éponymie a écrit:La seule chose qui distingue pont de bon, c'est le voisement de la consonne initiale.
Voir la page 24 de ce document power point qui recense les traits distinctifs :
http://aix1.uottawa.ca/~hknoerr/LIN1720cours12web.ppt
Et à la page 41 nous avons les 7 traits qui permettent de distinguer les consonnes entre elles en français et donc de constituer des paires minimales.
A part ça le document est un peu confus, c'est un support de cours je suppose.
Mais on ne sait toujours pas si tout le monde (y compris ceux qui ne connaissent pas le français) peut faire cette distinction.
Très bien, nous y sommes arrivés, ou presque. La seule chose qui distingue pont de bon, c'est le "timing" du voisement initial. Nous ne connaissons pas encore les consonnes, je vous rappelle (l'exercice est censé les faire apparaître en fait). Dans pont, le voisement commence plus tard.
La seule différence entre ces deux mots prononcés réside dans ce décalage, qui produit théoriquement une brève période de pont différente de la même période de bon. Cette partie initiale des deux mots ne diffère que par le voisement.
Donc la démonstration de la page, mais on peut trouver la même dans de nombreux sites et livres de phonologie est fausse. L'opposition pont/bon ne peut faire apparaitre les consonnes [p] et [graph :b] puisque la seule différence entre les deux mots ne consiste que dans le voisement. Cette opposition ne peut faire apparaitre que la contraste de voisement, qui en français est un trait distinctif, pas un phonème.
Imaginez que les deux mots soient représentés par une série de lampes, chaque lampe est un trait distinctif. Plusieurs lampes forment un phonèmes (à trouver plus tard).
Le mot bon serait représenté par tous les traits distinctifs de [graph :b] et de [õ], donc on aurait quelque chose comme :
voisé, occlusif, labial, nasal, ....., voisé (vous feriez ça mieux que moi)
dans le mot bon, toutes ces lampes seraient allumées, mais pour représenter le mot pont, il suffirait d'en éteindre une
autrement dit dans l'alternance entre bon et pont, seule la première lampe clignoterait, les lampes représentant l'occlusivité et la labialité ne clignoteraient pas, puisqu'elle sont communes aux deux mots. Impossible de mettre en évidence le groupe de lampes correspondant à [p] ou à [graph b] !
Pour trouver que les traits distinctifs sont "regroupés" soit en la consonne /p/, soit en la consonne /b/, il faut étudier en réalité beaucoup plus de mots que seulement pont et bon ! C'est la comparaison de l'ensemble des oppositions que l'on peut former en français qui permet à la fin d'extraire ces consonnes !
Donc, la paire minimales est une technique phonologique qui NE DONNE PAS les phonèmes, contrairement à ce qui est affirmé presque partout (connaissances mal assimilées). Les paires minimales (en supposant qu'on puisse déjà les reconnaître, j'ai montré déjà la circularité du raisonnement qu'il y a à décider que telle paire EST minimale) donnent un nombre quelconque de traits distinctifs. Il y a des passages de Martinet là-dessus je pense).
Le piège est augmenté par la difficulté que nous tendons à appliquer notre raisonnement sur des mots qui sont déjà ECRITS : pont et bon. Et que cette notation nous dit déjà que ce qui diffère entre les deux est la "lettre" initiale. C'est pour ça que les apprentis phonologues ont quelquefois tendance à se mettre immédiatement à parler de port, de bord, ou encore de con, de bite, etc.
Maintenant la question de savoir si "tout le monde" pourrait entendre cette distinction est effectivement difficile. Il faudrait avoir déjà des oreilles, comme on l'a remarqué... entendre les sons des bonnes fréquences, être sensible au décalage extrêmement court en jeu.
Si on laisse tomber le théorique martien, il est probable que la plupart des humains entendraient de fait cette différence, au pire après un bref entrainement. Ceux qui l'entendraient d'emblée le feraient probablement parce que dans leur propre langue (comme on l'a vu en mandarin par ex.), les différences de voisement sont utilisées en attaque initiale (ce qui ne veut pas dire que leur langue comprendrait effectivement des "consonnes" initiales en tant que phonèmes, juste que le trait de voisement précoce/retardé leur servirait, soit tout seul, soit en s'amalgamant avec un nombre quelconque d'autres traits, à produire des oppositions significatives).