ..

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

38 Dernière modification par Silo (25-11-2023 01:12:51)

Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

@ Chover : https://dictionnaire.lerobert.com/definition/analepse

Maîtriser seulement la langue cible n'est pas suffisant, mais l'idéal serait : un traducteur dont la langue natale est la langue cible et un relecteur dont la langue natale est la langue-source. L'inverse est possible aussi, mais on ne peut pas toujours choisir. Il est très rare d'avoir quelqu'un qui est locuteur natif des deux langues, même si c'est le cas, cela ne sera jamais de compétences égales.

Evidemment, les traductions sont toujours relues et peaufinées par un/des locuteur natif de la langue cible.

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

Merci.
Vous imaginez bien que je m'étais informé !
Ma remarque vous concernait plus personnellement : l'utilisation de ce mot par un allophone du français m'avait étonné, au point que je n'avais pas tranché immédiatement la question de savoir si vous en étiez un !

Silo a écrit:

Evidemment, les traductions sont toujours relues et peaufinées par un/des locuteur natif de la langue cible.

Manifestement, ce travail n'a pas été fait pour le texte sur le Bouddha que vous nous avez soumis.

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Re : Traduction, temps verbal dans une analepse au sein d'un récit présent

@ Chover

Manifestement, ce travail n'a pas été fait pour le texte sur le Bouddha que vous nous avez soumis.

Ce qui est soumis n'est qu'un échantillon qui n'a pas été relue, vous croyiez vraiment que c'était la version finale, et en même temps je voulais découvrir ce forum pour voir comment il est...

Bonne journée

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